Jeu de tarot
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Tout et rien

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Ce sujet est marqué comme "Sujet clos", il n'est plus possible d'y participer.
Bluette

Je rêve de vers doux ...
Je rêve de vers doux et d'intimes ramages,
De vers à frôler l'âme ainsi que des plumages . . .

. . . De vers blonds où le sens fluide se délie
Comme sous l'eau la chevelure d'Ophélie . . .

De vers silencieux, et sans rythme et sans trame
Où la rime sans bruit glisse comme une rame . . .

. . . De vers d'une ancienne étoffe, exténuée,
Impalpable comme le son et la nuée . . .

De vers de soir d'automne ensorcelant les heures
Au rite féminin des syllabes mineures . . .

. . . De vers de soirs d'amour énervés de verveine,
Où l'âme sente, exquise, une caresse à peine . . .
Je rêve de vers doux mourant comme des roses . . .

Albert Samain

Réponse de bleuette

Le silence est l âme des choses
qui veulent garder leur secret...
Il s en va quand le jour paraît
et revient dans les couchants roses...

Il guérit des longues névroses,
De la rancune et du regret.
Le silence est la mère des choses
Qui veulent garder leur secret.

... A tous les parterres de roses
il préfére un coin de forêt
Où la lune au rayon discret
frémit dans les arbres moroses ...
Le silence est l âme les choses...

Maurice Rollinat

Réponse de bleuette

Canal Saint-Martin
Un soir de juin
Deux enfants de l'éphémère
Chantaient Apollinaire
Rilke, Nerval
Cela fait longtemps
C'est vrai mais quand
Je reprends la passerelle
Je crois revoir nos ombres frêles
Sur le canal

Passent les joies, les peines.
Quand le temps se fait vieux
Les miroirs se souviennent
Toujours un peu
Cassent les porcelaines
Quand l'oubli est tout près
Les souv'nirs nous reviennent
Dans un reflet

Cette vieille armoire
Et son miroir
Ont connu toutes tes robes,
Ces tenues strictes et sobres
Que tu portais
Maman, aujourd'hui.
Il est ici
Ce grand meuble où dans la glace
Parfois ton ombre qui s'efface
Réapparaît

Passent les joies, les peines.
Quand le temps se fait vieux
Les miroirs se souviennent
Toujours un peu.
Valse le quotidien
L'amnésie se déchire
La mémoire nous revient
Sans réfléchir

Non, rien ne s'éteint
Derrière le tain
De ces objets qui partagent
Avec nous notre image
En l'inversant
Et dans leur royaume
Tous les fantômes
De nos regards, de nos gestes
Nous voient changer alors qu'ils restent
Infiniment.

Passent les joies, les peines.
quand le temps se fait vieux
les miroirs se souviennent
toujours un peu . . .
. . . Tracent des jours enfouis
sur l'écran éternel
la mémoire nous poursuit
et les miroirs
se rappellent . . .

Serge Reggiani

Marc-André, 28/02/2021 18:52 :
et le temps faut-ilqu'ils'en souvienne...

Réponse de bleuette

Je ne lis jamais avant de m'endormir ... Ça laisse des miettes de mots partout dans le lit et .... ça gratte dans la tête pendant la nuit ...

Réponse de yareg

Merci Bleuette d'avoir créé ce sujet pour ne pas perdre tes mots du salon, et partager un peu de poésie.
Une de mes préférées du grand Jacques Prévert :

QUARTIER LIBRE
J'ai mis mon képi dans la cage
et je suis sorti avec l'oiseau sur la tête
Alors
on ne salue plus
a demandé le commandant
Non
on ne salue plus
a répondu l'oiseau
Ah bon
excusez moi je croyais qu'on saluait
a dit le commandant
Vous êtes tout excusé tout le monde peut se tromper
a dit l'oiseau.

Marc-André, 28/02/2021 18:57 :
un certain Blaise Pascal, etcaetera etcaetera.sa plus courte mais je préfère : le cancre. et sur le tableau noir du malheur il dessine le visage du bonheur.

Réponse de yareg

bleuette: La terre aime le soleil Et elle tourne Pour se faire admirer... Et le soleil la trouve belle Et il brille pour elle... Et quand il est fatigué Il va se coucher Et la lune se lève . . . ( 18h18 dans mon salon )

Réponse de yareg

Eh bien moi je m'abonne à ....

Ma BOHEME

Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées ;
Mon paletot aussi devenait idéal ;
J'allais sous le ciel, Muse ! et j'étais ton féal ;
Oh ! là là ! que d'amours splendides j'ai rêvées !

Mon unique culotte avait un large trou.
- Petit-Poucet rêveur, j'égrenais dans ma course
Des rimes. Mon auberge était à la Grande Ourse.
- Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou

Et je les écoutais, assis au bord des routes,
Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes
De rosée à mon front, comme un vin de vigueur ;

Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,
Comme des lyres, je tirais les élastiques
De mes souliers blessés, un pied près de mon coeur !

Arthur Rimbaud

Réponse de bleuette

Il pleut. J'entends le bruit égal des eaux ;
le feuillage, humble et que nul vent ne berce ;
Se penche et brille en pleurant sous l'averse.
Le deuil de l'air afflige les oiseaux . . .

Sully Prudhomme

Réponse de bleuette

Il pleut. J'entends le bruit égal des eaux ;
Le feuillage, humble et que nul vent ne berce,
Se penche et brille en pleurant sous l'averse ;
Le deuil de l'air afflige les oiseaux.

La bourbe monte et trouble la fontaine,
Et le sentier montre à nu ses cailloux.
Le sable fume, embaume et devient roux ;
L'onde à grands flots le sillonne et l'entraîne.

Tout l'horizon n'est qu'un blême rideau ;
La vitre tinte et ruisselle de gouttes ;
Sur le pavé sonore et bleu des routes
Il saute et luit des étincelles d'eau.

Le long d'un mur, un chien morne à leur piste,
Trottent, mouillés, de grands boeufs en retard ;
La terre est boue et le ciel est brouillard ;
L'homme s'ennuie : oh ! que la pluie est triste !

Sully Prudhomme

Réponse de bleuette

La légèreté, elle est partout, dans l'insolente fraîcheur des pluies d'été ...
sur les ailes d'un livre abandonné au bas d'un lit ...
dans la rumeur des cloches d'un monastère à l'heure des offices...
une rumeur enfantine et vibrante, dans un prénom mille et mille fois murmuré comme on mâche un brin d'herbe ...
dans la fée d'une lumière au détour d'un virage sur les routes serpentines du Jura ...
dans la pauvreté tâtonnante des sonates de Schubert ...
... dans la cérémonie de fermer lentement les volets le soir ...
dans une fine touche de bleu, bleu pale, bleu-violet, sur les paupières d'un nouveau-né ...
dans la douceur d'ouvrir une lettre attendue, en différant une seconde l'instant de la lire ...
dans le bruit des châtaignes explosant au sol et dans la maladresse d'un chien glissant sur un étang gelé ...
j'arrête là, la légèreté, vous voyez bien, elle est partout donnée ...

Réponse de bleuette

* Christian Bobin

Lilalou, 24/09/2020 11:25 :
Petit message d'une amie partie en trek dans un pays perdu.... "on ne touche pas à Schubert, nom d'une pipe en chien!!!"

Réponse de Rocambolesque

Les Fusillés de Châteaubriant

Ils sont appuyés contre le ciel
Ils sont une trentaine appuyés contre le ciel
Avec toute la vie derrière eux
Ils sont pleins d'étonnement pour leur épaule
Qui est un monument d'amour
Ils n'ont pas de recommandations à se faire
Parce qu'ils ne se quitteront jamais plus
L'un d'eux pense à un petit village
Où il allait à l'école
Un autre est assis à sa table
Et ses amis tiennent ses mains
Ils ne sont déjà plus du pays dont ils rêvent
Ils sont bien au-dessus de ces hommes
Qui les regardent mourir
Il y a entre eux la différence du martyre
Parce que le vent est passé là ils chantent
Et leur seul regret est que ceux
Qui vont les tuer n'entendent pas
Le bruit énorme des paroles
Ils sont exacts au rendez-vous
Ils sont même en avance sur les autres
Pourtant ils disent qu'ils ne sont pas des apôtres
Et que tout est simple
Et que la mort surtout est une chose simple
Puisque toute liberté se survit.

René Guy Cadou

Réponse de yareg

RENCONTRE ET RETROUVAILLES

J'ai rencontré une fille
Un soir de pluie dans un square
Je l'ai fixé dans les yeux

Un instant

Puis j'ai regardé l'horloge du clocher
Car je me suis senti ridicule
Elle était en effet subtile

Des paroles troubleraient
Le silence de l'hiver

Car l'histoire n'est faite
Que de discours futiles

Mais une phrase qui a du style
Peut rendre les gens heureux

Je rêvais d'un train de nuit
Je l'apercevais sur le quai
Je restais immobile à tout prix

L'amour est fragile

Une fleur inutile à la main
Mes baisers emportés par le vent

J'espère des retrouvailles

Auteur contemporain qui souhaite rester anonyme

Réponse de bleuette

L'âme est une fleur délicate exposée au vent de la destinée. Les brises du matin la secouent et les gouttes de rosée lui ploie le cou . . .
. . . Comme la fleur prend de la terre son parfum et sa vie, l'âme tire de la matière et de ses torts une force et une sagesse . . . .
Khalil Gibran . Le sable et l'écume [1926]

Réponse de bleuette

L'ombre grandit dans la pièce . . .
On n'éclaire pas, il y a assez de mots pour se voir . . .

Réponse de Flavynette

Bonjour à tous,
merci Bleuette, car ce sujet est admirable

je vais commencer par un poète "chanteur" que j'aime beaucoup

Bien sûr, nous eûmes des orages
Vingt ans d'amour, c'est l'amour fol
Mille fois tu pris ton bagage
Mille fois je pris mon envol
Et chaque meuble se souvient
Dans cette chambre sans berceau
Des éclats des vieilles tempêtes
Plus rien ne ressemblait à rien
Tu avais perdu le goût de l'eau
Et moi celui de la conquête
Mais mon amour
Mon doux, mon tendre, mon merveilleux amour
De l'aube claire jusqu'à la fin du jour
Je t'aime encore, tu sais, je t'aime
Moi, je sais tous tes sortilèges
Tu sais tous mes envoûtements
Tu m'as gardé de piège en piège
Je t'ai perdue de temps en temps
Bien sûr tu pris quelques amants
Il fallait bien passer le temps
Il faut bien que le corps exulte
Mais finalement, finalement
Il nous fallut bien du talent
Pour être vieux sans être adultes
Mon amour
Mon doux, mon tendre, mon merveilleux amour
De l'aube claire jusqu'à la fin du jour
Je t'aime encore, tu sais, je t'aime
Et plus le temps nous fait cortège
Et plus le temps nous fait tourment
Mais n'est-ce pas le pire piège
Que vivre en paix pour des amants
Bien sûr tu pleures un peu moins tôt
Je me déchire un peu plus tard
Nous protégeons moins nos mystères
On laisse moins faire le hasard
On se méfie du fil de l'eau
Mais c'est toujours la tendre guerre
Oh, mon amour
Mon doux, mon tendre, mon merveilleux amour
De l'aube claire jusqu'à la fin du jour
Je t'aime encore, tu sais, je t'aime

Jacques Brel

Marc-André, 28/02/2021 18:59 :
sa plus émouante chanson et le plus beau de ses poêmes.

Réponse de Flavynette

Pour saluer l'Automne


Voici que la saison décline,
L'ombre grandit, l'azur décroît,
Le vent fraîchit sur la colline,
L'oiseau frissonne, l'herbe a froid.

Août contre septembre lutte ;
L'océan n'a plus d'alcyon ;
Chaque jour perd une minute,
Chaque aurore pleure un rayon.

La mouche, comme prise au piège,
Est immobile à mon plafond ;
Et comme un blanc flocon de neige,
Petit à petit, l'été fond.

Victor Hugo "dernière gerbe"

Réponse de Flavynette

Je reviendrai Bleuette avec de nouveaux poèmes

Réponse de boscavert

L'Automne
Théodore de Banville

Sois le bienvenu, rouge Automne,
Accours dans ton riche appareil,
Embrase le coteau vermeil
Que la vigne pare et festonne.

Père, tu rempliras la tonne
Qui nous verse le doux sommeil ;
Sois le bienvenu, rouge Automne,
Accours dans ton riche appareil.

Déjà la Nymphe qui s'étonne,
Blanche de la nuque à l'orteil,
Rit aux chants ivres de soleil
Que le gai vendangeur entonne.
Sois le bienvenu, rouge Automne.

Théodore de Banville

Réponse de Camphinois

C'est l'heure exquise et matinale
Que rougit un soleil soudain.
A travers la brume automnale
Tombent les feuilles du jardin.

Leur chute est lente. Ou peut les suivre
Du regard en reconnaissant
Le chêne à sa feuille de cuivre,
L'érable à sa feuille de sang.

Les dernières, les plus rouillées,
Tombent des branches dépouillées :
Mais ce n'est pas l'hiver encor.

Une blonde lumière arrose
La nature, et, dans l'air tout rose,
On croirait qu'il neige de l'or.

Réponse de bleuette

La brume a des remords de fleuve
Et d'étang.
Les oiseaux nagent dans du mauve.
Les mots de ma plume se sauvent ...
. . . Me laissant
Avec des phrases qui ne parlent
Que de tourments...
Vienne le temps des amours neuves...
La brume a des remords de fleuve
Et d'étang. . .

Je ne suis jamais qu'un enfant.
Tu le sais bien, toi que j'attends.
Tu le sais puisque tu m'attends
Dans une dominante bleue
Où le mauve fait ce qu'il peut.

La page blanche se noircit,
Laissant parfois une éclaircie,
Une lisière dans la marge
Où passe comme un vent du large.

La brume a des remords de fleuve
Et de pluie.
Les chansons naissent dans la frime
Et les dictionnaires de rimes
S'y ennuient.
Mes phrases meurent sur tes lèvres
Mais la nuit,
Elles renaissent toutes neuves.
La brume a des remords de fleuve
Et de pluie
Et le mauve sur ta paupière
Brille d'une étrange lumière

Où courent des ombres ephémères
Dans une dominante bleue
Où le mauve fait ce qu'il peut.
La page blanche devient bleue
Et le mauve meurt peu à peu.
Il ne reste plus dans la marge
Que la rosée du vent du large.

chanson Mauve par Maxime Le Forestier

Réponse de bleuette

trop beau !!!!
Merci à tous :)

Réponse de boscavert

Aujourd'hui thème du smiblicquizz: La poésie

Vois ce fruit , chaque jour plus tiède et plus vermeil,
Se gonfler doucement aux regard du soleil !
Sa sève, à chaque instant plus riche et plus féconde,
L'emplit , on le dirait, de volupté profonde.

Sous les feux d'un soleil invisible et puissant ,
Notre coeur est semblable à ce fruit murissant.
De sucs plus abondants chaque jour il enivre ,
Et , maintenant mûri , il est heureux de vivre.

L'automne vient , le fruit se vide et va tomber ,
Mais sa graine est vivante et demande à germer.
L'âge arrive, le coeur se referme en silence,
Mais pour l ' été promis , il garde sa semence.

Ondine Valmore

Réponse de yareg

Les passantes %u2013 Antoine Pol

Je veux dédier ce poème
A toutes les femmes qu'on aime
Pendant quelques instants secrets
A celles qu'on connaît à peine
Qu'un destin différent entraîne
Et qu'on ne retrouve jamais
A celle qu'on voit apparaître
Une seconde à sa fenêtre
Et qui, preste, s'évanouit
Mais dont la svelte silhouette
Est si gracieuse et fluette
Qu'on en demeure épanoui

A la compagne de voyage
Dont les yeux, charmant paysage
Font paraître court le chemin
Qu'on est seul, peut-être, à comprendre
Et qu'on laisse pourtant descendre
Sans avoir effleuré sa main

A la fine et souple valseuse
Qui vous sembla triste et nerveuse
Par une nuit de carnaval
Qui voulut rester inconnue
Et qui n'est jamais revenue
Tournoyer dans un autre bal

A celles qui sont déjà prises
Et qui, vivant des heures grises
Près d'un être trop différent
Vous ont, inutile folie,
Laissé voir la mélancolie
D'un avenir désespérant

A ces timides amoureuses
Qui restèrent silencieuses
Et portent encor votre deuil
A celles qui s'en sont allées
Loin de vous, tristes esseulées
Victimes d'un stupide orgueil.

Chères images aperçues
Espérances d'un jour déçues
Vous serez dans l'oubli demain
Pour peu que le bonheur survienne
Il est rare qu'on se souvienne
Des épisodes du chemin

Mais si l'on a manqué sa vie
On songe avec un peu d'envie
A tous ces bonheurs entrevus
Aux baisers qu'on n'osa pas prendre
Aux coeurs qui doivent vous attendre
Aux yeux qu'on n'a jamais revus

Alors, aux soirs de lassitude
Tout en peuplant sa solitude
Des fantômes du souvenir
On pleure les lèvres absentes
De toutes ces belles passantes
Que l'on n'a pas su retenir.

Les passantes
Extrait Des Emotions poétiques

Réponse de yareg

Réponse de boscavert

Chanson interprétée par Jeanne Moreau

Jamais je ne t'ai dit que je t'aimerai toujours
Ô mon amour
Jamais tu ne m'as promis de m'adorer
Toute la vie
Jamais nous n'avons échangé de tels serments me
connaissant,
Te connaissant
Jamais nous n'aurions cru être à jamais pris par l'amour
nous qui étions
Si inconstants
Pourtant,
Pourtant tout doucement sans qu'entre nous rien ne soit dit
Petit à p'tit
Des sentiments se sont glissés entre nos corps qui se
plaisaient
À se mêler
Et puis des mots d'amour sont venus sur nos lèvres nues
Petit à p'tit
Des tas de mots d'amour se sont mêlés tout doucement à
nos baisers
Combien de mots d'amour?
Jamais je n'aurais cru que tu me plairais toujours
Ô mon amour
Jamais nous n'aurions pensé pouvoir vivre ensemble
Sans nous lasser
Nous réveiller tous les matins aussi surpris de nous
trouver si bien
Dans le même lit
De ne désirer rien de plus que ce si quotidien plaisir
d'être ensemble
Aussi bien
Pourtant,
Pourtant tout doucement sans qu'entre nous rien ne soit dit
Petit à p'tit
Nos sentiments nous ont liés bien malgré nous sans y
penser
À tout jamais
Des sentiments plus forts et plus violents que tous les mots
d'amour connus
Et inconnus
Des sentiments si fous et si violents, des sentiments
auxquels avant nous n'aurions
Jamais cru
Jamais, ne me dis jamais que tu m'aimeras toujours
Ô mon amour
Jamais ne me promets de m'adorer
Toute la vie
N'échangeons surtout pas de tels serments me connaissant,
Te connaissant
Gardons le sentiment que notre amour au jour le jour,
Que notre amour est un amour
Sans lendemain

Réponse de Flavynette

bonsoir à tous,

Quand tu ris, sur ta bouche
L'amour s'épanouit,
Et le soupçon farouche
Soudain s'évanouit !
Ah ! le rire fidèle
Prouve un coeur sans détours...
Riez, ma belle,
Riez toujours !

Quand tu dors, calme et pure,
Dans l'ombre, sous mes yeux,
Ton haleine murmure
Des mots harmonieux.
Ton beau corps se révèle
Sans voile et sans atours...
Dormez, ma belle,
Dormez toujours !

Quand tu me dis : Je t'aime !
Ô ma beauté ! je crois,
Je crois que le ciel même
S'ouvre au-dessus de moi !
Ton regard étincelle
Du beau feu des amours...
Aimez, ma belle,
Aimez toujours !

Vois-tu ? toute la vie
Tient dans ces quatre mots,
Tous les biens qu'on envie,
Tous les biens sans les maux !
Tout ce qui peut séduire
Tout ce qui peut charmer...
Chanter et rire,
Dormir, aimer !


Victor Hugo

Réponse de bleuette

Les livres sont des bougies allumées que nous rapprochons de notre visage . . .
La cire brûlante des mots coulant sur l'âme la tire du mortifère sommeil du monde . . .

C. Bobin

Réponse de bleuette

Peindre d'abord une cage
Avec une porte ouverte
Peindre ensuite
Quelque chose de joli
Quelque chose de simple
Quelque chose de beau
Quelque chose d'utile
Pour l'oiseau
Placer ensuite la toile contre un arbre
Dans un jardin
Dans un bois


Ou dans une forêt
Se cacher derrière l'arbre
Sans rien dire
Sans bouger ...
Parfois l'oiseau arrive vite
Mais il pourrait aussi mettre de longues années
Avant de se décider
Ne pas se décourager
Attendre
Attendre s'il le faut pendant des années
La vitesse ou la lenteur de l'arrivée de l'oiseau
N'ayant aucun rapport
Avec la réussite du tableau
Quand l'oiseau arrive
S'il arrive
Observer le plus profond silence
Attendre que l'oiseau entre dans la cage
Et quand il est entré
Fermer doucement la porte avec un pinceau
Puis effacer un à un tous les barreaux
En ayant soin de ne toucher aucune des plumes de l'oiseau
Faire ensuite le portrait de l'arbre
En choisissant la plus belle de ses branches
Pour l'oiseau
Peindre aussi le vert feuillage et la fraîcheur du vent
La poussière du soleil
Et les bruits des bêtes de l'herbe dans la chaleur de l'été
Et puis attendre que l'oiseau se décide à chanter
Si l'oiseau ne chante pas
C'est mauvais signe
Signe que le tableau est mauvais
Mais s'il chante c'est bon signe
Signe que vous pouvez signer
Alors vous arrachez tout doucement
Une des plumes de l'oiseau
Et vous écrivez votre nom dans un coin du tableau.

Prévert

Réponse de bleuette

Quand une sorcière est belle , eh bien ,
, ça s'appelle une fée . . .
- Marcel Pagnol

Réponse de Flavynette

Es-tu brune ou blonde ?
Sont-ils noirs ou bleus,
Tes yeux ?
Je n'en sais rien, mais j'aime leur clarté profonde,
Mais j'adore le désordre de tes cheveux.

Es-tu douce ou dure ?
Est-il sensible ou moqueur,
Ton coeur ?
Je n'en sais rien, mais je rends grâce à la nature
D'avoir fait de ton coeur mon maître et mon vainqueur.

Fidèle, infidèle ?
Qu'est-ce que ça fait.
Au fait ?
Puisque, toujours disposé à couronner mon zèle
Ta beauté sert de gage à mon plus cher souhait.
Paul Verlaine.

Réponse de yareg

Les Djinns

Murs, ville,
Et port,
Asile
De mort,
Mer grise
Où brise
La brise,
Tout dort.

Dans la plaine
Naît un bruit.
C'est l'haleine
De la nuit.
Elle brame
Comme une âme
Qu'une flamme
Toujours suit !

La voix plus haute
Semble un grelot.
D'un nain qui saute
C'est le galop.
Il fuit, s'élance,
Puis en cadence
Sur un pied danse
Au bout d'un flot.

La rumeur approche.
L'écho la redit.
C'est comme la cloche
D'un couvent maudit ;
Comme un bruit de foule,
Qui tonne et qui roule,
Et tantôt s'écroule,
Et tantôt grandit,

Dieu ! la voix sépulcrale
Des Djinns !... Quel bruit ils font !
Fuyons sous la spirale
De l'escalier profond.
Déjà s'éteint ma lampe,
Et l'ombre de la rampe,
Qui le long du mur rampe,
Monte jusqu'au plafond.

C'est l'essaim des Djinns qui passe,
Et tourbillonne en sifflant !
Les ifs, que leur vol fracasse,
Craquent comme un pin brûlant.
Leur troupeau, lourd et rapide,
Volant dans l'espace vide,
Semble un nuage livide
Qui porte un éclair au flanc.

Ils sont tout près ! - Tenons fermée
Cette salle, où nous les narguons.
Quel bruit dehors ! Hideuse armée
De vampires et de dragons !
La poutre du toit descellée
Ploie ainsi qu'une herbe mouillée,
Et la vieille porte rouillée
Tremble, à déraciner ses gonds !

Cris de l'enfer! voix qui hurle et qui pleure !
L'horrible essaim, poussé par l'aquilon,
Sans doute, ô ciel ! s'abat sur ma demeure.
Le mur fléchit sous le noir bataillon.
La maison crie et chancelle penchée,
Et l'on dirait que, du sol arrachée,
Ainsi qu'il chasse une feuille séchée,
Le vent la roule avec leur tourbillon !

Prophète ! si ta main me sauve
De ces impurs démons des soirs,
J'irai prosterner mon front chauve
Devant tes sacrés encensoirs !
Fais que sur ces portes fidèles
Meure leur souffle d'étincelles,
Et qu'en vain l'ongle de leurs ailes
Grince et crie à ces vitraux noirs !

Ils sont passés ! - Leur cohorte
S'envole, et fuit, et leurs pieds
Cessent de battre ma porte
De leurs coups multipliés.
L'air est plein d'un bruit de chaînes,
Et dans les forêts prochaines
Frissonnent tous les grands chênes,
Sous leur vol de feu pliés !

De leurs ailes lointaines
Le battement décroît,
Si confus dans les plaines,
Si faible, que l'on croit
Ouïr la sauterelle
Crier d'une voix grêle,
Ou pétiller la grêle
Sur le plomb d'un vieux toit.

D'étranges syllabes
Nous viennent encor ;
Ainsi, des arabes
Quand sonne le cor,
Un chant sur la grève
Par instants s'élève,
Et l'enfant qui rêve
Fait des rêves d'or.

Les Djinns funèbres,
Fils du trépas,
Dans les ténèbres
Pressent leurs pas ;
Leur essaim gronde :
Ainsi, profonde,
Murmure une onde
Qu'on ne voit pas.

Ce bruit vague
Qui s'endort,
C'est la vague
Sur le bord ;
C'est la plainte,
Presque éteinte,
D'une sainte
Pour un mort.

On doute
La nuit...
J'écoute : -
Tout fuit,
Tout passe
L'espace
Efface
Le bruit.

Victor Hugo

Réponse de bleuette

J'ai placé le vase rempli de roses jaunes sur le sol,
devant la fenêtre basse, pour donner à boire à la lumière . . .

Réponse de Flavynette

L'adieu

J'ai cueilli ce brin de bruyère.
L'automne est morte, souviens-t'en.
Nous ne verrons plus sur terre
Odeur du temps, brin de bruyère,
Et souviens-toi que je t'attends.

- Guillaume Apollinaire -

Réponse de boscavert

Lorsque l'enfant paraît, le cercle de famille
Applaudit à grands cris ; son doux regard qui brille
Fait briller tous les yeux,
Et les plus tristes fronts, les plus souillés peut-être,
Se dérident soudain à voir l'enfant paraître,
Innocent et joyeux.

Soit que juin ait verdi mon seuil, ou que novembre
Fasse autour d'un grand feu vacillant dans la chambre
Les chaises se toucher,
Quand l'enfant vient, la joie arrive et nous éclaire.
On rit, on se récrie, on l'appelle, et sa mère
Tremble à le voir marcher.

Quelquefois nous parlons, en remuant la flamme,
De patrie et de Dieu, des poètes, de l'âme
Qui s'élève en priant ;
L'enfant paraît, adieu le ciel et la patrie
Et les poëtes saints ! la grave causerie
S'arrête en souriant.

La nuit, quand l'homme dort, quand l'esprit rêve, à l'heure
Où l'on entend gémir, comme une voix qui pleure,
L'onde entre les roseaux,
Si l'aube tout à coup là-bas luit comme un phare,
Sa clarté dans les champs éveille une fanfare
De cloches et d'oiseaux !

Enfant, vous êtes l'aube et mon âme est la plaine
Qui des plus douces fleurs embaume son haleine
Quand vous la respirez ;
Mon âme est la forêt dont les sombres ramures
S'emplissent pour vous seul de suaves murmures
Et de rayons dorés !

Car vos beaux yeux sont pleins de douceurs infinies,
Car vos petites mains, joyeuses et bénies
N'ont point mal fait encore ;
Jamais vos jeunes pas n'ont touché notre fange ;
Tête sacrée ! enfant aux cheveux blonds ! bel ange
À l'auréole d'or !

Vous êtes parmi nous la colombe de l'arche.
Vos pieds tendres et purs n'ont point l'âge où l'on marche ;
Vos ailes sont d'azur.
Sans le comprendre encor, vous regardez le monde.
Double virginité ! corps où rien n'est immonde,
Âme où rien n'est impur !

Il est si beau, l'enfant, avec son doux sourire,
Sa douce bonne foi, sa voix qui veut tout dire,
Ses pleurs vite apaisés,
Laissant errer sa vue étonnée et ravie,
Offrant de toutes parts sa jeune âme à la vie
Et sa bouche aux baisers !

Seigneur ! préservez-moi, préservez ceux que j'aime,
Frères, parents, amis, et mes ennemis même
Dans le mal triomphants,
De jamais voir, Seigneur ! l'été sans fleurs vermeilles,
La cage sans oiseaux, la ruche sans abeilles,
La maison sans enfants !

Victor Hugo

Réponse de boscavert

Charles Aznavour

Plus bleu que le bleu de tes yeux
Je ne vois rien de mieux
Même le bleu des cieux
Plus blonds que tes cheveux dorés
Ne peut s'imaginer

Même le blond des blés
Plus pur que ton souffle si doux
Le vent même au mois d'Août
Ne peut-être plus doux
Plus fort que mon amour pour toi
La mer même en furie
Ne s'en approche pas
Plus bleu que le bleu de tes yeux
Je ne vois rien de mieux
Même le bleu des cieux.

Si un jour tu devais t'en aller
Et me quitter
Mon destin changerait tout à coup
Du tout au tout.

Plus gris que le gris de ma vie
Rien ne serait plus gris

Pas même un ciel de pluie
Plus noir que le noir de mon coeur
La terre en profondeur
N'aurait pas sa noirceur
Plus vide que mes jours sans toi
Aucun gouffre sans fond ne s'en approchera
Plus long que mon chagrin d'amour
Même l'éternité près de lui serait courte
Plus gris que le gris de ma vie
Rien ne serait plus gris
Pas même un ciel de pluie

On a tort de penser je sais bien
Au lendemain
A quoi bon se compliquer la vie
Puis-qu'aujourd'hui

Plus bleu que le bleu de tes yeux
Je ne vois rien de mieux
Même le bleu des cieux
Plus blonds que tes cheveux dorés
Ne peut s'imaginer
Même le blond des blés
Plus pur que ton souffle si doux
Le vent même au mois d'Août
Ne peut-être plus doux
Plus fort que mon amour pour toi
La mer même en furie
Ne s'en approche pas
Plus bleu que le bleu de tes yeux
Je ne vois que les rêves
Que m'apportent tes yeux.

Réponse de boscavert

La vie est une cerise - La mort est un noyau - L'amour un cerisier.
Jacques Prévert

Réponse de bleuette

Une feuille morte, poussée par le vent, court autour de ses soeurs rassemblées en cercle dans l'angle d'un mur. . . comme une petite fille jouant à la chandelle dans une cour d'école . . .

Les moineaux se balancent sur les branches du bouleau devant la fenêtre de la chambre, minuscules trapézistes sous un chapiteau de ciel blanc . . .
C. B.

Réponse de bleuette

Par dessus L'horizon aux collines brunies,
le soleil, cette fleur des splendeurs infinies,
Se penchait sur la terre à l'heure du couchant ;
une humble marguerite, éclose au bord d'un champ.
Sur un mur gris, croulant parmi l'avoine folle,
blanche épanouissait sa candide auréole .
Et la petite fleur, par-dessus le vieux mur,
regardait fixement, dans l'éternel azur
Le grand astre épanchant sa lumière immortelle
«Et moi, j'ai des rayons aussi.»! Lui disait-elle...

Victor Hugo

Réponse de boscavert

Bizarre déité, brune comme les nuits,
Au parfum mélangé de musc et de havane,
%u0152uvre de quelque obi, le Faust de la savane,
Sorcière au flanc d'ébène, enfant des noirs minuits,

Je préfère au constance, à l'opium, au nuits,
L'élixir de ta bouche où l'amour se pavane ;
Quand vers toi mes désirs partent en caravane,
Tes yeux sont la citerne où boivent mes ennuis.

Par ces deux grands yeux noirs, soupiraux de ton âme,
Ô démon sans pitié ! Verse-moi moins de flamme ;
Je ne suis pas le Styx pour t'embrasser neuf fois,

Hélas ! Et je ne puis, mégère libertine,
Pour briser ton courage et te mettre aux abois,
Dans l'enfer de ton lit devenir Proserpine !
Sed non satiata
Poèmes de Charles Baudelaire

Réponse de yareg

Désolé, je reste classique, mais de saison :

Il pleure dans mon coeur
Comme il pleut sur la ville ;
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon coeur ?

Ô bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits !
Pour un coeur qui s'ennuie,
Ô le chant de la pluie !

Il pleure sans raison
Dans ce coeur qui s'écoeure.
Quoi ! nulle trahison ?%u2026
Ce deuil est sans raison.

C'est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi
Sans amour et sans haine
Mon coeur a tant de peine !


Paul Verlaine
Romances sans paroles (1874)

Réponse de boscavert

Delphine le mer

Pivert, oiseau d'hiver ! (Poème pour les enfants)

Pic-pic-pic ! sur le tronc d'arbre,
Pour se faire entendre, il charme !
Pivert, oiseau d'hiver !
Un bouleau, un sapin, un chêne,
Pourquoi pas de tout son "hêtre" ?
Pivert, oiseau d'hiver !
Quel coquin, ce petit oiseau !
Si coloré, fier et beau !
Pivert, oiseau d'hiver !
Plumage jaune et vert,
Pour masquer sa colère !
Pivert, oiseau d'hiver !
Pic-pic-pic ! encore et encore !
Car il sait qu'il n'aura jamais tort !
Pivert, oiseau d'hiver !
Arbre, brindille, feuillage,
Voilà son vrai camouflage !
Pivert, oiseau d'hiver !
Pivert, oiseau d'hiver,
Pic-pic-pic ! pour qu'on écoute ses vers !

Réponse de boscavert

Signe
Guillaume Apollinaire

Je suis soumis au Chef du Signe de l'Automne
Partant j'aime les fruits je déteste les fleurs
Je regrette chacun des baisers que je donne
Tel un noyer gaulé dit au vent ses douleurs
Mon Automne éternelle ô ma saison mentale
Les mains des amantes d'antan jonchent ton sol
Une épouse me suit c'est mon ombre fatale
Les colombes ce soir prennent leur dernier vol

Guillaume Apollinaire, Alcools, 1913

Réponse de Rocambolesque

J'AI TANT REVE DE TOI

J'ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité.
Est-il encore temps d'atteindre ce corps vivant
et de baiser sur cette bouche la naissance
de la voix qui m'est chère ?
J'ai tant rêvé de toi que mes bras habitués en étreignant ton ombre
à se croiser sur ma poitrine ne se plieraient pas
au contour de ton corps, peut-être.
Et que, devant l'apparence réelle de ce qui me hante
et me gouverne depuis des jours et des années
je deviendrais une ombre sans doute,
Ô balances sentimentales.
J'ai tant rêvé de toi qu'il n'est plus temps sans doute que je m'éveille.
Je dors debout, le corps exposé à toutes les apparences de la vie
et de l'amour et toi, la seule qui compte aujourd'hui pour moi,
je pourrais moins toucher ton front et tes lèvres que les premières lèvres
et le premier front venu.
J'ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé, couché avec ton fantôme
qu'il ne me reste plus peut-être, et pourtant,
qu'à être fantôme parmi les fantômes et plus ombre cent fois
que l'ombre qui se promène et se promènera allègrement
sur le cadran solaire de ta vie.

Robert DESNOS
Recueil : "À la mystérieuse"

Réponse de bleuette

: Qu'est-ce que la fleur de l'âge ? . . .
Sinon une rose épanouie par l'automne . .

Tout m'est lecture . . . La plus grande partie de ma bibliothèque est dans le ciel, avec ses volumes dépareillés de nuages, jamais à la même place . . .

Il y a des rabat-joie... Je serais relève-joie . Il y a des bonnets de nuit... Je serais bonnet de jour . Il y a des souffre-douleur... Je serais sauve-douleur . . .
. . . Ne me parlez plus d'oiseaux de malheur, Je veux être pour toujours ... Un petit ... même tout petit Marchand de bonheur . . . 

Les moineaux se balancent sur les branches du bouleau devant la fenêtre de la chambre . . . minuscules trapézistes sous un chapiteau de ciel blanc . .

Une feuille morte, poussée par le vent, court autour de ses soeurs rassemblées en cercle dans l'angle d'un mur. . . comme une petite fille jouant à la chandelle dans une cour d'école . . .

Réponse de bleuette

Marie Le Pogam Un câlin

Un câlin ça peut paraître rien
Et pourtant ça fait du bien
Ce geste tendre, si bénin
De nos souvenirs enfantins ...

... Un câlin ça nous soulage
Un tendre moment de partage
Une évasion, profond voyage
Être au dessus d'un nuage ...

... Un câlin ça nous rassure
Dans les moments les plus durs
Pour toutes les fortes blessures
Pour recharger son armure ...

... Un câlin ça nous émerveille
Comme un rayon de soleil
Deux coeurs qui se veillent
L'apaisement se réveille ...

... Un câlin c'est une tendresse
Pudique à qui l'on s'adresse
Oser saisir cette caresse
C'est une jolie tendresse d'ivresse ...

Réponse de bleuette

Regarde
Les fusées sont de toutes les couleurs,
Des bleues des or des rouges
Vite faut faire un bouquet ...
Regarde
Les ballons sont de toutes les couleurs
Des roses, des verts des orange
Vite faut en faire un bouquet ...
Regarde
Les enfants sont de toutes les couleurs
Des noirs, des marrons, des blancs, de jaunes.
Des cuivrés des basanés
Vite faut en faire un bouquet ...
Claude Haller

Réponse de bleuette

Quand j'étais gosse, haut comme trois pommes
Je parlais bien fort pour être un homme
J'disais,JE SAIS, JE SAIS,JE SAIS, JE SAIS

C'était l'début, c'était l'printemps
Mais quand j'ai eu mes 18 ans
J'ai dit,jE SAIS, ça y est, cette fois JE SAIS

Et aujourd'hui, les jours où je m'retourne
Je regarde la terre où j'ai quand même fait les 100 pas
Et je ne sais toujours pas comment elle tourne !

Vers 25 ans, j'savais tout : l'amour, les roses, la vie les sous
Tiens oui l'amour ! J'en avais fait tout le tour !

Heureusement, comme les copains, j'avais pas mangé tout mon pain :
Au milieu de ma vie, j'ai encore appris.
C'que j'ai appris, ça tient en trois,quatre mots :

Le jour où quelqu'un vous aime, il fait très beau
j'peux pas mieux dire, il fait très beau !

C'est encore ce qui m'étonne dans la vie,
Moi qui suis à l'automne de ma vie
On oublie tant de soir de tristesse
Mais jamais un matin de tendresse !

Toute la jeunesse, j'ai voulu dire JE SAIS
Seulement, plus je cherchais, et puis moins j'savais

Il y a 60 coups qui ont sonné à l'horloge
Je suis encore à ma fenêtre, je regarde, et j'm'interroge ?

Maintenant JE SAIS , JE SAIS QU'ON NE SAIS JAMAIS !

La vie, l'amour, l'argent les amis et les roses
On ne sait jamais le bruit ni la couleur des choses
C'est tout c'que j'sais! Mais, ça j'le SAIS...!

Réponse de Flavynette

Soleils couchants

Une aube affaiblie
Verse par les champs
La mélancolie
Des soleils couchants.

La mélancolie
Berce de doux chants
Mon coeur qui s'oublie
Aux soleils couchants.

Et d'étranges rêves,
Comme des soleils
Couchants, sur les grèves,
Fantômes vermeils,

Défilent sans trêves,
Défilent, pareils
A de grands soleils
Couchants sur les grèves.

Paul Verlaine

Réponse de yareg

Jour de lessive
Gaston Couté


Je suis parti ce matin même,
Encor soûl de la nuit mais pris
Comme d'écoeurement suprême,
Crachant mes adieux à Paris...
Et me voilà, ma bonne femme,
Oui, foutu comme quatre sous...
Mon linge est sale aussi mon âme...
Me voilà chez nous !

Ma pauvre mère est en lessive...
Maman, Maman,
Maman, ton mauvais gâs arrive
Au bon moment !...

Voici ce linge où goutta maintes
Et maintes fois un vin amer,
Où des garces aux lèvres peintes
Ont torché leurs bouches d'enfer...
Et voici mon âme, plus grise
Des mêmes souillures ... hélas !
Que le plastron de ma chemise
Gris, rose et lilas...

Au fond du cuvier, où l'on sème,
Parmi l'eau, la cendre du four,
Que tout mon linge de bohème
Repose durant tout un jour...
Et qu'enfin mon âme, pareille
A ce déballage attristant,
Parmi ton âme ... à bonne vieille !
Repose un instant...

Tout comme le linge confie
Sa honte à la douceur de l'eau,
Quand je t'aurai conté ma vie
Malheureuse d'affreux salaud,
Ainsi qu'on rince à la fontaine
Le linge au sortir du cuvier,
Mère, arrose mon âme en peine
D'un peu de pitié !

Et, lorsque tu viendras étendre
Le linge d'iris parfumé,
Tout blanc parmi la blancheur tendre
De la haie où fleurit le Mai,
Je veux voir mon âme, encor pure
En dépit de son long sommeil
Dans la douleur et dans l'ordure,
Revivre au Soleil !...


Gaston Couté

Réponse de yareg

Robert DESNOS
Recueil : "Chantefables"

Le Capitaine Jonathan,
Étant âgé de dix-huit ans,
Capture un jour un pélican
Dans une île d'Extrême-orient.

Le pélican de Jonathan,
Au matin, pond un oeuf tout blanc
Et il en sort un pélican
Lui ressemblant étonnamment.

Et ce deuxième pélican
Pond à son tour, un oeuf tout blanc
D'où sort, inévitablement
Un autre qui en fait autant.

Cela peut durer pendant très longtemps
Si l'on ne fait pas d'omelette avant.

Réponse de bleuette

Il n'est pas de beau mot
qui n'en appelle un autre ...
Et dans le ciel de nos pensées
voilà que naît une guirlande . . .

... Mais ce n'est pas assez
que de proférer seul ...
Il n'est pas de beau mot
Sans l'âme d'un écho . . .

... Viens avec moi l'amie
fiancer nos plus beaux dires
à la porte du sanctuaire ...
Nous écrirons peut-être
deux pages de plus
à notre unique dictionnaire . . .

Claude Haller

Réponse de boscavert

Promenade verticale
Edgar Georges

En arrivant au sommet de la colline
J'ai regardé mes pieds nus couverts de boue
Un frisson d'effroi m'a transpercé à ce moment-là
Mais la tendresse, la beauté du ciel m'a calmé
En relevant ma tête, l'horizon s'échappait, la ligne droite éternelle
J'étais en face de mon passé, de mon destin
Je voyais chaque brique s'empiler à toute vitesse
L'air montait et les oiseaux piaillaient de plus en plus fort
Alors j'ai levé les mains au ciel et j'ai crié : « Oui, je pourrais repartir ! »
Je n'avais que dix-sept ans, mais je savais, déjà
Dans la descente, je me suis souvenu de cette vieille femme au pied de mon lit
qui m'a dit que le mal est toujours là où nous cherchons le bien.
Edgar Georges, 2007

Réponse de boscavert

Sur mes cahiers d'écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige
J'écris ton nom

Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J'écris ton nom

Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J'écris ton nom

Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l'écho de mon enfance
J'écris ton nom

Sur les merveilles des nuits
Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons fiancées
J'écris ton nom

Sur tous mes chiffons d'azur
Sur l'étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J'écris ton nom

Sur les champs sur l'horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J'écris ton nom

Sur chaque bouffée d'aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J'écris ton nom

Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l'orage
Sur la pluie épaisse et fade
J'écris ton nom

Sur les formes scintillantes
Sur les cloches des couleurs
Sur la vérité physique
J'écris ton nom

Sur les sentiers éveillés
Sur les routes déployées
Sur les places qui débordent
J'écris ton nom
Sur la lampe qui s'allume
Sur la lampe qui s'éteint
Sur mes maisons réunies
J'écris ton nom

Sur le fruit coupé en deux
Du miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide
J'écris ton nom

Sur mon chien gourmand et tendre
Sur ses oreilles dressées
Sur sa patte maladroite
J'écris ton nom

Sur le tremplin de ma porte
Sur les objets familiers
Sur le flot du feu béni
J'écris ton nom

Sur toute chair accordée
Sur le front de mes amis
Sur chaque main qui se tend
J'écris ton nom

Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attentives
Bien au-dessus du silence
J'écris ton nom

Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J'écris ton nom

Sur l'absence sans désir
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J'écris ton nom

Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l'espoir sans souvenir
J'écris ton nom

Et par le pouvoir d'un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer
Liberté.

Paul Eluard

Réponse de yareg

La dernière bouteille

Les gas ! apportez la darniér' bouteille
Qui nous rest' du vin que j'faisions dans l'temps,
Varsez à grands flots la liqueur varmeille
Pour fêter ensembl' mes quat'er vingts ans%u2026
Du vin coumm' c'ti-là, on n'en voit pus guère,
Les vign's d'aujord'hui dounn'nt que du varjus,
Approchez, les gas, remplissez mon verre,
J'ai coumm' dans l'idé' que j'en r'boirai pus !

Ah ! j'en r'boirai pus ! c'est ben triste à dire
Pour un vieux pésan qu'a tant vu coumm' moué
Le vin des vendang's, en un clair sourire
Pisser du perssoué coumme l'ieau du touet ;
On aura bieau dire, on aura bieau faire,
Faura pus d'un jour pour rempli' nos fûts
De ce sang des vign's qui'rougit mon verre.
J'ai coumm' dans l'idé' que j'en r'boirai pus !

A pesant, cheu nous, tout l'mond' gueul' misère,
On va-t-à la ville où l'on crév' la faim,
On vend poure ren le bien d'son grand-père
Et l'on brûl' ses vign's qui n'amén'nt pus d'vin ;
A l'av'nir le vin, le vrai jus d'la treille
Ça s'ra pour c'ti-là qu'aura des écus,
Moué que j'viens d'vider nout' dargnier' bouteille
J'ai coumm' dans l'idé' que j'en r'boirai pus.

Gaston Couté

Réponse de yareg

Le Gas qu'a mal tourné

Dans les temps qu'j'allais à l'école,
Oùsqu'on m'vouéyait jamés bieaucoup,
Je n'voulais pâs en fout'e un coup ;
J'm'en sauvais fér' des caberioles,
Dénicher les nids des bissons,
Sublailler, en becquant des mûres
Qui m'barbouillin tout'la figure,
Au yeu d'aller apprend' mes l'çons ;
C'qui fait qu'un jour qu'j'étais en classe,
(Tombait d'l'ieau, j'pouvions pâs m'prom'ner !)
L' mét'e i' m'dit, en s'l'vant d'sa place :
« Toué !%u2026 t'en vienras à mal tourner ! »

Il avait ben raison, nout' mét'e.
C't'houmm'-là, i' d'vait m'counnét' par coeur !

J'ai trop voulu fére à ma tête
Et ça m'a point porté bounheur ;
J'ai trop aimé voulouèr ét' lib'e
Coumm' du temps qu' j'étais écoyier ;
J'ai pâs pu t'ni' en équilib'e
Dans eun' plac', dans un atéyier,
Dans un burieau, ben qu'on n'y foute
Pas grand chous' de tout' la journée.
J'ai enfilé la mauvais' route !
Moué ! j'sés un gâs qu'a mal tourné !

À c'tt' heur', tous mes copains d'école,
Les ceuss' qu'appernin l'A. B. C.
Et qu'écoutin les bounn's paroles,
I's sont casés, et ben casés !
Gn'en a qui sont clercs de notaire,
D'aut's qui sont commis épiciers,
D'aut's qu'a les protections du maire
Pour avouèr un post' d'empléyé.
Ça s'léss' viv' coumm' moutons en plaine,
Ça sait compter, pas raisounner !
J'pens' queuqu'foués %u2014 et ça m'fait d'la peine :
Moué ! j'sés un gâs qu'a mal tourné !


Et, pus tard, quand qu'i's s'ront en âge,
Leu' barbe v'nu, leu' temps fini,
I's vouéront à s'mett'e en ménage ;
I's s'appont'ront un bon p'tit nid
Oùsque vienra nicher l'ben-êt'e
Avec eun' femm' devant la Loué !
Ça douét êt' bon, d'la femme hounnête :
Gn'a qu'les putains qui veul'nt ben d'moué.
Et ça s'comprend : moué, j'ai pas d'rentes,
Parsounn' n'a eun' dot à m'dounner,
J'ai pas un méquier dont qu'on s'vante...
Moué ! j'sés un gâs qu'a mal tourné !

I's s'ront ben vus par tout l'village
Pasqu'i's gagn'ront pas mal d'argent
À fér des p'tits tripatrouillages
Au préjudic' des pauv'ers gens,
Ou ben à licher les darrières
Des grouss's légum's, des hauts placés.
Et, quand qu'à la fin d'leu carrière
Ils vouérront qu'i's ont ben assez
Volé, liché pour pus ren n'fère,
Tous les lichés, tous les ruinés,

Diront qu'i's ont fait leu's affères...
Moué ! j's'rai un gâs qu'a mal tourné !

C'est égal ! Si jamés je r'tourne
Un joure r'prend' l'air du pat'lin
Oùsqu'à mon sujet les langu's tournent
Qu'ça en est comm' des rou's d'moulin,
Eh ! ben, i'faura que j'leu dise,
Aux gâs r'tirés ou établis
Qu'a pataugé dans la bêtise,
La bassesse et la crapulerie
Coumm' des vrais cochons qui pataugent,
Faurâ qu'j'leu' dis' qu' j'ai pas mis l'nez
Dans la pâté' sal' de leu-z-auge...
Et qu'c'est pour ça qu'j'ai mal tourné !..

Gaston Couté

Réponse de boscavert

Art poétique
Paul Verlaine

De la musique avant toute chose,
Et pour cela préfère l'Impair
Plus vague et plus soluble dans l'air,
Sans rien en lui qui pèse ou qui pose.

Il faut aussi que tu n'ailles point
Choisir tes mots sans quelque méprise :
Rien de plus cher que la chanson grise
Ou l'Indécis au Précis se joint.

C'est de beaux yeux derrière des voiles,
C'est le grand jour tremblant de midi ;
C'est par un ciel d'automne attiédi,
Le bleu fouillis des claires étoiles !

Car nous voulons la Nuance encor,
Pas la couleur, rien que la Nuance !
Oh ! la nuance seule fiance
Le rêve au rêve et la flûte au cor !

Fuis du plus loin la Pointe assassine,
L'Esprit cruel et le Rire impur,
Qui font pleurer les yeux de l'Azur,
Et tout cet ail de basse cuisine !

Prend l'éloquence et tords-lui son cou !
Tu feras bien, en train d'énergie,
De rendre un peu la Rime assagie.
Si l'on y veille, elle ira jusqu'où ?

Ô qui dira les torts de la Rime !
Quel enfant sourd ou quel nègre fou
Nous a forgé ce bijou d'un sou
Qui sonne creux et faux sous la lime ?

De la musique encore et toujours !
Que ton vers soit la chose envolée
Qu'on sent qui fuit d'une âme en allée
Vers d'autres cieux à d'autres amours.

Que ton vers soit la bonne aventure
Éparse au vent crispé du matin
Qui va fleurant la menthe et le thym..
Et tout le reste est littérature.

Paul Verlaine, Jadis et Naguère (1885)

Réponse de Flavynette

Quand tes yeux conquerans estonné je regarde,
J'y veoy dedans à clair tout mon espoir escript ;
J'y veoy dedans Amour luy mesme qui me rit,
Et m'y monstre, mignard, le bon heur qu'il me garde.

Mais, quand de te parler par fois je me hazarde
C'est lors que mon espoir desseiché se tarit ;
Et d'avouer jamais ton oeil, qui me nourrit,
D'un seul mot de faveur, cruelle, tu n'as garde.

Si tes yeux sont pour moy, or voy ce que je dis :
Ce sont ceux là, sans plus, à qui je me rendis.
Mon Dieu, quelle querelle en toi mesme se dresse,

Si ta bouche et tes yeux se veulent desmentir ?
Mieux vaut, mon doux tourment, mieux vaut les despartir,
Et que je prenne au mot de tes yeux la promesse.

Etienne de LA BOETIE

Réponse de boscavert

Chanson d'Automne

Les sanglots longs
Des violons
De l'automne
Blessent mon coeur
D'une langueur
Monotone.

Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l'heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure

Et je m'en vais
Au vent mauvais
Qui m'emporte
Deçà, delà,
Pareil à la
Feuille morte.

Paul Verlaine

Réponse de bleuette

Vous êtes la grâce jeune des matins
Et le clair rire des flûtes pastorales
Roses fleuries ! ...
Mais le charme des tristesses très chères est en vous
Et, notes de clavecins, s'évanouissent vos pétales
Roses fanées ! ...
... Vous êtes revêtues des robes d'aurore
Et, des tendres nuées d'Avril s'illuminent vos seins
Roses fleuries ! ...
L'or mélancolique des couchants d'Automne
A mis sa beauté dans vos coeurs mourants
Roses fanées ! ...
... Vos parfums sont l'ivresse neuve des étreintes
L'allégresse de vivre et l'extatique encens
Roses fleuries ! ...
Mais, dans les Urnes pieuses de vos défunts calices
Repose l'immortel arôme du Souvenir
Roses fanées ! ...

Marie Krysinska, Rythmes pittoresques

Réponse de Flavynette

Verlaine.........j'aime beaucoup merci MonBos

Réponse de Flavynette

Lever de soleil sur la brume


La nature est tout ce qu'on voit,
Tout ce qu'on veut, tout ce qu'on aime,
Tout ce qu'on sait , tout ce qu'on croit,
Tout ce que l'on sent en soi-même.
Elle est belle pour qui la voit,
Elle est bonne à celui qui l'aime,
Elle est juste quand on y croit
Et qu'on la respecte en soi-même.
Regarde le ciel, il te voit,
Embrasse la terre, elle t'aime.
La vérité c'est ce qu'on croit
En la nature c'est toi-même.

George Sand

Réponse de bleuette

Quand les lilas refleuriront
Au vent les capuchons de laine
Robes rouges nous revêtrons
Quand les lilas refleuriront
Sur le tapis vert de la plaine
Nous reviendrons danser en rond
Quand les lilas refleuriront
Allez dire au printemps qu'il vienne ...

... Quand les lilas refleuriront
Nous redescendrons dans la plaine
Cloches sonnez vos carillons
Quand les lilas refleuriront
Les papillons qui se promènent
Dans l'air avec les moucherons
Comme nous danserons en rond
Allez dire au printemps qu'il vienne ...

Quand les lilas refleuriront
Les filles près de la fontaine
De leurs amoureux jaseront
Quand les lilas refleuriront
Personne alors qui ne comprenne
Les doux mots qu'elles parleront
Quand les lilas refleuriront
Allez dire à l'amour qu'il vienne ...

Quand les lilas refleuriront
Parfumant l'air de leur haleine
Combien d'amoureux mentiront
Quand les lilas refleuriront
Pour tous ces baisers qui s'égrènent
Que de blessures saigneront
Quand les lilas refleuriront
Allez dire à l'amour qu'il vienne ...

George Auriol

Réponse de Flavynette

Sonnet d'automne


Ils me disent, tes yeux, clairs comme le cristal :
» Pour toi, bizarre amant, quel est donc mon mérite ? «
Sois charmante et tais-toi ! Mon coeur, que tout irrite,
Excepté la candeur de l'antique animal,

Ne veut pas te montrer son secret infernal,
Berceuse dont la main aux longs sommeils m'invite,
Ni sa noire légende avec la flamme écrite.
Je hais la passion et l'esprit me fait mal !

Aimons-nous doucement. L'Amour dans sa guérite,
Ténébreux, embusqué, bande son arc fatal.
Je connais les engins de son vieil arsenal :

Crime, horreur et folie ! Ô pâle marguerite !
Comme moi n'es-tu pas un soleil automnal,
Ô ma si blanche, ô ma si froide Marguerite ?

Charles Baudelaire, Les fleurs du mal

Réponse de yareg

Je dédie ce poème de Brassens à toutes les fées-muses du site qui se reconnaîtront !

Je m'suis fait tout petit
Georges Brassens

Je n'avais jamais ôté mon chapeau
Devant personne
Maintenant je rampe et je fait le beau
Quand elle me sonne
J'étais chien méchant, elle me fait manger
Dans sa menotte
J'avais des dents d'loup, je les ai changées
Pour des quenottes
Je m'suis fait tout petit devant une poupée
Qui ferme les yeux quand on la couche
Je m'suis fait tout petit devant une poupée
Qui fait Maman quand on la touche
J'était dur à cuire, elle m'a converti
La fine mouche
Et je suis tombé tout chaud, tout rôti
Contre sa bouche
Qui a des dents de lait quand elle sourit
Quand elle chante
Et des dents de loup quand elle est furie
Qu'elle est méchante
Je m'suis fait tout petit devant une poupée
Qui ferme les yeux quand on la couche
Je m'suis fait tout petit devant une poupée
Qui fait%u2026

Réponse de yareg

Réponse de yareg

Qui fait...
Pardon pour les fautes de frappe*

Réponse de bleuette

Voyez partir l'hirondelle,
Elle fuit à tire d'aile,
Mais revient toujours fidèle,
A son nid,
Sitôt que des hivers le grand froid est fini ...

... L'homme, au gré de son envie,
Errant promène sa vie
Par le souvenir suivie
De ces lieux
Où sourit son enfance, où dorment ses aïeux ...

... Et puis, quand il sent que l'âge
A glacé son grand courage,
Il les regrette et, plus sage,
Vient chercher
Un tranquille bonheur près de son vieux clocher ...

Guy de Maupassant, Poésie Diverses

Réponse de Flavynette

Le Dormeur du Val

C'est un trou de verdure où chante une rivière
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

Arthur Rimbaud

Il est très connu, il est très triste..................mais il est tellement beau
bonne journée à tous

Marc-André, 28/02/2021 19:07 :
il me met toujours une larme àl'oeil.

Réponse de bleuette

Les papiers, de Jules Canonge

Ton doigt, léger d'abord, puis, timide et tremblant,
M'écrivait sur du papier blanc ;

Un beau matin, ce fut sous la teinte discrète
D'une enveloppe violette,

... Que, dissertant sur l'âme et l'amour du bon Dieu ...
Tu scellas un fin papier bleu ;

Le soir, tu m'adressas bien ravissante chose,
(T'en souvient-il ?) ... sur papier rose !

...Le lendemain, ton coeur jaloux avait souffert
Et je reçus du papier vert ...

Puis, toi qu'on dit si douce et que l'on voit si bonne,
Tu me lanças un papier jaune !...

... Et voilà qu'aujourd'hui, pour me mystifier,
Tu prends du papier d'écolier ! ...

Ah ! pour qu'en ces couleurs j'ose ou veuille comprendre
C'est trop méchant ou c'est trop tendre ! ...

Réponse de Flavynette

Dans l'interminable
Ennui de la plaine
La neige incertaine
Luit comme du sable.

Le ciel est de cuivre
Sans lueur aucune.
On croirait voir vivre
Et mourir la lune.

Comme les nuées
Flottent gris les chênes
Des forêts prochaines
Parmi les buées.

Le ciel est de cuivre
Sans lueur aucune.
On croirait voir vivre
Et mourir la Lune.

Corneille poussive
Et vous, les loups maigres,
Par ces bises aigres
Quoi donc vous arrive?

Dans l'interminable
Ennui de la plaine
La neige incertaine
Luit comme du sable

Paul Verlaine

Réponse de yareg

Plic-ploc

Plic-ploc, Plic-ploc, j'écoute la pluie
Plic-ploc, Plic-ploc, je suis dans mon lit
Plic-ploc, Plic-ploc, dehors il fait froid
Plic-ploc, Plic-ploc, qu'on est bien chez soi.

https://www.youtube.com/watch?v=FDTn271-GDQ

Réponse de bleuette

Renée VIVIEN

Roses du soir
Des roses sur la mer, des roses dans le soir,
Et toi qui viens de loin, les mains lourdes de roses !
J'aspire ta beauté. Le couchant fait pleuvoir
Ses fines cendres d'or et ses poussières roses...

Des roses sur la mer, des roses dans le soir.

Un songe évocateur tient mes paupières closes.
J'attends, ne sachant trop ce que j'attends en vain,
Devant la mer pareille aux boucliers d'airain,
Et te voici venue en m'apportant des roses...

Ô roses dans le ciel et le soir ! Ô mes roses !

Réponse de bleuette

A une fleur
Alfred de Musset

Que me veux-tu, chère fleurette,
Aimable et charmant souvenir ?
Demi-morte et demi-coquette,
Jusqu'à moi qui te fait venir ?

Sous ce cachet enveloppée,
Tu viens de faire un long chemin.
Qu'as-tu vu ? que t'a dit la main
Qui sur le buisson t'a coupée ?

N'es-tu qu'une herbe desséchée
Qui vient achever de mourir ?
Ou ton sein, prêt à refleurir,
Renferme-t-il une pensée ?

Ta fleur, hélas ! a la blancheur
De la désolante innocence ;
Mais de la craintive espérance
Ta feuille porte la couleur.

As-tu pour moi quelque message ?
Tu peux parler, je suis discret.
Ta verdure est-elle un secret ?
Ton parfum est-il un langage ?

S'il en est ainsi, parle bas,
Mystérieuse messagère ;
S'il n'en est rien, ne réponds pas ;
Dors sur mon coeur, fraîche et légère.

Je connais trop bien cette main,
Pleine de grâce et de caprice,
Qui d'un brin de fil souple et fin
A noué ton pâle calice.

Cette main-là, petite fleur,
Ni Phidias ni Praxitèle
N'en auraient pu trouver la soeur
Qu'en prenant Vénus pour modèle.

Elle est blanche, elle est douce et belle,
Franche, dit-on, et plus encor ;
A qui saurait s'emparer d'elle
Elle peut ouvrir un trésor.

Mais elle est sage, elle est sévère ;
Quelque mal pourrait m'arriver.
Fleurette, craignons sa colère.
Ne dis rien, laisse-moi rêver.

Alfred de Musset, Poésies nouvelles

Réponse de Flavynette

Il pleure dans mon coeur
Comme il pleut sur la ville ;
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon coeur ?

Ô bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits !
Pour un coeur qui s'ennuie,
Ô le chant de la pluie !

Il pleure sans raison
Dans ce coeur qui s'écoeure.
Quoi ! nulle trahison ?...
Ce deuil est sans raison.

C'est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi
Sans amour et sans haine
Mon coeur a tant de peine !

Paul Verlaine

Réponse de bleuette

Jacques PRÉVERT


Être Ange
C est Étrange
Dit l Ange
Être Âne
C est étrâne
Dit l Âne ...

... Cela ne veut rien dire
Dit l Ange en haussant les ailes
Pourtant
Si étrange veut dire quelque chose
étrâne est plus étrange qu étrange
dit l Âne...

... Étrange est !
Dit l Ange en tapant du pied
Étranger vous-même
Dit l Âne
Et il s envole...

Réponse de yareg

Hi hi han, merci Bleuette, j'adore. Et celle-ci aussi :

LA PUCE

Une puce prit le chien
pour aller de la ville
au hameau voisin
à la station du marronnier
elle descendit
vos papiers dit l'âne
coiffé d'un képi
je n'en ai pas
alors que faites-vous ici
je suis infirmière
et fais des piqûres
à domicile.

(Robert Clausard)

Réponse de bleuette

merci Tareg :)
Bisous

Réponse de bleuette

Chanson violette
Albert SAMAIN
Recueil : "Au jardin de l'infante"

Et ce soir-là, je ne sais,
Ma douce, à quoi tu pensais,
Toute triste,
Et voilée en ta pâleur,
Au bord de l'étang couleur
D'améthyste.

Tes yeux ne me voyaient point ;
Ils étaient enfuis loin, loin
De la terre ;
Et je sentais, malgré toi,
Que tu marchais près de moi,
Solitaire.

Le bois était triste aussi,
Et du feuillage obscurci,
Goutte à goutte,
La tristesse de la nuit,
Dans nos coeurs noyés d'ennui,
Tombait toute ...

Dans la brume un cor sonna ;
Ton âme alors frissonna,
Et, sans crise,
Ton coeur défaillit, mourant,
Comme un flacon odorant
Qui se brise.

Et, lentement, de tes yeux
De grands pleurs silencieux,
Taciturnes,
Tombèrent comme le flot
Qui tombe, éternel sanglot,
Dans les urnes.

Nous revînmes à pas lents.
Les crapauds chantaient, dolents,
Sous l'eau morte ;
Et j'avais le coeur en deuil
En t'embrassant sur le seuil
De ta porte.

Depuis, je n'ai point cherché
Le secret encor caché
De ta peine ...
Il est des soirs de rancoeur
Où la fontaine du coeur
Est si pleine !

Fleur sauvage entre les fleurs,
Va, garde au fond de tes pleurs
Ton mystère ;
Il faut au lis de l'amour
L'eau des yeux pour vivre un jour
Sur la terre.

Réponse de Flavynette

Signe

Je suis soumis au Chef du Signe de l'Automne
Partant j'aime les fruits je déteste les fleurs
Je regrette chacun des baisers que je donne
Tel un noyer gaulé dit au vent ses douleurs
Mon Automne éternelle ô ma saison mentale
Les mains des amantes d'antan jonchent ton sol
Une épouse me suit c'est mon ombre fatale
Les colombes ce soir prennent leur dernier vol

Guillaume Apollinaire

Réponse de yareg

LES MANGEUX D'TERRE
Les Glottes Rebelles > Chansons de notre répertoire > Les mangeux d'terre
Paroles : Gaston Couté (1905). Né en Beauce en 1880, ce fils de paysan commence à réciter ses textes à Paris en 1898 à l'encontre des voeux de ses parents qui l'auraient vu dans l'administration des finances de la Nation. Dans ses poèmes il fustige les bourgeois, son époque et l'égoïsme de ses contemporains : « Il allait chantant les gueux des villes et des champs, dans son jargon savoureux, avec son inimitable accent du terroir. Il flagellait les tartuferies, magnifiait les misères, pleurait sur les réprouvés et sonnait le tocsin des révoltes. » Sa carrière sera courte : il mourra en 1911, laissant derrière lui des textes mémorables et régulièrement interprétés, notamment par Gérard Pierron, Marc Robine, Édith Piaf, Monique Morelli, Bernard Lavilliers, La Tordue, Loïc Lantoine, Gabriel Yacoub%u2026

Je r'passe tous les ans quasiment dans les mêmes parages
Et tous les ans, j'trouve du changement de d'ssus mon passage
À tous les coups, c'est pas l'même chien qui gueule à mes chausses
Et pis voyons, si je m'souviens, voyons dans c'coin d'Beauce

Refrain :
Y avait dans l'temps un bieau grand chemin
Chemineau, chemineau, chemine !
A c't'heure n'est pas pus grand qu'ma main
Par où donc que j'cheminerai d'main ?

En Beauce, vous les connaissez pas, pour que ren n'se parde,
Mangerint on n'sait quoué ces gars-là, y mangerint d'la marde !
Le ch'min, c'était, à leur jugé, d'la bonne terre pardue
À chaque labour y l'ont mangé d'un sillon d'charrue

Refrain

Z'ont groussi leurs arpents goulus d'un peu d'glébe toute neuve
Mais l'pauv' chemin en est d'venu mince comme eune couleuv'
Et moué qu'avais qu'li sous les cieux pour poser guibolle !
L'chemin à tout l'monde, nom de Guieu ! C'est mon bien qu'on m'vole !

Refrain

Z'ont semé du blé su l'terrain qu'y r'tirent à ma route
Mais si j'leur en d'mande un bout d'pain, y m'envoyent fair' foute !
Et c'est p't-êt' ben pour ça que j'voués, à m'sure que c'blé monte,
Les épis baisser l'nez d'vant moué comme s'i's avaient honte !

Refrain

Ô mon bieau p'tit chemin gris et blanc su' l'dos d'qui que j'passe !
J'veux pus qu'on t'serre comme ça les flancs, car moué j'veux d'l'espace !
Ousque mes allumettes a sont ? dans l'fond d'ma pann'tière
Et j'f'rai ben r'culer vos mouessons Ah ! les mangeux d'terre !

Refrain normal puis :

Y avait dans l'temps un bieau grand chemin,
Chemineau, chemineau, chemine !
A c't'heure n'est pas pus grand qu'ma main
J'pourrais bien l'élargir, demain !

Réponse de yareg

Réponse de bleuette

Nous aurons des lits pleins d'odeurs légères,
Des divans profonds comme des tombeaux,
Et d'étranges fleurs sur des étagères,
Ecloses pour nous sous des cieux plus beaux.

Usant à l'envi leurs chaleurs dernières,
Nos deux coeurs seront deux vastes flambeaux,
Qui réfléchiront leurs doubles lumières
Dans nos deux esprits, ces miroirs jumeaux.

Un soir fait de rose et de bleu mystique,
Nous échangerons un éclair unique,
Comme un long sanglot, tout chargé d'adieux ;

Et plus tard un Ange, entr'ouvrant les portes,
Viendra ranimer, fidèle et joyeux,
Les miroirs ternis et les flammes mortes .
Baudelaire

Réponse de yareg

Paul Verlaine, Poèmes saturniens

Chanson d'automne
Paul Verlaine
Les sanglots longs
Des violons
De l'automne
Blessent mon coeur
D'une langueur
Monotone.

Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l'heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure

Et je m'en vais
Au vent mauvais
Qui m'emporte
Deçà, delà,
Pareil à la
Feuille morte.

Paul Verlaine, Poèmes saturniens

https://www.youtube.com/watch?v=_iq43Vs8CEw

Réponse de marielune

Paroles de la chanson Ballade pour Izia par Jacques Higelin

Peut-être ce qui m'attire en toi, ...tire en toi
N'est rien que l'autre versant de moi, ...sang de moi
Où m'attendait la jouvencelle
Cachée derrière les portes, les portes du ciel.

Rien de tout ce qui m'inspire en toi, ... pire en toi
N'est plus doux que le grain de ta peau, de ta voix
Dont la magie providentielle
M'ensorcelle et m'escorte jusqu'aux portes du ciel.

D'où, d'où, d'où viens-tu,
O ma tendre merveille,

Mon amour absolu ?
Bercée par le flot des sortilèges
Et des rêves étoilés
Sous le grand manège enchanté.

Peut-être ce qui me relie à toi, ... lie à toi
N'est autre que ce cordon de soie, ...don de soi
Que tu m'enroules autour du coeur
Pour l'empêcher de courir se faire prendre ailleurs...

Et si tout ce que j'adore en toi, ...dort en moi
Je veux que tu le réveilles en moi, ...veille en toi...
Pour que de la terre au soleil
Des pluies de nos caresses
Naisse un bel arc-en-ciel.


D'où, d'où, d'où viens-tu,
O ma tendre merveille,
Mon amour absolu ?
Bercée par les sortilèges
Et les rêves étoilés
Sous le grand manège enchanté.

Peut-être ce qui m'attire en toi, ...tire en toi
N'est autre que le sourire en moi, ...rire en toi
Du petit esprit malicieux
Qui lance des étincelles
Dans le ciel de tes yeux.

Réponse de yareg

Superbe poème et chanson Marielune,merci, je fais suivre le lien musical :
https://www.youtube.com/watch?v=y5tdhwW8hiU

Réponse de yareg

1991, ma propre fillotte avait 3 ans, allez une autre :

Morgane de toi
Renaud
Il y a un mariole, il a au moins quatre ans
Il veut t'piquer ta pelle et ton seau
Ta couche culotte avec les bon becs dedans
Lolita, défend-toi, fous-y un coup d'râteau dans l'dos
Attend un peu avant de t'faire emmerder
Par ces petits machos qui pensent qu'à une chose
Jouer au docteur non conventionné
J'y ai joué aussi, je sais de quoi j'cause
J'les connais bien les play-boys des bacs à sable
J'draguais leurs mères avant d'connaître la tienne
Si tu les écoutes y t'feront porter leurs cartables
Heureusement que j'suis là, que j'te regarde et que j't'aime
Lola
J'suis qu'un fantôme quand tu vas où j'suis pas
Tu sais ma môme
Que j'suis Morgane de toi
Comme j'en ai marre de m'faire tatouer des machins
Qui m'font comme une bande dessinée sur la peau
J'ai écrit ton nom avec des clous dorés
Un par un, plantés dans le cuir de mon blouson dans l'dos
T'es la seule gonzesse que j'peux tenir dans mes bras
Sans m'démettre une épaule, sans plier sous ton poids
Tu pèses moins lourd qu'un moineau qui mange pas
Déploie jamais tes ailes, Lolita t'envole pas
Avec tes miches de rat qu'on dirait des noisettes
Et ta peau plus sucrée qu'un pain au chocolat
Tu risques de donner faim à un tas de petits mecs
Quand t'iras à l'école, si jamais t'y vas
Lola
J'suis qu'un fantôme quand tu vas où j'suis pas
Tu sais ma môme
Que j'suis Morgane de toi
Qu'est-ce que tu me racontes tu veux un petit frangin
Tu veux que je t'achète un ami Pierrot
Eh les bébés ça s'trouve pas dans les magasins
Et je crois pas que ta mère voudra que je lui fasse un petit dans l'dos
Ben quoi Lola on est pas bien ensemble
Tu crois pas qu'on est déjà bien assez nombreux
T'entends pas c'bruit, c'est le monde qui tremble
Sous les cris des enfants qui sont malheureux
Allez viens avec moi, je t'embarque dans ma galère
Dans mon arche il y a d'la place pour tous les marmots
Avant qu'ce monde devienne un grand cimetière
Faut profiter un peu du vent qu'on a dans l'dos
Lola
J'suis qu'un fantôme quand tu vas où j'suis pas
Tu sais ma môme
Que j'suis Morgane de toi
J'suis qu'un fantôme quand tu vas où j'suis pas
Tu sais ma môme
Que j'suis Morgane de toi
J'suis qu'un fantôme quand tu vas où j'suis pas
Tu sais ma môme
Que j'suis Morgane de toi

https://www.youtube.com/watch?v=tg5Zslevh-k

Réponse de bleuette

Les mots - Yves Duteil

Pour amis, j'ai des mots qui s'enroulent à ma vie
Et s'envolent aussitôt comme un oiseau du nid
Pour amis, j'ai des mots qui me chantent la nuit
Et l'amour, et la mort, et la vie
Des mots tendres et des mots qui vous diront un jour
Et la vie, et la mort, et l'amour

Pour amis, j'ai des mots que je mets sur des mi
Et qui font, dans mon dos, d'étranges mélodies
Pour amis, j'ai des mots qu'on chante et qu'on oublie
Mais qu'on aime quelquefois aussi
... Des mots tendres et des mots indécents comme la vie
Indécis comme le vent mais aussi ...

Pour amis, j'ai des mots qui s'enroulent à mon coeur
Et s'envolent aussitôt en oiseaux du bonheur
Pour amis, j'ai des mots qui font chanter les heures
Et qui font oublier quand on pleure
Les mots tristes et sans vie aussi longs que les jours
Aussi gris qu'un amant sans amour

... Pour amis, j'ai des mots que je mets sur des mi
Sur des si, à défaut, sur des do par défi
Pour amis, j'ai des mots que l'on n'a jamais dits
Mais je découvrirai aussi des mots tendres et des mots
Qui dormaient jusqu'alors et viendront à la vie mais encore ...

Pour amis, j'ai des mots qui s'enroulent à mon corps
Et m'emportent aussitôt qomme un bateau sans port
Pour amis, j'ai des mots que je vole à l'aurore
Pour qu'ils te soient plus doux encore
Des mots tendres et des mots qui font trembler mes mains
Quand ils disent "Tu reviens" et qu'alors
... Pour amis, j'ai des mots qui s'enroulent à nos corps
Et nous portent aussitôt vers un nouveau décor
Pour amis, j'ai des mots qui roulent en vagues d'or
Et encore et encore, et encore et encore ...

Réponse de marielune

merci Tareg
Ta chanson aussi est très joli
J'aime beaucoup Renaud
:)

Réponse de marielune

J'ai La Vie Qui M'pique Les Yeux par Renaud

J'ai la vie qui m'pique les yeux
J'ai mon p'tit coeur qu'est tout bleu
Dans ma tête j'crois bien qu'il pleut
Pas beaucoup mais un p'tit peu

J'm'intéresse plus à grand chose
Mêm'pas fatigué j'me repose
J'bois la vie à toute petite dose
J'vois plus la couleur des roses
Dans ma guitare y'a plus rien
Plus une note plus un refrain
Dans mes doigts y'a rien qui tient
Dans ma peau y'a qu'du chagrin

J'ai la vie qui m'pique les yeux
J'ai mon p'tit coeur qu'est tout bleu

Dans ma tête j'crois bien qu'il pleut
Pas beaucoup mais un p'tit peu
Au bistrot du temps qui passe
J'bois un verre à la terrasse
J'me dis qu'à l'école de l'angoisse
J'suis toujours l'premier d'la classe
Me racontez pas d'histoires
La vie c't'une tonne de cafard
C'est toujours un fond d'tiroir
C'est toujours un train qui part

J'ai la vie qui m'pique les yeux
J'ai mon p'tit coeur qu'est tout bleu
Dans ma tête j'crois bien qu'il pleut
Pas beaucoup mais un p'tit peu

J'voudrais vivre rien qu'en vacances
Qu'ce soit tous les jours Byzance

Qu'ce soit tous les jours l'enfance
Dans un monde que d'innocence
Mais j'vis au fond d'un abîme
Tout seul avec ma p'tite frime
Dans mon dictionnaire de rime
Avec amour y'a qu'déprime

J'ai la vie qui m'pique les yeux
J'ai mon p'tit coeur qu'est tout bleu
Dans ma tête j'crois bien qu'il pleut
Pas beaucoup mais un p'tit peu
Alors l'soir avant qu'j'me couche
J'écoute chanter la "pôv' Souche"
Les mots qui sortent de sa bouche
Ça m'fait tout drôle et ça m'touche
Et tout au fond d'sa détresse
Je découvre tell'ment d'tendresse
Que mêm' si j'tombe et qu'j'me blesse

J'dis bonn'nuit à ma tristesse

J'ai la vie qui m'pique les yeux
J'ai mon p'tit coeur qu'est tout bleu
Dans ma tête j'crois bien qu'il pleut
Pas beaucoup mais un p'tit peu
Heureu'ment j'suis amoureux
D'un' p'tit' fille qui m'rend heureux
Pas beau-coup mais un p'tit peu
Pas beau-coup mais un p'tit peu ...

Marc-André, 28/02/2021 19:12 :
avec "chanson pour Pierrot " a écouter quand le moral est à plat.

Réponse de Flavynette

FANTAISIE

Il est un air pour qui je donnerais
Tout Rossini, tout Mozart et tout Weber ;
Un air très-vieux, languissant et funèbre,
Qui pour moi seul a des charmes secrets.

Or, chaque fois que je viens à l'entendre,
De deux cents ans mon âme rajeunit :
C'est sous Louis treize...et je crois voir s'étendre
Un coteau vert que le couchant jaunit,

Puis un château de brique à coins de pierre,
Aux vitraux teints de rougeâtres couleurs,

Ceint de grands parcs, avec une rivière
Baignant ses pieds, qui coule entre des fleurs.

Puis une dame, à sa haute fenêtre,
Blonde aux yeux noirs, en ses habits anciens...
Que, dans une autre existence peut-être,
J'ai déjà vue ! - et dont je me souviens !

Gérard de Nerval

Réponse de yareg

Le Bal des Laze
Michel Polnareff
Je serai pendu demain matin
Ma vie n'était pas faite
Pour les châteaux
Tout est arrivé ce soir de juin
On donnait une fête
Dans le château
Dans le château de Laze
Le plus grand bal de Londres
Lord et Lady de Laze
Recevaient le grand monde
Diamants, rubis, topazes
Et blanches robes longues
Caché dans le jardin
Moi, je serrais les poings
Je regardais danser
Jane et son fiancé
Je serai pendu demain au jour
Dommage pour la fille
De ce château
Car je crois qu'elle aimait bien l'amour
Que l'on faisait tranquille
Loin du château
Dans le château de Laze
Pour les vingt ans de Jane
Lord et Lady de Laze
Avaient reçu la Reine
Moi, le fou que l'on toise
Moi, je crevais de haine
Caché dans le jardin
Moi, je serrais les poings
Je regardais danser
Jane et son fiancé

https://www.youtube.com/watch?v=tPxajzP-2jQ

Marc-André, 28/02/2021 19:14 :
enfin quelqu'un qui connait une des plus belles chansons de Polnareff.

Réponse de bleuette

Serge Reggiani

Combien de temps ...
Combien de temps encore
Des années, des jours, des heures, combien ?
Quand j'y pense, mon coeur bat si fort ...
Mon pays c'est la vie.
Combien de temps ...
Combien ?

Je l'aime tant, le temps qui reste ...
Je veux rire, courir, pleurer, parler,
Et voir, et croire
Et boire, danser,
Crier, manger, nager, bondir, désobéir ...
J'ai pas fini, j'ai pas fini
Voler, chanter, parti, repartir
Souffrir, aimer
Je l'aime tant le temps qui reste ...

Je ne sais plus où je suis né, ni quand
Je sais qu'il n'y a pas longtemps ...
Et que mon pays c'est la vie
Je sais aussi que mon père disait :
Le temps c'est comme ton pain ...
Gardes-en pour demain ...

J'ai encore du pain
Encore du temps, mais combien ?
Je veux jouer encore ...
Je veux rire des montagnes de rires,
Je veux pleurer des torrents de larmes,
Je veux boire des bateaux entiers de vin
De Bordeaux et d'Italie
Et danser, crier, voler, nager dans tous les océans
J'ai pas fini, j'ai pas fini
Je veux chanter
Je veux parler jusqu'à la fin de ma voix ...
Je l'aime tant le temps qui reste ...

Combien de temps ...
Combien de temps encore ?
Des années, des jours, des heures, combien ?
Je veux des histoires, des voyages ...
J'ai tant de gens à voir, tant d'images ...
Des enfants, des femmes, des grands hommes,
Des petits hommes, des marrants, des tristes,
Des très intelligents et des cons,
C'est drôle, les cons ça repose,
C'est comme le feuillage au milieu des roses ...

Combien de temps ...
Combien de temps encore ?
Des années, des jours, des heures, combien ?
Je m'en fous mon amour ...
Quand l'orchestre s'arrêtera, je danserai encore ...
Quand les avions ne voleront plus, je volerai tout seul ...
Quand le temps s'arrêtera ...
Je t'aimerai encore
Je ne sais pas où, je ne sais pas comment ...
Mais je t'aimerai encore ...
D'accord ?

Réponse de bleuette

Que faites-vous là petite fille
Avec ces fleurs fraîchement coupées
Que faites-vous là jeune fille
Avec ces fleurs ces fleurs séchées
Que faites-vous là jolie femme
Avec ces fleurs qui se fanent
Que faites-vous là vieille femme
Avec ces fleurs qui meurent

J'attends le vainqueur.

PREVERT

Réponse de bleuette

Verlaine ... Colloque sentimental

Dans le vieux parc solitaire et glacé,
Deux formes ont tout à l'heure passé.

Leurs yeux sont morts et leurs lèvres sont molles,
Et l'on entend à peine leurs paroles.

Dans le vieux parc solitaire et glacé,
Deux spectres ont évoqué le passé.

- Te souvient-il de notre extase ancienne ?
- Pourquoi voulez-vous donc qu'il m'en souvienne ?

- Ton coeur bat-il toujours à mon seul nom ?
Toujours vois-tu mon âme en rêve ?

- Non. - Ah ! les beaux jours de bonheur indicible
Où nous joignions nos bouches ! - C'est possible.

- Qu'il était bleu, le ciel, et grand, l'espoir !
- L'espoir a fui, vaincu, vers le ciel noir.

Tels ils marchaient dans les avoines folles,
Et la nuit seule entendit leurs paroles.

Réponse de Flavynette

O mon coeur j'ai connu la triste et belle joie
D'être trahi d'amour et de l'aimer encore
O mon coeur mon orgueil je sais je suis le roi
Le roi que n'aime point la belle aux cheveux d'or

Rien n'a dit ma douleur à la belle qui dort
Pour moi je me sens fort mais j'ai pitié de toi
O mon coeur étonné triste jusqu'à la mort
J'ai promené ma rage en les soirs blancs et froids

Je suis un roi qui n'est pas sûr d'avoir du pain
Sans pleurer j'ai vu fuir mes rêves en déroute
Mes rêves aux yeux doux au visage poupin

Pour consoler ma gloire un vent a dit Ecoute
Elève-toi toujours. Ils te montrent la route
Les squelettes de doigts terminant les sapins

Guillaume Apollinaire

Réponse de bleuette

Je sais, je ne suis pas parfait ...
Mais qui s'en soucie ?
Même la lune n'est pas parfaite.
C'est plein de cratère. Et la mer ?
Même pas elle. Trop salée. Et le ciel ?
Toujours aussi infini ...
... Je veux dire que les belles choses ne sont pas parfaites ...
Elles sont spéciales ! ...
Bob Marley.

Réponse de Flavynette

Qu'est-ce que l'amour ?
L'échange de deux fantaisies
Et le contact de deux épidermes

Chamfort

Réponse de bleuette

Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.

Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.

Victor Hugo

Réponse de yareg

Les Mots bleus
Christophe
Il est six heures au clocher de l'église
Dans le square les fleurs poétisent
Une fille va sortir de la mairie
Comme chaque soir je l'attends
Elle me sourit
Il faudrait que je lui parle
À tout prix
Je lui dirai les mots bleus
Les mots qu'on dit avec les yeux
Parler me semble ridicule
Je m'élance et puis je recule
Devant une phrase inutile
Qui briserait l'instant fragile
D'une rencontre
D'une rencontre
Je lui dirai les mots bleus
Ceux qui rendent les gens heureux
Je l'appellerai sans la nommer
Je suis peut-être démodé
Le vent d'hiver souffle en avril
J'aime le silence immobile
D'une rencontre
D'une rencontre
Il n'y a plus d'horloge, plus de clocher
Dans le square les arbres sont couchés
Je reviens par le train de nuit
Sur le quai je la vois
Qui me sourit
Il faudra%u2026

https://www.youtube.com/watch?v=U0ghjVyaH2w

Réponse de yareg

Il faudra bien qu'elle comprenne
À tout prix
Je lui dirai les mots bleus
Les mots qu'on dit avec les yeux
Toutes les excuses que l'on donne
Sont comme les baisers que l'on vole
Il reste une rancoeur subtile
Qui gâcherait l'instant fragile
De nos retrouvailles
De nos retrouvailles
Je lui dirai les mots bleus
Ceux qui rendent les gens heureux
Une histoire d'amour sans paroles
N'a plus besoin du protocole
Et tous les longs discours futiles
Terniraient quelque peu le style
De nos retrouvailles
De nos retrouvailles
Je lui dirai les mots bleus
Les mots qu'on dit avec les yeux
Je lui dirai tous les mots bleus
Tous ceux qui rendent les gens heureux
Tous les mots bleus
Tous les mots bleus

Réponse de yareg

Version originale par Christophe ;
https://www.youtube.com/watch?v=LdfB8pM-qLw

Réponse de Calouky

Le Cancre J.Prevert
Il dit non avec la tête
mais il dit oui avec le coeur
il dit oui à ce qu'il aime
il dit non au professeur
il est debout
on le questionne
et tous les problèmes sont posés
soudain le fou rire le prend
et il efface tout
les chiffres et les mots
les dates et les noms
les phrases et les pièges
et malgré les menaces du maître
sous les huées des enfants prodiges
avec les craies de toutes les couleurs
sur le tableau noir du malheur
il dessine le visage du bonheur

Réponse de bleuette

Le p'tit bonheur


C'était un p'tit bonheur, que j'avais ramassé

Il était tout en pleurs, sur le bord d'un fossé.

Quand il m'a vu passer, il s'est mis à crier;

«Monsieur, ramassez-moi, chez vous amenez-moi ;

Mes frères m'ont oublié, je suis tombé, je suis malade;

Si vous n'me cueillez point, je vais mourir, quelle balade!

Je me ferai petit, tendre et soumis, je vous le jure...

Monsieur, je vous en prie, délivrez-moi de ma torture.»

J'ai pris le p'tit bonheur, l'ai mis sous mes haillons;

J'ai dit:«Faut pas qu'il meure, viens-t'en dans ma maison.»

Alors le p'tit bonheur a fait sa guérison,

Sur le bord de mon coeur, y'avait une chanson.

Mes jours, mes nuits, mes pein', mes deuils, mon mal, tout fut oublié.

Ma vie de désoeuvré, j'avais dégoût d'la r'commencer.

Quand il pleuvait dehors ou qu'mes amis m'faisaient des scènes,

J'prenais mon p'tit bonheur et j'lui disais :

C'est toi ma reine. Mon bonheur a fleuri, il a fait des bourgeons.

C'était le paradis, ça se voyait sur mon front.

Or un matin joli que j'sifflais ce refrain,

Mon bonheur est parti, sans me donner la main.

J'eus beau le supplier, le cajoler, lui faire des scènes,

Lui montrer le grand trou qu'il me faisait au fond du coeur ;

Il s'en allait toujours, la tête haute, sans joie, sans haine,

Comme s'il ne pouvait plus voir le soleil dans ma demeure.

J'ai bien pensé mourir, de chagrin et d'ennui ;

J'avais cessé de rire, c'était toujours la nuit.

Il me restait l'oubli; il me restait l'mépris.

Enfin, que j'me suis dit : «Il me reste la vie.»

J'ai repris mon bâton, mes peines, mes deuils et mes guenilles,

Et je bats la semelle dans des pays de malheureux.

Aujourd'hui quand je vois une fontaine ou une fille,

Je fais un grand détour ou bien je me ferme les yeux.



Félix Leclerc

Réponse de bleuette

Si la note disait : ce n'est pas une note
qui fait une musique...
il n'y aurait pas de symphonie
Si le mot disait : ce n'est pas un mot
qui peut faire une page
il n'y aurait pas de livre
Si la pierre disait : ce n'est pas une prière
qui peut monter un mur...
il n'y aurait pas de maison
Si la goutte d'eau disait : ce n'est pas une goutte d'eau
qui peut faire une rivière...
il n'y aurait pas d'océan
Si le grain de blé disait : ce n'est pas un grain de blé
qui peut ensemencer un champ...
il n'y aurait pas de moisson
Si l'homme disait : ce n'est pas un geste d'amour
qui peut sauver l'humanité ...
il n'y aurait jamais de justice et de paix, de dignité et
de bonheur sur la terre des hommes ...

Michel Quoist

Réponse de bleuette

Les Fées ... Yves Duteil
Tu ne pouvais jamais dormir sans que j'invente pour ton
plaisir
Des histoires de magiciens qui font tout avec rien
Et j'inventais, pour que tu dormes, dans la chambre, les
soirs de pluie
Des crocodiles en haut-de-forme et des grenouilles en
queue-de-pie
Et des fées à n'en plus finir, et des fées à n'en plus
finir.

Y'avait la fée aux yeux mauves que l'on regarde et qui se
sauve
Et la fée des vents de la nuit que l'on appelle mais qui
s'enfuit
Et puis la fée dans la lagune qui s'amuse à couper la lune
En milliers de petits morceaux, et qui les fait danser sur
l'eau.
Et quant à la fée Carabosse, elle t'emportait dans son
carrosse
Et tu fouettais les cent chevaux jusqu'à la mer au grand
galop...
C'est alors que tu t'endormais, moi, doucement je m'en
allais
Bercer mon coeur de ton sourire plein de rêves et de
souvenirs
Et des fées à n'en plus finir, et des fées à n'en plus
finir.

Puis, un jour tu as dû grandir, toutes les fées ont dû
partir
Avec elles les magiciens qui font tout avec rien
Mais depuis, pour que je m'endorme dans la chambre, les
soirs de pluie
Quand les nuits sont trop monotones, je repense à nos jours
enfuis,
Et les fées à n'en plus finir se rappellent à mon
souvenir.

Y'avait la fée aux yeux mauves que l'on regarde et qui se
sauve
Et la fée des vents de la nuit que l'on appelle, mais qui
s'enfuit
Et puis la fée dans la lagune qui s'amuse à couper la lune
En milliers de petits morceaux, et qui les fait danser sur
l'eau.
Et quant à fée Carabosse, elle est partie dans son
carrosse
Elle a fouetté les cent chevaux jusqu'à la mer au grand
galop.
Les enfants, c'est fait pour grandir, pour s'en aller vers
l'avenir
En laissant derrière eux des rires pleins de rêves et de
souvenirs
Et des fées à n'en plus finir, et des fées à n'en plus
finir...

Réponse de Flavynette

Bonsoir,

Le jeu de cartes

Quel étrange jeu de cartes !
Les rois n'aiment pas les reines,
Les valets veulent combattre,
Et les dix n'ont pas de veine.

Les piques, plus pacifiques,
Se comprennent assez bien;
Ils adorent la musique
Et vivent en bohémiens.

Les trèfles sont si distraits
Qu'ils tombent sur les carreaux.
Quand un cinq rencontre un sept,
Ils se traitent de nigauds.

Quel étrange jeu de cartes !
Le diable même en a peur
Car il s'est brûlé la patte
En retournant l'as de coeur.

Maurice CAREME

Réponse de bleuette

le matin ... Victor Hugo

Le voile du matin sur les monts se déploie,
Vois, un rayon naissant blanchit la vieille tour ;
Et déjà dans les cieux s'unit avec amour,
Ainsi que la gloire à la joie,
Le premier chant des bois aux premiers feux du jour.

Oui, souris à l'éclat dont le ciel se décore ! -
Tu verras, si demain le cercueil me dévore,
Un soleil aussi beau luire à ton désespoir,
Et les mêmes oiseaux chanter la même aurore,
Sur mon tombeau muet et noir !

Mais dans l'autre horizon l'âme alors est ravie.
L'avenir sans fin s'ouvre à l'être illimité.
Au matin de l'éternité
On se réveille de la vie,
Comme d'une nuit sombre ou d'un rêve agité

Réponse de bleuette

comptine

Doucement s'en va le jour

Doucement, doucement
Doucement s'en va le jour
Doucement, doucement
À pas de velours

La rainette dit
Sa chanson de nuit
Et le lièvre fuit
Sans un bruit

Doucement, doucement
Doucement s'en va le jour
Doucement, doucement
À pas de velours

Dans le creux des nids
Les oiseaux blottis
Se sont endormis
Bonne nuit

Réponse de yareg

Bonsoir les zamies (majoritaires ),
pas viendu depuis quelques jours et je m'en excuse,
Poème de Mathieu Chedid ou de sa grand-mère Andrée si jeune ma buse !
Ravi que grâceS à Vous, ce sujet vive !
Bisoux et Respectations admiratives !


Je dis Aime
Matthieu Chedid
J'ai les méninges nomades
J'ai le miroir maussade
Tantôt mobile
Tantôt tranquille
Je moissonne sans bousculade
Je dis aime
Et je le sème
Sur ma planète
Je dis m
Comme un emblème
La haine je la jette
Je dis aime, aime, aime
Do sphinx dans mon rimeur
Paris au fil do coeur
Do nil dans mes veines
Dans mes artères coule la seine
Je dis aime
Et je le sème
Sur ma planète
Je dis m
Comme un emblème
La haine je la jette
Je dis aime, aime, aime
Pour le dehors le dedans
Pour l'après pour l'avant
Je dis aime, aime, aime
Pour le dehors le dedans
Pour l'après pour l'avant%u2026

https://www.youtube.com/watch?v=QYWV67qgHvg

Réponse de Yvan 225

Tout flambe , Jean-Patrick Capdevielle

Juste avant minuit, le ciel a brillé comme une flamme, sur le désert sale
Quelque part dans la nuit, le serpent guettait nos drames 
Y avait plus que nous dans l' noir et personne voulait voir 
se lever le matin 
Depuis déjà longtemps, la pluie faisait rouiller nos âmes 
Les églises se voyaient moins que les poubelles en flammes 
Ce soir, Babylone brade ses pyramides 
Les cafards mangent la céramique, 
Le long du fleuve, c'est la panique 
La ville fleure comme une chambre vide 
Plus personne court jamais dans les rues 
Les trottoirs sont chauds 
Le palais des pas perdus 
Ferme beaucoup trop tôt 
Y a tous les vols du soir qui ont du retard 
Au sud de l'aérogare, il paraît que tout flambe
Tout flambe 
Tous les gens veulent quitter la ville 
Pendant que c'est encore facile 
Bientôt y aura plus que ceux qui traînent 
Qui porteront, seuls, le poids d' toutes les chaînes 
Y a cet ange qu'est sorti du brouillard 
Caché dans mon lit 
Si minuit vient trop tard 
Faudra payer l' prix 
Quand la tempête souffle un peu trop fort 
Quand l'orage décoiffe les morts 
Elle oublie que tout flambe 
Elle danse en plein milieu d' l'avenue 
Sans même brûler ses pieds nus 
Y a plus personne qui la protège 
Même quand la rue tend ses derniers pièges 
Un, deux, trois, quatre 
Au dessus de la ville, on voit des couleurs bizarres 
Tout l' monde aimerait savoir 
C' qui s' prépare en silence, dans l' noir 
Y a tellement d' monde qui guette sur les quais des gares 
C'est plus la peine d'essayer 
Personne pourra s'échapper 
C'est même plus la peine d'espérer 
Y a qu'à regarder tout flamber 
Autour d'une table , on joue au tarot
Sur une autre ,on entend une roulette
Et sur les perdants, on crie Haro
Même au casino de "chez Pépette"
Ça flambe !!!
Tout flambe !!!

Réponse de yareg

Merci Yvan pour ce poème-chanson de Jean Patrick que je ne connaissais pas, un peu apocalyptique, mais c'est de saison !
https://www.youtube.com/watch?v=aBSftQyHDOo

Réponse de Mich-idéfix 46

Bonsoir lezamis
Vous ne croirez pas cette nuit
M appercevoir ici lui
Et portant cé ben moa
idefix en personne
qui a votre porte sonne

Murs, ville,
Et port,
Asile
De mort,
Mer grise
Où brise
La brise,
Tout dort.

Dans la plaine
Naît un bruit.
C'est l'haleine
De la nuit.
Elle brame
Comme une âme
Qu'une flamme
Toujours suit.

La voix plus haute
Semble un grelot.
D'un nain qui saute
C'est le galop.
Il fuit, s'élance,
Puis en cadence
Sur un pied danse
Au bout d'un flot.

La rumeur approche
L'écho la redit.
C'est comme la cloche
D'un couvent maudit ;
Comme un bruit de foule,
Qui tonne et qui roule,
Et tantôt s'écroule,
Et tantôt grandit.

Dieu ! La voix sépulcrale
Des Djinns !... Quel bruit ils font !
Fuyons sous la spirale
De l'escalier profond.
Déjà s'éteint ma lampe,
Et l'ombre de la rampe,
Qui le long du mur rampe,
Monte jusqu'au plafond.

C'est l'essaim des Djinns qui passe
Et tourbillonne en sifflant !
Les ifs, que leur vol fracasse,
Craquent comme un pin brûlant.
Leur troupeau, lourd et rapide,
Volant dans l'espace vide,
Semble un nuage livide
Qui porte un éclair au flanc.

Ils sont tout près ! Tenons fermée
Cette salle, où nous les narguons.
Quel bruit dehors ! Hideuse armée
De vampires et de dragons !
La poutre du toit descellée
Ploie ainsi qu'une herbe mouillée,
Et la vieille porte rouillée
Tremble à déraciner ses gonds.

Cris de l'enfer ! Voix qui hurle et qui pleure,
L'horrible essaim, poussé par l'aquilon,
Sans doute, ô ciel ! s'abat sur ma demeure.
Le mur fléchit sous le noir bataillon.
La maison crie et chancelle, penchée,
Et l'on dirait que, du sol arrachée,
Ainsi qu'il chasse une feuille séchée,
Le vent la roule avec leur tourbillon.

Prophète ! si ta main me sauve
De ces impurs démons des soirs
J'irai prosterner mon front chauve
Devant tes sacrés encensoirs !
Fais que sur ces portes fidèles
Meure leur souffle d'étincelles,
Et qu'en vain l'ongle de leurs ailes
Grince et crie à ces vitres noires !

Ils sont passés ! Leur cohorte
S'envole, et fuit, et leurs pieds
Cessent de battre ma porte
De leurs coups multipliés.
L'air est plein d'un bruit de chaînes,
Et dans les forêts prochaines
Frissonnent les grands chênes,
Sous leur vol de feu pliés !

De leurs ailes lointaines
Le battement décroît,
Si confus dans les plaines,
Si faible, que l'on croit
Ouïr la sauterelle
Crier d'une voix grêle,
Ou pétiller la grêle
Sur le plomb d'un vieux toit.

D'étranges syllabes
Nous viennent encore ;
Ainsi, des Arabes
Quand sonne le cor
Sur la grève
Par instants s'élève,
Et l'enfant qui rêve
Fait des rêves d'or.

Les Djinns funèbres,
Fils du trépas,
Dans les ténèbres
Pressent leurs pas ;
Leur essaim gronde.
Ainsi, profonde,
Murmure une onde
Qu'on ne voit pas.

Ce bruit vague
Qui s'endort,
C'est la vague
Sur le bord ;
C'est la plainte,
Presque éteinte,
D'une sainte
Pour un mort.

On doute
La nuit...
J'écoute : --
Tout fuit,
Tout passe ;
L'espace
Efface
Le bruit.


Textes du XIXe siècle
Victor Hugo
Les Orientales
« Les Djinns »
1829

Réponse de bleuette

J'ai tant rêvé de pouvoir voler bien au-delà du soleil
D'être toujours comme un enfant qui s'émerveille
Oh oui ! j'ai tant rêvé ...

J'ai tant cherché à remonter jusqu'à la source du bonheur
À comprendre pourquoi soudain battait mon coeur
Oh oui! j'ai tant cherché

J'ai tant voulu connaître le pourquoi le comment
J'ai voulu retrouver tous mes rêves d'enfant
Je n'ai jamais compris
Pourquoi il faut grimper si haut pour voir sa vie

J'ai tant connu tout ces matins qui n'ont ni rime ni raison
Tous ces demains qui n'osent pas dire leur nom
Pourquoi l'amour s'éteint toujours au fond du coeur

... J'ai tant connu tout ces matins qui n'ont ni rime ni raison
Tous ces demains qui n'osent pas dire leur nom
J'ai voulu voir, j'ai voulu croire
J'ai tant rêvé ...
Henri Salvador

Réponse de yareg

Paroles de la chanson Les Feuilles Mortes par Yves Montand

Oh ! je voudrais tant que tu te souviennes
Des jours heureux où nous étions amis.
En ce temps-là la vie était plus belle,
Et le soleil plus brûlant qu'aujourd'hui.
Les feuilles mortes se ramassent à la pelle.
Tu vois, je n'ai pas oublié...
Les feuilles mortes se ramassent à la pelle,
Les souvenirs et les regrets aussi
Et le vent du nord les emporte
Dans la nuit froide de l'oubli.
Tu vois, je n'ai pas oublié
La chanson que tu me chantais.

C'est une chanson qui nous ressemble.
Toi, tu m'aimais et je t'aimais
Et nous vivions tous les deux ensemble,


Toi qui m'aimais, moi qui t'aimais.
Mais la vie sépare ceux qui s'aiment,
Tout doucement, sans faire de bruit
Et la mer efface sur le sable
Les pas des amants désunis.

Les feuilles mortes se ramassent à la pelle,
Les souvenirs et les regrets aussi
Mais mon amour silencieux et fidèle
Sourit toujours et remercie la vie.
Je t'aimais tant, tu étais si jolie.
Comment veux-tu que je t'oublie ?
En ce temps-là, la vie était plus belle
Et le soleil plus brûlant qu'aujourd'hui.
Tu étais ma plus douce amie
Mais je n'ai que faire des regrets
Et la chanson que tu chantais,
Toujours, toujours je l'entendrai !


C'est une chanson qui nous ressemble.
Toi, tu m'aimais et je t'aimais
Et nous vivions tous les deux ensemble,
Toi qui m'aimais, moi qui t'aimais.
Mais la vie sépare ceux qui s'aiment,
Tout doucement, sans faire de bruit
Et la mer efface sur le sable
Les pas des amants désunis.

https://www.youtube.com/watch?v=Xo1C6E7jbPw

Réponse de bleuette

Les parfums
Anna de Noailles

Mon coeur est un palais plein de parfums flottants
qui s'endorment parfois aux plis de ma mémoire,
et le brusque réveil de leurs bouquets latents...

...Sachets glissés au coin de la profonde armoire
soulève le linceul de mes plaisirs défunts
et délie en pleurant leurs tristes bandelettes
...
Puissance exquise, dieux évocateurs, parfums,
Laissez fumer vers moi vos riches cassolettes !
Parfum des fleurs d'avril, senteur des fenaisons,
Odeur du premier feu dans les chambres humides,
Arômes épandus dans les vieilles maisons
Et pâmés au velours des tentures rigides ;
Apaisante saveur qui s'échappe du four,
Parfum qui s'alanguit aux sombres reliures,
Souvenir effacé de notre jeune amour
Qui s'éveille et soupire au goût des chevelures ;
Fumet du vin qui pousse au blasphème brutal,
Douceur du grain d'encens qui fait qu'on s'humilie,
Arome jubilant de l'azur matinal,
Parfums exaspérés de la terre amollie ;
Souffle des mers chargés de varech et de sel,
Tiède enveloppement de la grange bondée,
Torpeur claustrale éparse aux pages du missel,
Acre ferment du sol qui fume après l'ondée ;
Odeur des bois à l'aube et des chauds espaliers,
Enivrante fraîcheur qui coule des lessives,
Baumes vivifiants aux parfums familiers,
Vapeur du thé qui chante en montant aux solives !
... J'ai dans mon coeur un parc où s'égarent mes maux,
Des vases transparents où le lilas se fane,
Un scapulaire où dort le buis des saints rameaux,
Des flacons de poison et d'essence profane.
Des fruits trop tôt cueillis mûrissent lentement
En un coin retiré sur des nattes de paille,
Et l'arome subtil de leur avortement
Se dégage au travers d'une invisible entaille ...
...Et mon fixe regard qui veille dans la nuit
Sait un caveau secret que la myrrhe parfume,
Où mon passé plaintif, pâlissant et réduit,
Est un amas de cendre encor chaude qui fume.
... Je vais buvant l'haleine et les fluidités
Des odorants frissons que le vent éparpille,
Et j'ai fait de mon coeur, aux pieds des voluptés,
Un vase d'Orient où brûle une pastille...

Réponse de yareg

ET DIRE QU'ON S'AIME !
Gaston Couté

V'là cor la natur' qui m'taquine,
Dir' qu'on s'aim' tous deux, la vouésine !
J'partirai dimanche, au tantoùt,
Devinez où ?
Dir'qu'i' faut qu'j'aill' charcher des fill's si loin d'cheu nous !

Aux grouss's lantarnes, ça s'devine.
Dir' qu'on s'aim' tous deux, la vouésine !
J'me f'rai mett' des bécots au bout
D'mes quarant' sous.
Dir' que j'pourrais trouver tout ça pour ren cheu nous !

Tant que j'saut'rai des gourgandines
(Dire qu'on s'aim' tous deux, la vouésine !)
La pauv'e en mal de désirs fous,
S'gratt'ra partout... .
Dir' qu'y a des chous's qui f'rins si grand benais cheu nous !

Un jour j'attrap'rai d'la varmine,
(Dire qu'on s'aim'tous deux, la vouésine !)
Ou des mals qu'on entend toujou's
Causer qu'en d'ssous...
Dir' qu'i faura que j'rapporte tout ça cheu nous !

Après toute c'te pantomine
(Dire qu'on s'aim'tous deux, la vouésine !)
Quand qu'j'aurai l'âge, et elle itou,
J's'rai soun époux !
Et j'aurai pas manqué aux conv'nanc's de cheu nous !

Réponse de bleuette

La Mort des Amants

Nous aurons des lits pleins d'odeurs légères,
Des divans profonds comme des tombeaux,
Et d'étranges fleurs sur des étagères,
Ecloses pour nous sous des cieux plus beaux.

Usant à l'envi leurs chaleurs dernières,
Nos deux coeurs seront deux vastes flambeaux,
Qui réfléchiront leurs doubles lumières
Dans nos deux esprits, ces miroirs jumeaux.

Un soir fait de rose et de bleu mystique,
Nous échangerons un éclair unique,
Comme un long sanglot, tout chargé d'adieux;

Et plus tard un Ange, entr'ouvrant les portes,
Viendra ranimer, fidèle et joyeux,
Les miroirs ternis et les flammes mortes.

Baudelaire

Réponse de bleuette

Vienne la pluie, vienne le vent,
Qu'importe ! Moi je suis content !
Content d'être toujours content
De bon temps et du mauvais temps . . .
. . . Content de vivre simplement
De me dire conne un enfant :
« Mon Dieu ! Comme je suis content !
Sans savoir pourquoi maintenant
Je le répète si souvent . . .

Maurice Carême

Réponse de yareg

Je n'aurai pas le temps
Michel Fugain
Je n'aurai pas le temps
Pas le temps
Même
En courant
Plus vite que le vent
Plus vite que le temps
Même
En volant
Je n'aurai pas le temps
Pas le temps
De visiter
Toute l'immensité
D'un si grand univers
Même en cent ans
Je n'aurai pas le temps
De tout faire
J'ouvre tout grand mon coeur
J'aime de tous mes yeux
C'est trop peu
Pour tant de coeurs
Et tant de fleurs
Des milliers de jours
C'est bien trop%u2026

https://www.youtube.com/watch?v=E9xgdEdSpOM

Réponse de yareg

C'est bien trop court
Et
Pour aimer
Comme l'on doit aimer
Quand on aime vraiment
Même
En cent ans
Je n'aurai pas le temps
Pas le temps
Je n'aurai pas le temps
Pas le temps

Réponse de bleuette

Les oiseaux perdus

Le matin compte ses oiseaux
Et ne retrouve pas son compte.

Il manque aujourd'hui trois moineaux,
Un pinson et quatre colombes.

Ils ont volé si haut, la nuit,
Volé si haut, les étourdis,

Qu'à l'aube, ils n'ont plus trouvé trace
De notre terre dans l'espace.

Pourvu qu'une étoile filante
Les prenne sur sa queue brillante

Et les ramène ! Il fait si doux
Quand les oiseaux chantent pour nous.

Maurice Carême

Réponse de Flavynette

Que j'aime le premier frisson d'hiver ! le chaume,
Sous le pied du chasseur, refusant de ployer !
Quand vient la pie aux champs que le foin vert embaume,
Au fond du vieux château s'éveille le foyer ;

C'est le temps de la ville. - Oh ! lorsque l'an dernier,
J'y revins, que je vis ce bon Louvre et son dôme,
Paris et sa fumée, et tout ce beau royaume
(J'entends encore au vent les postillons crier),

Que j'aimais ce temps gris, ces passants, et la Seine
Sous ses mille falots assise en souveraine !
J'allais revoir l'hiver. - Et toi, ma vie, et toi !

Oh ! dans tes longs regards j'allais tremper mon âme
Je saluais tes murs.- Car, qui m'eût dit, madame,
Que votre coeur sitôt avait changé pour moi ?

Alfred de Musset

Réponse de mimie.

Pour toi mon amour

Je suis allé au marché aux oiseaux
Et j'ai acheté des oiseaux
Pour toi
Mon amour

Je suis allé au marché aux fleurs
Et j'ai acheté des fleurs
Pour toi
Mon amour

Je suis allé au marché à la ferraille
Et j'ai acheté des chaines, de lourdes chaines
Pour toi
Mon amour

Et puis, je suis allé au marché aux esclaves
Et je t'ai cherchée
Mais je ne t'ai pas trouvée
Mon amour

"Paroles" Prévert

Réponse de bleuette

Il y a des moments doublement mélancoliques et mystérieux, où notre esprit semble éclairé à la fois par le soleil qui se couche et par la lune qui se lève.

Victor Hugo

Réponse de yareg

A l'enterrement d'une feuille morte

Deux escargots s'en vont

Ils ont la coquille noire

Du crêpe autour des cornes

Ils s'en vont dans le soir

Un très beau soir d'automne

Hélas quand ils arrivent

C'est déjà le printemps

Les feuilles qui étaient mortes

Sont toutes ressuscitées

Et les deux escargots

Sont très désappointés

Mais voila le soleil

Le soleil qui leur dit

Prenez prenez la peine

La peine de vous asseoir

Prenez un verre de bière

Si le coeur vous en dit

Prenez si ça vous plaît

L'autocar pour Paris

Il partira ce soir

Vous verrez du pays

Mais ne prenez pas le deuil

Ça noircit le blanc de l'oeil

Et puis ça enlaidit

Les histoires de cercueils

C'est triste et pas joli

Reprenez vous couleurs

Les couleurs de la vie

Alors toutes les bêtes

Les arbres et les plantes

Se mettent a chanter

A chanter a tue-tête

La vrai chanson vivante

La chanson de l'été

Et tout le monde de boire

Tout le monde de trinquer

C'est un très joli soir

Un joli soir d'été

Et les deux escargots

S'en retournent chez eux

Ils s'en vont très émus

Ils s'en vont très heureux

Comme ils ont beaucoup bu

Ils titubent un petit peu

Mais là haut dans le ciel

La lune veille sur eux.

Réponse de yareg

Jacques Prévert bien sûr !

https://www.youtube.com/watch?v=ebMCZaLoIv0

Réponse de bleuette

Dans un grain de sable voir un monde ... Et dans chaque fleur des champs le Paradis ... Faire tenir l'infini dans la paume de la main ... Et l'Eternité dans une heure . . .

William Blake

Le soir est une grande plaine où les anges jouent aux billes avec les étoiles . . .

Maurice Carême


Le plus important, ce sont les petits soleils ... Les petits soleils ? ... Les petits soleils de chaque jour... Un sourire, un mot d'encouragement, un échange, un petit plaisir ou un grand... tous ce qui nous rend heureux, joyeux, vivants... Tous les petits soleils qui illuminent nos journées, à côté desquels il ne faut surtout pas passer..

ONDINE KHAYAT

Réponse de yareg

Un sourire.
Recueil : Le Livre d'amour (1920)

Un sourire ne coûte rien et produit beaucoup,
Il enrichit celui qui le reçoit sans appauvrir celui qui le donne,
Il ne dure qu'un instant, mais son souvenir est parfois éternel,
Personne n'est assez riche pour s'en passer,
Personne n'est assez pauvre pour ne pas le mériter,
Il crée le bonheur au foyer, soutient les affaires,
Il est le signe sensible de l'amitié,
Un sourire donne du repos à l'être fatigué,
Donne du courage au plus découragé
Il ne peut ni s'acheter, ni se prêter, ni se voler,
Car c'est une chose qui n'a de valeur qu'à partir du moment où il se donne.
Et si toutefois, vous rencontrez quelqu'un qui ne sait plus sourire,
Soyez généreux donnez-lui le vôtre,
Car nul n'a autant besoin d'un sourire
Que celui qui ne peut en donner aux autres.


Raoul Follereau
(1903-1977)

Réponse de bleuette

Raconte-moi la mer
Dis-moi le goût des algues
Et le bleu et le vert
Qui dansent sur les vagues ...

... La mer c'est l'impossible
C'est le rivage heureux
C'est le matin paisible
Quand on ouvre les yeux...
C'est la porte du large
Ouverte à deux battants
C'est la tête en voyage
Vers d'autres continents . . .

C'est voler comme Icare
Au devant du soleil
En fermant sa mémoire
A ce monde cruel
La mer c'est le désir
De ce pays d'amour
Qu'il faudra découvrir
Avant la fin du jour

Raconte-moi la mer
Dis-moi ses aubes pâles
Et le bleu et le vert
Où tombent des étoiles

La mer c'est l'innocence
Du paradis perdu
Le jardin de l'enfance
Où rien ne chante plus
C'est l'écume et le sable
Toujours recommencés
Et la vie est semblable
Au rythme des marées

C'est l'infinie détresse
Des choses qui s'en vont
C'est tout ce qui nous laisse
A la morte saison
La mer c'est le regret
De ce pays d'amour
Que l'on cherche toujours
Et qu'on n'atteint jamais

Raconte-moi la mer
Dis-moi le goût des algues
Et le bleu et le vert
Qui dansent sur les vagues

Jean Ferrat

Marc-André, 28/02/2021 19:22 :
Aragon par Ferrat :
aimer à perdre la raison
aimer àn'en savoir que dire
et par la douleur du partir
aimer à perdre la raison....

Réponse de Flavynette

Tristesses de la lune

Ce soir, la lune rêve avec plus de paresse ;
Ainsi qu'une beauté, sur de nombreux coussins,
Qui d'une main distraite et légère caresse
Avant de s'endormir le contour de ses seins,

Sur le dos satiné des molles avalanches,
Mourante, elle se livre aux longues pâmoisons,
Et promène ses yeux sur les visions blanches
Qui montent dans l'azur comme des floraisons.

Quand parfois sur ce globe, en sa langueur oisive,
Elle laisse filer une larme furtive,
Un poète pieux, ennemi du sommeil,

Dans le creux de sa main prend cette larme pâle,
Aux reflets irisés comme un fragment d'opale,
Et la met dans son coeur loin des yeux du soleil.

Charles Baudelaire (1821-1867)
Les fleurs du mal

Réponse de yareg

Jacques Dutronc "La compapade"

J'crois que ça va être à vous de jouer, maint'nant. Chacun
son tour, si c'est possible.
La compapade(hey, hey).
La compapade(hey, hey).
La compapade(hey, hey).
La compapade(hey, hey).
La compapade(hey, hey).
La compapade(hey, hey).
La compapade(hey, hey).
La compapade(hey, hey).
La compapade(hey, hey).
La compapade(hey, hey).
(Amakawogo, amakawogo.
Amakawogo, amakawogo.
Agourou, agourou.
Gourougourou. Gourougourou.
Akéké, akéké.
Akékéké kékéké,
akékékéké, kékékéké.)

On reprend, on va doucement.
La compapade(hey, hey).
La compapade(hey, hey).
La compapade(hey, hey).
La compapade(hey, hey).
La compapade(hey, hey).
La compapade(hey, hey).
La compapade(hey, hey).

La compapade(hey, hey).
La compapade(hey, hey).
La compapade(hey, hey).
La compapade(hey, hey).

La compapade(hey, hey).
La compapade(hey, hey).
La compapade(hey, hey).
La compapade(hey, hey).

Alors-là, encore plus .plus musclé!
La compapade(hey, hey).
La compapade(hey, hey).
La compapade(hey, hey).
La compapade(hey, hey).
La compapade(hey, hey).
La compapade(hey, hey).
La compapade(hey, hey).
La compapade(hey, hey).
La compapade(hey, hey).
La compapade(hey, hey).
La compapade(hey, hey).
La compapade(hey, hey).

https://www.youtube.com/watch?v=ygSJAA_TH_k

Réponse de bleuette

Et je reste des heures à regarder la mer
Le coeur abasourdi, les pensées de travers
Et je ne comprends rien à ce triste univers
Tout est couleur de pluie tout est couleur d'hiver . . .
. . . Je suis ce fier bateau qu'on vit un jour partir
Et qui n'en finit plus de ne plus revenir
La mer a ses amants qui s'enivrent de vent
La mer a ses amants qui se grisent à ses fêtes . . .

Qui ne me comprend pas ne comprend pas la mer
Je n'aurai donc été en ce grand univers
Qu'un de ces marins-là qui vont en solitaire
Et l'inutile cri d'une inutile fête

Et je reste des heures
Et je reste des heures à regarder la mer . . .

Alain Barrière

Réponse de yareg

"Ce coeur qui haïssait la guerre"

Si, comme aux vents désignés par la rose
Il est un sens à l'espace et au temps,
S'ils en ont un ils en ont mille et plus
Et tout autant s'ils n'en possèdent pas.

Or qui de nous n'imagine ou pressent,
Ombres vaguant hors des géométries,
Des univers échappant à nos sens ?

Au carrefour de routes en obliques
Nous écoutons s'éteindre un son de cor,
Toujours renaissant, toujours identique.

Cette vision du ciel et de la rose
Elle s'absorbe et se dissout dans l'air
Comme les sons dont frémit notre chair
Ou les lueurs sous nos paupières closes.

Nous nous heurtons à d'autres univers
Sans les sentir, les voir ou les entendre
Au creux été, aux cimes de l'hiver,
D'autres saisons sur nous tombent en cendre.

Tandis qu'aux vents désignés par la rose
Claque la porte et claquent les drapeaux,
Gonfle la voile et sans visible cause
Une présence absurde à nous s'impose
Matérielle, indifférente et sans repos.

Robert Desnos

Réponse de bleuette

Notre heure
Renée Vivien

Écoute le doux bruit de cette heure que j'aime
Et qui passe et qui fuit et meurt en un poème !

Écoute ce doux bruit tranquille et passager
Des ailes de l'Instant qui s'envole, léger !

Je crois que ma douleur n'est que celle d'un autre...
Et cette heure est à nous comme une chose nôtre...

Car cette heure ne peut être à d'autres qu'à nous,
Avec son doux parfum et son glissement doux ...

Elle est pareille à la chanson basse qui leurre
Et qui vient de la mer... Ah ! retenir notre heure !

Ô triste enchantement de se dire : Jamais
Je ne retrouverai cette heure que j'aimais !...

Réponse de yareg

Tu as raison Bleuette, et ce poème m'a beaucoup touché !
Et si on faisait une semaine de poétesses pour copier Lilalou dans sa Pause Musicale ?

La jalousie

Dernier trésor d'une amie,
Toi dont les chastes amours
Aux jours sombres de ma vie
Font succéder de beaux jours,
Ah ! Pardonne à ma tendresse
Le caprice et le soupçon ;
Quand on aime avec ivresse
On perd souvent la raison.

Je sais que ton âme pure
Méprise un art imposteur,
Que je te fais une injure
En soupçonnant ta candeur.
J'abhorre la jalousie,
Qui m'atteint de son poison ;
Mais je t'aime à la folie ;
Je perds souvent la raison.

À mes injustes alarmes
Loin d'opposer des froideurs,
Lorsque tu verras mes larmes
Presse ton coeur sur mon coeur ;
Qu'un regard, un doux sourire,
Bannissent mon noir soupçon ;
Montre-moi plus de délire,
Et j'aurai plus de raison.


Adélaïde Dufrénoy (1765-1825)
Elégies, suivies de poésies diverses

Réponse de Flavynette

Bonsoir,

Je me souviens de mon enfance

Je me souviens de mon enfance
Et du silence où j'avais froid ;
J'ai tant senti peser sur moi
Le regard de l'indifférence.

Ô jeunesse, je te revois
Toute petite et repliée,
Assise et recueillant les voix
De ton âme presque oubliée.

Cécile Sauvage (1883-1927)

Réponse de Flavynette

Le serment

Idole de ma vie,
Mon tourment, mon plaisir,
Dis-moi si ton envie
S'accorde à mon désir ?
Comme je t'aime en mes beaux jours,
Je veux t'aimer toujours.

Donne-moi l'espérance ;
Je te l'offre en retour.
Apprends-moi la constance ;
Je t'apprendrai l'amour.
Comme je t'aime en mes beaux jours,
Je veux t'aimer toujours.

Sois d'un coeur qui t'adore
L'unique souvenir ;
Je te promets encore
Ce que j'ai d'avenir.
Comme je t'aime en mes beaux jours,
Je veux t'aimer toujours.

Vers ton âme attirée
Par le plus doux transport,
Sur ta bouche adorée
Laisse-moi dire encor :
Comme je t'aime en mes beaux jours,
Je veux t'aimer toujours.


Marceline Desbordes-Valmore.

Réponse de bleuette

La maison des ombres
Didier Venturini

Il est des ronces et du silence
Où se fatiguent moellons et tuiles
De cette maison qui prend patience
Sur son lopin comme en exil

Elle s'abandonne sans aucun cri
A cette lente progression du temps
Et seul le vent peut suivre ici
Ses lézardes et rides de ciment

Elle se repose sur cette colline
Où l'air vient lui brunir les flancs
Dans ses mousses passent encore des rythmes
Des soupirs des frisson'ments

Elle se laisse porter immobile
Par la voix lugubre des orages
Et les chênes lui font comme une île
Sur les traits sombres de son visage

Il est dans les oracles du soir
Sous la multitude des jours
Dans ces douloureuses langueurs noires
Un long rappel des doux séjours

Le chant de sa jeunesse passée
Quand l'homme frôlait le grain des murs
S'ajoute aux cimes des peupliers
Dans le solitude de l'azur

La vie s'est chargée de désert
Puis entraînée loin des paroles
Elle s'est défaite de ses repères
Comme d'une peau morte qui se désole

Alors qu'a-t-elle donc d'éternel
Peut-être ces pierres mêlées au lierre
Ou ces cailloux cornés de gel
Ou bien le spectre de ces lisières.

Réponse de yareg

L'oreiller d'un enfant

Cher petit oreiller, doux et chaud sous ma tête,
Plein de plume choisie, et blanc, et fait pour moi !
Quand on a peur du vent, des loups, de la tempête,
Cher petit oreiller, que je dors bien sur toi !

Beaucoup, beaucoup d'enfants, pauvres et nus, sans mère,
Sans maison, n'ont jamais d'oreiller pour dormir ;
Ils ont toujours sommeil, ô destinée amère !
Maman ! douce maman ! cela me fait gémir...

Marceline Desbordes-Valmore (1786-1859)

Réponse de bleuette

Le rondel du petit Noël



Le petit Noël en robe de laine
Dont le coeur est doux comme l'eau qui fuit
Trottinant d'un pied d'enfant dans la nuit
Rit des tours charmants dont la vie est pleine...

Noël ! Noël ! Noël ! Noël !

...Il se hausse aux vitres, tient son haleine
et met dans les bas un joujou qui luit
ce petit Noël en robe de laine
dont le coeur est doux comme l'eau qui fuit...

Noël ! Noël ! Noël ! Noël !
... Il est plus mignon qu'une châtelaine
mais son âme est large autant qu'une plaine
tel un papillon fixé sur un fruit
le petit Noël en robe de laine
se pend à la cloche et sonne minuit ! ...

Estelle Caron

Réponse de yareg

À Aurore

La nature est tout ce qu'on voit,
Tout ce qu'on veut, tout ce qu'on aime.
Tout ce qu'on sait, tout ce qu'on croit,
Tout ce que l'on sent en soi-même.

Elle est belle pour qui la voit,
Elle est bonne à celui qui l'aime,
Elle est juste quand on y croit
Et qu'on la respecte en soi-même.

Regarde le ciel, il te voit,
Embrasse la terre, elle t'aime.
La vérité c'est ce qu'on croit
En la nature c'est toi-même.

George Sand (1804-1876)

Réponse de bleuette

Avant que tu ne t'en ailles,
Pâle étoile du matin
Mille cailles
Chantent, chantent dans le thym.

Tourne devers le poète
Dont les yeux sont pleins d'amour ;
L'alouette
Monte au ciel avec le jour.

Tourne ton regard que noie
L'aurore dans son azur ;
Quelle joie
Parmi les champs de blé mûr!

Puis fais luire ma pensée
Là-bas bien loin, oh, bien loin !
La rosée
Gaîment brille sur le foin.

Dans le doux rêve où s'agite
Ma mie endormie encor...
Vite, vite,
Car voici le soleil d'or.

Verlaine

Réponse de bleuette

Le couchant flamboyait à travers les bruines
Comme le fronton d'or d'un vieux temple en ruines.
L'arbre avait un frisson . . .
La mer au loin semblait, en ondes recourbée,
Une colonne torse en marbre vert, tombée
Sur l'énorme horizon . . .

La vague, roue errante, et l'écume, cavale,
S'enfuyaient ; je voyais luire par intervalle
Les cieux pleins de regards ;
Les flots allaient, venaient, couraient sans fin, sans nombre,
Et j'écoutais, penché sur le cirque de l'ombre,
Le bruit de tous ces chars.

Lugubre immensité ! profondeurs redoutées !
Tous sont là, les Satans comme les Prométhées,
Ténébreux océans !
Cieux, vous êtes l'abîme où tombent les génies,
Oh ! combien l'oeil au fond des brumes infinies
Aperçoit de géants !

Ô vie, énigme, sphinx, nuit, sois la bienvenue !
Car je me sens d'accord avec l'âme inconnue.
Je souffre, mais je crois.
J'habite l'absolu, patrie obscure et sombre,
Pas plus intimidé dans tous ces gouffres d'ombre
Que l'oiseau dans les bois.

Je songe, l'oeil fixé sur l'incompréhensible.
Le zénith est fermé. Les justes sont la cible
Du mensonge effronté ;
Le bien, qui semble aveugle, a le mal pour ministre.
Mais, rassuré, je vois sous la porte sinistre
La fente de clarté.

Victor HUGO

Réponse de bleuette

Le chant de l'eau de E. VERHAEREN

L'entendez-vous, l'entendez-vous
Le menu flot sur les cailloux ?
Il passe, il court et glisse,
Et doucement dédie aux branches
Qui sur son cours se penchent
Sa chanson lisse...

... Le petit bois de cornouillers
Et tous ses hôtes familiers
Et les putois et les fouines
Et les souris et les mulots
écoutent,Loin des sentes et loin des routes
le bruit de l'eau ...

Réponse de Flavynette

L'homme n'est jamais content.

Tout ne va pas, dans ce bas monde,
Toujours au gré de nos désirs,
Et bien souvent un ver immonde
Se glisse au coeur de nos plaisirs.

Alors nous faisons bouche amère ;
Nous nous plaignons de notre sort,
Et toujours notre dépit éphémère
Trouve des charmes à la mort.

L'homme est étrange créature !
Si sottement il se conduit
Que, pour un peu de pourriture,
Il jette au loin le meilleur fruit.

L'homme se tourmente de chimères,
Il court après ce qui n'est pas ;
Il est la cause de ses misères ;
Puis lâchement redoute le trépas !

Nous avons cent raisons pour rire,
Contre une, à peine, pour pleurer ;
Sachons donc le voir et le dire,
Et cessons enfin de tant soupirer.


Frédéric Caumont

Réponse de bleuette

Le Bonheur...

Il vient du ciel, il fait tourner la tête, il ne s'explique pas,
nul au monde ne peut l'acheter car il n'a pas de prix...
Pour un roi, pour un prince ou pour un simple vagabond,
il est toujours le même car il n'a pas de mesure...
il est l'immensité...
Le bonheur c'est le rire d'un enfant,
le doux regard de celle ou celui que tu aimes,
une musique qui te saisit et te fait frissonner.
Ferme les yeux... ton coeur palpite... c'est le bonheur !
Un mot gentil, une attention délicate, un sourire.
Ca remue le coeur... c'est le bonheur !
Ne le cherche pas dans des rêves impossibles,
ne le cherche pas dans des projets fabuleux. La vie est si belle !
La nature est si riche ! Le bonheur est là, dans la simplicité...
Chacun sur cette terre a le droit de le posséder.
Chacun sur cette terre peut le fabriquer.
Viens, viens ! Sans dire un mot ! Ouvre les yeux !
Avec un peu de coeur, avec un peu d'amour...
LE BONHEUR EST LÀ... À TA PORTÉE

Réponse de bleuette

Je vous souhaite de souhaiter.
Je vous souhaite de désirer.
Le bonheur, c'est déjà vouloir.
Comme en droit pénal, l'intention vaut l'action.
Le seul fait de rêver est déjà très important.

Je vous souhaite des rêves à n'en plus finir.
Et l'envie furieuse d'en réaliser quelques-uns.
Je vous souhaite d'aimer ce qu'il faut aimer,
et d'oublier ce qu'il faut oublier.
Je vous souhaite des passions.
Je vous souhaite des silences.
Je vous souhaite des chants d'oiseaux au réveil,
et des rires d'enfants...

Je vous souhaite de respecter les différences des autres
parce que le mérite et la valeur de chacun sont souvent à découvrir
Je vous souhaite de résister à l'enlisement,
à l'indifférence
et aux vertus négatives de notre époque.
Je vous souhaite enfin de ne jamais renoncer à la recherche,
à l'aventure, à la vie, à l'amour,
car la vie est une magnifique aventure et
nul de raisonnable ne doit y renoncer sans livrer une rude bataille.
Je vous souhaite surtout d'être vous, fier de l'être et heureux,
car le bonheur est notre destin véritable.

J. Brel

Réponse de yareg

Que 2020 ne soit que joie et bonheur !

Une année vient de s'éteindre
Une autre vient de voir le jour
365 nouvelles occasions de s'étreindre
Être ensemble, s'aimer d'amitié ou d'amour

Le jour du Nouvel An est une porte
Une nouvelle chance en quelque sorte
Ouvrons nos coeurs et nos demeures
Pour y laisser entrer le bonheur



A vous tous mes amis que j'aime
Ma famille, mon plus beau thème
Je vous souhaite une bonne année
Que 2020 ne soit que douceur et beauté

Par ce beau poème du Nouvel An naissant
Je vous rappelle que je vous aime infiniment
Soyez heureux, généreux et respectueux
Et la vie réalisera vos meilleurs voeux

Tout recommencent est un cadeau du destin
Je vous souhaite que cette année soit un festin
Une grande fête de l'amour et de l'amitié
Un voyage au pays où il fait bon d'aimer.

Je vous souhaite tout le bonheur du monde.
Que la bonne santé et la sérénité,
En vos doux coeurs et demeures abondent.
Que tout en cette année vous soit facilité.

Recevez mes plus beaux voeux de bonheur

Anonyme

Réponse de Mich-idéfix 46

Quelle année merveilleuse vient de s'écouler !
Pour l'année à venir, je vous souhaite
Plein d'amour et de sourires,
Plein de rêves et de surprises,
et beaucoup de joie et réussite !

Réponse de NEUTRON

Je tenais à remercier Bleuette qui chaque jour nous berce de merveilleux poèmes, nous transportant dans son monde de douceur et de rêves.
Cette rubrique nous la lisons pour notre plus grand bonheur, c'est un instant de respiration dans un monde parfois agité, un moment hors du temps.
Je vous souhaite une très bonne année Bluette et continuez de nous enchanter.

Réponse de bleuette

Merci Neutron pour cette très gentille attention , j'en suis très touchée
Merci aussi à Frog et Tareg de qui j'ai souvent sollicité l'aide
pour leur gentillesse et leur patience
Merci à tous ceux qui me lisent et m'encouragent
et à tous ceux qui mettent aussi de jolis poèmes
Très bonne année à tous , de bonheur , de douceur et de bien être ...

Réponse de yareg

Bisous Bleuette et merci pour tout !
Pas de message personnel du tout, mais j'ai aimé ce poème :

Toi

Toi c'est un mot
Toi c'est une voix
Toi c'est tes yeux et c'est ma joie

Toi c'est si beau
Toi c'est pour moi
Toi c'est bien là et je n'y crois

Toi c'est soleil
Toi c'est printemps
Toi c'est merveille de chaque instant

Toi c'est présent
Toi c'est bonheur
Toi c'est arc-en-ciel dans mon coeur

Toi c'est distant...
Toi c'est changeant...
Toi c'est rêvant et esquivant...
Toi c'est pensant...
Toi c'est taisant...
Toi c'est tristesse qui me prend...
Toi c'est fini.
Fini ? Pourquoi ?
Toi c'est le vide dans mes bras...
Toi c'est mon soleil qui s'en va...
Et moi, je reste, pleurant tout bas.

Esther Granek (1927-2016)

Réponse de bleuette

très joli Tareg !!! ... :)

Réponse de bleuette

Ah ! que c'est bon, l'air pur, l'air qui vous revient des champs,
qui s'est imprégné de la saine odeur des bois,
qui a couru sur la montagne à travers les bruyères,
qui s'est rafraîchi dans les gorges profondes,
qui a bu la rosée des prés !
...que c'est bon de ne sentir devant son haleine
que l'oeuvre de Dieu se dessinant sur le libre horizon.
La chaste ivresse que celle des campagnes !
c'est la santé pour les âmes malades,
c'est la résurrection des coeurs.
... Caresses d'un beau jour, caresses du ciel et de la terre,
pourquoi vous cherche-t-on si rarement ?

Pierre-Jules Stahl

Réponse de Flavynette

Bonne Année

Bleuette, je me joins à Neutron et Tareg, et te remercie pour ce "havre" de douceur

Réponse de Flavynette

Saluons ensemble cette nouvelle année qui vieillit notre amitié sans vieillir notre coeur

Victor Hugo écrivant à Alfred de Vigny

Réponse de bleuette

Les boîtes à musique
Sont des mécaniques
Un peu fantastiques
Magiques et mystiques
Tantôt poétiques
Tantôt sarcastiques
Avec un rien d'ingénu


... Elles ont des musiques
caractéristiques
des airs ironiques
aristocratiques
qui vous communiquent
l'émoi romantique
parfum des temps révolus ...

... Ah, dansez marquise
Ah, marquis dansez
La gavotte exquise
Du temps passé



D'abord la danse
Puis la romance
Et l'insouciance
La défaillance
Voici que s'ouvrent les bras de faïence
Sur des dentelles d'Italie

Les boucles blondes
Les tailles rondes
Qui se confondent
Sous les rotondes
On se retrouve dans un autre monde
Parmi les brumes de l'oubli

Rubans et cravates
Aux tons écarlates
Charmants diplomates
Bretteurs et pirates
Dames délicates
Beautés que l'on flatte
Dans les bosquets de Marly
Mais ces acrobates
Ces aristocrates
N'ont pas d'omoplates
De coeur ni de rate
Car les automates
Ne sont que des boîtes
Des roues des fils des poulies

Frêles mécaniques
Qu'il faut remonter
La boîte à musique
Va s'arrêter

Les boîtes à musiques
Sont des mécaniques
Un peu fantastiques
Magiques et mystiques
Mais les automates
Ne sont que des boîtes
Des roues des fils des...

Réponse de Flavynette

J'ai décidé d'être heureux parce que c'est bon pour la santé

François Marie Arouet, dit Voltaire

Réponse de bleuette

Et vous, brillantes soeurs! étoiles, mes compagnes,
Qui du bleu firmament émaillez les campagnes,
Et cadençant vos pas à la lyre des cieux,
Nouez et dénouez vos choeurs harmonieux!...

Introduit sur vos pas dans la céleste chaîne,
Je suivrais dans l'azur l'instinct qui vous entraîne,
Vous guideriez mon oeil dans ce brillant désert,
Labyrinthe de feux où le regard se perd! ...

Vos rayons m'apprendraient à louer, à connaître
Celui que nous cherchons, que vous voyez peut-être!
Et noyant dans son sein mes tremblantes clartés,
Je sentirais en lui... tout ce que vous sentez!

Alphonse de Lamartine

Réponse de bleuette

Que diras tu ce soir, pauvre âme solitaire,
Que diras tu, mon coeur, coeur autrefois flétri,
A la très belle, à la très bonne, à la très chère,
Dont le regard divin t'a soudain refleuri ?

Nous mettrons notre orgueil à chanter ses louanges :
Rien ne vaut la douceur de son autorité ;
Sa chair spirituelle a le parfum des Anges,
Et son oeil nous revêt d'un habit de clarté.

Que ce soit dans la nuit et dans la solitude,
Que ce soit dans la rue et dans la multitude,
Son fantôme dans l'air danse comme un flambeau.

Parfois il parle et dit : ' Je suis belle, et j'ordonne
Que pour l'amour de moi vous n'aimiez que le Beau ;
Je suis l'Ange gardien, la Muse et la Madone. '

Beaudelaire

Réponse de bleuette

La mélodie

La mélodie de la mer
Comme celle des vers
Vous prend par le coeur
Et vous rend heureux...

La mélodie de la peine
comme celle de la vie
vous amène l'espérance
et la reconnaissance ...

La mélodie de l'amour
présente tous les jours
vous donne le bonheur
à toute heure ...

La mélodie de la paix
vous défait
de la haine, l'hostilté
et amène la sérénité...

La mélodie de la vrai foi
vous promène sur la voie
de l'espérance, la paix
l'amour sans délai...

Réponse de Flavynette

Le matin des étrennes

Ah ! quel beau matin, que ce matin des étrennes !
Chacun , pendant la nuit, avait rêvé des siennes
Dans quel songe étrange où l'on voyait joujoux,
Bonbons habillés d'or, étincelants bijoux,
Tourbillonner, danser une danse sonore,
Puis fuir sous les rideaux,puis reparaître encore !
On s'éveillait matin, on se levait joyeux ,
La lèvre affriandée, en se frottant les yeux ...
On allait, les cheveux emmêlés sur la tête,
Les yeux tout rayonnants, comme aux grands jours de fête,
Et les petits pieds nus effleurant le plancher,
Aux portes des parents tout doucement toucher ...
On entrait ! ...puis alors les souhaits ... en chemise,
Les baisers répétés, et la gaieté permise !

Arthur Rimbaud

Réponse de bleuette

Écoute le vent, il chante...
Écoute le silence, il parle...
Écoute ton coeur, il sait ...

proverbe Amérindien

Réponse de Flavynette

Au moment où Phébus en son char remontait,
Où la lune chassée à grands pas s'enfuyait,
Je voulus faire un peu ma cour à la nature,
Visiter les bosquets tout remplis de verdure,
M'égarer dans les bois et longer les ruisseaux,
Cueillir la violette, écouter les oiseaux.
C'était l'heure où le Dieu sortant de sa demeure
Laissait seule Thétis et fuyait devant l'heure.
Alors le jour naissait, dissipait le sommeil
Et trouvait le chrétien joyeux d'un bon réveil;
Alors le laboureur, plein d'un noble courage,
Allait tout aussitôt reprendre son ouvrage.
Je longeais en silence un mince filet d'eau
Qui coulait doucement sous un ciel pur et beau.
Tantôt il parcourait une plaine fleurie
Et faisait cent détours à travers la prairie,
Et tantôt dans son cours rencontrant un rocher,
Il amassait ses eux pour se précipiter.

Yvetot, 1863 (le long de la Seine)

Guy de Maupassant

Réponse de bleuette

Jeu de mains

Ta main est une feuille
Ouverte aux quatre vents ;
Elle attend qu'on la cueille
Pour se donner souvent...

... Ta main est une étoile
Aux lumineuses branches
Qui sait ce qu'elle dévoile
En sortant de sa manche...

... Ta main est une fleur
Un fragile bouquet
Ses doigts ont le bonheur
D'aller comme l'archet

...Ta main est le bandeau
Décochant l'arc-en-ciel
Y a-t-il plus bel oiseau
Pour fuir à tire- d'aile...


Claude Haller

Réponse de yareg

Titre : Le pied
Poète : Albert Mérat (1840-1909)
Recueil : L'idole (1869).

Je veux, humiliant mon front et mes genoux,
Prosterné devant toi comme on est quand on prie,
Sous le ciel de tes yeux qui font ma rêverie,
Baiser pieusement tes pieds petits et doux.

J'étancherai, gardant tout mon désir pour vous,
La grande soif d'aimer qui n'est jamais tarie,
Ô petits pieds, trésor dont la beauté marie
La rose triomphale et claire au lys jaloux.

Vous avez des frissons subtils comme les ailes ;
Non moins immaculés que les mains et plus frêles,
A peine vous posez sur notre sol impur.

Peureux, lorsque ma lèvre amoureuse vous touche,
Je crois sentir trembler, au souffle de ma bouche,
Des oiseaux retenus captifs loin de l'azur.

Albert Mérat.

Réponse de bleuette

Bonheur
Kamal Zerdoumi

Sur le chemin
les décombres
de la mélancolie
une joie royale
rêve d'un palais
à la gloire du chant
et de la lumière ...
Quelqu'un brille éphémère
comme le joyau
de la mémoire
entre les mains avides
de l'instant ...

Réponse de Flavynette

Que ce soit dimanche ou lundi
Soir ou matin minuit midi
Dans l'enfer ou le paradis
Les amours aux amours ressemblent
C'était hier que je t'ai dit
Nous dormirons ensemble

C'était hier et c'est demain
Je n'ai plus que toi de chemin
J'ai mis mon coeur entre tes mains
Avec le tien comme il va l'amble
Tout ce qu'il a de temps humain
Nous dormirons ensemble

Mon amour ce qui fut sera
Le ciel est sur nous comme un drap
J'ai refermé sur toi mes bras
Et tant je t'aime que j'en tremble
Aussi longtemps que tu voudras
Nous dormirons ensemble

Louis Aragon

Réponse de bleuette

Ma maison
Elodie Santos

J'aime ce rêve où j'écris mes poèmes
où je respire le temps qui passe
où j'écoute les oiseaux chanter...
Ce rêve, c'est ma maison ...

J'aime cet océan où je navigue seule ,
où les vagues sont douces ,
où les poissons sont feu ...
Cet océan , c'est ma maison ...

J'aime ce livre ouvert aux autres ,
où les pages sont écrites à l'encre de lumière ,
où les mots virevoltent autour de moi ...
Ce livre, c'est ma maison ...

Réponse de bleuette

Ode

Le Temps ne surprend pas le sage ;
Mais du Temps le sage se rit,
Car lui seul en connaît l'usage ;
Des plaisirs que Dieu nous offrit,
Il sait embellir l'existence ;
Il sait sourire à l'espérance,
Quand l'espérance lui sourit...

Le bonheur n'est pas dans la gloire,
Dans les fers dorés d'une cour,
Dans les transports de la victoire,
Mais dans la lyre et dans l'amour.
Choisissons une jeune amante,
Un luth qui lui plaise et l'enchante ;
Aimons et chantons tour à tour !

» Illusions ! vaines images ! «
Nous dirons les tristes leçons
De ces mortels prétendus sages
Sur qui l'âge étend ses glaçons ; «
» Le bonheur n'est point sur la terre,
Votre amour n'est qu'une chimère,
Votre lyre n'a que des sons ! «

Ah ! préférons cette chimère
A leur froide moralité ;
Fuyons leur voix triste et sévère ;
Si le mal est réalité,
Et si le bonheur est un songe,
Fixons les yeux sur le mensonge,
Pour ne pas voir la vérité.

Aimons au printemps de la vie,
Afin que d'un noir repentir
L'automne ne soit point suivie ;
Ne cherchons pas dans l'avenir
Le bonheur que Dieu nous dispense ;
Quand nous n'aurons plus l'espérance,
Nous garderons le souvenir.

Jouissons de ce temps rapide
Qui laisse après lui des remords,
Si l'amour, dont l'ardeur nous guide,
N'a d'aussi rapides transports :
Profitons de l'adolescence,
Car la coupe de l'existence
Ne pétille que sur ses bords !

Gérard de Nerval

Réponse de Flavynette

Ce doux hiver qui égale ses jours
A un printemps, tant il est aimable,
Bien qu'il soit beau, ne m'est pas agréable,
J'en crains la queue, et le succès toujours.

J'ai bien appris que les chaudes amours,
Qui au premier vous servent une table
Pleine de sucre et de mets délectable,
Gardent au fruit leur amer et leurs tours.

Je vois déjà les arbres qui boutonnent
En mille noeuds, et ses beautés m'étonnent,
En une nuit ce printemps est glacé,

Ainsi l'amour qui trop serein s'avance,
Nous rit, nous ouvre une belle apparence,
Est né bien tôt bien tôt effacé.

Théodore Agrippa d'Aubigné

Réponse de Ermelinde

Ondine

- " Ecoute ! - Ecoute ! - C'est moi, c'est Ondine qui
frôle de ces gouttes d'eau les losanges sonores de ta
fenêtre illuminée par les mornes rayons de la lune ;
et voici, en robe de moire, la dame châtelaine qui
contemple à son balcon la belle nuit étoilée et le beau
lac endormi.

" Chaque flot est un ondin qui nage dans le courant,
chaque courant est un sentier qui serpente vers mon palais,
et mon palais est bâti fluide, au fond du lac, dans le
triangle du feu, de la terre et de l'air.

" Ecoute ! - Ecoute ! - Mon père bat l'eau coassante
d'une branche d'aulne verte, et mes soeurs caressent de
leurs bras d'écume les fraîches îles d'herbes, de nénu-
phars et de glaïeuls, ou se moquent du saule caduc et
barbu qui pêche à la ligne ! "

Sa chanson murmurée, elle me supplia de recevoir son
anneau à mon doigt pour être l'époux d'une Ondine, et
de visiter avec elle son palais pour être le roi des lacs.

Et comme je lui répondais que j'aimais une mortelle,
boudeuse et dépitée, elle pleura quelques larmes, poussa
un éclat de rire, et s'évanouit en giboulées qui ruisselèrent
blanches le long de mes vitraux bleus.

Aloysius BERTRAND

Réponse de bleuette

Le coeur
Anna de Noailles

Mon coeur tendu de lierre odorant et de treilles,
Vous êtes un jardin où les quatre saisons
Tenant du buis nouveau, des grappes de groseilles
Et des pommes de pin, dansent sur le gazon...
... Sous les poiriers noueux couverts de feuilles vives
Vous êtes le coteau qui regarde la mer,
Ivre d'ouÏr chanter, quand le matin arrive,
La cigale collée au brin de menthe amer...
... Vous êtes un vallon escarpé ; la nature
Tapisse votre espace et votre profondeur
De mousse délicate et de fraîche verdure.
... Vous êtes dans votre humble et pastorale odeur
Le verger fleurissant et le gai pâturage
Où les joyeux troupeaux et les pigeons dolents
Broutent le chèvrefeuille ou lissent leur plumage.
... Et vous êtes aussi, coeur grave et violent,
La chaude, spacieuse et prudente demeure
Pleine de vins, de miel, de farine et de riz,
Ouverte au bon parfum des saisons et des heures,
Où la tendresse humaine habite et se nourrit.

Réponse de Flavynette

Je ne demande pas autre chose aux forêts
Que de faire silence autour des antres frais
Et de ne pas troubler la chanson des fauvettes.
Je veux entendre aller et venir les navettes
De Pan, noir tisserand que nous entrevoyons
Et qui file, en tordant l'eau, le vent, les rayons,
Ce grand réseau, la vie, immense et sombre toile
Où brille et tremble en bas la fleur, en haut l'étoile.

Victor Hugo.

Réponse de bleuette

Fleur de bonheur
Antoine Livic

Voyageur éternel, je suis comme l'hirondelle
Qui plane dans l'azur vers les pays lointains.
Je quitte les froidures des hivers incertains,
Laissant les feuilles mourir je fuis à tire d'aile...

Vers un autre archipel où mon coeur fugitif
Trouvera ce nouveau, qu'on recherche sans trêve
Sur une mer trop grande, dans une vie trop brève
Où l'île n'est que désir d'un bonheur trop furtif,

Mais peut-être qu'un jour, naufragé sur la grève,
Je connaîtrai la fleur qui vient hanter mon rêve
Et pousse dans un jardin aux couleurs d'arc en ciel...

Elle saura me garder et soigner ma détresse,
Elle sera ma princesse, mon horizon, mon ciel
Pour aller jusqu'au bout des chemins de tendresse...

Réponse de Flavynette

Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle,
Assise auprès du feu, devisant et filant,
Direz chantant mes vers, en vous émerveillant :
Ronsard me célébrait du temps que j'étais belle.

Lors vous n'aurez servante oyant telle nouvelle,
Déjà sous le labeur à demi sommeillant,
Qui au bruit de mon nom ne s'aille réveillant,
Bénissant votre nom de louange immortelle.

Je serai sous la terre, et, fantôme sans os,
Par les ombres myrteux je prendrai mon repos ;
Vous serez au foyer une vieille accroupie,

Regrettant mon amour et votre fier dédain.
Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain ;
Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie.

Pierre de Ronsard.

Réponse de bleuette

Mon ami m'a donné une fleur,
Une fleur que j'ai mise à mon coeur,
Sur mon coeur plein de lui.
Que la rose était belle.
Dans mon coeur plein de lui,
Le bonheur a fleuri...

Mon ami m'a donné un baiser,
Près du coeur, doucement l'a posé.
A mon coeur plein d'amour,
Que sa lèvre était douce.
Ce baiser plein d'amour,
L'ai donné à mon tour.

Mon ami m'a donné un serment,
Le serment de m'aimer si longtemps,
Si longtemps que les fleurs
Pousseront sur la terre,
Si longtemps que la fleur
Restera sur mon coeur...

Mon ami m'a donné du pleurer,
Du pleurer que n'ai pas mérité.
Pour essuyer mes pleurs,
J'ai pris la rose blanche,
J'ai pris la rose fleur
Qui était sur mon coeur.

Mon ami viendra me voir demain.
Plus de fleurs et beaucoup de chagrin.
J'irai voler des fleurs
Dans les jardins du monde.
J'irai voler des fleurs
La plus belle à mon coeur.

En prison, si l'on veut me jeter,
Je dirai à qui va me juger :
"Faites battre tambours
Et dressez la potence.
Plutôt que perdre amour,
Je volerai la France
Et le roi dans sa cour
Plutôt que perdre amour..."

Edith Piaf

Réponse de Flavynette

Et le soir vient et les lys meurent
Regarde ma douleur beau ciel qui me l'envoies
Une nuit de mélancolie

Enfant souris ô soeur écoute
Pauvres marchez sur la grand-route
Ô menteuse forêt qui surgis à ma voix
Les flammes qui brûlent les âmes

Sur le boulevard de Grenelle
Les ouvriers et les patrons
Arbres de mai cette dentelle
Ne fais donc pas le fanfaron
Allons plus vite nom de Dieu
Allons plus vite

Tous les poteaux télégraphiques
Viennent là-bas le long du quai
Sur son sein notre République
A mis ce bouquet de muguet
Qui poussait dru le long du quai
Allons plus vite nom de Dieu
Allons plus vite

La bouche en coeur Pauline honteuse
Les ouvriers et les patrons
Oui-dà oui-dà belle endormeuse
Ton frère
Allons plus vite nom de Dieu
Allons plus vite

Guillaume Apollinaire

Réponse de yareg

Commencement de l'hiver...
Le soleil léger du matin
Naît de l'arrosoir.

Uejima Onitsura ( 1660-1738 )

Réponse de bleuette

Sous un rayon chaud
Le jardin d'une promesse
Caresse du temps

Réponse de Flavynette

Le chat et le soleil

Le chat ouvrit les yeux,
Le soleil y entra.
Le chat ferma les yeux,
Le soleil y resta.

Voilà pourquoi, le soir,
Quand le chat se réveille,
J'aperçois dans le noir
Deux morceaux de soleil.

Maurice Carême
(1899-1978)

Réponse de bleuette

Sous un rayon chaud ...
Le jardin d'une promesse ...
Caresse du temps ..



Le coquelicot blanc ...
d'une averse hivernale ...
a fleuri ...

Matsuo Bashõ

Réponse de yareg

Minces silhouettes
immobiles
Deux moineaux aux deux bouts
du toit roux

Louis Calaferte ( 1928-1994 )

Réponse de yareg

Pivoine d'hiver
les pluviers doivent être
un coucou dans la neige

Matsuo Bashõ ( 1644-1695 )

Réponse de bleuette

tempête d'hiver
les mots bleus se déchaînent
dans le cri du vent
Karine cocheteux

Réponse de bleuette

Un corbeau errant.
son vieux nid est devenu.
un prunier ...

Matsuo Bashõ

Réponse de yareg

Qu'est-ce une belle lune !
Elle jette l'ombre des branches de pin
Sur le tapis.

Nagata Koi ( 1900-1997 )

Réponse de yareg

Quand souffle le vent du nord -
Les feuilles mortes
Fraternisent au sud.

Haïku
Yosa Buson

Réponse de bleuette

O vent d'automne
De l'arc de bois immaculé
La corde qui se tend
Mukai Kyorai

Si j'étais un homme.
dans la montagne en fleurs.
je passerais la nuit



À une libellule rouge
Enlevez les ailes :
Un piment !
Matsuo Bashõ


Un pétale tombé
Remonte à sa branche :
Ah ! c'est un papillon !
Arakida Moritake


Des vapeurs s'éveillent.
Les sauges fripées sommeillent.
Une aube trempée...
Julien Vocance

Réponse de bleuette

Paix du vieil étang.
Une grenouille plonge.
Bruit de l'eau.
Matsuo Basho .

Réponse de bleuette

Comme un flocon léger
ou la buée bleue du matin,
ce monde de rosée
Sora

Nuit trop sombre :
La sarcelle pleure
cherchant son nid.
Matsuo Basho

moineau mon ami
n'attrape pas l'abeille
qui joue sur les fleurs
Matsuo Basho

Paix du vieil étang
Une grenouille plonge
Bruit de l'eau
Matsuo Basho

Réponse de bleuette

Fleurs mortes sous la gelée.
Leurs graines tombées
sèment la tristesse ...

Le soir descend.
Pâles, à travers la feuillée
, une ou deux étoiles.
Sora

Réponse de yareg

Dans la nuit très hot
Sur tes paroles jazzy
J'ai swingué la vie

Inconnu

Réponse de yareg

Pour savoir ce qu'est le feu
Il faut s'y brûler
De même l'amour

Inconnu

Réponse de yareg

Recette

Prenez un toit de vieilles tuiles
Un peu avant midi.

Placez tout à côté
Un tilleul déjà grand
Remué par le vent.

Mettez au-dessus d'eux
Un ciel bleu, lavé
Par des nuages blancs.

Laissez-les faire.
Regardez-les.

Eugène Guillevic

Réponse de bleuette

Rien que ce mur et ce chemin
Et, autour de moi, un matin
Qui a l'odeur dorée du pain.
L'ombre d'un oiseau sur le mur,
L'écho d'un pas sur le chemin....
... Douceurs faites de petits riens,
De mots caressants dont je doute.
Dans ce calme et tendre matin,
Rien que ce mur et ce chemin ...

Maurice Carême

Réponse de bleuette

La lune, au fond du ciel, ferme l'oeil et s'endort
Et son dernier rayon, à travers la feuillée,
Comme un baiser d'adieu, glisse amoureusement,
Sur le front endormi de son bleuâtre amant,
Par la porte d'ivoire et la porte de corne.
Les songes vrais ou faux de l'Grèbe envolés,
Peuplent seuls l'univers silencieux et morne ;
Les cheveux de la nuit, d'étoiles d'or mêlés,
Au long de son dos brun pendent tout débouclés ;
Le vent même retient son haleine, et les mondes,
Fatigués de tourner sur leurs muets pivots,
S'arrêtent assoupis et suspendent leurs rondes.

Théophile Gautier

Réponse de bleuette

C'est l'extase langoureuse,
C'est la fatigue amoureuse,
C'est tous les frissons des bois
Parmi l'étreinte des brises,
C'est, vers les ramures grises,
Le choeur des petites voix...

Ô le frêle et frais murmure !
Cela gazouille et susurre,
Cela ressemble au cri doux
Que l'herbe agitée expire...
Tu dirais, sous l'eau qui vire,
Le roulis sourd des cailloux...

Cette âme qui se lamente
En cette plainte dormante,
C'est la nôtre, n'est-ce pas ?
La mienne, dis, et la tienne,
Dont s'exhale l'humble antienne
Par ce tiède soir, tout bas ?

Verlaine

Réponse de Flavynette

Songes-tu parfois, bien-aimée,
Assise près du foyer clair,
Lorsque sous la porte fermée
Gémit la bise de l'hiver,

Qu'après cette automne clémente,
Les oiseaux, cher peuple étourdi,
Trop tard, par un jour de tourmente,
Ont pris leur vol vers le Midi ;

Que leurs ailes, blanches de givre,
Sont lasses d'avoir voyagé ;
Que sur le long chemin à suivre
Il a neigé, neigé, neigé ;

Et que, perdus dans la rafale,
Ils sont là, transis et sans voix,
Eux dont la chanson triomphale
Charmait nos courses dans les bois ?

Hélas ! comme il faut qu'il en meure
De ces émigrés grelottants !
Y songes-tu ? Moi, je les pleure,
Nos chanteurs du dernier printemps.

Tu parles, ce soir où tu m'aimes,
Des oiseaux du prochain Avril ;
Mais ce ne seront plus les mêmes,
Et ton amour attendra-t-il ?

François Coppée, Les mois

Réponse de bleuette

La musique est la vapeur de l'art...
Elle est à la poésie ce que la rêverie est à la pensée,
ce que le fluide est au liquide,
ce que l'océan des nuées est à l'océan des ondes...

Victor Hugo

Réponse de Camphinois

Quinze ans, déjà on quitte un peu l'enfance,
Ou, du moins, on le croit !%u2026
On se prend pour « quelqu'un ».
On aime critiquer, s'opposer à outrance.
On veut tout démolir et créer à la fois.
On aime furieusement,
Sans nuance, sans remords,
Puis tout à coup, on n'aime plus.
On regrette de vivre et on souhaite la mort.

On sombre alors dans un grand abattement.
On se sent seul, incompris ;
Et on a mal.
On rêve d'évasion, de bonheur vite gagné,
D'îles merveilleuses où l'on vit sans soucis.
On ne parle à personne, on boude et on se plaint.

C'est l'âge des tourments.

Mais voilà qu'un beau matin,
On se rend compte enfin
Que l'on ne connaît rien !%u2026
Alors on balaie les tourments,
Et, bien vite, on se prépare à devenir grand
En abandonnant ses quinze ans

Réponse de boscavert

Pour beaucoup le W. E. est propice à des moments de détente c'est:
Le repos.
Recueil : Sonnets et poésies (1868)

Quand j'ai vu pendant toute une semaine
Notre petit monde, enivré de folles vanités,
Qui se bouscule, et court, et vole, et se démène
Pour acquérir beaucoup d'or et de dignités ;

Quand j'ai vu le succès sourire aux fourberies,
Les méchants applaudis et les sots triomphants ;
Le dimanche, je vais une heure aux Tuileries
Voir jouer au soleil les bons petits enfants.

La franche honnêteté de leur visage rose,
Libre de toute envie, exempt de tout souci,
Fait du bien à mon coeur, le berce et le repose...
Enfants, si vous pouviez rester toujours ainsi !


Paul Collin

Réponse de yareg

Jolie ode à Bleuette Pompon, bravooo !

Réponse de Flavynette

Wow..............Pompon,

un poète rêveur................

Réponse de Flavynette

Nuit (Victor Hugo)

Le ciel d'étain au ciel de cuivre
Succède. La nuit fait un pas.
Les choses de l'ombre vont vivre.
Les arbres se parlent tout bas.

Le vent, soufflant des empyrées,
Fait frissonner dans l'onde, où luit
Le drap d'or des claires soirées,
Les sombres moires de la nuit.

Puis la nuit fait un pas encore.
Tout à l'heure, tout écoutait.
Maintenant nul bruit n'ose éclore ;
Tout s'enfuit, se cache et se tait.

Tout ce qui vit, existe ou pense,
Regarde avec anxiété
S'avancer ce sombre silence
Dans cette sombre immensité.

C'est l'heure où toute créature
Sent distinctement dans les cieux,
Dans la grande étendue obscure,
Le grand Être mystérieux !

Réponse de bleuette

Le soleil brûlant
Les fleurs qu'en allant
Tu cueilles,
Viens fuir son ardeur
Sous la profondeur
Des feuilles.

Cherchons les sentiers
À demi frayés
Où flotte,
Comme dans la mer,
Un demi-jour vert
De grotte.

Des halliers touffus
Un soupir confus
S'élève
Si doux qu'on dirait
Que c'est la forêt
Qui rêve...

Chante doucement ;
Dans mon coeur d'amant
J'adore
Entendre ta voix
Au calme du bois
Sonore.

L'oiseau, d'un élan,
Courbe, en s'envolant,
La branche
Sous l'ombrage obscur
La source au flot pur
S'épanche.

Viens t'asseoir au bord
Où les boutons d'or
Foisonnent...
Le vent sur les eaux
Heurte les roseaux
Qui sonnent.

Et demeure ainsi
toute au doux souci
De plaire,
une rose aux dents,
et ton pied nu dans
l'eau claire...

Albert Samain.

Réponse de bleuette

coucou Pompon
merci pour ce très , très joli poème,
je regrette vraiment de ne pas avoir été là hier soir
pour le lire ...

Réponse de bleuette

Le plus important, ce sont les petits soleils ...
Les petits soleils ?
... Les petits soleils de chaque jour...
Un sourire, un mot d'encouragement, un échange,
un petit plaisir ou un grand...
tous ce qui nous rend heureux, joyeux, vivants.
...Tous les petits soleils qui illuminent nos journées,
à côté desquels il ne faut surtout pas passer...

Réponse de bleuette

Que les étoiles transportent votre tristesse au loin.
Que les fleurs remplissent votre coeur de Beauté.
Que l'espérance essuie à jamais vos larmes.
Et surtout, que le silence fasse de vous un être fort.

~Chef Don George~

Réponse de bleuette

La tulipe ne sera une rose
Et la rose ne sera un pissenlit
à quoi sert espérer être une rose
Quand au fond "Je suis ce que je suis"

Je suis peut-être une tulipe
qui s'éveille à tous les printemps
Démontrant ses couleurs ses principes
Jugée souvent bien hors du temps...

Je suis peut-être une rose
dégageant l'arôme de l'amour
on se pique sur mon côté morose
mais le bonheur revient au détour...

Je suis peut-être un pissenlit
répandu et plutôt mal compris
mais sachez quand il est bien servi
il donnera du goût à votre vie...

Qu'importe la fleur que vous soyez
vous avez tous un rôle à jouer
mais vous devez vous rappeler
de Celui qui vous a créé

La tulipe ne sera une rose
Et la rose ne sera un pissenlit
à quoi sert espérer être une rose
Quand au fond "Je suis ce que je suis"

Roger Kemp

Réponse de bleuette

Étoiles, qui d'en haut voyez valser les mondes,
Faites pleuvoir sur moi, de vos paupières blondes,
Vos pleurs de diamant ;
Lune, lis de la nuit, fleur du divin parterre,
Verse-moi tes rayons, ô blanche solitaire,
Du fond du firmament !...

Oeil ouvert sans repos au milieu de l'espace,
Perce, soleil puissant, ce nuage qui passe !
Que je te voie encor,
Aigles, vous qui fouettez le ciel à grands coups d'ailes,
Griffons au vol de feu, rapides hirondelles,
Prêtez-moi votre essor !

...Vents, qui prenez aux fleurs leurs âmes parfumées
Et les aveux d'amour aux bouches bien-aimées ;
Air sauvage des monts,
Encor tout imprégné des senteurs du mélèze,
Brise de l'océan où l'on respire à l'aise,
Emplissez mes poumons !...

Théophile Gautier

Réponse de yareg

Rêves

Oh! que ma jeune vie fût un rêve qui dure!
Mon esprit ne s'éveillant que sous le rayon
D'une Éternité apportant le lendemain.
Oui! quand même ce long rêve serait de douleur sans espoir,
Cela vaudrait mieux que la froide réalité
De la vie éveillée, pour celui dont le coeur doit être,
Et a toujours été, sur la terre charmante,
Un chaos de passions profondes, dès sa naissance.
Mais s'il devait être - ce rêve éternellement
Continué - ce que les rêves ont é'té pour moi
Dans ma jeunesse; s'il devait m'être ainsi donné,

Ce serait folie d'espérer encore un ciel plus haut.
Car je me suis gorgé, quand le soleil brillait
Au ciel d'été, de rêves de lumière
Et de charmes vivants ; j'ai laissé mon coeur même
Dans des régions par moi imaginées, loin
De mon propre foyer, avec des êtres modelés
Par ma propre pensée - quoi d'autre eusse-je pu voir?
Une fois, une fois seulement - mais jamais l'heure éperdue
De ma mémoire ne s'effacera - quelque puissance,
Quelque charme, m'avait enchaîné; c'était le vent glacé
Qui était venu sur moi dans la nuit pour laisser, derrière lui,
Son image sur mon esprit - ou la lune
Qui brillait sur mon sommeil à son plus haut zénith,
Trop froidement - ou les étoiles. Quoi qu'il en fût,
Ce rêve était semblable à ce vent de la nuit. Qu'il passe.

J'ai été heureux, quoique dans un rêve.
J'ai été heureux - et ce sujet me plaît.
Rêves ! dans leur coloration éclatante de la vie
Comme dans cette lutte fugitive, ombreuse, brumeuse,
Des apparences avec la réalité, qui apporte
A l'oeil en délire, des choses plus charmantes
Du paradis et de l'Amour - et qui sont bien à nous!
Que le jeune Espoir n'en a connu aux heures les plus ensoleillées.

Edgar Poe

Réponse de bleuette

Ma Petite Étoile
Tu es ma douce étoile qui brille dans la nuit

Tu es le vent qui souffle et chasse mes nuages

Tu es la petite étincelle accrochée au ciel

qui sans cesse me redonne du courage

Quand je m'éveille dans le calme du matin

tu me dis bonjour...
et tu me fais avancer

Tu es mon feu d'artifice qui ne finira jamais

et tu brilles nuit et jour dans le fond de mes yeux

Tu es ma bonne étoile toujours fidèle

qui me porte chance à chaque instant

Ma petite étoile...
je crois en toi...

Comme un lampion de fête
au-dessus de ma tête

tu me vois et tu me suis
Je lève mes yeux tout là-haut vers toi
Tu es là

Ma petite étoile dans le ciel

Auteur inconnu

Réponse de bleuette

Écris quelque chose de joli
Des vers peut-être ou de la prose
Un instant de rêve et de pause
Dans le tumulte de la vie
Écris quelque chose de joli
Quelques mots de bleu et de rose
Un moment de métamorphose
Que tu nommerais l'embellie . . .

L'embellie l'embellie
L'embellie l'embellie

Verse un peu de joie dans nos coeurs
Avec des riens qui vous délivrent
Un peu d'espoir et de douceur
On en a tant besoin pour vivre

Écris quelque chose de joli
L'odeur des lilas et des roses
Chante-nous la beauté des choses
Dans les yeux de l'homme ébloui
Écris quelque chose de joli
L'aube entre nos bras qui repose
La seconde où lèvres mi-closes
Le plaisir vient comme la pluie

L'embellie l'embellie
L'embellie l'embellie

Ces mots à peine murmurés
Dans la tendresse qu'on devine
Baigné de musique angevine
Le temps sur nous s'est refermé

Je l'aurais voulu si joli
Ce poème en bleu et en rose
Cet instant de rêve et de pause
Dans le tumulte de la vie
Je l'aurais voulu si joli
Mon amour en qui tout repose
Et que nul ne puisse ni n'ose
Douter que tu es dans ma vie

L'embellie l'embellie

Jean Ferrat

Réponse de Ermelinde

Ondine

- " Ecoute ! - Ecoute ! - C'est moi, c'est Ondine qui
frôle de ces gouttes d'eau les losanges sonores de ta
fenêtre illuminée par les mornes rayons de la lune ;
et voici, en robe de moire, la dame châtelaine qui
contemple à son balcon la belle nuit étoilée et le beau
lac endormi.

" Chaque flot est un ondin qui nage dans le courant,
chaque courant est un sentier qui serpente vers mon palais,
et mon palais est bâti fluide, au fond du lac, dans le
triangle du feu, de la terre et de l'air.

" Ecoute ! - Ecoute ! - Mon père bat l'eau coassante
d'une branche d'aulne verte, et mes soeurs caressent de
leurs bras d'écume les fraîches îles d'herbes, de nénu-
phars et de glaïeuls, ou se moquent du saule caduc et
barbu qui pêche à la ligne ! "


Sa chanson murmurée, elle me supplia de recevoir son
anneau à mon doigt pour être l'époux d'une Ondine, et
de visiter avec elle son palais pour être le roi des lacs.

Et comme je lui répondais que j'aimais une mortelle,
boudeuse et dépitée, elle pleura quelques larmes, poussa
un éclat de rire, et s'évanouit en giboulées qui ruisse-
lèrent blanches le long de mes vitraux bleus.
Aloysius Bertrand

Réponse de bleuette

proverbe amérindien :
Écoute le vent, il chante...
Écoute le silence, il parle...
Écoute ton coeur, il sait...

Réponse de bleuette

Les mots par Renaud

C'est pas donné aux animaux, pas non plus au premier blaireau
Mais quand ça vous colle à la peau, putain qu'est-ce que ça vous tient chaud
Écrire et faire vivre les mots, sur la feuille et son blanc manteau
Ça vous rend libre comme l'oiseau, ça vous libère de tout les mots,
Ça vous libère de tous les maux

C'est un don du ciel, une grâce, qui rend la vie moins dégueulasse
Qui vous assigne une place, plus près des anges, que des angoisses.

Poèmes, chansons, brûlots, vous ouvrent des mondes plus beaux

Des horizons toujours nouveaux, qui vous éloignent des troupeaux
Et il suffit de quelques mots, pour toucher le coeur des marmots,
Pour apaiser les longs sanglots, quand votre vie part à vau-l'eau
Quand votre vie part à vau-l'eau.

C'est un don du ciel une grâce, qui rend la vie moins dégueulasse
Qui vous assigne une place, plus près des anges, que des angoisses.

Les poèmes d'un Léautaud, ceux d'un Brassens d'un Nougaro
La plume d'un Victor Hugo éclairent ma vie comme un flambeau
Alors gloire à ces héros, qui par la magie d'un stylo
Et parce qu'ils font vivre les mots, emmènent mon esprit vers le haut . . .
Emmènent mon esprit vers le haut . . .

C'est un don du ciel, une grâce, qui rend la vie moins dégueulasse
Qui vous assigne une place, plus près des anges, que des angoisses
Qui vous assigne une place, plus près des anges, que des angoisses . . .

Réponse de Flavynette

Il faut, dans ce bas monde, aimer beaucoup de choses,
Pour savoir, après tout, ce qu'on aime le mieux,
Les bonbons, l'Océan, le jeu, l'azur des cieux,
Les femmes, les chevaux, les lauriers et les roses.

Il faut fouler aux pieds des fleurs à peine écloses ;
Il faut beaucoup pleurer, dire beaucoup d'adieux.
Puis le coeur s'aperçoit qu'il est devenu vieux,
Et l'effet qui s'en va nous découvre les causes.

De ces biens passagers que l'on goûte à demi,
Le meilleur qui nous reste est un ancien ami.
On se brouille, on se fuit. Qu'un hasard nous rassemble,

On s'approche, on sourit, la main touche la main,
Et nous nous souvenons que nous marchions ensemble,
Que l'âme est immortelle, et qu'hier c'est demain.

Alfred de Musset

Réponse de yareg

Sans souffle d'amour
je suis voilier sans vent
sur mes eaux stagnantes

( Auteur inconnu, et ce n'est pas le cas pour moi, merci les zamies pour vos poésies ! )

Réponse de bleuette

Pardon par Alain Souchon

Oh libellules si délicates
Oh les mésanges petites pattes
Gentil coquelicot pardon chardon
Et le noble ver de terre pardon
Le jour se rêve dans l'aubépine
Les enfants

Chevreuils lancés au-dessus des fleurs
Chaudes perdrix au tout petit coeur
Écureuils renards pardon vipère...
Pardon la pluie ...pardon la terre
Le jour se rêve dans la nature
Les enfants le vent les aime
Le vent les aime ...
Pardon


On embête les bêtes avec des poudres
Avec le DTT et le sulfate de soude
Pardon
En regardant le temps passer dans la rivière
On voit des métaux lourds et du sulfate de fer
Pardon Pardon
On gêne l'oxygène matière première
On a troué l'éther et on perd de l'air
Pardon Pardon
Pour la côte d'Azur excusez-nous
Pour la côte d'Azur
Pardon Pardon

Précieux muguet beau citron jaune
Pardon la flore pardon la faune
Le jour se rêve sur les légumes
Les enfants sur le bitume

Terre jolie terre notre mère volante
Avec nous dans le ciel et les étoiles filantes
Pardon Pardon
Collines fatiguées plaines plates
Pleurez votre peine de nitrates ...
Pardon Pardon
Pour cette flotte de plastique bleue
Qui prend la mer pour des millénaires
Pardon
Terre jolie terre notre mère volante
Avec nous dans le ciel et les étoiles filantes
Pardon Pardon

Terre jolie terre notre mère volante
Avec nous dans le ciel et les étoiles filantes
Pardon

Réponse de bleuette

Tendresse Jacques brel

Pour un peu de tendresse
Je donnerais les diamants
Que le diable caresse
Dans mes coffres d'argent
Pourquoi crois-tu, la belle
Que les marins au port
Vident leurs escarcelles
Pour offrir des trésors
À de fausses princesses ?
Pour un peu de tendresse

Pour un peu de tendresse
Je changerais de visage
Je changerais d'ivresse
Je changerais de langage
Pourquoi crois-tu, la belle
Qu'au sommet de leurs chants
Empereurs et ménestrels
Abandonnent souvent
Puissances et richesses ?
Pour un peu de tendresse

Pour un peu de tendresse
je t'offrirai le temps
qu'il reste de jeunesse
à l'été finissant . . .
...Pourquoi crois-tu, la belle
que monte ma chanson
vers la claire dentelle
qui danse sur ton front
penché vers ma détresse ? . . .
. . . Pour un peu de tendresse . . .

Réponse de bleuette

La beauté plaît aux yeux,
la douceur charme l'âme.

Voltaire

Réponse de bleuette

L'abeille et le papillon
Henri Salvador

Une abeille un jour de printemps
Voletait, voletait gaiement
Sur la rose bruyère en fleur
Dont si douce est l'odeur
Au pied de la bruyère en fleur . . .
Une pauvre chenille en pleurs
regardait voler dans le ciel
la petite et son miel
et la pauvre chenille en sanglots
lui disait "Je vous aime" . . .
Mais l'abeille là-haut, tout là-haut
N'entendait pas un mot
Cependant que les jours passaient
La chenille toujours pleurait
Et l'abeille volait gaiement
Dans le ciel du printemps
Après avoir pleuré jusqu'à la nuit
Notre chenille s'endormit
Mais le soleil de ses rayons
Vint éveiller un papillon

Et sur une bruyère en fleur
Notre abeille a donné son coeur
Tandis que chantaient les grillons,
Au petit papillon
Par les bois, les champs et les jardins
Se frôlant de leurs ailes
Ils butinent la rose et le thym
Dans l'air frais du matin
Ma petite histoire est finie
Elle montre que dans la vie
Quand on est guidé par l'amour,
On triomphe toujours . . .

Réponse de yareg

Gaston COUTÉ
1880 - 1911
Le pauvre gars
Il était une fois un gars si laid, si laid
Et si bête ! qu'aucune fille ne voulait
Lui faire seulement l'aumône d'un sourire ;
Or, d'avoir trop longtemps souffert l'affreux martyre
De ne pas être aimé lorsque chante l'amour,
Le pauvre gars s'en vint à mourir un beau jour...
On l'emmena dormir au fond du cimetière,
Mais, son âme, un Avril, s'échappa de la terre
Et devint une fleur sur sa tombe, une fleur
Qu'une fille cueillit et mit près de son coeur.

https://www.youtube.com/watch?v=uJJuHwvOjR0

Réponse de bleuette

II est doux, à travers les brumes, de voir naître
L'étoile dans l'azur, la lampe à la fenêtre
Les fleuves de charbon monter au firmament
Et la lune verser son pâle enchantement .
. . . Je verrai les printemps, les étés, les automnes;
Et quand viendra l'hiver aux neiges monotones,
Je fermerai partout portières et volets
Pour bâtir dans la nuit mes féeriques palais . . .
. . . Alors je rêverai des horizons bleuâtres,
Des jardins, des jets d'eau pleurant dans les albâtres,
Des baisers, des oiseaux chantant soir et matin,
Et tout ce que l'Idylle a de plus enfantin . . .
L'Emeute, tempêtant vainement à ma vitre,
Ne fera pas lever mon front de mon pupitre;
Car je serai plongé dans cette volupté
D'évoquer le Printemps avec ma volonté,
De tirer un soleil de mon coeur, et de faire
De mes pensers brûlants une tiède atmosphère...

Charles Baudelaire

Réponse de LLou

bonjour,
J'ai déjà partagé ce lien dans la "Pause musicale" mais ce texte est si...
https://youtu.be/zMm-2UHsJBU

«Libres ensemble » - XVI Sommet de la Francophonie
Écrit par : Gioia KAYAGA (Joy Slam), Landy Cathia RAZANADRANTO (Caylah Poète en Herbe) et Yaovi HOYI (Yao Musique)


Gioia
Mesdames et Messieurs, méfiez-vous des vagabonds ;
Artistes, réfugiés et autres adeptes des révolutions
Ils volent votre terre natale, votre langue, votre horizon
Ils se moquent du capital et des lois de vos nations,
Ils sautent par-dessus les méridiens, se rapprochent de vos maisons ;
Déjà vos mers ne charrient plus que des vagues d'immigration,
Et vos chemins se remplissent de poètes en panne d'inspiration

Caylah
On dit souvent que mon art dérange
Quand je dis ce que je pense
Et quand je pense ce que je dis
Nuance. C'est étrange comme les temps changent
On dit souvent que mon art porte préjudice
On me plaide coupable d'utiliser mes mots à ma guise
Vice. Moi qui n'ai que les mots en guise d'arme Je les aiguise
Car c'est la justice que je vise
On dit souvent que mon art porte atteinte à l'autorité des institutions
Libre, j'abuse de ma liberté d'expression
À connotation, le slam est devenu synonyme de rébellion
On dit souvent que mon art ne sert à rien
On dit souvent que slammer ne sert à rien
C'est cela ce qu'ils disent
Ces « monsieur et madame je-sais-tout »
Qui savent tout sauf rien
Aller leur dire qu'on est tout, sauf rien

Yao
Parce que s'il y a une chose que je sais, c'est que je ne sais rien Disait Socrate. Et Descartes
Que la parole a beaucoup plus de force pour persuader que l'écriture
Sachant toutefois que les écrits sur les paroles souvent perdurent
Alors pourquoi j'écris ?
Serait-ce par soif de liberté ?
Par mélancolie d'un lieu, où je n'ai jamais mis les pieds Face à ma feuille, un peu de paix et de sérénité Alors je crée.
Toujours en quête de raisons,
Souvent de se le dire et de partir sans raisons...
Oui j'ai soif de liberté, mélancolique
D'un lieu où je n'ai jamais mis les pieds
Que l'humain n'a pas souillé
Ou la liberté des uns
S'arrête encore là où commence celle des autres.

Caylah
Car chez moi les femmes n'ont pas le droit à l'éducation
Une femme sert à avoir des enfants
Avant d'être autre chose
Une femme est avant tout une mère, une épouse
Celle qui se lève tôt le matin pour aller chercher de l'eau au puits,
Celle qui fait bouillir la marmite pour nourrir sa famille,
Celle qui supporte et qui apaise les cris
Celle à qui on a appris à dire oui,
Car quand l'homme commande la femme obéit
L'homme, lui, n'a jamais tord mais parfois il oublie, Il oublie de les avouer.
« Fomba nentim-paharazana izay tsy hita izay naha ratsy azy » comme on le dit chez nous
Des us et des coutumes qui se sont perpétués de génération en génération
De nos grands-parents à nos parents et de nos parents à nous enfants Mais%u2026 il est temps
Il est temps que les femmes aussi aient droit à l'éducation
Qu'on sache lire et écrire
Compter et conter
Parler et s'exprimer
Découvrir et voyager
Chez nous les hommes sont synonymes de richesses
Les femmes de faiblesses
Les hommes sont synonymes d'intelligence
Les femmes de patience
Mais il est temps...
Il est temps qu'on arrête de vendre nos soeurs
Il est temps que l'on ouvre nos coeurs
Il est temps que l'on cesse d'avoir peur Car il n'est plus temps il est l'heure

Gioia
Viens, approche-toi de l'équateur,
Viens visiter mes tropiques aux mille couleurs.
Aux rivières de diamants et de douleurs.
Bidonville, c'est ailleurs. C'est ici.
Bidonville : les étudiants au fond des mines
Et au cimetière les mineurs,
Puisque la valeur de la pierre augmente, A chaque fois qu'une vie se meurt.
Enfants putains alignés sur les trottoirs
Enfants voleurs, enfants caïds entassés dans les dortoirs
Pendant ce temps chez les pêcheurs,
On ne tire que des filets vides,
On craint toujours le paludisme
Et on regarde sa petite soeur accoucher d'une 5eme fille
Alors... reste les siens à nourrir :
Poissons, envolés. Fruits confisqués.
Moissons exportées. Chiffres tronqués. Alors.. je pars. Pour elle, pour lui,
Puisque l'espoir n'a pas de prix, je prie.

Yao
Non, je ne prierai pas...
Paris, Bruxelles, Bamako, Abidjan,
Liban, Cameroun, Tunisie, Tchad, Niger, Canada, Égypte Je pense à toi de tout coeur.
Je pleure, je te pleure, je nous pleure...
Mais Non, je ne prierai pas
Je ne le ferai pas au sens propre du terme.
Je ne m'adresserai pas à quelconque divinité!
Je ne la supplierai pas de veiller sur toi, sur nous, sur eux.
Non! Je refuse de m'y adonner.
Car de nos jours, il est clair que l'homme aura encore une fois su transformer "sa foi et ses croyances" en Arme de Destruction Massive.
Hélas, nous n'avons rien appris de l'histoire, semble-t-il...
Dans cette promotion à outrance de la haine, cette course à l'homogénéité
cette culture populaire de la xénophobie, ce culte de l'individualisme,
tous s'empressent de revendiquer leurs DROITS & CROYANCES comme étant "supérieurs" à ceux de notre prochain!
Mais qu'en est-il de nos devoirs!? HUMAINS AVANT TOUT!
En quoi, ton DROIT équivaut à DEVOIR tuer l'autre?

Gioia
OUI ! Je suis celui qui tue pour une croyance ou une couleur de peau,
Le manifestant qui pleure sous les gazs lacrymos, l'innocent qui sanglote seul au fond de son cachot
Et cet homme qui viole avec la pointe de son couteau ;
Je suis pédophile et bourreau,
Ce toxico qui vit que pour sa prochaine dose
Je suis ce terroriste qui explose dans le métro,
Ce politicien qui ne répand plus que la haine de l'autre ;
La balle perdue, l'erreur dans l'équation la faute,
L'artiste qui réinvente le monde à sa sauce ;
Je suis le président corrompu, le flic qui torture,
Le militant qu'on tue et le militaire qui exécute ;
Je suis l'hôpital qui s'écroule sous les bombes et cet homme qui marche seul sur les décombres
J'ai dénoncé mes amis, trahi mes compagnons,
Fait exciser ma fille au nom de la tradition,
Reporté mes vices et mes blessures sur la prochaine génération
J'ai tendu la main à ceux restés dans l'ombre
Je suis ce qu'il y a de meilleur et de pire : bourreau et victime
Mon âme se rappelle : je ne suis que ce choix que m'a offert le ciel Je suis cet autre que je déteste et cet autre que j'aime
Mon âme a ces souvenirs qui lui donnent... des racines et des ailes

Caylah
Le ciel, la terre. L'ombre, la lumière.
La paix, la guerre.
Une altercation de circonstances, on fait le Ying et le Yang.
Ce qui fait que l'un sans l'autre, on ne peut exister.
Que d'un accord en désaccord, une alliance se crée.
Rallier en un traité, signé en deux mots : fraternité, unité.

Yao
Nos humanités superposées,
Une fraternité fragilisée,
Deux doigts de la même main,
Une diversité liée par un même destin,
La différence est le point de division,
Mais cette différence est aussi notre communion.
L'enfant naît dans ce monde avec aucune crainte,
Rappelez-vous-en
Aucun jugement et aucune peur,
Ce n'est que la curiosité de la découverte dans les yeux,
Ce n'est que des boules d'amour dans le coeur,
Une haine étrange,
Une noirceur absurde,
Mais de ma noirceur je te couvre
Et de mon sourire que je t'effraie
Prends-moi encore une fois,
Prends mon souffle, prends ma vie,
Prends-moi dans tes bras, peut-être juste une fois Peut-être juste une seule fois Mais prends-moi.
Partons. Au loin. Loin d'ici. Loin de tout.
Loin de nos couleurs et de nos douleurs.
Près de nos ferveurs et encore plus de nos coeurs

Caylah
Andao ianao raha ho any aminay
Là où les couleurs n'existent pas
Que tu sois noir ou bien blanc
Que t'es la peau mate ou bien marron
Ingo tujaane iwaanje
Là où la différence n'existe pas
Que tu soies riche ou bien pauvre
Que tu soies esclave ou bien noble
Ven, te llevo a mi casa
Là où les barrières n'existent pas
Là où on parle une seule et même langue
Là où l'amour est un pont entre nous et les deux mondes
Allez viens je t'emmène chez moi
Là où la haine n'existe pas
Là où il n'existe qu'un seul drapeau blanc
Là où on forme une seule et même nation

Réponse de yareg

Bravo Llouise, je remets le lien du slam, peut-être plus facilement audible que le texte un peu long :

https://www.youtube.com/watch?v=zMm-2UHsJBU&feature=youtu.be

Réponse de bleuette

M'a dit la pluie : Écoute
Ce que chante ma goutte,
Ma goutte au chant perlé...
Et la goutte qui chante
M'a dis ce chant perlé :
Je ne suis pas méchante,
Je fais mûrir le blé...

Ne sois pas triste mine
J'en veux à la famine.
Si tu tiens à ta chair,
Bénis l'eau qui t'ennuie
Et qui glace ta chair ;
Car c'est grâce à la pluie
Que le pain n'est pas cher.

Le ciel toujours superbe
Serait la soif à l'herbe
Et la mort aux épis.
Quand la moisson est rare
Et le blé sans épis,
La paysan avare
Te dit : Crève, eh ! tant pis !

Mais quand avril se brouille,
Que son ciel est de rouille,
Et qu'il pleut comme il faut,
Le paysan bonasse
Dit à sa femme : il faut,
Lui remplir sa besace,
Lui remplir jusqu'en haut.

M'a dit la pluie : Écoute
Ce que chante ma goutte,
Ma goutte au chant perlé.
Et la goutte qui chante
M'a dit ce chant perlé
Je ne suis pas méchante,
Je fais mûrir le blé.

Ce que dit la pluie
Jean Richepin

Réponse de Flavynette

À Aurore

La nature est tout ce qu'on voit,
Tout ce qu'on veut, tout ce qu'on aime.
Tout ce qu'on sait, tout ce qu'on croit,
Tout ce que l'on sent en soi-même.

Elle est belle pour qui la voit,
Elle est bonne à celui qui l'aime,
Elle est juste quand on y croit
Et qu'on la respecte en soi-même.

Regarde le ciel, il te voit,
Embrasse la terre, elle t'aime.
La vérité c'est ce qu'on croit
En la nature c'est toi-même.

George Sand (1804-1876)

Réponse de yareg

Pardon, j'en reviens toujours à mon Gaston Couté,

Les Mangeux De Terre

Je repasse tous les ans quasiment
Dans les mêmes parages
Et tous les ans, j'trouve du changement
De d'ssus mon passage
A tous les coups, c'est pas l'même chien
Qui gueule à mes chausses
Et pis voyons, si je m'souviens,
Voyons dans c'coin d'Beauce

Y avait dans l'temps un bieau grand chemin
Cheminot, cheminot, chemine !
A c't'heure n'est pas pus grand qu'ma main
Par où donc que j'cheminerai d'main ?

En Beauce, vous les connaissez pas ?
Pour que ren n'se parde,
Mangerint on n'sait quoué ces gas-là,
Y mangerint d'la marde !
Le chemin, c'était, à leu' jugé
D'la bonne terre pardue
A chaque labour y l'ont mangé
D'un sillon d'charrue

Z'ont groussi leu's arpents goulus
D'un peu d'glébe toute neuve
Mais l'pauvre chemin en est d'venu
Mince comme eune couleuve
Et moué qu'avais qu'li sous les cieux
Pour poser guibolle !
L'chemin à tout l'monde, nom de Guieu !
C'est mon bien qu'on m'vole !

Z'ont semé du blé su l'terrain
Qu'y r'tirent à ma route
Mais si j'leu's en d'mande un bout d'pain,
Y m'envoyent faire foute !
Et c'est p't-êt' ben pour ça que j'voués,
A m'sure que c'blé monte,
Les épis baisser l'nez d'vant moué
Comme s'i's avaient honte !
Ô mon bieau p'tit chemin gris et blanc
Su' l'dos d'qui que j'passe !
J'veux pus qu'on t'serre comme ça les flancs,
Car moué, j'veux d' l'espace !
Ousqu'est mes allumettes? A sont
Dans l'fond d'ma pannetière
Et j'f'rai ben r'culer vos mouessons
Ah ! les mangeux d'terre !

Y avait dans l'temps un bieau grand chemin,
Cheminot, cheminot, chemine !
A c't'heure n'est pas pus grand qu'ma main
J'pourrais bien l'élargir, demain !

http://www.musictory.fr/musique/Gaston+Cout%C3%A9/Les+Mangeux+De+Terre

Réponse de bleuette

On devrait barbouiller d'enfance sa vie entière,
la garder dans cette belle lumière
l'éclabousser encore des années après
avec cette lampe magique ...

... Conserver l'éclat des émotions
des émerveillements aux genoux écorchés vifs
le goût du caillou porté à sa bouche
le goût des étoiles portées à ses rêves ...

... Nous avons tant à perdre
en perdant l'enfance
Et tant l'ont déjà perdue ...

Jacques Dor

Réponse de boscavert

Réponse de Flavynette

Les enfants qui s'aiment

Les enfants qui s'aiment s'embrassent debout
Contre les portes de la nuit
Et les passants qui passent les désignent du doigt
Mais les enfants qui s'aiment
Ne sont là pour personne
Et c'est seulement leur ombre
Qui tremble dans la nuit
Excitant la rage des passants
Leur rage, leur mépris, leurs rires et leur envie
Les enfants qui s'aiment ne sont là pour personne
Ils sont ailleurs bien plus loin que la nuit
Bien plus haut que le jour
Dans l'éblouissante clarté de leur premier amour.

Jacques Prévert (1900-1977)

Réponse de bleuette

Paysage
Charles Baudelaire

Je veux, pour composer chastement mes églogues,
Coucher auprès du ciel, comme les astrologues,
Et, voisin des clochers écouter en rêvant
Leurs hymnes solennels emportés par le vent...
Les deux mains au menton, du haut de ma mansarde,
je verrai l'atelier qui chante et qui bavarde;
les tuyaux, les clochers, ces mâts de la cité,
et les grands ciels qui font rêver d'éternité...

II est doux, à travers les brumes, de voir naître
L'étoile dans l'azur, la lampe à la fenêtre
Les fleuves de charbon monter au firmament
Et la lune verser son pâle enchantement...
Je verrai les printemps, les étés, les automnes;
Et quand viendra l'hiver aux neiges monotones,
Je fermerai partout portières et volets
Pour bâtir dans la nuit mes féeriques palais.

Alors je rêverai des horizons bleuâtres,
Des jardins, des jets d'eau pleurant dans les albâtres,
Des baisers, des oiseaux chantant soir et matin,
Et tout ce que l'Idylle a de plus enfantin.
L'Emeute, tempêtant vainement à ma vitre,
Ne fera pas lever mon front de mon pupitre;
Car je serai plongé dans cette volupté
D'évoquer le Printemps avec ma volonté,
De tirer un soleil de mon coeur, et de faire
De mes pensées brûlants une tiède atmosphère.

Réponse de LLou

Baudelaire - Le serpent qui danse
Serge Gainsbourg - https://youtu.be/Wdp1kI5sA6Y

Que j'aime voir, chère indolente,
De ton corps si beau,
Comme une étoffe vacillante,
Miroiter la peau !

Sur ta chevelure profonde
Aux âcres parfums,
Mer odorante et vagabonde
Aux flots bleus et bruns,

Comme un navire qui s'éveille
Au vent du matin,
Mon âme rêveuse appareille
Pour un ciel lointain.

Tes yeux, où rien ne se révèle
De doux ni d'amer,
Sont deux bijoux froids où se mêle
L'or avec le fer.

A te voir marcher en cadence,
Belle d'abandon,
On dirait un serpent qui danse
Au bout d'un bâton.

Sous le fardeau de ta paresse
Ta tête d'enfant
Se balance avec la mollesse
D'un jeune éléphant,

Et ton corps se penche et s'allonge
Comme un fin vaisseau
Qui roule bord sur bord et plonge
Ses vergues dans l'eau.

Comme un flot grossi par la fonte
Des glaciers grondants,
Quand l'eau de ta bouche remonte
Au bord de tes dents,

Je crois boire un vin de Bohême,
Amer et vainqueur,
Un ciel liquide qui parsème
D'étoiles mon coeur !

Réponse de bleuette

La vie est une fleur que je respire à peine,
Car tout parfum terrestre est douloureux au fond.
J'ignore l'heure vaine, et les hommes qui vont,
Et dans l'île d'Email ma fantaisie est reine.

Mes bonheurs délicats sont faits de porcelaine,
Je n'y touche jamais qu'avec un soin profond;
Et l'azur fin, qu'exhale en fumant mon thé blond,
En sa fuite odorante emporte au loin ma peine.

...J'habite un kiosque rose au fond du merveilleux.
J'y passe tout le jour à voir de ma fenêtre
Les fleuves d'or parmi les paysages bleus . . .

Et, poète royal en robe vermillon,
Autour de l'éventail fleuri qui l'a fait naître,
Je regarde voler mon rêve, papillon . . .

Réponse de bleuette

Quand mes pensées s'arrêtent
Et figent les instants

Quand en moi se répètent
D'autres lieux d'autres temps

Quand d'un mot d'une phrase
S'estompe le décor

Et quand un ange passe
D'ennui ou de remords ...

Je cours après mon ombre
Et nul ne sait ...


Quand la folle nature
Me fait de grands cadeaux

Quand d'une fleur d'un murmure
Me vient comme un écho

Quand soudain souvenances
Vont s'accrochant aux heures

Et quand réminiscences
M'emplissent de langueur

Je cours après mon ombre
Et nul ne sait ...


Quand mes pensées s'arrêtent
Et figent mes pensées

Quand en moi se projettent
Appréhensions rentrées

Quand le temps et ses traces
Me gavent de frayeurs

Et quand je les ressasse
Ricanant de mes peurs ...
Je cours après mon ombre
Et nul ne sait ...


Quand les jours en dérive
Se taisent infiniment

Quand l'image s'esquive
Et se couvre d'un blanc

Quand les anges s'éloignent
Et n'en ai chaud ni froid

Et quand regrets me gagnent
D'en être sans émoi ...

Je cours après mon ombre
Et nul ne sait ...

Esther Granek

Réponse de bleuette

Il faut aimer... Tout soupire,
l'onde, la fleur, l'alcyon ...
la grâce n'est qu'un sourire,
la beauté n'est qu'un rayon ...
Victor Hugo

Réponse de Flavynette

À Aurore

La nature est tout ce qu'on voit,
Tout ce qu'on veut, tout ce qu'on aime.
Tout ce qu'on sait, tout ce qu'on croit,
Tout ce que l'on sent en soi-même.

Elle est belle pour qui la voit,
Elle est bonne à celui qui l'aime,
Elle est juste quand on y croit
Et qu'on la respecte en soi-même.

Regarde le ciel, il te voit,
Embrasse la terre, elle t'aime.
La vérité c'est ce qu'on croit
En la nature c'est toi-même.

George Sand

Réponse de bleuette

Les amis sont des anges silencieux, qui nous remettent sur nos pieds quand nos ailes ne savent plus comment voler...
Victor Hugo

Réponse de bleuette

Le bonheur, c'est tout petit
Si petit que, parfois, on ne le voit pas.
Alors on le cherche, on le cherche partout...

...Il est là dans l'arbre qui chante dans le vent.
Dans le regard et le rire de l'enfant.
Dans l amour que l'on reçoit et l'on donne ...

Le pain que l'on rompt et que l'on partage.
La main que l'on tend...

Le bonheur, c'est tout petit.
Si petit que, parfois, on le ne voit pas.
Il ne se cache pas, c'est là son secret.
Il est là, tout près de nous, et parfois en nous.

... Le bonheur, c'est tout petit.
Petit comme nos yeux pleins de lumière.
Et comme nos coeurs pleins d'amour.
Et souvent on ne le voit pas...

Mère Teresa - Le bonheur

Réponse de bleuette

Avec ses caprices, la Lune
Est comme une frivole amante ;
Elle sourit et se lamente,
Et vous fuit et vous importune.

La nuit, suivez-la sur la dune,
Elle vous raille et vous tourmente ;
Avec ses caprices, la Lune
Est comme une frivole amante.

Et souvent elle se met une
Nuée en manière de mante ;
Elle est absurde, elle est charmante ;
Il faut adorer sans rancune,
Avec ses caprices, la Lune.

Théodore de Banville

Réponse de Camphinois

A la force des vents
Se relever des tourments
Se battre pour que demain trace
Dans la vie qui trépasse.

Au sable de lumière
S'envole la poussière
Dans le tourbillon de vie
Tourne, tourne l'envie.

Au coeur du sablier
Passe le temps envolé
Et les rêves illusions
Porte les fruits de la passion.

Un instant s'arrêter
Prendre le temps de respirer
Et courir éperdument
Vers le soleil levant.

Réponse de Camphinois

Faire le vide en soi -
Puis laisser le bien-être
Envahir notre esprit.

Plus d'envie d'ailleurs,
Plus de passé ou futur,
- Ici et maintenant !

Profiter de l'instant
Pendant des heures
Le temps du bonheur

Réponse de Camphinois

J'ai perdu ma force et ma vie,
Et mes amis et ma gaieté ;
J'ai perdu jusqu'à la fierté
Qui faisait croire à mon génie.

Quand j'ai connu la Vérité,
J'ai cru que c'était une amie ;
Quand je l'ai comprise et sentie,
J'en étais déjà dégoûté.

Et pourtant elle est éternelle,
Et ceux qui se sont passés d'elle
Ici-bas ont tout ignoré.

Dieu parle, il faut qu'on lui réponde.
Le seul bien qui me reste au monde
Est d'avoir quelquefois pleuré.

Alfred de Musset.

Réponse de bleuette

Qui chante
Dans la douceur du soir
Ces chants vibrant d'espoir ?
C'est un passant
Troublante
Sa voix monte en la nuit
Et tous les coeurs sont pris
Par ses accents

Jeunes gens, écoutez ce refrain le plus doux ...
Écoutez sa chanson car il chante pour vous ...

Laisse parler ton coeur
Car l'amour dans un frisson
Vient chanter sous ton balcon
Lui seul n'est pas menteur
Et tant pis pour la raison
Quand il chante sa chanson
Les roses de velours
Ne durent qu'un jour
Ma belle

Puisque le temps est court
Laisse parler l'amour
Ton coeur bat plus vite
Le désir l'agite
Laisse sa voix tendre
Si tendre
Te prendre
Et si tu cherches le bonheur
Laisse parler ton coeur
Lui seul n'est pas menteur

Les roses de velours
Ne durent qu'un jour
Ma belle
Puisque le temps est court
Laisse parler l'amour
Ton coeur bat plus vite
Le désir l'agite
Laisse sa voix tendre
Si tendre
Te prendre
Et si tu cherches le bonheur
Laisse parler ton coeur
Lui seul n'est pas menteur

Luis Mariano

Réponse de bleuette

Le bonheur est mélancolique.
le cri des plus joyeux oiseaux
paraît lointain comme de l'eau
où se noierait une musique...

À l'oeil qui s'en repaît longtemps
la couleur des fleurs est moins fraîche ;
l'herbe a parfois l'air d'être sèche
sur le sein même du printemps...

L'allégresse comme un mensonge
hausse sa note d'un degré
et l'angoisse au coeur se prolonge
sous un jour trop longtemps doré...


Cécile Sauvage

Réponse de yareg

Pardon les zami e s, longtemps que je ne suis venu, mais je suis souvent débordu !

Le Crapaud
Robert DESNOS
Recueil : "Chantefables"

Sur les bords de la Marne
Un crapaud il y a
Qui pleure à chaudes larmes
Sous un acacia.

- Dis-moi pourquoi tu pleures
Mon joli crapaud ?
- C'est que j'ai le malheur
De n'être pas beau.

Sur les bords de la Seine
Un crapaud il y a
Qui chante à perdre haleine
Dans son charabia.

- Dis-moi pourquoi tu chantes
Mon vilain crapaud ?
- Je chante à voix plaisante,
Car je suis très beau,
Des bords de la Marne aux bords de la Seine
Avec les sirènes.

Réponse de bleuette

Il faut aller au lit
Mais je n'ai pas sommeil
Dans le noir je m'ennuie.
Tous les soirs c'est pareil.

Si j'avais des ciseaux
Pour découper le ciel
J'en prendrais un morceau
Pour faire une marelle

Si j'avais de la craie
Sur le noir de l'espace
Je me dessinerais
Un jeu avec des cases
.
Chaque soir c'est pareil
Je me rêve dehors.
Mais j'ai un peu sommeil
Malgré moi je m'endors

J'irai à cloche pied
Jouer sur la grande Ourse
Et dans la Voie Lactée
Me baigner à la source...

Je rêve que je dors
Et je me réveille
Il fait grand jour dehors
Bonjour, Monsieur Soleil

--Claude Roy--

Réponse de bleuette

Les fleurs du printemps sont les rêves de l'hiver racontés,
le matin, à la table des anges...


L'âme est une fleur délicate exposée au vent de la destinée.
Les brises du matin la secouent et les gouttes de rosée lui ploie le cou...
Comme la fleur prend de la terre son parfum et sa vie,
l'âme tire de la matière et de ses torts
une force et une sagesse...

Khalil Gibran

Réponse de bleuette

Mes vers fuiraient, doux et frêles,
Vers votre jardin si beau,
Si mes vers avaient des ailes,
Des ailes comme l'oiseau...

Il voleraient, étincelles,
Vers votre foyer qui rit,
Si mes vers avaient des ailes,
Des ailes comme l'esprit...

Près de vous, purs et fidèles,
Ils accourraient nuit et jour,
Si mes vers avaient des ailes,
Des ailes comme l'amour...

Victor Hugo

Réponse de bleuette

Nuit de lune
De tes clartés tu remplis
Vallon, bois et plaine,
Et mon âme, au sein des nuits,
Redevient sereine...
Astre pur, dans mon tourment,
Ta flamme adoucie,
Me semble un regard aimant
Penché sur ma vie...
Goethe

Réponse de Flavynette

LE VENT NOCTURNE

Oh ! les cimes des pins grincent en se heurtant
Et l'on entend aussi se lamenter l'autan
Et du fleuve prochain à grand'voix triomphales
Les elfes rire au vent ou corner aux rafales
Attys Attys Attys charmant et débraillé
C'est ton nom qu'en la nuit les elfes ont raillé
Parce qu'un de tes pins s'abat au vent gothique
La forêt fuit au loin comme une armée antique
Dont les lances ô pins s'agitent au tournant
Les villages éteints méditent maintenant
Comme les vierges les vieillards et les poètes
Et ne s'éveilleront au pas de nul venant
Ni quand sur leurs pigeons fondront les gypaètes.

Guillaume Apollinaire (1880-1918), Alcools

Réponse de bleuette

Un oiseau siffle dans les branches
Et sautille gai, plein d'espoir,
Sur les herbes, de givre blanches,
En bottes jaunes, en frac noir...

C'est un merle, chanteur crédule,
Ignorant du calendrier,
Qui rêve soleil, et module
L'hymne d'avril en février...

Pourtant il vente, il pleut à verse ;
L'Arve jaunit le Rhône bleu,
Et le salon, tendu de perse,
Tient tous ses hôtes près du feu.

Les monts sur l'épaule ont l'hermine,
Comme des magistrats siégeant.
Leur blanc tribunal examine
Un cas d'hiver se prolongeant.

Lustrant son aile qu'il essuie,
L'oiseau persiste en sa chanson,
Malgré neige, brouillard et pluie,
Il croit à la jeune saison...

Il gronde l'aube paresseuse
De rester au lit si longtemps
Et, gourmandant la fleur frileuse,
Met en demeure le printemps.

Il voit le jour derrière l'ombre,
Tel un croyant, dans le saint lieu,
L'autel désert, sous la nef sombre,
Avec sa foi voit toujours Dieu.

A la nature il se confie,
Car son instinct pressent la loi.
Qui rit de ta philosophie,
Beau merle, est moins sage que toi !

Théophile Gautier

Réponse de bleuette

La vie est une fleur, l'amour en est le miel...
C'est la colombe unie à l'aigle dans le ciel,
C'est la grâce tremblante à la force appuyée,
C'est ta main dans ma main doucement oubliée...

Victor Hugo

Réponse de bleuette

Tout le monde est une drôle de personne,
Et tout le monde a l'âme emmêlée,
Tout le monde a de l'enfance qui ronronne,
Au fond d'une poche oubliée,

Tout le monde a des restes de rêves,
Et des coins de vie dévastés,
Tout le monde a cherché quelque chose un jour,
Mais tout le monde ne l'a pas trouvé,
Mais tout le monde ne l'a pas trouvé.

Il faudrait que tout l'monde réclame
auprès des autorités,
Une loi contre toute notre solitude,
Que personne ne soit oublié,
Et que personne ne soit oublié

Tout le monde a une sale vie qui passe,
Mais tout le monde ne s'en souvient pas,
J'en vois qui la plient et même qui la cassent,
Et j'en vois qui ne la voient même pas,
Et j'en vois qui ne la voient même pas.

Il faudrait que tout le monde réclame
auprès des autorités,
Une loi contre toute notre indifférence,
Que personne ne soit oublié,
Et que personne ne soit oublié.

Tout le monde est une drôle de personne,
Et tout le monde a une âme emmêlée,
Tout le monde a de l'enfance qui résonne,
Au fond d'une heure oubliée,
Au fond d'une heure oubliée.


Carla Bruni

Réponse de bleuette

Les paysages -
par Anna de Noailles

Les paysages froids sont des chants de Noëls,
Et les jardins de mai de languides romances
Qui chantent doucement les péchés véniels
Et mènent les amants à de douces clémences...
Les paysages froids sont des chants de Noëls.

Les bouquets de palmiers et les fleurs de grenades,
Évaporant dans l'air leurs odorants flacons,
Donnent, au soir venant, d'ardentes sérénades
Qui retiennent longtemps les filles aux balcons...
Les bouquets de palmiers et les fleurs de grenades !

Le charme désolé du paysage roux
Soupire un air connu des vieilles épinettes ;
La grive se déchire aux dards tranchants des houx
Et le corail pâlit aux épines-vinettes...
Le charme désolé du paysage roux !

Le feuillage éperdu des sites romantiques,
Où la lune dans l'eau se coule mollement,
Élance vers le ciel en de vibrants cantiques
Le mensonge éternel de l'amoureux serment...
Le feuillage éperdu des sites romantiques !

Et le rire éclatant des paysages blonds
Court sur l'eau des ruisseaux, dans le maïs des plaines
Et fait tourbillonner les grappes de houblons
Et les abeilles d'or autour des ruches pleines...
Le rire ensoleillé des paysages blonds !

Réponse de bleuette

Le papillon
Alphonse de Lamartine

Naître avec le printemps, mourir avec les roses,
Sur l'aile du zéphyr nager dans un ciel pur,
Balancé sur le sein des fleurs à peine écloses,
S'enivrer de parfums, de lumière et d'azur,
Secouant, jeune encor, la poudre de ses ailes...

S'envoler comme un souffle aux voûtes éternelles,
Voilà du papillon le destin enchanté!
Il ressemble au désir, qui jamais ne se pose,
Et sans se satisfaire, effleurant toute chose,
Retourne enfin au ciel chercher la volupté!

Réponse de bleuette

Poème trouvé sur le net:

Les fleurs :

Elles naissent dans un mystère
Et jaillissent de la terre,
Avec toutes les couleurs,
Elles apportent le bonheur...
Les fleurs

Dans la rosée elles s'ouvrent
Et le soir elles se couvrent,
Sans faire le moindre bruit
Pour s'endormir la nuit...

Elles cherchent le soleil
Qui passe dans le ciel,
Elles se gorgent de chaleur
Et adorent la douceur...

Elles invitent les abeilles
A boire dans leur stigmate,
Pour emplir des corbeilles
De pollens dans leurs pattes ...

Travaillant de longues heures
Elles emportent en leurs mains
Des grandes prairies de fleurs
Qui renaîtront demain...

Les fleurs ont un langage
Qui parle aux gens sages,
Pour leur dire en silence
Tout l'amour que l'on pense ...

Nobles fleurs d'élevages
Qui font de longs voyages,
Petites fleurs des champs
Que ramassent les enfants.

Elles viennent en visite
Pour montrer qu'on existe,
Elles consolent ceux qui pleurent
Et fleurissent ceux qui meurent ...
Les fleurs

Si la vie est trop dure
Va donc dans la nature.
0uvre bien grand ton coeur
Pour y mettre des fleurs ...

Respire tous leurs parfums
Sans y mettre les mains,
Pour que même fanées,
Elles reviennent chaque année ...

Réponse de bleuette

le petit homme de la jeunesse
a cassé son lacet de soulier
et toutes les baraques de la fête
tout d'un coup se sont écroulées
et dans le silence de cette fête
j'ai entendu ta voix heureuse...
ta voix déchirée et fragile
enfantine et désolée
venant de loin et qui m'appelait
et j'ai mis ma main sur mon coeur
où remuaient
ensanglantés
les septs éclats de glace de ton rire étoilé.

Jacques Prévert

Réponse de yareg

Dédié à Idéfix, hi hi han !

Titre : Les amis à deux pieds
Poète : Antoine-Vincent Arnault (1766-1834)
Recueil : Fables, Livre V (1812).

Fable XV, Livre V.


« Je préfère un bon coeur à tout l'esprit du monde,
Et d'amis à deux pieds je me passe fort bien, »
Disait certain monsieur qui vit avec son chien
Dans une retraite profonde.
« Je n'ai pas d'autre ami que lui,
Humains ; et s'il tient aujourd'hui
La place qu'en mon coeur longtemps vous occupâtes
C'est qu'il ne m'est pas démontré
Que l'on ait aussi rencontré
L'ingratitude à quatre pattes. »

Antoine-Vincent Arnault.

Réponse de Mich-idéfix 46

Wouaffff....Wouaffff.......§§§§§§

Réponse de bleuette

Dans la rue
Robert Lamoureux


Nos parents se cassent la tete pour donner à leurs enfants une instruction très complète qu'ils oublient lorsqu'ils sont grands

Mais le meilleur de leur instruction ça ne s'apprend pas à la maison

La manière de dire bonjour avec un p'tit sourire autour on apprend ça dans la rue ...

S'flanquer des trempes mémorables à coups de poings à coups de cartables, On apprend ça dans la rue

Ecraser une larme qui brille et bravement se remettre aux billes, On apprend ça dans la rue

S'priver de deux ou trois sucettes pour faire l'aumone en cachette on apprend ça dans la rue

Mais hélas le jour arrive où les petits morveux s'croient grands

Ils commencent à changer de rive et changent de voix en même temps

Et le pire de leur instruction ça n'est pas nous qui leur donnons

S'regarder dans les vitrines

Jouer les hommes près des gamines, Ils apprennent ça dans la rue

Porter pour faire de l'épate la plus affreuse des cravates, Ils apprennent ça dans la rue

Regarder l'heure en faisant un geste qui vous remonte l'épaule de veste, Ils apprennent ça dans la rue

Ce qu'il y a de mieux messieurs bebetes qui n'aiment pas qu'on s'paient leurs tetes, Ils apprennent ça dans la rue

Mais la vie est ainsi faite nous n'y pouvons rien changer, heureusement pour nous l'age bete ne dure que quelques années

Et l'plus beau d'leur éducation ça ne s'apprend pas à la maison

Attendre sans se mettre en colère trois heures sous un réverbère, on apprend ça dans la rue

Qu'un petit bouquet de violettes ça peut mettre le coeur en fête, on apprend ça dans la rue...

Que le coeur d'une petite amie ça n'aime jamais toute la vie, on apprend ça dans la rue.

Qu'un gars aux épaules tombantes peut très bien vous foutre une trempe, on apprend ça dans la rue.

Mais trouver que la vie est belle quand on fait claquer ses semelles on apprend ça dans la rue ...

Se battre pour garder sa place dans la foule et dans l'espace, on apprend ça dans la rue.

Qu'au fond nous sommes comme tout le monde des petites poussières dans la ronde, on apprend ça dans la rue...

Mais que toutes ces p'tites poussières sont des millions de petits frères
On apprend ça où
On apprend ça dans la rue ...

Réponse de yareg

Rho, joli Bleuette, merci ! Ma maman ( 90 ans bientôt et toutes ses dents ) est folle de Robert Lamoureux ! C'est une chanson ? Je ne connaissais pas !

Réponse de yareg

J'ai trouvé ce lien illustré sur youtube :
https://www.youtube.com/watch?v=BRxk1YsirEw

Réponse de bleuette

Merci Tareg
il y a un humour et une tendresse dans tout ce qu'il a écrit que j'adore ...
j'ai toute une série de petits livrets qui ont été publié il y a longtemps
" monologues et poèmes de Robert Lamoureux "
on devrait l'écouter plus , ça mets de bonne humeur :)

Réponse de bleuette

Le Pays Des Mots D Amour
Yves Duteil


D'où nous viennent les rengaines que l'on chante en ce monde
Où s'envolent les paroles des chansons
Les histoires certains soirs sont cachés dans les miroirs
Au matin, bien malin qui pourrait voir ...

Le pays des mots d'amour dans les reflets du velours
Le pays des mots câlins dans les reflets du satin
Le pays démodé dans les reflets du passé
Celui des mots défendus dans les reflets disparus ...

Le pays des mots d'enfants dans les reflets du printemps
Celui des mots oubliés dans les reflets d'un cahier
Tous les mots qui font croire aux reflets dans les miroirs
Bien malin, bien malin qui peut les voir ...

Au pays de mon enfance, les rideaux sont tirés
Sur la ville où le silence est retombé
Le piano refermé et la chanson terminée
Au matin, bien malin qui peut trouver

Nos mots tendres et nos amours dans les reflets du velours
La lumière de nos matins dans les reflets du satin
Les sourires du hasard qui font sourire nos mémoires
Pour nous offrir en passant, nos passés comme un présent

Le pays des souvenirs sous les reflets du saphir
Dans les éclats du diamant, celui des mots qu'on attend
Les bonheurs dérisoires qui nous offrent un peu d'espoir
Bien malin, bien malin qui sait les voir

Le pays démodé dans les reflets du passé
Celui des mots défendus dans les reflets disparus
Le pays des mots d'enfants dans les reflets du printemps
Celui des mots oubliés dans les reflets d'un cahier
Tous les mots qui font croire aux reflets dans les miroirs
Bien malin, bien malin qui peut les voir

Réponse de bleuette

Hé, hé! On dit oh, oh, je sais, vous allez dire
"Lamoureux c'est un rigolo", tout ça, il est...
On dit qu' j'ai l'air d'un plaisantin
Je le sais, c'est un bruit qui court, ça!
Ben, c'est pas vrai! C'est pas vrai du tout

{Chanté:}
On pense que j' suis un plaisantin
Ben, c'est pas vrai!
On pense que j' me fous de ce qu'est bien
Ben, c'est pas vrai!
J'aime regarder autour de moi
Le temps qu'il fait
Je suis poète aussi parfois
Et ce qui m' plaît :

Aller dans le matin, ben moi, j'aime ça
Respirer un parfum, ben moi, j'aime ça
Voir la pluie mettre aux arbres du chemin
Des perles, des diamants si fins, si fins

Sentir une autre main dans ma main
Voir s'en aller mon père, le front serein
C'est un bonheur tout simple, un grand bonheur bien vrai
J'ai l'air d'un plaisantin mais c'est pas vrai!

À chanter des chansons, comme ça
C'est p't-être idiot
Mais des chansons qui font d' la joie
Hé ben, il en faut!
Y a des trucs qu'on n' remarque pas
Mais qui sont beaux
J'en vois autour de moi des tas
C'est rigolo!

Un p'tit môme de trois ans dans un jardin
Sa maman qui tricote près du bassin
Une cuisine blanche et bleue et un trottin
Tout ça, n'importe qui l'a sous la main

S'en aller déjeuner, hmmm, quand on a faim
C'est un bonheur tout simple qu'on tient bien
Aimer le monde entier, les bons et les mauvais
C'est l' moyen d'être heureux et ça c'est vrai

Hé, hé! C'est vrai, mais fallait y penser, voilà!

Réponse de bleuette

Rien que ce mur et ce chemin
Et, autour de moi, un matin
Qui a l'odeur dorée du pain.
L'ombre d'un oiseau sur le mur,
L'écho d'un pas sur le chemin....

... Douceurs faites de petits riens,
De mots caressants dont je doute.
Dans ce calme et tendre matin,
Rien que ce mur et ce chemin ...

Maurice Carême

Réponse de bleuette

Alfred De Musset

Pâle étoile du soir, messagère lointaine,
Dont le front sort brillant des voiles du couchant,
De ton palais d'azur, au sein du firmament,
Que regardes-tu dans la plaine ?

La tempête s'éloigne, et les vents sont calmés.
La forêt, qui frémit, pleure sur la bruyère ;
Le phalène doré, dans sa course légère,
Traverse les prés embaumés.

Que cherches-tu sur la terre endormie ?
Mais déjà vers les monts je te vois t'abaisser ;
Tu fuis, en souriant, mélancolique amie,
Et ton tremblant regard est près de s'effacer.

Étoile qui descends vers la verte colline,
Triste larme d'argent du manteau de la Nuit,
Toi que regarde au loin le pâtre qui chemine,
Tandis que pas à pas son long troupeau le suit, -

Étoile, où t'en vas-tu, dans cette nuit immense ?
Cherches-tu sur la rive un lit dans les roseaux ?
Où t'en vas-tu si belle, à l'heure du silence,
Tomber comme une perle au sein profond des eaux ?

Ah ! si tu dois mourir, bel astre, et si ta tête
Va dans la vaste mer plonger ses blonds cheveux,
Avant de nous quitter, un seul instant arrête ; -
Étoile de l'amour, ne descends pas des cieux !

Réponse de bleuette

Ouvrons notre coeur comme ces petits pois de senteur
qui aiment à s'enlacer sous les tonnelles du bonheur...

Ouvrons notre coeur et faisons l'offrande de notre amour
comme la fleur exhale son parfum sans rien attendre en retour...

Ouvrons notre coeur pour aimer sans avoir peur des lendemains
comme l'oiseau qui chante sans s'inquiéter s'il vivra demain...

Ouvrons notre coeur pour redevenir un petit enfant
candide et joyeux, le nez en l'air et les cheveux au vent...

Ouvrons notre coeur pour que nos différences
ne s'échouent plus sur les brisants de l'intolérance...

Ouvrons notre coeur au pardon pour tarir les larmes de fiel
et colorier notre coeur aux couleurs de l'arc-en-ciel...

Ouvrons notre coeur en grand et sourions à la vie chaque seconde
l'esprit apaisé, nous regarderons alors ... l'âme du monde.

Richard Philip

Réponse de yareg

Bonsoir les zami e s !
Un petit poème qui m'a plu, à ne surtout pas prendre au 1er degré !
Tout va bien pour moi...
En gros ou en gras, oubliez la dernière strophe !


Titre : J'ai fait ce rêve bien souvent
Poète : Albert Mérat (1840-1909)
Recueil : L'Adieu (1873).

J'ai fait ce rêve bien souvent,
Qui mettait mon coeur en détresse :
L'amour, soufflant comme le vent,
Avait emporté ma maîtresse.

Mais au matin quel beau réveil !
A mes yeux et dans mes oreilles,
C'étaient ses yeux comme un soleil
Et des paroles sans pareilles ;

Maintenant presque chaque nuit
Je fais encor ce mauvais rêve :
C'est le regret qui le conduit
Et l'amertume qui l'achève.

Albert Mérat.

Réponse de Flavynette

Que ce soit dimanche ou lundi
Soir ou matin minuit midi
Dans l'enfer ou le paradis
Les amours aux amours ressemblent
C'était hier que je t'ai dit
Nous dormirons ensemble

C'était hier et c'est demain
Je n'ai plus que toi de chemin
J'ai mis mon coeur entre tes mains
Avec le tien comme il va l'amble
Tout ce qu'il a de temps humain
Nous dormirons ensemble

Mon amour ce qui fut sera
Le ciel est sur nous comme un drap
J'ai refermé sur toi mes bras
Et tant je t'aime que j'en tremble
Aussi longtemps que tu voudras
Nous dormirons ensemble.

Louis Aragon.

Réponse de bleuette

Qui peut dire où la mémoire commence
Qui peut dire où le temps présent finit
Où le passé rejoindra la romance
Où le malheur n'est qu'un papier jauni

Louis Aragon

Réponse de bleuette

« Je t'écris de ces soirs de lumière,
Des yeux émerveillés de cette petite fille
Au pied d'un grand sapin sur la cinquième avenue ...
Je t'écris d'un départ, d'une valise oubliée ...
Je t'écris d'un lac blanc où ce couple patine ...
Je t'écris d'un désert où l'épave d'un bateau se souvient de la mer ...
Je t'écris d'une terre où des maisons s'écroulent
Je t'écris de Venise, où les amants s'éveillent au son de vieux clochers
Il y neigera peut-être encore cette année
Je t'écris de la mer, au large de Gibraltar le regard vers Tanger
Je t'écris de l'Afrique où l'on meurt par milliers
Des quatre coins de la terre, je t'écris des tranchées de guerres abandonnées
Je t'écris d'un baiser, de ce banc de Paris
Où deux amants s'enlacent dans leur éternité
Et que rien ni personne ne pourrait déranger ...
Je t'écris d'un café, de l'aile d'un avion
Où nos mémoires s'enlacent dans ton éternité
Et que rien ni personne ne pourrait m'enlever
Je t'écris de ces ciels de quart monde
Où les corps si légers d'enfants trop peu nourris s'élèvent sans faire de bruit
Je t'écris de la rue où l'on danse et l'on chante
Je t'écris du plumier d'un vieillard solitaire à la chambre oubliée
Je t'écris de la part de ces dieux impuissants aux noms desquels on tue
Je t'écris de la main de ces hommes de paix qui n'ont pas renoncé ...
Je t'écris de la Seine, la tour Eiffel y brille dans des reflets passés ...
Je t'écris du souvenir d'un baiser par milliers
Des quatre coins de la terre, je ferai le tour du monde, d'un jour très ordinaire
Je t'écris de ce rêve de t'avoir tant aimé
Je t'écris ébloui par tant d'humanité »

Grégory Lemarchal

Réponse de bleuette

Le plus important, ce sont les petits soleils . . . Les petits soleils ?
... Les petits soleils de chaque jour... Un sourire, un mot d'encouragement, un échange, un petit plaisir ou un grand... tous ce qui nous rend heureux, joyeux, vivants...
...Tous les petits soleils qui illuminent nos journées, à côté desquels il ne faut surtout pas passer...

Ondine Khayat

Réponse de marielune

Poème d'Aragon

Un grand champ de lin bleu parmi les raisins noirs
Lorsque vers moi le vent l'incline frémissant
Un grand champ de lin bleu qui fait au ciel miroir
Et c'est moi qui frémis jusqu'au fond de mon sang

...Devine

Un grand champ de lin bleu dans le jour revenu
Longtemps y traîne encore une brume des songes
Et j'ai peur d'y lever des oiseaux inconnus
Dont au loin l'ombre ailée obscurément s'allonge

... Devine

Un grand champ de lin bleu de la couleur des larmes
Ouvert sur un pays que seul l'amour connaît
Où tout a des parfums le pouvoir et le charme
Comme si des baisers toujours s'y promenaient

...Devine

Un grand champ de lin bleu dont c'est l'étonnement
Toujours à découvrir une eau pure et profonde
De son manteau couvrant miraculeusement
Est-ce un lac ou la mer les épaules du monde

...Devine

Un grand champ de lin bleu qui parle rit et pleure
Je m'y plonge et m'y perds dis-moi devines-tu
Quelle semaille y fit la joie et la douleur
Et pourquoi de l'aimer vous enivre et vous tue

...Devine

Réponse de bleuette

Le soir ... Jules Breton

C'est un humble fossé perdu sous le feuillage ;
Les aunes du bosquet les couvrent à demi ;
L'insecte, en l'effleurant, trace un léger sillage
Et s'en vient seul rayer le miroir endormi ...

Le soir tombe, et c'est l'heure où se fait le miracle,
Transfiguration qui change tout en or ;
Aux yeux charmés tout offre un ravissant spectacle ;
Le modeste fossé brille plus qu'un trésor ...

Le ciel éblouissant, tamisé par les branches,
A plongé dans l'eau noire un lumineux rayon ;
Tombant de tous côtés, des étincelles blanches
Entourent un foyer d'or pâle en fusion ...

Aux bords, tout est mystère et douceur infinie.
On y voit s'assoupir quelques fleurs aux tons froids,
Et les reflets confus de verdure brunie
Et d'arbres violets qui descendent tout droits ...

Dans la lumière, au loin, des touffes d'émeraude
Vous laissent deviner la ligne des champs blonds,
Et le ciel enflammé d'une teinte si chaude,
Et le soleil tombé qui tremble dans les joncs.

Et dans mon âme émue, alors, quand je compare
L'humilité du site à sa sublimité,
Un délire sacré de mon esprit s'empare,
Et j'entrevois la main de la divinité.

Ce n'est rien et c'est tout. En créant la nature
Dieu répandit partout la splendeur de l'effet ;
Aux petits des oiseaux s'il donne la pâture,
Il prodigue le beau, ce suprême bienfait.

Ce n'est rien et c'est tout. En te voyant j'oublie,
Pauvre petit fossé qui me troubles si fort,
Mes angoisses de coeur, mes rêves d'Italie,
Et je me sens meilleur, et je bénis le sort ...

Réponse de yareg

A M. V. H.
Alfred de Musset
Il faut, dans ce bas monde, aimer beaucoup de choses,
Pour savoir, après tout, ce qu'on aime le mieux,
Les bonbons, l'Océan, le jeu, l'azur des cieux,
Les femmes, les chevaux, les lauriers et les roses.

Il faut fouler aux pieds des fleurs à peine écloses ;
Il faut beaucoup pleurer, dire beaucoup d'adieux.
Puis le coeur s'aperçoit qu'il est devenu vieux,
Et l'effet qui s'en va nous découvre les causes.

De ces biens passagers que l'on goûte à demi,
Le meilleur qui nous reste est un ancien ami.
On se brouille, on se fuit. Qu'un hasard nous rassemble,

On s'approche, on sourit, la main touche la main,
Et nous nous souvenons que nous marchions ensemble,
Que l'âme est immortelle, et qu'hier c'est demain.

Alfred de Musset

Réponse de bleuette

La maison du poète

Dans la maison du poète,
les oiseaux jamais ne s'ennuient
car il n'y a ni cage ni piège
ni lit de plume
et les fenêtres sont toujours ouvertes,
la nuit comme le jour,
l'hiver comme l'été....
...Dans les chambres sont dressés
de beaux arbres de lumière
pour que les oiseaux se posent
et racontent leurs voyages
dans leur langage d'oiseau...
...Et le poète fatigué,
couché sur son vieux lit de paille,
écoute les oiseaux chanteurs
tisser pour lui tendrement
la dentelle de ses poèmes...

J.Joubert

Réponse de bleuette

Ah ! que de merveilles scintillent
lorsque danse une goutte d'eau ! ...
Un ange parfois joue aux billes ...
Une étoile tombe au ruisseau ...

On ne sait jamais quel manteau
de fée courant dans les jonquilles
on peut coudre avec une aiguille ...
En rêvant derrière un carreau ...

... Maurice Carême

Réponse de bleuette

Dans la forêt dans les buissons
se sont envolés les soupçons ...
Les vers luisants , les étoiles
se sont accrochés dans les voiles de la nuit odorante...
Vois Les oiseaux assis sur les toits ...

Louis Aragon

Réponse de bleuette

Jean TARDIEU ... Le Fleuve caché

Pièges de la lumière et de l'ombre sur l'âme,
Jeux et rivalités de tout ce qui parait,

Regards de la douleur et de l'amour, ô flammes
Immenses que fait naître et mourir un reflet,

Tout un monde appuyé sur un souffle qui chante,
Tout le ciel qui s'écroule au fond d'une eau dormante,

Le désir qui défait les clôtures du temps,
Les désastres lancés au gré de la parole,

Partout le plus pesant soumis à ce qui vole
Et l'immédiat, souverain maître des vivants!

Mais parfois notre esprit, fatigué de l'espace,
S'arrête et peut entendre, après plus d'un détour,

Un vaste grondement égal et bas, qui passe
A l'infini, roulant sous les jours UN seul jour.

Plus près que notre coeur mais plus loin que la terre,
Comme du fond d'un gouffre, à travers mille échos,

Au vent du souvenir nous parvient le tonnerre
D'un lourd fleuve en rumeur sous l'arbre et sous l'oiseau. . .

Réponse de bleuette

Conseils donnés par une sorcière ....

Retenez-vous de rire
dans le petit matin !
N'écoutez pas les arbres
qui gardent les chemins !

Ne dites votre nom
à la terre endormie
qu'après minuit sonné !
A la neige, à la pluie
ne tendez pas la main !

N'ouvrez votre fenêtre
qu'aux petites planètes
que vous connaissez bien !

Confidence pour confidence :
Vous qui venez me consulter,
méfiance, méfiance !
On ne sait pas ce qui peut arriver...

Jean TARDIEU

Réponse de bleuette

René Guy Cadou

Celui qui entre par hasard dans la demeure d'un poète
Ne sait pas que les meubles ont pouvoir sur lui
Que chaque noeud du bois renferme davantage
De cris d'oiseaux que tout le coeur de la forêt ...

II suffit qu'une lampe pose son cou de femme
A la tombée du soir contre un angle verni
Pour délivrer soudain mille peuples d'abeilles
Et 1'odeur de pain frais des cerisiers fleuris ...

Car tel. est le bonheur de cette solitude
Qu'une caresse toute plate de la main
Redonne à ces grands meubles noirs et taciturnes
La légèreté d'un arbre dans le matin ...

Réponse de bleuette

Rainer Maria RILKE
Petite cascade

Nymphe, se revêtant toujours
de ce qui la dénude,
que ton corps s'exalte pour
l'onde ronde et rude ...

Sans repos tu changes d'habit,
même de chevelure ;
derrière tant de fuite, ta vie
reste présence pure ...

Réponse de bleuette

Quand nul ne la regarde,
La mer n'est plus la mer,
Elle est ce que nous sommes
Lorsque nul ne nous voit ...
Elle a d'autres poissons,
D'autres vagues aussi.
C'est la mer pour la mer
Et pour ceux qui en rêvent
Comme je fais ici ...

Jules Supervielle

Réponse de bleuette

c'est vraiment trop beau Pompon !!!!
et très émouvant ...
bisous pompon et merci pour ce joli moment de poésie ...

Réponse de Flavynette

Wow.................Pompon

Je te l'ai souvent dit sur un autre post , tu es un poète "discret" et très touchant

Merci d'être là

Réponse de Flavynette

Le poète s'en va dans les champs ; il admire.
Il adore ; il écoute en lui-même une lyre ;
Et le voyant venir, les fleurs, toutes les fleurs.
Celles qui des rubis font pâlir les couleurs.
Celles qui des paons même éclipseraient les queues.
Les petites fleurs d'or, les petites fleurs bleues.
Prennent, pour l'accueillir agitant leurs bouquets.
De petits airs penchés ou de grands airs coquets,
Et, familièrement, car cela sied aux belles :
- Tiens ! c'est notre amoureux qui passe ! disent-elles.
Et, pleins de jour et d'ombre et de confuses voix.
Les grands arbres profonds qui vivent dans les bois,
Tous ces vieillards, les ifs, les tilleuls, les érables.
Les saules tout ridés, les chênes vénérables,
L'orme au branchage noir, de mousse appesanti.
Comme les ulémas quand paraît le muphti ;
Lui font de grands saluts et courbent jusqu'à terre
Leurs têtes de feuillée et leurs barbes de lierre.
Contemplent de son front la sereine lueur.
Et murmurent tout bas : C'est lui ! c'est le rêveur !

Les Roches, juin 1831.
Victor Hugo.

pour Pompon

Réponse de bleuette

Ce silence du soir,
Ce n'est pas le silence.
Ecoute ! Tout est noir,
La nuit obscure fait toute chose;pour l'oreille
Tout bruit à cessé...

L'âme entend en ce moment
Une foule de voix sortir confusément
De cette ombre en disant des choses inconnues ...

Il me semble que les eaux,les plaines et les nues
Sont pleines de secrets qu'elles,vont révéler
Et dès que tout se tait,tout commence à parler...

Victor Hugo (Silence du soir)

Réponse de bleuette

Enchanteur ..pompon :)

Réponse de bleuette

La Rivière Endormie
par Claude Roy

Dans son sommeil glissant , l'eau se suscite un songe , un chuchotis de joncs ,
de roseaux , d'herbes lentes et ne sait jamais bien dans son dormant mélange
où le bougeant de l'eau cède au calme des plantes ...

La rivière engourdie par l'odeur de la menthe dans les draps de son lit
se retourne et se coule , mêlant ses mortes eaux à sa chanson coulante ,
elle est celle qu'elle est surprise d'être une autre ...

L'eau qui dort se réveille , absente de son flot , écarte de ses bras
les lianes qui la lient , déjouant la verdure et l'incessant complot
qu'ourdissent dans son flux les algues alanguies ...

Réponse de bleuette

Le merle

Un oiseau siffle dans les branches
Et sautille gai, plein d'espoir,
Sur les herbes, de givre blanches,
En bottes jaunes, en frac noir ...

C'est un merle, chanteur crédule,
Ignorant du calendrier,
Qui rêve soleil, et module
L'hymne d'avril en février ...

Pourtant il vente, il pleut à verse ;
L'Arve jaunit le Rhône bleu,
Et le salon, tendu de perse,
Tient tous ses hôtes près du feu ...

Les monts sur l'épaule ont l'hermine,
Comme des magistrats siégeant.
Leur blanc tribunal examine
Un cas d'hiver se prolongeant.

Lustrant son aile qu'il essuie,
L'oiseau persiste en sa chanson,
Malgré neige, brouillard et pluie,
Il croit à la jeune saison.

Il gronde l'aube paresseuse
De rester au lit si longtemps
Et, gourmandant la fleur frileuse,
Met en demeure le printemps.

Il voit le jour derrière l'ombre,
Tel un croyant, dans le saint lieu,
L'autel désert, sous la nef sombre,
Avec sa foi voit toujours Dieu.

A la nature il se confie,
Car son instinct pressent la loi.
Qui rit de ta philosophie,
Beau merle, est moins sage que toi !

Théophile Gautier

Réponse de Flavynette

Ma jeunesse ne fut qu'un ténébreux orage,
Traversé çà et là par de brillants soleils ;
Le tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage,
Qu'il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils.

Voilà que j'ai touché l'automne des idées,
Et qu'il faut employer la pelle et les râteaux
Pour rassembler à neuf les terres inondées,
Où l'eau creuse des trous grands comme des tombeaux.

Et qui sait si les fleurs nouvelles que je rêve
Trouveront dans ce sol lavé comme une grève
Le mystique aliment qui ferait leur vigueur ?

- Ô douleur ! Ô douleur ! Le temps mange la vie,
Et l'obscur ennemi qui nous ronge le coeur
Du sang que nous perdons croît et se fortifie !

L'ennemi
Poèmes de Charles Baudelaire

Réponse de bleuette

J'ai le coeur si plein de joie
qu'il transmue
Nature ...
Le gel me semble fleur blanche,
vermeille et dorée.
Avec le vent et la pluie
mon bonheur s'accroît ...
C'est pourquoi mon
prix s'exalte
et mon chant s'épure ...
J'ai tant d'amour au coeur
de joie et de douceur
que frimas est une fleur
et neige, verdure ...

Bernard de Ventadour

Réponse de yareg

Envers et contre tous

Montre à tes amis ton coeur et ta bonne foi,
Montre ton front à tous tes adversaires.
Fidèle à ta nature et conforme à ta loi :
Laisse dire les sots, écoute les sincères,
Consulte les sensés et marche devant toi.

Henri-Frédéric Amiel (1821-1881)
La part du rêve

Été : être pour quelques jours

Été : être pour quelques jours
le contemporain des roses ;
respirer ce qui flotte autour
de leurs âmes écloses.

Faire de chacune qui se meurt
une confidente,
et survivre à cette soeur
en d'autres roses absente.

Rainer Maria Rilke (1875-1926)
Les rose

Réponse de yareg

@Pompon
Je découvre en retard ton message du 07 mars à 03h29.
Merci à toi, grand poète du site !

Réponse de bleuette

La mort d'une libellule

Sous les branches de saule en la vase baignées
Un peuple impur se tait, glacé dans sa torpeur,
Tandis qu'on voit sur l'eau de grêles araignées
Fuir vers les nymphéas que voile une vapeur ...

Mais, planant sur ce monde où la vie apaisée
Dort d'un sommeil sans joie et presque sans réveil,
Des êtres qui ne sont que lumière et rosée
Seuls agitent leur âme éphémère au soleil ...

Un jour que je voyais ces sveltes demoiselles,
Comme nous les nommons, orgueil des calmes eaux,
Réjouissant l'air pur de l'éclat de leurs ailes,
Se fuir et se chercher par-dessus les roseaux .

Un enfant, l'oeil en feu, vint jusque dans la vase
Pousser son filet vert à travers les iris,
Sur une libellule ; et le réseau de gaze
Emprisonna le vol de l'insecte surpris.

Le fin corsage vert fut percé d'une épingle ;
Mais la frêle blessée, en un farouche effort,
Se fit jour, et, prenant ce vol strident qui cingle,
Emporta vers les joncs son épingle et sa mort.

Il n'eût pas convenu que sur un liège infâme
Sa beauté s'étalât aux yeux des écoliers :
Elle ouvrit pour mourir ses quatre ailes de flamme,
Et son corps se sécha dans les joncs familiers.

Anatole France, Les poèmes dorés,

Réponse de bleuette

J'aurai une grande boîte ...
pleine de soleil
pour les jours de pluie
pleine de sourires
pour les jour de grogne ...
pleine de courage ,
pour les jours de flemme ...
... Et dans ma boîte ,
j'aurai aussi plein de coquillages ,
pour écouter la mer ...

Luce Guilbaud

Réponse de bleuette

Soir
Les étoiles dorment.
Le soir a cueilli
par tous les étages
un bouquet de lampes...
Au ras du trottoir
un petit enfant
écarte les doigts
vers tant de lumière...
La ville s'éteint
la main se referme...
A tous les étages
Grimpe le sommeil ...

Louis Guillaume

Réponse de bleuette

Comme il est bon d'aimer ...

Il suffit d'un mot
Pour prendre le monde
Au piège de nos rêves ...
Il suffit d'un geste
Pour relever la branche
Pour apaiser le vent ...

Il suffit d'un sourire
Pour endormir la nuit ,
Délivrer nos visages
De leur masque d'ombre ...

Mais cent milliards de poèmes
Ne suffirait pas pour dire
comme il est bon d'aimer ...

Jean-Pierre Siméon

Réponse de bleuette

Bain de soleil

La salle de bains est fermée à clef
Le soleil entre par la fenêtre
et il se baigne dans la baignoire ...

... et il se frotte avec le savon
et le savon pleure
il a du soleil dans l'oeil ...

Jacques Prévert

Réponse de marielune

Chant du ciel

La fleur des Alpes disait au coquillage : « tu luis »
Le coquillage disait à la mer : « tu résonnes »
La mer disait au bateau : « tu trembles »
Le bateau disait au feu : « tu brilles »
Le feu me disait : « je brille moins que ses yeux »
Le bateau me disait : « je tremble moins que ton coeur quand elle paraît »
La mer me disait : « je résonne moins que son nom en ton amour »
Le coquillage me disait : « je luis moins que le phosphore du désir dans ton rêve creux »
La fleur des Alpes me disait :« elle est belle »
Je disais : « elle est belle, elle est belle, elle est émouvante .

Robert Desnos

Réponse de bleuette

Je te parle, mon petit jour...
Mais tout cela ne serait-il qu'un vol de paroles dans l'air? ...
Nomade est la lumière ...
Celle qu'on embrassa devient celle qui fut embrassée, et se perd ...
Qu'une dernière fois dans la voix qui l'implore elle se lève donc et rayonne, l'aurore ...

Philippe Jaccottet

Réponse de bleuette

Tu peux perdre le nord comme on dit
tu peux perdre patience ,
tu peux perdre ton temps ,
perdre la mémoire ,
et ses chemins aveugles ...
Le sommeil peut glisser
comme une truite dans tes mains ,
Tu peux perdre ton sourire ...
Mais ne perds pas , ne perds jamais
l'orange de tes rêves ...
Jean-Pierre Siméon

Réponse de Flavynette

L'amour, panique
De la raison,
Se communique
Par le frisson.

Laissez-moi dire,
N'accordez rien.
Si je soupire,
Chantez, c'est bien.

Si je demeure,
Triste, à vos pieds,
Et si je pleure,
C'est bien, riez.

Un homme semble
Souvent trompeur.
Mais si je tremble,
Belle, ayez peur.

Victor Hugo.

Réponse de bleuette

Je parle
Je parle miel avec les abeilles...
Je parle sève avec les arbres...
Je parle pollen avec les fleurs...
Je parle terre avec les insectes...
Je parle source avec les poissons...
... Je me tais quand le jour se tait...
Au vent, je souffle des histoires.
Sur la nuit, j'épingle mes rêves
pour qu'ils se confondent aux étoiles ...

Carl Nora



La nuit n'est pas ce que l'on croit,
revers du feu chute du jour
et négation de la lumière ...
... mais subterfuge fait pour nous ouvrir les yeux
sur ce qui reste irrévélé
tant qu'on l'éclaire ...

Philippe Jaccottet

Réponse de yareg

« Elle » ...
Sandrine Davin
« Elle » ...
Elle était belle dans la nuit
A la lueur de la lune ronde
Des rubans dansent dans ses cheveux
Et le vent rie à ses côtés ;
...
Sur les chemins parsemés d'étoiles
Elle brille de mille feux
Ses mains implorent le ciel
Au temps qui se suspend.
...
Une envolée d'oiseaux nous rappelle
Qu'elle était belle,
« Elle » ...

Sandrine Davin

Réponse de bleuette

J'aimerais être le vent...
Le vent d'ouest qui vient de l'océan...
Le vent du nord qui entraîne la neige...
Le vent du sud qui lève les déserts...
Le vent de l'est qui allège les plaines...

J'aimerais être le vent
qui gémit sur les roches
et trouble les rivières...
Le vent d'automne qui fredonne la pluie...
Le vent d'automne qui emporte les feuilles....

J'aimerais être le vent d'été qui caresse la peau,
blonde, brune ou obscure,
qui court jusqu'à la nuit en un ballet d'étoiles...
J'aimerais être le vent qui murmure à l'oreille du temps
les troubles insensés qui tapissent les siècles...

Etre le vent d'un chant qui efface les lèvres des enfants...
Etre le vent léger de l'oiseau...
Etre plus vent encore que tous les vents eux-mêmes,
pour te cerner tourbillonnant, et t'endiablant,
dans la danse d'un temps plus farouche que nous...

Etre le vent d'une heure,
le vent d'un autre monde,
le vent d'une seconde, le vent juste le vent.
Le vent de ton sourire qui n'appartient qu'à moi
et qui pourtant frivole et frivole s'envole,

être le vent amant qui te dévêt plus nue
plus pure que l'eau des larmes.
Etre le vent des mains et des regards,
des traces, des embardées d'amour,
être le vent silencieux, invisible, insensible,

être juste un murmure mais quand même le vent,
un souffle de murmure, un infime mouvement,
juste une hésitation vers l'origine des mots,
être le silence des mots, le silence des âmes,
la présence absolue sans que rien ne m'arrête.

Etre ce mot de vent, ce mot d'amour enfin,
le mot d'amour pour toi qui prend pour tout espace
la lumière du monde, pour se jouer sans fin des attractions terrestres.

Tristan Alleman

Réponse de bleuette

Les galets écoutent la mer
qui leur raconte des légendes
Le temps passe sur eux
enracinés à même le sable ...
... ils imaginent peut-être
ce qu'ils aperçoivent au loin
et qu'ils ne connaîtront jamais...
... Les galets demeurent sans bruit
veillant avec les étoiles
sur le sommeil du monde
qui se ferme dans la nuit...

Max Alahn


Le bonheur est toujours à inventer
avec les ressources du quotidien ,,,
avec les fleurs de l'imprévisible ,,,
avec les rires de l'inattendu ,,,
avec les plaisirs de l'étonnement ...

Jacques Salomé

Réponse de bleuette

Si la note disait : ce n'est pas une note
qui fait une musique...
il n'y aurait pas de symphonie ...
Si le mot disait : ce n'est pas un mot
qui peut faire une page
il n'y aurait pas de livre ...

Si la pierre disait : ce n'est pas une prière
qui peut monter un mur ,
il n'y aurait pas de maison
Si la goutte d'eau disait ce n'est pas une goutte d'eau
qui peut faire une rivière ,
il n'y aurait pas d'océan ...

Si le grain de blé disait : ce n'est pas un grain de blé
qui peut ensemencer un champ ,
il n'y aurait pas de moisson ...

Si l'homme disait : ce n'est pas un geste d'amour
qui peut sauver l'humanité ,
il n'y aurait jamais de justice et de paix, de dignité et
de bonheur sur la terre des hommes ...

Michel Quoist

Réponse de Flavynette

A George Sand

Porte ta vie ailleurs, ô toi qui fus ma vie ;
Verse ailleurs ce trésor que j'avais pour tout bien.
Va chercher d'autres lieux, toi qui fus ma patrie,
Va fleurir, ô soleil, ô ma belle chérie,
Fais riche un autre amour et souviens-toi du mien.

Laisse mon souvenir te suivre loin de France ;
Qu'il parte sur ton coeur, pauvre bouquet fané,
Lorsque tu l'as cueilli, j'ai connu l'Espérance,
Je croyais au bonheur, et toute ma souffrance
Est de l'avoir perdu sans te l'avoir donné.

Alfred de Musset

Réponse de yareg

La vie n'est pas toujours facile.
Recueil : Libre de penser (2001)

Libre de penser, de rire et d'aimer,
Profiter des secondes de bonheur,
De paix, de joie et savoir décider,
Sans aucune crainte et sans peur :
Savoir dire non, oser et choisir,
Construire, entreprendre et bâtir.

Il suffit de si peu de chose,
Un peu de courage si j'ose.
La vie n'est pas toujours facile,
Mais il suffit de redresser la tête,
D'affronter certaines adversités,
Avec beaucoup de sincérité.

Suivre son coeur, ses pensées,
Ses choix et ses propres idées.
C'est alors et seulement ainsi,
Que l'on devient acteur de sa vie.

Il faut dans la vie savoir aussi,
Tendre la main à qui en a besoin,
Sans espérer un retour... ni rien,
Juste se dire que c'était bien.

Alors s'installe l'harmonie avec soi-même,
Et ainsi le monde parait presque parfait !


Maxalexis
Le droit d'auteur.

Réponse de bleuette

Mon arbre à moi ,
lorsque je le caresse ...
Mon arbre apprivoisé
se dresse sur la pointe des feuilles.
dans le vent ...
... Alors moi je lui cueille
un bouquet d oiseaux blancs ...
Et il remue la tête
heureux en souriant
d un grand rire d écorce.
pour me faire la fête ...

Christian Poslaniec

Réponse de bleuette

Avec l'encre couleur du temps...
J'écris avec l'encre noire, les chagrins de tous les jours
et leur trame sans histoire, et leur éternel retour...
J'écris le deuil des saisons et le mal de la raison
et le jour près de s'éteindre...
J'écris avec l'encre verte un jardin que je connais.
J'écris les feuilles et l'herbe que le printemps remuait...
J'écris la lumière douce des chemins de mon pays...
Avec l'encre violette, j'écris les soirs de bruyères
sur les terres désolées et j'écris les âmes fières
de n'être pas consolées...
J'écris avec l'encre rouge tous les feux qui m'ont brûlée
et tous les rubis qui bougent dans le fond des cheminées,
et le soleil qui se couche sur les plus longues journées,
et toutes les roses qui sur la mer s'en sont allées...

Germaine Beaumont

Réponse de bleuette

Tu aurais pu vivre encore un peu
Pour notre bonheur pour notre lumière
Avec ton sourire avec tes yeux clairs
Ton esprit ouvert ton air généreux ...

Tu aurais pu vivre encore un peu
Mon fidèle ami mon copain mon frère
Au lieu de partir tout seul en croisière
Et de nous laisser comme chiens galeux

Tu aurais pu vivre encore un peu

T'aurais pu rêver encore un peu
Te laisser bercer près de la rivière
Par le chant de l'eau courant sur les pierres
Quand des quatre fers l'été faisait feu ...

T'aurais pu rêver encore un peu
Sous mon châtaignier à l'ombre légère
Laisser doucement le temps se défaire
Et la nuit tomber sur la vallée bleue ...

T'aurais pu rêver encore un peu

Tu aurais pu jouer encore un peu
Au lieu de lâcher tes boules peuchère
Aujourd'hui sans toi comment va-t-on faire
Dans notre triplette on n'est plus que deux

Tu aurais pu jouer encore un peu
Ne pas t'en aller sans qu'on ait pu faire
A ces rigolos mordre la poussière
Avec un enjeu du tonnerre de Dieu

Tu aurais pu jouer encore un peu

On aurait pu rire encore un peu
Avec les amis des soirées entières
Sur notre terrasse aux roses trémières
Parfumée d'amour d'histoires et de jeux

On aurait pu rire encore un peu
Et dans la beauté des choses éphémères
Caresser nos femmes et lever nos verres
Sans s'apercevoir qu'on était heureux

On aurait pu rire encore un peu

Tu aurais pu vivre encore un peu
Ne pas m'imposer d'écrire ces vers
Toi qui savais bien mon ami si cher
A quel point souvent je suis paresseux

Tu aurais pu vivre encore un peu

Jean Ferrat

Réponse de bleuette

"Pourtant La Vie"

A voir un jeune chien courir
Les oiseaux parapher le ciel
Le vent friser le lavoir bleu
Les enfants jouer dans le jour ...

A sentir fraîchir la soirée
Entendre le chant d'une porte
Respirer les lilas dans l'ombre
Flâner dans les rues printanières ...

Rien moins que rien pourtant la vie

Rien moins que rien Juste on respire
Est-ce un souffle une ombre un plaisir
Je puis marcher je puis m'asseoir
La pierre est fraîche la main tiède ...

Tant de choses belles qu'on touche
Le pain l'eau la couleur des fruits
Là-bas les anneaux des fumées
Un train qui passe et crie au loin ...

Rien moins que rien pourtant la vie

A doucement perdre le temps
Suivre un bras nu dans la lumière
Entrer sortir dormir aimer
Aller devant soi sous les arbres

Mille choses douces sans nom
Qu'on fait plus qu'on ne les remarque
Mille nuances d'êtres humaines
A demi-songe à demi-joie

Rien moins que rien pourtant la vie

Celui qui le veut qu'il s'enivre
De la noirceur et du poison
Mais le soleil sur ta figure
Est plus fort que l'ombre qu'il fait

Et qu'irais-je chercher des rimes
A ce bonheur pur comme l'air
Un sourire est assez pour dire
La musique de l'être humain

Rien moins que rien pourtant la vie

Jean Ferrat

Réponse de bleuette

par Jean Ferrat

Le vent dans tes cheveux blonds
Le soleil à l'horizon
Quelques mots d'une chanson
Que c'est beau, c'est beau la vie ...

Un oiseau qui fait la roue
sur un arbre déjà roux .
Et son cri par dessus tout
Que c'est beau, c'est beau la vie ...

Tout ce qui tremble et palpite
Tout ce qui lutte et se bat
Tout ce que j'ai cru trop vite
A jamais perdu pour moi

Pouvoir encore regarder
Pouvoir encore écouter
Et surtout pouvoir chanter
Que c'est beau, c'est beau la vie ...

Le jazz ouvert dans la nuit
Sa trompette qui nous suit
Dans une rue de Paris
Que c'est beau, c'est beau la vie.

La rouge fleur éclatée
D'un néon qui fait trembler
Nos deux ombres étonnées
Que c'est beau, c'est beau la vie.

Tout ce que j'ai failli perdre
Tout ce qui m'est redonné
Aujourd'hui me monte aux lèvres
En cette fin de journée

Pouvoir encore partager
Ma jeunesse, mes idées
Avec l'amour retrouvé
Que c'est beau, c'est beau la vie.

Pouvoir encore te parler
Pouvoir encore t'embrasser
Te le dire et le chanter
Oui c'est beau, c'est beau la vie.

Réponse de bleuette

Cette Vie par Jean-Louis Aubert

Cette vie nous ressemble
Elle va où bon lui semble
comme un fleuve qui se perd
dans les silences et dans la mer

Cette vie qui nous rassemble
c'est une flamme qui tremble
un baiser la ranime
et c'est un souffle qui l'éteint

Cette vie, celle que l'on doit mener
cette vie, par le bout du nez
cette vie où l'on se doit d'imposer
sa propre volonté
comme un mur dans un pré

Cette vie nous sépare
toujours un train au départ
un train de retard
qui nous traverse de part en part

Touché dans la chaleur du soir
Coulé sans le savoir
Mangés tous les fruits de l'amour
Et du hasard

Cette vie nous ressemble
Elle va où bon lui semble
Et tout se gagne et tout se perd
Dans les silences et dans l'amer
Dans les silences, dans la mer
Dans les silences.

Réponse de Flavynette

A ce Printemps perdu
où nous nous sommes aimés
au bord de la rivière
un jour du mois de Mai

A ce Printemps perdu
où l'on sent le bonheur
quitter cette espérance
qu'on laisse et ne voit plus

A ce Printemps perdu
et à la renaissance
d'une passion si belle
Vie qui n'existe plus

A ce Printemps perdu
et aux charmants oiseaux
et à ces chants d'idylles
belles, mises à nu

A ce Printemps perdu
Comme un beau violon
aux cordes abimées
Qu'on n'entendra plus jamais

A ce Printemps perdu
et à ces vieilles pierres
un jour au coeur des vignes
qui ne seront plus là

Elodie Santos, 2008

Réponse de bleuette

Printemps
Victor Hugo

Voici donc les longs jours, lumière, amour, délire !
Voici le printemps ! mars, avril au doux sourire,
Mai fleuri, juin brûlant, tous les beaux mois amis !
Les peupliers, au bord des fleuves endormis,
Se courbent mollement comme de grandes palmes ...
L'oiseau palpite au fond des bois tièdes et calmes ;
Il semble que tout rit, et que les arbres verts
Sont joyeux d'être ensemble et se disent des vers....
Le jour naît couronné d'une aube fraîche et tendre ;
Le soir est plein d'amour ; la nuit, on croit entendre,
A travers l'ombre immense et sous le ciel béni,
Quelque chose d'heureux chanter dans l'infini ...

Réponse de bleuette

Ne criez pas si fort,
On n'entend plus que vous,
Cerisiers qui partout
Faites fleurir l'aurore.
Laissez donc les coucous
Compter leurs pièces d'or ...
Ne criez pas si fort,
On n'entend plus que vous.
Même le vieux hibou,
Qui d'ordinaire dort
En haut du sycomore,
Vous croit devenus fous.
Cerisiers, taisez-vous ! ...

Maurice Carême

Réponse de bleuette

J écris le mot agneau:
Et tout devient frisé,
La feuille du bouleau.
La lumière des prés
J écris le mot étang;
Et mes lèvres se mouillent ...

J entends une grenouille.
Rire au milieu des champs
J écris le mot forêt.
Et le vent devient branche
Un écureuil se penche.
Et me parle en secret ...

Maurice Carême

Réponse de bleuette

Voilà pour moi, Présent
Aujourd'hui inédit ...
.
Aujourd'hui j'ai envie
pour une douce journée
d'enrober d'Amitié
des p'tits mots bien réels
en échange virtuel ...
.
Aujourd'hui j'ai envie
avec vous d'partager
quelques p'tits vers à pieds
d'quelques rimes poser
de mots articulés ...
.
Aujourd'hui j'ai envie
de vous dire grand merci
pour tous vos mots jolis
ces mots pleins de douceur
qui nous font chaud au coeur ...
.
Aujourd'hui j'ai envie
pour un jour tout doux
d'vous faire ce p'tit coucou
de ce message poser
en signe d'Amitié ...
.
Aujourd'hui j'ai envie
d'vous offrir en cadeau
pour adoucir fardeau
une fleur de tendresse
comme un' douce caresse ...

( Annick )
( trouvé sur le net )

Réponse de boscavert

La lune blanche..
Paul Verlaine
La lune blanche
Luit dans les bois ;
De chaque branche
Part une voix
Sous la ramée..

Ô bien-aimée.

L'étang reflète,
Profond miroir,
La silhouette
Du saule noir
Où le vent pleure..

Rêvons, c'est l'heure.

Un vaste et tendre
Apaisement
Semble descendre
Du firmament
Que l'astre irise..

C'est l'heure exquise.

Réponse de Flavynette

Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu'il m'en souvienne
La joie venait toujours après la peine.

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure.

Les mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l'onde si lasse.

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure.

L'amour s'en va comme cette eau courante
L'amour s'en va
Comme la vie est lente
Et comme l'Espérance est violente.

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure.

Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine.

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure.

Guillaume Apollinaire.

Réponse de bleuette

d'un vanneur de blé aux vents
Du Bellay

A vous, troupe légère,
qui d'aile passagère
par le monde volez,
et d'un sifflant murmure
l'ombrageuse verdure
doucement ébranlez ...

J'offre ces violettes,
ces lis et ces fleurettes,
et ces roses ici,
ces vermeillettes roses,
tout fraîchement écloses,
et ces oeillets aussi ...

De votre douce haleine
éventez cette plaine,
éventez ce séjour,
Ccependant que j'ahanne
à mon blé que je vanne
à la chaleur du jour ...

Réponse de bleuette

L'âme est une fleur délicate exposée au vent de la destinée.
Les brises du matin la secouent et les gouttes de rosée lui ploie le cou...

... Comme la fleur prend de la terre son parfum et sa vie,
l'âme tire de la matière et de ses torts une force et une sagesse ...

Khalil Gibran

Réponse de Flavynette

Le Baiser

Comme une ville qui s'allume
Et que le vent achève d'embraser,
Tout mon coeur brûle et se consume,
J'ai soif, oh ! j'ai soif d'un baiser.

Baiser de la bouche et des lèvres
Où notre amour vient se poser,
Plein de délices et de fièvres,
Ah ! j'ai soif, j'ai soif d'un baiser !

Baiser multiplié que l'homme
Ne pourra jamais épuiser,
Ô toi, que tout mon être nomme,
J'ai soif, oui, j'ai soif d'un baiser.

Fruit doux où la lèvre s'amuse,
Beau fruit qui rit de s'écraser,
Qu'il se donne ou qu'il se refuse,
Je veux vivre pour ce baiser.

Baiser d'amour qui règne et sonne
Au coeur battant à se briser,
Qu'il se refuse ou qu'il se donne,
Je veux mourir de ce baiser.

Germain Nouveau.

Réponse de bleuette

Comprendre
Elodie Santos

Ecrire un poème c'est ...
comprendre le jour ...
comprendre la nuit ...
comprendre l'amour ...

Comme une fleur qui s'est fanée
j'ai oublié la belle histoire
qu'on me racontait quand j'étais petite
... Une histoire simple
... Une histoire bleue ...

Comme le vent qui s'est mis à souffler
j'ai volé à toute vitesse
Par dessus la prairie ...
Par dessus la maison ...

Comme la vie qui ainsi continue
Je continue de croire
Qu'il faut
Comprendre ...

Réponse de bleuette

Il lui disait : « Vois-tu, si tous deux nous pouvions,
l'âme pleine de foi, le coeur plein de rayons,
ivres de douce extase et de mélancolie,
rompre les mille noeuds dont la ville nous lie ...

Si nous pouvions quitter ce Paris triste et fou,
nous fuirions ; nous irions quelque part, n'importe où,
chercher loin des vains bruits, loin des haines jalouses,
un coin où nous aurions des arbres, des pelouses ...

Une maison petite avec des fleurs, un peu
de solitude, un peu de silence, un ciel bleu,
la chanson d'un oiseau qui sur le toit se pose,
de l'ombre ... Et quel besoin avons-nous d'autre chose ? ...

Victor Hugo

Réponse de Flavynette

Rien n'est jamais acquis à l'homme Ni sa force
Ni sa faiblesse ni son coeur Et quand il croit
Ouvrir ses bras son ombre est celle d'une croix
Et quand il croit serrer son bonheur il le broie
Sa vie est un étrange et douloureux divorce
Il n'y a pas d'amour heureux

Sa vie Elle ressemble à ces soldats sans armes
Qu'on avait habillés pour un autre destin
À quoi peut leur servir de se lever matin
Eux qu'on retrouve au soir désoeuvrés incertains
Dites ces mots Ma vie Et retenez vos larmes
Il n'y a pas d'amour heureux

Mon bel amour mon cher amour ma déchirure
Je te porte dans moi comme un oiseau blessé
Et ceux-là sans savoir nous regardent passer
Répétant après moi les mots que j'ai tressés
Et qui pour tes grands yeux tout aussitôt moururent
Il n'y a pas d'amour heureux

Le temps d'apprendre à vivre il est déjà trop tard
Que pleurent dans la nuit nos coeurs à l'unisson
Ce qu'il faut de malheur pour la moindre chanson
Ce qu'il faut de regrets pour payer un frisson
Ce qu'il faut de sanglots pour un air de guitare
Il n'y a pas d'amour heureux.

Il n'y a pas d'amour qui ne soit à douleur
Il n'y a pas d'amour dont on ne soit meurtri
Il n'y a pas d'amour dont on ne soit flétri
Et pas plus que de toi l'amour de la patrie
Il n'y a pas d'amour qui ne vive de pleurs
Il n'y a pas d'amour heureux
Mais c'est notre amour à tous les deux

Louis Aragon.

Réponse de marielune

Que ne suis-je !
Esther Granek

Si j'étais oiseau
J'entrerais par la fenêtre
où tu écris
et te caresserais les joues
du bout de mes ailes ...

Oiseau que ne suis-je !

Si j'étais fenêtre
cette fenêtre où tu écris
mes vitres te seraient miroir
et je t'y caresserais le visage
du bout de mes reflets ...

Fenêtre que ne suis-je !

Si j'étais plante
cette plante entourant
la fenêtre où tu écris
je me tresserais en couronne
et t'en ceindrais le front
et te caresserais les cheveux
du bout de mes feuilles ...

Cette plante que ne suis-je !

Si j'étais l'Autre cet Autre
auquel tu écris ,
moi qui jamais n'ai
caressé tes joues
tes cheveux ni ton front
même du bout de mes doigts ...

Cet Autre que ne suis-je !

Réponse de Flavynette

Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l'herbe menue :
Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.

Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
Mais l'amour infini me montera dans l'âme,
Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, - heureux comme avec une femme.

Arthur Rimbaud.

Réponse de Camphinois

Ecoutez la chanson bien douce
Qui ne pleure que pour vous plaire
Elle est discrète, elle est légère
Un frisson d'eau sur de la mousse

La voix vous fut connue et chère
Mais à présent elle est voilée
Comme une veuve désolée
Pourtant comme elle est encore fière


Et dans les longs plis de son voile
Qui palpite aux brises d'automne
Cache et montre au coeur qui s'étonne
La vérité comme une étoile


Elle dit la voix reconnue
Que la bonté c'est notre vie
Que de la haine et de l'envie
Rien ne reste la mort venue

Elle parle aussi de la gloire
D'être simple sans plus attendre
Et de noces d'or et du tendre
Bonheur d'une paix sans victoire


Ecoutez la voix qui persiste
Dans son naïf épithalame
Allez rien n'est meilleur à l'âme
Que de faire une âme moins triste

Elle est en peine et de passage
L'âme qui souffre sans colère
Et comme sa morale est claire
Ecoutez la chanson bien sage

Réponse de yareg

Sauve-toi de lui...
Guy de Maupassant


Sauve-toi de lui s'il aboie;
Ami, prends garde au chien qui mord
Ami prends garde à l'eau qui noie
Sois prudent, reste sur le bord.
Prends garde au vin d'où sort l'ivresse
On souffre trop le lendemain.
Prends surtout garde à la caresse
Des filles qu'on trouve en chemin.
Pourtant ici tout ce que j'aime
Et que je fais avec ardeur
Le croirais-tu? C'est cela même
Dont je veux garder ta candeur.

2 juillet 1885 La Fournaise, Chatou

Guy de Maupassant, Poésies diverses

Réponse de marielune

Assise sur une plage,
Le visage face à la mer,
Le dos aux montagnes,
J'ai pensé:

C'est curieux comment
les gens sont,
C'est étrange comment
les noeuds se font et se défont.

C'est curieux comment
leurs mots heurtent,
C'est étrange comment
leurs actes abusent et désabusent.

C'est curieux comment
nous sommes faits,
C'est étrange comment
nos yeux distraits disent vrai.

Cela demeure pour moi un mystère,
Ces vagues qui partent et qui reviennent,
Ces nuages qui aspirent aux cimes,
Et ces gens,
Ces mêmes gens qui se miment.

Réponse de bleuette

Un pavillon à claires-voies
Abrite doucement nos joies
Qu'éventent des rosiers amis ;

L'odeur des roses, faible, grâce
Au vent léger d'été qui passe,
Se mêle aux parfums qu'elle a mis ;

Comme ses yeux l'avaient promis,
Son courage est grand et sa lèvre
Communique une exquise fièvre ;

Et l'Amour comblant tout, hormis
La Faim, sorbets et confitures
Nous préservent des courbatures.

Paul Verlaine.

Réponse de Flavynette

Titre : À deux beaux yeux

Recueil : La comédie de la mort (1838).

Vous avez un regard singulier et charmant ;
Comme la lune au fond du lac qui la reflète,
Votre prunelle, où brille une humide paillette,
Au coin de vos doux yeux roule languissamment ;

Ils semblent avoir pris ses feux au diamant ;
Ils sont de plus belle eau qu'une perle parfaite,
Et vos grands cils émus, de leur aile inquiète,
Ne voilent qu'à demi leur vif rayonnement.

Mille petits amours, à leur miroir de flamme,
Se viennent regarder et s'y trouvent plus beaux,
Et les désirs y vont rallumer leurs flambeaux.

Ils sont si transparents, qu'ils laissent voir votre âme,
Comme une fleur céleste au calice idéal
Que l'on apercevrait à travers un cristal.

Théophile Gautier.

Réponse de bleuette

L'ardeur
Anna de Noailles

Rire ou pleurer, mais que le coeur
Soit plein de parfums comme un vase,
Et contienne jusqu'à l'extase
La force vive ou la langueur.

Avoir la douleur ou la joie,
Pourvu que le coeur soit profond
Comme un arbre où des ailes font
Trembler le feuillage qui ploie ;

S'en aller pensant ou rêvant,
Mais que le coeur donne sa sève
Et que l'âme chante et se lève
Comme une vague dans le vent.

Que le coeur s'éclaire ou se voile,
Qu'il soit sombre ou vif tour à tour,
Mais que son ombre et que son jour
Aient le soleil ou les étoiles ...

Réponse de Flavynette

Titre : Demain, dès l'aube
Recueil : Les contemplations (1856).

Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.

Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.

Victor Hugo.

Réponse de yareg

Bonsoir les zami e s

Pas trop le temps de chercher des poèmes mais je vous lis et j'apprécie.
j'ai bien aimé en particulier celui de Marielune, le 06 avril à 08h42.

Merci de mettre le nom de l'auteur, ici c'était :
Nashmia Noormohamed, 1999

Continuez les zami e s et merci !

Réponse de marielune

Merci Tareg
Désolée je croyais l'avoir copié en même temps que le texte
Bisous

Réponse de marielune

Vous savez, je ne comprends pas comment on peut passer à côté d'un arbre, et ne pas être heureux de le voir, parler avec un homme, et ne pas être heureux de l'aimer ! Oh, seulement je ne sais pas m'exprimer... mais combien il y a à chaque pas de choses si belles, que même l'homme le plus désemparé trouve belles ! Regardez l'enfant, regardez l'aurore du bon Dieu, regardez le brin d'herbe grandir, regardez les yeux qui vous regardent et qui vous aiment...

Dostoïevski

Réponse de bleuette

Nous nous sommes endormis dans un monde
et nous nous sommes réveillés dans un autre.

Soudain, Disney n'a plus de magie,
Paris n'est plus romantique,
New York ne reste plus debout,
Djerba n'est plus douce,
le mur chinois n'est plus une forteresse,
et la Mecque est vidée.

Les câlins et les bisous deviennent soudainement des armes
et le fait de ne pas rendre visite aux parents et aux amis
devient, hélas un acte d'amour.

Soudain, vous avez réalisé que le pouvoir,
la beauté, l'argent ne valaient rien finalement
et ne pouvaient pas vous procurer l'oxygène
pour lequel vous vous battez.

Le Monde continue sa vie malgré tout
et il demeure magnifique ; il ne met en cage que les humains.
Je pense qu'il nous envoie un message :
"Vous n'êtes pas indispensables .
L'air, la terre, l'eau et le ciel sans vous vont bien. Et même mieux.
Quand vous reviendrez, rappelez-vous que vous êtes mes invités... Pas mes maîtres."

Auteur inconnu

Réponse de Flavynette

Titre : Les caresses des yeux

Recueil : À l'amie perdue (1896).

Les caresses des yeux sont les plus adorables ;
Elles apportent l'âme aux limites de l'être,
Et livrent des secrets autrement ineffables,
Dans lesquels seul le fond du coeur peut apparaître.

Les baisers les plus purs sont grossiers auprès d'elles ;
Leur langage est plus fort que toutes les paroles ;
Rien n'exprime que lui les choses immortelles
Qui passent par instants dans nos êtres frivoles.

Lorsque l'âge a vieilli la bouche et le sourire
Dont le pli lentement s'est comblé de tristesses,
Elles gardent encor leur limpide tendresse ;

Faites pour consoler, enivrer et séduire,
Elles ont les douceurs, les ardeurs et les charmes !
Et quelle autre caresse a traversé des larmes ?

Auguste Angellier (1848-1911)

Réponse de marielune

Et si
Et si on s'attendait, et si on s'attardait
Et si on s'entraidait, si on s'accompagnait
Et si on se penchait sur celui qu'est tombé
D'abord pour le soigner et pour le relever ...

Et si on essayait et si on s'efforçait
D'apprendre à se connaitre avant de se défier
Et si on accordait à toute différence
La même compassion et la même indulgence ...

Et si on se disait qu'à partir d'aujourd'hui
On met d'autres étoiles dans le ciel de nos nuits
Des secours de cadeaux, des soutiens, des bienfaits
Pour se coucher heureux et s'endormir en paix ...
Et si

Et si on était beau, je veux dire beau dedans
L'esthétique à soigner de nos bons sentiments
On passe tant de temps le regard dans la glace
L'âme mérite bien autant de face à face ...

Et si on était jeune, je veux dire même vieux
Du berceau au cercueil garder les mêmes yeux
Le regard d'un enfant s'émerveille d'un rien
Et si on trouvait grand même ce qui l'est moins ...

Et si on pardonnait quand on nous a menti
Et si on pardonnait quand on nous a trahi
La punition serait de rendre coup pour coup
Mais la clémence est sage et bourreaux sont fous ...
Et si

Et si on regardait tout l'or de son voisin
Sans le moindre dépit qu'il ne soit pas le sien
Si on ne condamnait personne en aucun cas
Si on se contentait de ne juger que soi ...

Et si on oubliait de se mettre en colère
Si on foutait la paix à nos envies de guerre
Pour faire une caresse ou pour tendre un main
Il faut bien moins d'effort que pour serrer le poing ...

Si au lieu de courir on s'arrêtait un peu
Pour reprendre de souffle et pour attendre ceux
Qui suivent à petits pas presqu'au bout du rouleau
Les aider à marcher, les porter s'il le faut ...
Et si

Et s'il ne suffisait pas seulement de le dire
Et s'il ne suffisait pas seulement de l'écrire
Et si l'on décidait de faire dès demain
Le premier pas vers l'autre pour lui tendre la main ...

Et si on faisait mieux que le mieux que l'on croit
Et si même attentif on allait au delà
Et si on était bon plus que de temps en temps
Et si on apprenait à s'aimer à plein temps
Et si on était ... Bienveillant ...

Patrick Sebastien

Réponse de marielune

Ah ! chante encore, chante, chante !
Mon âme a soif des bleus éthers.
Que cette caresse arrachante
En rompe les terrestres fers ! ...

Que cette promesse infinie,
Que cet appel délicieux
Dans les longs flots de l'harmonie
L'enveloppe et l'emporte aux cieux !

Les bonheurs purs, les bonheurs libres
L'attirent dans l'or de ta voix,
Par mille douloureuses fibres
Qu'ils font tressaillir à la fois...

Elle espère, sentant sa chaîne
A l'unisson si fort vibrer,
Que la rupture en est prochaine
Et va soudain la délivrer !

La musique surnaturelle
Ouvre le paradis perdu...
Hélas ! Hélas ! il n'est par elle
Qu'en songe ouvert, jamais rendu.

René-François SULLY PRUDHOMME

Réponse de Flavynette

Plaisir d'amour

Recueil : Nouvelle Célestine (1784).

Plaisir d'amour ne dure qu'un moment,
Chagrin d'amour dure toute la vie.

J'ai tout quitté pour l'ingrate Sylvie,
Elle me quitte et prend un autre amant.
Plaisir d'amour ne dure qu'un moment,
Chagrin d'amour dure toute la vie.

Tant que cette eau coulera doucement
Vers ce ruisseau qui borde la prairie,
Je t'aimerai, me répétait Sylvie ;
L'eau coule encor, elle a changé pourtant !

Plaisir d'amour ne dure qu'un moment,
Chagrin d'amour dure toute la vie.

Jean-Pierre Claris de Florian.

Réponse de marielune

La petite espérance

C'est le petite lumière qui brille au fond du coeur
Et nul au monde ne saurait l'éteindre.
Si ton coeur est brisé, malheureux, éperdu,
Si ta vie est triste, monotone, sans saveur,
Si l'angoisse parfois et souvent te saisit,
La petite espérance est là, au fond de ton coeur
Qui va te permettre de remonter la pente.
Elle est le doux printemps qui surgit après l'hiver,
Elle est ta bonne étoile qui scintille dans le ciel,
Elle est le souffle du vent qui chasse les nuages...
Si tu te crois sans force, sans idée, sans espoir,
Tout au fond d'une impasse, dans le noir d'un tunnel,
Si tu n'as plus le gout à rien, ni même celui de vivre...
La petite espérance est encore là, au fond de ton coeur
Qui te donne du courage quand tout semble fini.
Elle est la goutte d'eau pure qui jaillit de la source
Le bourgeon qui permet à l'arbre de reverdir
La clarté du jour, là-bas, au bout de la nuit.
Merci d'être toujours là,
ma petite espérance,
tout au fond de mon coeur
Ma merveilleuse lampe magique
où je puise tous mes rèves,
Toi qui ne connais pas le mot fin.

Source: Anonyme

Réponse de Flavynette

Titre : Sensation

Recueil : Poésies (1870-1871).

Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l'herbe menue :
Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.

Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
Mais l'amour infini me montera dans l'âme,
Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, - heureux comme avec une femme.

Poète : Arthur Rimbaud (1854-1891)

Réponse de bleuette

Enfants De Tous Pays par Enrico Macias

Enfants de tout pays
Tendez vos mains meurtries
Semez l'amour
Et puis donnez la vie
Enfants de tout pays
Et de toutes couleurs
Vous avez dans le coeur
Notre bonheur
C'est dans vos mains
Que demain
Notre terre
Sera confiée
Pour sortir de la nuit
Et notre espoir
De revoir la lumière
Est dans vos yeux

Qui s'éveillent à la vie
Séchez vos larmes
Jetez vos armes
Faites du monde
Un paradis
Enfants de tout pays
Tendez vos mains meurtries
Semez l'amour
Et puis donnez la vie
Enfants de tout pays
Et de toutes couleurs
Vous avez dans le coeur
Notre bonheur

Il faut penser
Au passé
De nos pères
Et aux promesses
Qu'ils n'ont jamais tenues
La vérité
C'est d'aimer
Sans frontières
Et de donner
Chaque jour un peu plus
Car la sagesse
Et la richesse
N'ont qu'une adresse
Le paradis

Enfants de tout pays
Tendez vos mains meurtries
Semez l'amour
Et puis donnez la vie
Enfants de tout pays
Et de toutes couleurs
Vous avez dans le coeur
Notre bonheur

Et puis le jour
Où l'amour
Sur la terre
Deviendra roi
Vous pourrez vous reposer
Lorsque la joie
Couvrira
Nos prières
Vous aurez droit
A votre éternité
Et tous les rires
De votre empire
Feront du monde
Un paradis

Enfants de tout pays
Tendez vos mains meurtries
Semez l'amour
Et puis donnez la vie
Enfants de tout pays
Et de toutes couleurs
Vous avez dans le coeur
Notre bonheur ...

Réponse de marielune

Fut-il en nous une seule tendresse,
Une pensée, une joie, une promesse,
Que nous n'ayons semée au-devant de nos pas ?

Fut-il une prière en secret entendue,
Dont nous n'ayons serré les mains tendues
Avec douceur sur notre sein ?

Fut-il un seul appel, un seul dessein,
Un voeu tranquille ou violent
Dont nous n'ayons accéléré l'élan ?

Et, nous aimant ainsi.

(Emile Verhaeren - Les heures claires)

Réponse de yareg

Tout est affaire de décor
Changer de lit changer de corps
À quoi bon puisque c'est encore
Moi qui moi-même me trahis
Moi qui me traîne et m'éparpille
Et mon ombre se déshabille
Dans les bras semblables des filles
Où j'ai cru trouver un pays.

Coeur léger coeur changeant coeur lourd
Le temps de rêver est bien court
Que faut-il faire de mes jours
Que faut-il faire de mes nuits
Je n'avais amour ni demeure
Nulle part où je vive ou meure
Je passais comme la rumeur
Je m'endormais comme le bruit.

C'était un temps déraisonnable
On avait mis les morts à table
On faisait des châteaux de sable
On prenait les loups pour des chiens
Tout changeait de pôle et d'épaule
La pièce était-elle ou non drôle
Moi si j'y tenais mal mon rôle
C'était de n'y comprendre rien

Est-ce ainsi que les hommes vivent
Et leurs baisers au loin les suivent

Dans le quartier Hohenzollern
Entre La Sarre et les casernes
Comme les fleurs de la luzerne
Fleurissaient les seins de Lola
Elle avait un coeur d'hirondelle
Sur le canapé du bordel
Je venais m'allonger près d'elle
Dans les hoquets du pianola.

Le ciel était gris de nuages
Il y volait des oies sauvages
Qui criaient la mort au passage
Au-dessus des maisons des quais
Je les voyais par la fenêtre
Leur chant triste entrait dans mon être
Et je croyais y reconnaître
Du Rainer Maria Rilke.

Est-ce ainsi que les hommes vivent
Et leurs baisers au loin les suivent.

Elle était brune elle était blanche
Ses cheveux tombaient sur ses hanches
Et la semaine et le dimanche
Elle ouvrait à tous ses bras nus
Elle avait des yeux de faïence
Elle travaillait avec vaillance
Pour un artilleur de Mayence
Qui n'en est jamais revenu.

Il est d'autres soldats en ville
Et la nuit montent les civils
Remets du rimmel à tes cils
Lola qui t'en iras bientôt
Encore un verre de liqueur
Ce fut en avril à cinq heures
Au petit jour que dans ton coeur
Un dragon plongea son couteau

Est-ce ainsi que les hommes vivent
Et leurs baisers au loin les suivent.


Est-ce ainsi que les hommes vivent
Poèmes de Louis Aragon

https://www.youtube.com/watch?v=GJvP9R9otmQ

Réponse de bleuette

Dans ma veste de soie rose
Je déambule morose
Le crépuscule est grandiose...mais

Peut-être un beau jour voudras-tu
Retrouver avec moi
Les paradis perdus

Dandy un peu maudit, un peu vieilli,
Dans ce luxe qui s'effondre
Te souviens-tu quand je chantais
Dans les caves de Londres
Un peu noyé dans la fumée
Ce rock sophistiqué
Toutes les nuits tu restais là


Peut-être un beau jour voudras-tu
Retrouver avec moi
Les paradis perdus

Dandy un peu maudit un peu vieilli
Les musiciens sont ridés
Sur ce clavier qui s'est jauni
J'essaie de ma rappeler encore une fois les accords de
Ce rock sophistiqué
Qui étonnait même les anglais

Peut-être un beau jour voudras-tu
Retrouver avec moi
Les paradis perdus

Christophe

Réponse de marielune

Il est six heures au clocher de l'église
Dans le square les fleurs poétisent
Une fille va sortir de la mairie
Comme chaque soir je l'attends
Elle me sourit
Il faudrait que je lui parle
A tout prix

Je lui dirai les mots bleus
Les mots qu'on dit avec les yeux
Parler me semble ridicule
Je m'élance et puis je recule
Devant une phrase inutile
Qui briserait l'instant fragile
D'une rencontre
D'une rencontre


Je lui dirai les mots bleus
Ceux qui rendent les gens heureux
Je l'appellerai sans la nommer

Je suis peut-être démodé
Le vent d'hiver souffle en avril
J'aime le silence immobile
D'une rencontre
D'une rencontre

Il n'y a plus d'horloge, plus de clocher
Dans le square les arbres sont couchés
Je reviens par le train de nuit
Sur le quai je la vois
Qui me sourit
Il faudra bien qu'elle comprenne
A tout prix


Je lui dirai les mots bleus
Les mots qu'on dit avec les yeux
Toutes les excuses que l'on donne
Sont comme les baisers que l'on vole
Il reste une rancoeur subtile
Qui gâcherait l'instant fragile
De nos retrouvailles
De nos retrouvailles

Je lui dirai les mots bleus
Ceux qui rendent les gens heureux
Une histoire d'amour sans paroles
N'a plus besoin du protocole
Et tous les longs discours futiles
Terniraient quelque peu le style
De nos retrouvailles
De nos retrouvailles


Je lui dirai les mots bleus
les mots qu'on dit avec les yeux
Je lui dirai tous les mots bleus
Tous ceux qui rendent les gens heureux
Tous les mots bleus

Christophe

Réponse de Flavynette

Je t'adore à l'égal de la voûte nocturne

Recueil : Les fleurs du mal (1857).

Je t'adore à l'égal de la voûte nocturne,
Ô vase de tristesse, ô grande taciturne,
Et t'aime d'autant plus, belle, que tu me fuis,
Et que tu me parais, ornement de mes nuits,
Plus ironiquement accumuler les lieues
Qui séparent mes bras des immensités bleues.

Je m'avance à l'attaque, et je grimpe aux assauts,
Comme après un cadavre un choeur de vermisseaux,
Et je chéris, ô bête implacable et cruelle !
Jusqu'à cette froideur par où tu m'es plus belle !

Charles Baudelaire.

Réponse de bleuette

Châteaux de sable sont écroulés
La plage est sale d'amours fanés
La ville est pleine de place vides
La route de guet s'est endormie

J'ai entendu la mer
Souvent me fredonner
Tu sais je m'ennuie l'hiver !
Pourquoi passe-t-il l'été ?

Bateau perdu cherche son maître
Qui lui rendra la liberté
Le port le tient dans sa cachette
Et lui promet de la retrouver

J'ai entendu la mer
Souvent me fredonner
Tu sais je m'ennuie l'hiver !
Pourquoi passe-t-il l'été ?

Châteaux de sable sont écroulés
La plage est sale d'amours fanés
Bateau perdu cherche son maître
Qui lui rendra la liberté

J'ai entendu la mer
Souvent me fredonner
Tu sais je m'ennuie l'hiver !
Pourquoi passe-t-il l'été ?

Christophe

Réponse de Flavynette

Titre : Bonjour mon coeur
Recueil : Le second livre des Amours (1556).

Bonjour mon coeur, bonjour ma douce vie.
Bonjour mon oeil, bonjour ma chère amie,
Hé ! bonjour ma toute belle,
Ma mignardise, bonjour,
Mes délices, mon amour,
Mon doux printemps, ma douce fleur nouvelle,
Mon doux plaisir, ma douce colombelle,
Mon passereau, ma gente tourterelle,
Bonjour, ma douce rebelle.

Hé ! faudra-t-il que quelqu'un me reproche
Que j'aie vers toi le coeur plus dur que roche
De t'avoir laissée, maîtresse,
Pour aller suivre le Roi,
Mendiant je ne sais quoi
Que le vulgaire appelle une largesse ?
Plutôt périsse honneur, court, et richesse,
Que pour les biens jamais je te relaisse,
Ma douce et belle déesse.


Pierre de Ronsard (1524-1585)

Réponse de bleuette

La nuit vient nous ravir en ses puissants arcanes ;
L'ombre avec des frissons envahit les platanes ;
De légères vapeurs montent des chemins creux.
Les vieillards sont assis, et les voix alternées
Sous le feuillage obscur se perdent égrenées.
C'est l'heure où l'esprit rêve, heureux ou malheureux.

Le crépuscule expire et les étoiles blanches
Commencent en tremblant à poindre dans les branches.
Au regard exalté qui songe et les poursuit,
Voici que la plus belle allume la première
A l'occident pâli sa vibrante lumière,
Vénus splendide et chaste, honneur de notre nuit.

Anatole France

Réponse de yareg

Brigitte Fontaine est née à Morlaix. Elle est chanteuse et poète. Son oeuvre est radicale, fulgurante et sibylline. Dans cette lettre, elle adresse à tous les confinés un message d'espoir, en célébrant les pouvoirs enchanteurs, créateurs et libérateurs de la langue.
À tous les confinés, fruits confits © Getty
Paris, le 20 avril 2020
À tous les confinés, fruits confits,
(à lire très lentement, en détachant chaque vers)
voici les fruits confits
des malheurs de Sophie
ou les jolies mésanges
dans les cages de l'ange
je regarde ton jeu
d'échecs en loukoum bleu
l'ange exterminateur
prend la Reine de Coeur
et moi je lui fais mat
au diable l'audimat
la Reine en loukoum rose
est la plus tendre chose
voici les fruits confits
des malheurs de Sophie
ou les jolies mésanges
dans les cages de l'ange
dans les neiges d'avril
chassons et face et pile
les souvenirs d'enfer
jetons les à la mer
toi vierge au masque noir
dans le bronze du soir
limaille de sorcière
donne nous la lumière
voici les fruits confits
des malheurs de Sophie
ou les jolies mésanges
dans les cages de l'ange
la Terre ténébreuse
les veuves les pleureuses
vague de marée noire
se fond dans le brouillard
seul un grain de fer luit
étoile dans la nuit
c'est la joie qui revient
là-bas dans le lointain
voici les fruits confits
des malheurs de Sophie
ou les jolies mésanges
dans les cages de l'ange
en pleine fiente et vase
nous lançons une phrase
comme un ballon de soie
est-ce la shaada ?
Brigitte Fontaine

Réponse de bleuette

La tendresse

Elle n'a pas d'âge la tendresse,
Que l'on soit petit ou bien grand,
Adulte ou bien adolescent
Et même lorsque la vieillesse

Nous surprend un jour,la tendresse
Est comme un baume parfumé
Au goût sucré d'un bel été
Fait de douceur et de caresses.

Elle est nécessaire la tendresse
C'est elle qui calme la douleur
Qui fait reculer les rancoeurs,
Elle efface les mots qui blessent.

Parfois elle manque la tendresse
À ceux dont le coeur endurci
Est devenu méchant,aigri,
Il faut lui donner leur adresse

Car bien souvent cette tendresse
Réveillera les émotions
L'envie,la joie et la passion,
Elle fera faire des prouesses.

Flore, La poesie de Flore

Réponse de marielune

Celui qui s'émerveille a des étoiles dans les yeux
De vraies étoiles ...
qui ne sont pas le reflet de celles du ciel,
mais la manifestation de celles
qu'il porte dans son coeur ...

Jacques Salomé

Réponse de bleuette

Au-delà de l'extrême solitude de nos fragiles écrits,
existe-t-il, quelque part, quelqu'un qui vraiment nous entende?
Ou n'aurons-nous jamais que l'écho du silence ...

V.H Scorp

Réponse de marielune

L'amour te donne, ô douce femme,
Ces plaisirs où rien n'est amer,
Et ces regards où toute l'âme
Apparaît dans un seul éclair,

Et le sourire, et la caresse,
L'entretien furtif et charmant,
Et la mélancolique ivresse
D'un ineffable épanchement,

Et les traits chéris d'un visage,
Ombre qu'on aime et qui vous suit,
Qu'on voit le jour dans le nuage,
Qu'on voit dans le rêve la nuit,

Laisse donc, ô ma douce muse,
Sans le regretter un seul jour,
Ce que le destin te refuse
Pour ce que te donne l'amour !

Victor Hugo.

Réponse de Flavynette

Chanson - J'ai dit à mon coeur

J'ai dit à mon coeur, à mon faible coeur :
N'est-ce point assez d'aimer sa maîtresse ?
Et ne vois-tu pas que changer sans cesse,
C'est perdre en désirs le temps du bonheur ?

Il m'a répondu : Ce n'est point assez,
Ce n'est point assez d'aimer sa maîtresse ;
Et ne vois-tu pas que changer sans cesse
Nous rend doux et chers les plaisirs passés ?

J'ai dit à mon coeur, à mon faible coeur :
N'est-ce point assez de tant de tristesse ?
Et ne vois-tu pas que changer sans cesse,
C'est à chaque pas trouver la douleur ?

Il m'a répondu : Ce n'est point assez,
Ce n'est point assez de tant de tristesse ;
Et ne vois-tu pas que changer sans cesse
Nous rend doux et chers les chagrins passés ?

Alfred de Musset.
Recueil : Premières poésies (1829).

Réponse de Flavynette

La vie n'est pas toujours facile.

Libre de penser, de rire et d'aimer,
Profiter des secondes de bonheur,
De paix, de joie et savoir décider,
Sans aucune crainte et sans peur :
Savoir dire non, oser et choisir,
Construire, entreprendre et bâtir.

Il suffit de si peu de chose,
Un peu de courage si j'ose.
La vie n'est pas toujours facile,
Mais il suffit de redresser la tête,
D'affronter certaines adversités,
Avec beaucoup de sincérité.

Suivre son coeur, ses pensées,
Ses choix et ses propres idées.
C'est alors et seulement ainsi,
Que l'on devient acteur de sa vie.

Il faut dans la vie savoir aussi,
Tendre la main à qui en a besoin,
Sans espérer un retour... ni rien,
Juste se dire que c'était bien.

Alors s'installe l'harmonie avec soi-même,
Et ainsi le monde parait presque parfait !


Maxalexis
Recueil : Libre de penser (2001)

Réponse de bleuette

Raconte-moi la mer
Dis-moi le goût des algues
Et le bleu et le vert
Qui dansent sur les vagues
La mer c est l'impossible...

...C est le rivage heureux
C est le matin paisible
Quand on ouvre les yeux
C est la porte du large
Ouverte à deux battants...

C est la tête en voyage
Vers d'autres continents...
C'est voler comme Icare
Au devant du soleil
En fermant sa mémoire
A ce monde cruel ...

La mer c'est le désir
De ce pays d'amour
Qu'il faudra découvrir
Avant la fin du jour

Raconte-moi la mer
Dis-moi ses aubes pâles
Et le bleu et le vert
Où tombent des étoiles

La mer c'est l'innocence
Du paradis perdu
Le jardin de l'enfance
Où rien ne chante plus
C'est l'écume et le sable
Toujours recommencés
Et la vie est semblable
Au rythme des marées

C'est l'infinie détresse
Des choses qui s'en vont
C'est tout ce qui nous laisse
A la morte saison
La mer c'est le regret
De ce pays d'amour
Que l'on cherche toujours
Et qu'on n'atteint jamais

Raconte-moi la mer
Dis-moi le goût des algues
Et le bleu et le vert
Qui dansent sur les vagues ...

Jean Ferrat

Réponse de bleuette

Le Plat Pays par Jacques Brel

Avec la mer du Nord pour dernier terrain vague,
Et des vagues de dunes pour arrêter les vagues,
Et de vagues rochers que les marées dépassent,
Et qui ont à jamais le coeur à marée basse.
Avec infiniment de brumes à venir
Avec le vent d'ouest écoutez le tenir
Le plat pays qui est le mien ...

Avec des cathédrales pour uniques montagnes,
Et de noirs clochers comme mats de cocagne
Ou des diables en pierres décrochent les nuages,
Avec le fil des jours pour unique voyage,
Et des chemins de pluie pour unique bonsoir,
Avec le vent de l'est écoutez le vouloir,
Le plat pays qui est le mien ...

Avec un ciel si bas qu'un canal s'est perdu,
Avec un ciel si bas qu'il fait l'humilité
Avec un ciel si gris qu'un canal s'est pendu,
Avec un ciel si gris qu'il faut lui pardonner.
Avec le vent du nord qui vient s'écarteler,
Avec le vent du nord écoutez le craquer,
Le plat pays qui est le mien ...

Avec de l'Italie qui descendrait l'Escaut,
Avec Frida la Blonde quand elle devient Margot,
Quand les fils de Novembre nous reviennent en Mai,
Quand la plaine est fumante et tremble sous Juillet,
Quand le vent est au rire quand le vent est au blé,
Quand le vent est sud écoutez le chanter,
Le plat pays qui est le mien. ...

Réponse de Flavynette

Quand vous serez bien vieille

Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle,
Assise auprès du feu, devisant et filant,
Direz chantant mes vers, en vous émerveillant :
Ronsard me célébrait du temps que j'étais belle.

Lors vous n'aurez servante oyant telle nouvelle,
Déjà sous le labeur à demi sommeillant,
Qui au bruit de mon nom ne s'aille réveillant,
Bénissant votre nom de louange immortelle.

Je serai sous la terre, et, fantôme sans os,
Par les ombres myrteux je prendrai mon repos ;
Vous serez au foyer une vieille accroupie,

Regrettant mon amour et votre fier dédain.
Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain ;
Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie.

Pierre de Ronsard (1524-1585)
Recueil : Sonnets pour Hélène (1578).

Réponse de bleuette

Il faut être toujours ivre, tout est là ; c'est l unique question.
Pour ne pas sentir l horrible fardeau du temps
qui brise vos épaules et vous penche vers la terre,
il faut vous enivrer sans trêve...
...Mais de quoi? De vin, de poésie,
ou de vertu à votre guise, mais enivrez-vous!...
Et si quelquefois, sur les marches d un palais,
sur l herbe verte d un fossé, vous vous réveillez,
l ivresse déjà diminuée ou disparue... demandez au vent,
à la vague, à l étoile, à l oiseau, à l horloge...
à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit,
à tout ce qui roule, à tout ce qui chante,
à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est.
Et le vent, la vague, l étoile, l oiseau, l horloge,
vous répondront, il est l'heure de s'enivrer ...
pour ne pas être les esclaves martyrisés du temps,
enivrez-vous, enivrez-vous sans cesse
de vin, de poésie, de vertu, à votre guise...

BAUDELAIRE

Réponse de Flavynette

Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage de Joachim du Bellay

Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d'usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !

Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m'est une province, et beaucoup davantage ?

Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux,
Que des palais Romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine :

Plus mon Loir gaulois, que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
Et plus que l'air marin la doulceur angevine

Réponse de bleuette

Des mots de rêve
Je rêve au coin des phrases,
Je rêve au coeur des mots,
J'y vois de belles images
Joyeuses comme les oiseaux. ...
. . . Je rêve sur toutes les pages ...
Je rêve peut-être trop ? ...
Mais j'aime les petites plages
de rêve que sont les mots . . .

Anne Schwarz-Henrich

Réponse de yareg

Désolé les zami e s plus le temps de poster ici en ce moment, mais je vous lis quand je le peux, merci !

Poème transmis par Bee au quizz aujourd'hui, elle n'a pas mis le nom de l'auteur, je vous laisser chercher :


La lune s'attristait. Des séraphins en pleurs
Rêvant, l'archet aux doigts, dans le calme des fleurs
Vaporeuses, tiraient de mourantes violes
De blancs sanglots glissant sur l'azur des corolles.
C'était le jour béni de ton premier baiser.
Ma songerie aimant à me martyriser
S'enivrait savamment du parfum de tristesse
Que même sans regret et sans déboire laisse
La cueillaison d'un Rêve au coeur qui l'a cueilli.
J'errais donc, l'oeil rivé sur le pavé vieilli
Quand avec du soleil aux cheveux, dans la rue
Et dans le soir, tu m'es en riant apparue
Et j'ai cru voir la fée au chapeau de clarté
Qui jadis sur mes beaux sommeils d'enfant gâté
Passait, laissant toujours de ses mains mal fermées
Neiger de blancs bouquets d'étoiles parfumées...

Réponse de boscavert

Le moulin au printemps

Le chaume et la mousse
Verdissent les toits ;
La colombe y glousse,
L'hirondelle y boit ;

Le bras d'un platane
Et le lierre épais
Couvrent la cabane
D'une ombre de paix.

La rosée en pluie
Brille à tout rameau ;
Le rayon essuie
La poussière d'eau ;

Le vent qui secoue
Les vergers flottants,
Fait sur notre joue
Neiger le printemps.

Alphonse de Lamartine (1790-1869

Réponse de boscavert

Le printemps

Te voilà, rire du Printemps !
Les thyrses des lilas fleurissent.
Les amantes qui te chérissent
Délivrent leurs cheveux flottants.

Sous les rayons d'or éclatants
Les anciens lierres se flétrissent.
Te voilà, rire du Printemps !
Les thyrses de lilas fleurissent.

Couchons-nous au bord des étangs,
Que nos maux amers se guérissent !
Mille espoirs fabuleux nourrissent
Nos coeurs gonflés et palpitants.

Te voilà, rire du Printemps !

Théodore de Banville (1823-1891)

Réponse de yareg

Pour le poème transmis de Bee à 19h53, il s'agissait de :
Stéphane Mallarmé, Vers et Prose, 1893

Douce nuit zami e s poètes !

Réponse de boscavert

Voilà la rose
Elodie Santos

Voilà
la rose est rouge
les amoureux s'embrassent
et partagent leur âme
assis sur le banc chaud

Voilà
la rose est douce
les amoureux se touchent
et se disent en cachette
des mots silencieux

Voilà
la rose perle
les amoureux s'enivrent
au doux son du printemps
que chantent les oiseaux

Voilà
la rose brûle
les amoureux s'endorment
et les belles fleurs jaillissent
au bord du vieux ruisseau

Voilà
la rose pique
les amoureux se quittent
quand le soleil se couche
et que le ciel n'est plus là

Elodie Santos, 2018

Réponse de yareg

Rafale de vent sur mon jardin.
Les bambous bougent.. les Iris rient ...

Haïku de Tareg, 09/05/2020 21:08 (modifié 22:52)
Hi hi han !

Réponse de bleuette

Joli mois de Mai...

Ô joli mois de mai, tu ouvres une à une
De tes doigts délicats, les roses du jardin
Et tu déposes en pluie la rosée du matin,
Offerte par la nuit à un rayon de lune.

Tu murmures aux buissons la chanson du Zéphyr,
Jetant à la volée des fleurs sur les chemins.
Tu fais valser les coeurs, joyeux petit lutin,
Au rythme des passions et des éclats de rire.

Sur le calendrier avec tes saints de glace,
Des affres de l'hiver, il reste encore la trace,
Entre soleil et pluie, nuages et éclaircies.

Les oisillons s'emplument et le vent les emporte
Adieu le mauvais temps et les intempéries
L'été s'annonce enfin et il frappe à ta porte.

Alphonse BLAISE

Réponse de Flavynette

Les caresses des yeux

Les caresses des yeux sont les plus adorables ;
Elles apportent l'âme aux limites de l'être,
Et livrent des secrets autrement ineffables,
Dans lesquels seul le fond du coeur peut apparaître.

Les baisers les plus purs sont grossiers auprès d'elles ;
Leur langage est plus fort que toutes les paroles ;
Rien n'exprime que lui les choses immortelles
Qui passent par instants dans nos êtres frivoles.

Lorsque l'âge a vieilli la bouche et le sourire
Dont le pli lentement s'est comblé de tristesses,
Elles gardent encor leur limpide tendresse ;

Faites pour consoler, enivrer et séduire,
Elles ont les douceurs, les ardeurs et les charmes !
Et quelle autre caresse a traversé des larmes ?

Auguste Angellier (1848-1911)
Recueil : À l'amie perdue (1896).

Réponse de bleuette

Sous la lune

Une basse en cuivre, un vieux piston
Sur une charrette fleurie
Ouvrent le bal et donnent le ton
Aux garçons et aux filles
L' piston joue faux, la basse s'alarme
Mais les gens, ils aiment ça
Car ça perdrait vraiment son charme
Si c' n'était pas comme ça

Valse du bal champêtre sous la lune
Pas d' lampions, pas d' lanternes, que la lune
Les danseurs sont un peu dans la lune
Dans une lune de miel
Ils sont gais, ils sont dans une bonne lune
Mais avant qu'il n'y ait changement d' lune
Vite, derrière les buissons, ils s'éclipsent
Comme la lune

Grand-père, grand-mère dansent à bout d' bras
À cause de leur bedaine
Les moins d' quinze ans, ceux qui n'osent pas
Rigolent de cette scène
Voilà un couple, eux ils osent bien
Même trop, car la maman
Qui danse avec papa voit bien
Qu' sa fille fait comme maman

Valse du bal champêtre sous la lune
Malgré maman, l' gars dit à sa brune
Que pour elle il décrocherait la lune
Une vraie lune de miel
Puis elle fait des yeux ronds comme la lune
Mettant maman dans une mauvaise lune
Qui lui dit "Allons, viens te coucher"
Comme la lune

Danseurs, danseuses s'en vont dormir
Ils ont besoin de rêves
Un de ces rêves qui leur fera dire
Que cette nuit fut brève
Et sur cette herbe piétinée
Témoin d'amours passées
Deux vieux poivrots restent bébêtes
Quand la musique s'arrête

Valse du bal champêtre sous la lune
Dernière note, dernier rayon de lune
À l'horizon, ailleurs va la lune
Distribuer son miel
Cocorico fait l' coq qui s' remplume
Pour nous dire que l' soleil chasse la lune
Ça y est, nous sommes aujourd'hui demain
Plus de lune ...

Bourvil

Réponse de bleuette

Donnez-nous des jardins par Pierre Perret

Donnez-nous donnez-nous des jardins
Des jardins pour y faire des bêtises
D'où l'on revient des p'tites fleurs à la main
Quand on a déchiré sa chemise
Des jardins d'où l'on est si contents
De rentrer les genoux tout en sang

C'est pas qu'on s'embête
En bas des H.L.M
Mais les galipettes
Sur le ciment, c'est pas la crème
Pour trouver de l'herbe
Accrochez-vous bien
Comme disait un lézard vert
Qui était pas daltonien
Si on cassa les vitres

Quand on joue au football
Qu'on vous casse les pieds
Aussitôt qu'on revient de l'école
C'est qu'on manque d'espace
De piafs et de feuilles
Y a plus qu'à la caisse d'épargne
Qu'on trouve des écureuils

Donnez-nous, donnez-nous des jardins
Des jardins pour y faire des bêtises
D'où l'on revient des p'tites fleurs à la main
Quand on a déchiré sa chemise ...
Des jardins aux odeurs sauvageonnes
Ça vaut celles des oxydes de carbone
Bien souvent je rêve
De bêtes et de prairies
Recherchant une trêve
À cet univers un peu gris ...

Je joue aux abeilles
Le vol du bourdon
Si la reine s'émerveille
Mon goûter sera bon
Les mulots gambillent
Le hibou vend des poux
Une jolie chenille
Est venue tremper une soupe aux choux
Un pauvre mille-pattes
Se voit déjà ruiné
Par cinq cent paires de savates
Qui ont besoin de ressemeler

Donnez-nous donnez-nous des jardins
Des jardins pour y faire des bêtises
D'où l'on revient des p'tites fleurs à la main
Quand on a déchiré sa chemise
Des jardins d'où l'on est si contents
De rentrer les genoux tout en sang
Dire au hérisson
Qu'il peut aller se raser
Au vieux saule pleureur
De ne pas trop se démoraliser
Et à la mante religieuse
De ne pas bouffer son mec
Quand même ces dames du M.L.F
Trouveraient pas ça correct

Quelle vie merveilleuse
Loin des marteaux-piqueurs
Des marchands de béton
Qui feraient bien mieux de vendre des choux-fleurs ...
Laissez pousser l'herbe
Les arbres et les fleurs
Même les ânes en ont besoin
Autant que les promoteurs ...


Donnez-nous donnez-nous des jardins
Des jardins pour y faire des bêtises
D'où l'on revient des p'tites fleurs à la main
Quand on a déchiré sa chemise
Des jardins pleins d'animaux marrants
Ça nous changerait un peu de nos parents ...

Réponse de bleuette

Combien de temps ?
Combien de temps encore ?
Des années, des jours, des heures : combien ?
Quand j'y pense, mon coeur bat si fort...
Mon pays c'est la vie
Combien de temps encore : combien ?

Je l'aime tant, le temps qui reste
Je veux rire, courir, pleurer, parler
Et voir, et croire, et boire, danser
Crier, manger, nager, bondir, désobéir ...
J'n'ai pas fini, j'n'ai pas fini
Voler, chanter, partir, repartir
Souffrir, aimer
Je l'aime tant, le temps qui reste

Je ne sais plus où je suis né, ni quand
Je sais qu'il n'y a pas longtemps
Et que mon pays, c'est la vie
Je sais aussi que mon père disait :
"Le temps, c'est comme ton pain
Gardes-en pour demain"

J'ai encore du pain
Encore du temps, mais combien ?
Je veux jouer encore
Je veux rire des montagnes de rires
Je veux pleurer des torrents de larmes
Je veux boire des bateaux entiers de vin de Bordeaux et d'Italie
Et danser, crier, voler, nager dans tous les océans
J'ai pas fini, j'ai pas fini
Je veux chanter
Je veux parler jusqu'à la fin de ma voix
Je l'aime tant, le temps qui reste

Combien de temps ?
Combien de temps encore ?
Des années, des jours, des heures : combien ?
Je veux des histoires, des voyages
J'ai tant de gens à voir, tant d'images
Des enfants, des femmes, des grands hommes
Des petits hommes, des marrants, des tristes
Des très intelligents et des cons
C'est drôle, les cons : ça repose
C'est comme le feuillage au milieu des roses

Combien de temps ?
Combien de temps encore ?
Des années, des jours, des heures : combien ?
Je m'en fous, mon amour
Quand l'orchestre s'arrêtera, je danserai encore
Quand les avions ne voleront plus, je volerai tout seul
Quand le temps s'arrêtera, je t'aimerai encore
Je ne sais pas où, je ne sais pas comment
Mais je t'aimerai encore : d'accord ?

Serge Reggiani

Réponse de Mémoire 88

Bonsoir, je ne savais pas qu'il y avait un lieu de poésie, donc voilà, plutôt que de poster des poèmes sur les pauses musicales je vais les poster ici.
Je ne suis point poétesse dans l'âme mais autrice, il m'arrive d'écrire des poèmes dans ma prose pour donner une image poétique d'une scène, d'un sentiment, d'une situation mais ça se limite là. Et je ne les travaille pas vraiment, comptant sur mes éditeurs pour améliorer cela (et rien que cela puisque mes éditeurs ne me demandent jamais de corrections orthographiques ou grammaticales).
Si je vais un peu poster ici, c'est surtout que je suis sur les réseaux sociaux une jeune poétesse avec qui j'ai beaucoup discuté il y a quelques années (maintenant elle est surbookée de partout). Elle s'appelle Cécile Coulon plus connue comme romancière, mais qui depuis qu'elle est sur Facebook partage sur son compte des poèmes spontanés souvent quasi parfaits (ils ne sont que rarement en vers, mais l'esprit est là). Elle a obtenu en 2019 le prix Apollinaire pour son recueil "Les ronces" et très souvent ses poèmes sont mis en musique et chantés par des artistes dans des petits spectacles ou récités par de grands acteurs (elle est donc invitée dans de nombreux endroits en France ou en Belgique et est peu disponible pour ses premiers admirateurs).
Voilà ma présentation faite. Et mon premier post la concerne.

Coulon Cécile 14 avril ·
CE QU'IL NE FAUT PAS DIRE
Que la vie d'il y a un mois
me semble loin d'une année.
Que le luxe d'un appartement
ne protège pas des sombres pensées
et des journées entières
à se demander si il y aura
des journées entières
à s'occuper d'enfants
qui seront là mais que je n'aurais
pas portés.
Que le baiser d'il y a six mois
me semble loin d'une décennie.
Que chaque parole doit à présent
être pesée : si elle semble trop lourde
on la garde en soi pour ne pas
creuser le fossé qui nous sépare
de ceux qui vivent et travaillent
pour de vrai.
Ce "pour de vrai" fut entendu mille fois
pendant les dîners, aux rencontres
dans les bars, « quel est ton travail
pour de vrai » et nous nous pensions
blessés à chaque nouvelle question.
Aujourd'hui les blessés le sont pour de vrai.
Ceux qui sont dehors le sont pour de vrai.
Et nos pauvres chansons, nos pauvres romans
ne soignent rien : ils empêchent un peu
de pleurer.
Que l'amour de l'année dernière
me semble loin d'une vie.
Que ses odeurs et ses promesses
ont chuté dans la réalité
comme un soldat renversé par sa monture.
Ce soir, même si j'ouvre grand ma blessure
tu détournes les yeux pour ne pas la voir saigner.
Que le soleil nargue, que les mauvais raffolent
des peurs qui fleurissent sous les toits des
maisons basses.
Nous continuons de submerger, ailleurs que dans la rue,
des terrains virtuels parce que nous ne savons
plus
ce que cela signifie : n'occuper que sa place.
Que rien ne changera mais que cela réchauffe
d'y croire tant que nous n'avons pas à choisir.
Que je me lève le matin en pensant à tes mots
qui me portent au-delà du malheur :
« je rêve aux rêves que tu fais de moi ». Tu as
pioché dans mon âme une longue galerie
qui s'ouvre sur mon coeur.
Que toute chose est vouée à finir.
Je peine à garder dans ma gorge
ce qu'il ne faut pas dire.

Laurence Vielle lit le poème "Rester ainsi" de Cécile Coulon à Musiq3 - RTBF
https://www.rtbf.be/musiq3/emissions/detail_laurence-vielle-lit-la-poesie/accueil/article_laurence-vielle-lit-rester-ainsi-de-cecile-coulon?id=10501013&programId=16664&fbclid=IwAR3yu1Ogs8JuT7K-noKgzEp08O4r0PrdEfdyU9Y-mzHmprb1-Vk7kVPyn8E

Elle les chante aussi : Cécile Coulon * "La chanson de la promenade"
https://www.facebook.com/coulon.cecile/videos/10158513084247342/?notif_id=1589277389813931¬if_t=notify_me **
** écoutable seulement pour ceux qui sont inscrits sur facebook

Réponse de bleuette

Les ROmantiques par Alain Bashung

Ils viennent de loin
Par les chemins de l'enfance,
Ils ont dans leurs mains
L'avenir qui dan...se...

Les romantiques
... Ça se nourrit d'amour et d'eau pure
De projets d'aventures
Et de paroles ...
Les romantiques ...
... Ça n'a que des idées dans la poche
Des rêves qui ricochent
Et, qui s'envolent ...
Croire, au printemps, de la terre
A l'espoir, et, au soleil
Quand il fait noir ...

Les romantiques ...
Ça ne connait du jour que l'aurore
Ça ne sait pas encore
Qu'il y a de l'or...

Les romantiques
Ça se nourrit d'amour et d'eau pure
De projets d'aventures
Et de paroles...
Les romantiques
Ça n'a que des idées dans la poche
Des rêves qui ricochent
Et, qui s'envolent.
Croire, sans trop savoir à qui
Ni a quoi
Croire qu'on peut faire
Tout à la fois ...
Les romantiques

Ça ne connait du jour que l'aurore
Ça ne sait pas encore
Qu'il y a de l'or...

Réponse de Mémoire 88

Une info : étant abonnée à la revue SF Galaxies suite à leur publication d'une de mes nouvelles, je viens de recevoir un message de la rédaction de la revue :
dans quelques mois paraîtra le N°65 de cette revue dont le dossier sera consacré aux "chansons de l'imaginaire". Je vous tiens au courant car la revue SF Galaxies est disponible en librairie mais aussi dans presque toutes les médiathèques :)

Réponse de boscavert

Le festin manqué
par Matriochka

"Trèfle de plaisanterie,
Pensait un lapin dans la luzerne,
Je suis lassé des vulgaires pissenlits,
Moi qui suis tout de même de garenne !

J'ai grande envie d'une salade composée,
Laitue, feuilles de chou et fanes de carottes,
Le tout de persil frais assaisonné
Et présenté sur un lit d'oignons en botte.

Mon cousin le lièvre, ce matin, m'a dit
Qu'il y avait dans les parages
Un enclos foisonnant et bien garni,
Là-bas, tout près du village."

Sur ces considérations, notre léporidé,
Sautillant et bondissant, prit le chemin
Pour se rendre en ce potager rêvé
Où l'attendait, sans doute aucun, un festin.

Sur place, les incisives bien affûtées,
Tout juste la clôture de bois franchie,
Il se mit en devoir de grignoter
Tout ce qu'il trouva, y compris les radis.

Las ! L'imprudent n'avait nullement envisagé
La possible présence d'un gardien vigilant
Qui, aussitôt qu'il l'eut flairé,
Courut sus à l'intrus, grondant et aboyant.

Le lapin gourmet, surpris, effrayé,
Sur l'instant à toutes pattes s'enfuit,
Un long moment par le chien coursé,
Et dans les champs alentour s'évanouit.

Quand, plus tard, de sa cachette il ressortit,
Quoique noble animal il se fût pensé,
Il fut heureux de trouver des pissenlits
Qui, eux, n'étaient pas sous protection rapprochée.

Réponse de bleuette

J'ai ancré l'espérance
Aux racines de la vie

Face aux ténèbres
J'ai dressé des clartés
Planté des flambeaux
A la lisière des nuits

Des clartés qui persistent
Des flambeaux qui se glissent
Entre ombres et barbaries

Des clartés qui renaissent
Des flambeaux qui se dressent
Sans jamais dépérir

J'enracine l'espérance
Dans le terreau du coeur
J'adopte toute l'espérance
En son esprit frondeur.

Andrée Chedid

Réponse de bleuette

Avec l'encre couleur du temps...
J'écris avec l'encre noire, les chagrins de tous les jours
et leur trame sans histoire, et leur éternel retour...
J'écris le deuil des saisons et le mal de la raison
et le jour près de s'éteindre...
J'écris avec l'encre verte un jardin que je connais.
J'écris les feuilles et l'herbe que le printemps remuait...
J'écris la lumière douce des chemins de mon pays...
Avec l'encre violette, j'écris les soirs de bruyères
sur les terres désolées et j'écris les âmes fières
de n'être pas consolées...
J'écris avec l'encre rouge tous les feux qui m'ont brûlée
et tous les rubis qui bougent dans le fond des cheminées,
et le soleil qui se couche sur les plus longues journées,
et toutes les roses qui sur la mer s'en sont allées...

Germaine Beaumont

Réponse de bleuette

The Window - Léonard Cohen

Pourquoi restes-tu près de la fenêtre
abîmé dans l'orgueil et la beauté ?
l'épine de la nuit enfoncée dans le sein
et l'épieu de ton âge plongé dans le côté;
perdu dans les violences des parfums

perdu dans les haillons du remords
perdu dans les vagues de la maladie
qui relâche les hauts nerfs d'argent

O amour choisi, O amour trahi
O matière et esprit embrouillés.
O aimée des anges, des démons et des saints
et la grande armée des coeurs brisés -
Douce cette âme.

Sors de ce nuage d'ignorance
et baise la joue de la lune ...
le code de la solitude brisé
pourquoi rester seul et confus ! ...
... Et ne laisse aucun mot de gêne,
aucun témoin pour pleurer ...
mais escalade tes larmes et reste muet
comme la rose sur son échelle d'épines ...


Puis dépose ta rose sur le feu;
le feu s'abandonne au soleil;
le soleil cède au merveilleux
dans les bras de l'Etre sacré;
car l'Etre Sacré rêve d'une lettre -
rêve de la mort d'une lettre -
Oh bénis le bégaiement éternel
du verbe qui se fait chair.

O amour choisi, O amour transi
O matière et esprit embrouillés.
O aimée des anges, des démons et des saints
et la grande armée des coeurs brisés -
Douce cette âme,
douce cette âme.

Réponse de bleuette

L'absence

C´est un volet qui bat
C´est une déchirure légère
Sur le drap où naguère
Tu as posé ton bras
... Cependant qu´en bas
La rue parle toute seule
Quelqu´un vend des mandarines
... Une dame bleu-marine
Promène sa filleule
L´absence, la voilà ...

L´absence

D´un enfant, d´un amour
L´absence est la même
Quand on a dit je t´aime
Un jour...
Le silence est le même

C´est une nuit qui tombe
C´est une poésie aussi
Où passaient les colombes
Un soir de jalousie
Un livre est ouvert
Tu as touché cette page
Tu avais fêlé ce verre
Au retour d´un grand voyage
Il reste les bagages
L´absence, la voilà
L´absence

D´un enfant, d´un amour
L´absence est la même
Quand on a dit je t´aime
Un jour...
Le silence est le même

C´est un volet qui bat
C´est sur un agenda, la croix
D´un ancien rendez-vous
Où l´on se disait vous
Les vases sont vides
Où l´on mettait les bouquets
Et le miroir prend des rides
Où le passé fait le guet
J´entends le bruit d´un pas
L´absence, la voilà

L´absence

D´un enfant, d´un amour
L´absence est la même
Quand on a dit je t´aime
Un jour...
Le silence est le même.

Jean-Loup DABADIE

Réponse de yareg

Sonnet du 8 février
Guillaume Apollinaire
Lundi 8 février ma biche
Ma biche part
Suis inquiet elle s'en fiche
Buvons du marc

Vrai qu'au service de l'Autriche
(Patate et lard)
Le militaire est très peu riche
Je m'en fous car

Il peut bien vivre d'Espérance
Même il en meurt
Au doux service de la France

Un Artilleur
Mon âme à ta suite s'élance
Adieu mon coeur

Nîmes, le 8 février 1915

Guillaume Apollinaire, Poèmes à Lou

Réponse de yareg

L'aveu
Gaston Couté
A ma dame.

Ton âme avait alors la blancheur des grands lys
Que berce la chanson des vents rasant la terre ;
L'Amour était encor pour toi tout un mystère,
Et la sainte candeur te drapait dans les plis

De sa robe... Ce fut par les bois reverdis,
A l'heure où dans le ciel perce la lune austère.
Je te vis, je t'aimai, je ne pus te le taire
Et tout naïvement alors je te le dis.

Tu fixas sur mes yeux tes yeux de jeune vierge,
Brillants de la clarté douce et pure d'un cierge,
Ton front rougit... tu n'osas pas me repousser.

Et l'aveu tremblotant, dans un soupir de fièvre,
S'exhala de ton coeur pour errer sur ta lèvre,
Où je le recueillis dans un premier baiser.

Gaston Couté

Réponse de bleuette

Harmonie du soir.

Recueil : Les fleurs du mal (1857)

Voici venir les temps où vibrant sur sa tige
Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir ;
Les sons et les parfums tournent dans l'air du soir ;
Valse mélancolique et langoureux vertige !

Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir ;
Le violon frémit comme un coeur qu'on afflige ;
Valse mélancolique et langoureux vertige !
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir.

Le violon frémit comme un coeur qu'on afflige,
Un coeur tendre, qui hait le néant vaste et noir !
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir ;
Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige.

Un coeur tendre, qui hait le néant vaste et noir,
Du passé lumineux recueille tout vestige !
Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige...
Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir !


Charles Baudelaire

Réponse de Flavynette

Quand j'étais gosse, haut comme trois pommes,
J'parlais bien fort pour être un homme
J'disais, JE SAIS, JE SAIS, JE SAIS, JE SAIS
C'était l'début, c'était l'printemps

Mais quand j'ai eu mes 18 ans
J'ai dit, JE SAIS, ça y est, cette fois JE SAIS
Et aujourd'hui, les jours où je m'retourne
J'regarde la terre où j'ai quand même fait les 100 pas
Et je n'sais toujours pas comment elle tourne!

Vers 25 ans, j'savais tout: l'amour, les roses, la vie, les sous
Tiens oui l'amour! J'en avais fait tout le tour!
Et heureusement, comme les copains, j'avais pas mangé tout mon pain:
Au milieu de ma vie, j'ai encore appris.

C'que j'ai appris, ça tient en trois, quatre mots:
"Le jour où quelqu'un vous aime, il fait très beau,
J'peux pas mieux dire, il fait très beau!
C'est encore ce qui m'étonne dans la vie,

Moi qui suis à l'automne de ma vie
On oublie tant de soirs de tristesse
Mais jamais un matin de tendresse!
Toute ma jeunesse, j'ai voulu dire JE SAIS
Seulement, plus je cherchais, et puis moins j' savais

Il y a 60 coups qui ont sonné à l'horloge
Je suis encore à ma fenêtre, je regarde, et j'm'interroge?
Maintenant JE SAIS, JE SAIS QU'ON NE SAIT JAMAIS!
La vie, l'amour, l'argent, les amis et les roses
On ne sait jamais le bruit ni la couleur des choses
C'est tout c'que j'sais! Mais ça, j'le SAIS...!

JL Dabadie pour Jean Gabin..............

Réponse de bleuette

Dans le moulin de ma solitude,
vous entriez comme l'aurore,
vous avanciez comme le feu.
Vous alliez dans mon âme comme un fleuve en crue,
et vos rires inondaient toutes mes terres...
Quand je rentrais en moi, je n'y retrouvais rien :
là où tout était sombre, un grand soleil tournait....
Là où tout était mort, une petite source dansait.
Une femme si menue, qui prenait tant de place :
je n'en revenais pas...

Christian Bobin

Réponse de bleuette

La tendresse

Elle n'a pas d'âge la tendresse,
Que l'on soit petit ou bien grand,
Adulte ou bien adolescent
Et même lorsque la vieillesse

Nous surprend un jour,la tendresse
Est comme un baume parfumé
Au goût sucré d'un bel été
Fait de douceur et de caresses.

Elle est nécessaire la tendresse
C'est elle qui calme la douleur
Qui fait reculer les rancoeurs,
Elle efface les mots qui blessent.

Parfois elle manque la tendresse
À ceux dont le coeur endurci
Est devenu méchant,aigri,
Il faut lui donner leur adresse

Car bien souvent cette tendresse
Réveillera les émotions
L'envie,la joie et la passion,
Elle fera faire des prouesses.

La poesie de Flore

Réponse de Flavynette

Titre : Causerie


Vous êtes un beau ciel d'automne, clair et rose !
Mais la tristesse en moi monte comme la mer,
Et laisse, en refluant sur ma lèvre morose
Le souvenir cuisant de son limon amer.

- Ta main se glisse en vain sur mon sein qui se pâme ;
Ce qu'elle cherche, amie, est un lieu saccagé
Par la griffe et la dent féroce de la femme.
Ne cherchez plus mon coeur ; les bêtes l'ont mangé.

Mon coeur est un palais flétri par la cohue ;
On s'y soûle, on s'y tue, on s'y prend aux cheveux !
- Un parfum nage autour de votre gorge nue !...

Ô Beauté, dur fléau des âmes, tu le veux !
Avec tes yeux de feu, brillants comme des fêtes,
Calcine ces lambeaux qu'ont épargnés les bêtes !

Charles Baudelaire (1821-1867)

Les fleurs du mal (1857).

Réponse de bleuette

Tu es belle, ma mère,
Comme un pain de froment.
Et, dans tes yeux d'enfant,
Le monde tient à l'aise .

Ta chanson est pareille
Au bouleau argenté
Que le matin couronne
D'un murmure d'abeilles.

Tu sens bon la lavande,
La cannelle et le lait ;
Ton coeur candide et frais

Et l'automne est si doux
Autour de tes cheveux
Que les derniers coucous
Viennent te dire adieu.


Maurice Carême

Réponse de Flavynette

Titre : Larme

Loin des oiseaux, des troupeaux, des villageoises,
Je buvais, accroupi dans quelque bruyère
Entourée de tendres bois de noisetiers,
Par un brouillard d'après-midi tiède et vert.

Que pouvais-je boire dans cette jeune Oise,
Ormeaux sans voix, gazon sans fleurs, ciel couvert.
Que tirais-je à la gourde de colocase ?
Quelque liqueur d'or, fade et qui fait suer.

Tel, j'eusse été mauvaise enseigne d'auberge.
Puis l'orage changea le ciel, jusqu'au soir.
Ce furent des pays noirs, des lacs, des perches,
Des colonnades sous la nuit bleue, des gares.

L'eau des bois se perdait sur des sables vierges,
Le vent, du ciel, jetait des glaçons aux mares...
Or ! tel qu'un pêcheur d'or ou de coquillages,
Dire que je n'ai pas eu souci de boire !

Poète : Arthur Rimbaud (1854-1891)

Recueil : Derniers vers (1872).

Réponse de Mémoire 88

FORTS
Forts comme des enfants qui pensent qu'ils le sont
sous des yeux d'adultes qui savent qu'ils le seront
avant d'être, à leur tour, réduits à des plaies vivantes
qui se promènent le soir sous des lumières si basses
qu'elles nous font aux visages des fossettes béantes.
Forts comme la certitude de réussir,
d'aimer et d'être aimé,
de franchir de la même façon
des lignes d'horizons
ou des petites allées.
Forts comme un regard d'arrivée,
comme une étreinte de départ,
forts comme celui qui doit rester
jusqu'à ne plus voir le train
sur le quai de la gare.
Forts comme des adultes qui ont été cassés,
qui se sont reconstruit avec des morceaux
de leur maison brûlée, pensant qu'ils savent,
à présent, ce que c'est que la véritable force,
ils le savent si bien qu'ils sont de nouveau
dévastés, mis en pièces, et, encore une fois, soignés.
Forts comme les soupirs qui durent
quand on rejette les draps au fond du lit.
Forts comme un corps arqué
qui s'est nourri de ses blessures,
capable d'apporter un monde nouveau
tout entier contenu
dans la douceur d'un baiser.
On peut rendre des vêtements, des livres,
des je t'aime, des paroles toutes cornées,
mais on ne rendra jamais à la bouche mordue
le baiser qui lui fut dérobé.
Forts comme des orages sur les champs de lavande
que des chevreuils traversent, bondissant dans la grêle
pour s'enfuir aussitôt dans l'ombre des bois blancs.
Forts comme des sanglots retenus dans les yeux
comme un torchon retient, en quatre coins noués,
les meilleurs fruits du jour pour ta bouche affamée.
Forts comme un coeur brisé
qui n'a plus rien à perdre
dans sa cage de silence.
Capable d'une infinie tendresse
et d'offrir aux figures sans couleurs
la chaleur de ses propres nuances.
Nous sommes forts d'être encore là,
trempés d'espoir, tous mouillés par la vie.
Quelque chose en moi a fait son temps :
le bois est encore chaud mais la flamme est partie.

Coulon Cécile le 11 juin à 23:15

Réponse de Mémoire 88

Jean Louis AUBERT "ils cassent le monde" émission F Mitterand
https://www.youtube.com/watch?v=8OPBi35u_Gk
et le poème de Boris Vian
https://www.youtube.com/watch?v=UE_IPoFqiOc

Réponse de bleuette

Mes vers fuiraient, doux et frêles,
Vers votre jardin si beau,
Si mes vers avaient des ailes,
Des ailes comme l'oiseau.

Il voleraient, étincelles,
Vers votre foyer qui rit,
Si mes vers avaient des ailes,
Des ailes comme l'esprit...

Près de vous, purs et fidèles,
Ils accourraient nuit et jour,
Si mes vers avaient des ailes,
Des ailes comme l'amour. ..

Victor Hugo

Réponse de bleuette

- "Seule avec toi dans ce bocage sombre ?
Qu'y ferions-nous ? à peine on peut s'y voir.
Nous sommes bien ! Peux-tu désirer l'ombre ?
Pour se perdre des yeux c'est bien assez du soir !
Auprès de toi j'adore la lumière,
Et quand tes doux regards ne brillent plus sur moi,
Dès que la nuit a voilé ta chaumière,
Je me retrouve, en fermant ma paupière,
Seule avec toi

Marceline Desbordes - Valmore

Réponse de bleuette

S'asseoir tous deux au bord d'un flot qui passe,
Le voir passer ;
Tous deux, s'il glisse un nuage en l'espace,
Le voir glisser ;
À l'horizon, s'il fume un toit de chaume,
Le voir fumer ;
Aux alentours, si quelque fleur embaume,
S'en embaumer ;
Si quelque fruit, où les abeilles goûtent,
Tente, y goûter ;
Si quelque oiseau, dans les bois qui l'écoutent,
Chante, écouter...
Entendre au pied du saule où l'eau murmure
L'eau murmurer ;
Ne pas sentir, tant que ce rêve dure,
Le temps durer ;
Mais n'apportant de passion profonde
Qu'à s'adorer ;
Sans nul souci des querelles du monde,
Les ignorer ;
Et seuls, heureux devant tout ce qui lasse,
Sans se lasser,
Sentir l'amour, devant tout ce qui passe,
Ne point passer !

René-François Sully Prudhomme.

Réponse de bleuette

Jusqu'aux bords de ta vie
Tu porteras ton enfance
Ses fables et ses larmes
Ses grelots et ses peurs

Tout au long de tes jours
Te précède ton enfance
Entravant ta marche
Ou te frayant chemin

Singulier et magique
L'oeil de ton enfance
Qui détient à sa source
L'univers des regards.


Andrée Chedid

Réponse de yareg

Les petits chats sont si jolis et si drôles que lorsqu'on les regarde, on rit. Mais eux, ils restent très sérieux, ils ne savent pas rire, pas même sourire. Alors ils remplacent en clignant des yeux, prouvant ainsi leur hilarité et leur amitié.

Brigitte Fontaine

Réponse de yareg

Chat
doux penseur
calme empereur
chat dédaigneux
tendre et fiévreux
petit volcan
rouge et crachant
dents de dentelle
nacre cruelle
morsure exquise
cheval de frise
viens dans mes bras
caresse-moi

Brigitte Fontaine

Réponse de yareg

Sucrez vos mouchoirs
Quand vous pleurez
Vos larmes du soir
Deviendront des fées.

Brigitte Fontaine

Réponse de yareg

Si vous ne comprenez plus rien à rien, pensez à autre chose.

Brigitte Fontaine

Réponse de Mémoire 88

Pourquoi ne pas oser ?
Il m'arrive dans mes écrits de mettre quelques vers, le plus souvent d'autres poètes ou paroliers, mais aussi parfois de moi selon le contexte. Par exemple cet extrait d'une scène d'un livre en cours :

"« Vous êtes chez vous ?
- Non, pourquoi ? »
Elle me regarde, espiègle, et chantonne :
« Partout est ma maison
Ailleurs : la déraison !
Partout est ma demeure
Sans elle, qu'en moi je meure »
J'entends un cloc dans le compteur électrique et les lumières s'allument. Le petit logement est inhabité, les volets sont fermés, des draps recouvrent le mobilier.
« Partout vit mon cher monde
Pas touche ou va ma fronde
Partout, sise à demeure
Où hélas je n'en meurs »
Elle se dirige droit vers la chambre.
« Partout, vois mon domaine
Viens là que je t'emmène
Partout dans ma demeure
Où débordent mes moeurs »"

Réponse de Flavynette

Chaleur

Tout luit, tout bleuit, tout bruit,
Le jour est brûlant comme un fruit
Que le soleil fendille et cuit.
Chaque petite feuille est chaude
Et miroite dans l'air où rôde
Comme un parfum de reine-claude.
Du soleil comme de l'eau pleut
Sur tout le pays jaune et bleu
Qui grésille et oscille un peu.
Un infini plaisir de vivre
S'élance de la forêt ivre,
Des blés roses comme du cuivre.

Anna de Noailles

Réponse de yareg

Regarder le matin

Poèmes de Andrée Chedid

Hors de la flaque obscure
S'échappe
Le Matin
Nous soustrayant au cri funèbre
Pétrissant de couleurs les recoins de la ville
Il se mélange au sol
S'accole à l'air
S'étend sur les ravages de l'ombre.

Réponse de yareg

Ayant perdu la trame du fleuve Étouffé les senteurs d'océan
De raccrocs en saccades
De mirages en décors
Loin du largo des jours
L'homme
Séparé du
Chant
S'égare dans l'âpre canal des mots dépeuplés.

Andrée Chedid

Réponse de bleuette

Berger d'abeilles
François Fabié

Le doux titre et l'emploi charmant :
Être, en juin, un berger d'abeilles,
Lorsque les prés sont des corbeilles
Et les champs des mers de froment ...

... Quand les faucheurs sur les enclumes
Martèlent la faux au son clair,
Et que les oisillons dans l'air
Font bouffer leurs premières plumes ! ...

... Berger d'abeilles, je le fus,
A huit ans, la-bas, chez mon père,
Lorsque son vieux rucher prospère
Chantait sous ses poiriers touffus ...

... Quel bonheur de manquer l'école
Que l'été transforme en prison,
De se rouler dans le gazon,
Ou de suivre l'essaim qui vole ...

... En lui disant sur un ton doux
Pour qu'il s'arrête aux branches basses :
» Posez-vous, car vous êtes lasses ;
Belles abeilles, posez-vous ! ...

» Nous avons des ruches nouvelles
Faites d'un bois qui vous plaira ;
La sauge les parfumera :
Posez-vous, abeilles, mes belles ! »

Et les abeilles se posaient
En une énorme grappe grise
Que berçait mollement la brise
Dans les rameaux qui bruissaient.

» Père ! criais-je, père ! arrive !
Un essaim ! » Et l'on préparait
La ruche neuve où sans regret
La tribu demeurait captive.

Puis, sur le soir, lorsque, à pas lents,
Du fond des pâtures lointaines
Les troupeaux revenaient bêlants
Vers l'étable et vers les fontaines,

Je retrouvais mon père au seuil
Comptant ses bêtes caressantes,
Et lui disais avec orgueil :
» Toutes les miennes sont présentes ! »

Le doux titre et l'emploi charmant :
Être, en juin, un berger d'abeilles,
Lorsque les prés sont des corbeilles
Et les champs des mers de froment !

François Fabié, Fleurs de genêts

Réponse de Flavynette

Aimer, c'est de ne mentir plus.
Nulle ruse, n'est nécessaire
Quand le bras chaleureux enserre
Le corps fuyant qui nous a plu.

- Crois à ma voix qui rêve et chante
Et qui construit ton paradis.
Saurais-tu que je suis méchante
Si je ne te l'avais pas dit ?

- Faiblement méchante, en pensée,
Et pour retrouver par moment
Cette solitude sensée
Que j'ai reniée en t'aimant !

Poème de l'amour
Poèmes de Anna de Brancovan, comtesse de Noailles

Réponse de yareg

Adieux à la mer

Murmure autour de ma nacelle,
Douce mer dont les flots chéris,
Ainsi qu'une amante fidèle,
Jettent une plainte éternelle
Sur ces poétiques débris.

Que j'aime à flotter sur ton onde.
A l'heure où du haut du rocher
L'oranger, la vigne féconde,
Versent sur ta vague profonde
Une ombre propice au nocher !

Souvent, dans ma barque sans rame,
Me confiant à ton amour,
Comme pour assoupir mon âme,
Je ferme au branle de ta lame
Mes regards fatigués du jour.

Comme un coursier souple et docile
Dont on laisse flotter le mors,
Toujours, vers quelque frais asile,
Tu pousses ma barque fragile
Avec l'écume de tes bords.

Ah! berce, berce, berce encore,
Berce pour la dernière fois,
Berce cet enfant qui t'adore,
Et qui depuis sa tendre aurore
N'a rêvé que l'onde et les bois !

Le Dieu qui décora le monde
De ton élément gracieux,
Afin qu'ici tout se réponde,
Fit les cieux pour briller sur l'onde,
L'onde pour réfléchir les cieux.

Aussi pur que dans ma paupière,
Le jour pénètre ton flot pur,
Et dans ta brillante carrière
Tu sembles rouler la lumière
Avec tes flots d'or et d'azur.

Aussi libre que la pensée,
Tu brises le vaisseau des rois,
Et dans ta colère insensée,
Fidèle au Dieu qui t'a lancée,
Tu ne t'arrêtes qu'à sa voix.

De l'infini sublime image,
De flots en flots l'oeil emporté
Te suit en vain de plage en plage,
L'esprit cherche en vain ton rivage,
Comme ceux de l'éternité.

Ta voix majestueuse et douce
Fait trembler l'écho de tes bords,
Ou sur l'herbe qui te repousse,
Comme le zéphyr dans la mousse,
Murmure de mourants accords.

Que je t'aime, ô vague assouplie,
Quand, sous mon timide vaisseau,
Comme un géant qui s'humilie,
Sous ce vain poids l'onde qui plie
Me creuse un liquide berceau.

Que je t'aime quand, le zéphire
Endormi dans tes antres frais,
Ton rivage semble sourire
De voir dans ton sein qu'il admire
Flotter l'ombre de ses forêts !

Que je t'aime quand sur ma poupe
Des festons de mille couleurs,
Pendant au vent qui les découpe,
Te couronnent comme une coupe
Dont les bords sont voilés de fleurs !

Qu'il est doux, quand le vent caresse
Ton sein mollement agité,
De voir, sous ma main qui la presse,
Ta vague, qui s'enfle et s'abaisse
Comme le sein de la beauté !

Viens, à ma barque fugitive
Viens donner le baiser d'adieux ;
Roule autour une voix plaintive,
Et de l'écume de ta rive
Mouille encor mon front et mes yeux.

Laisse sur ta plaine mobile
Flotter ma nacelle à son gré,
Ou sous l'antre de la sibylle,
Ou sur le tombeau de Virgile :
Chacun de tes flots m'est sacré.

Partout, sur ta rive chérie,
Où l'amour éveilla mon coeur,
Mon âme, à sa vue attendrie,
Trouve un asile, une patrie,
Et des débris de son bonheur,

Flotte au hasard : sur quelque plage
Que tu me fasses dériver,
Chaque flot m'apporte une image ;
Chaque rocher de ton rivage
Me fait souvenir ou rêver.

Alphonse de Lamartine (1790-1869)
Nouvelles méditations poétiques

Réponse de yareg

Prélude : Sarah
Serge Reggiani
Si vous la rencontrez bizarrement parée
Traînant dans le ruisseau un talon déchaussé
Et la tête et l'oeil bas comme un pigeon blessé
Monsieur, ne crachez pas de juron ni d'ordure
Au visage fardé de cette pauvre impure
Que déesse famine a par un soir d'hiver
Contrainte à relever ses jupons en plein air
Cette bohème-là, c'est mon bien, ma richesse
Ma perle, mon bijou, ma reine, ma duchesse
La femme qui est dans mon lit
N'a plus 20 ans depuis longtemps
Les yeux cernés
Par les années
Par les amours
Au jour le jour
La bouche usée
Par les baisers
Trop souvent, mais
Trop mal donnés
Le teint blafard
Malgré le fard
Plus pâle qu'une
Tâche de lune
La femme qui est dans mon lit
N'a plus 20 ans depuis longtemps
Les seins si lourds
De trop d'amour
Ne portent pas
Le nom d'appas
Le corps lassé
Trop caressé
Trop souvent, mais
Trop mal aimé
Le dos voûté
Semble porter
Des souvenirs
Qu'elle a dû fuir
La femme qui est dans mon lit
N'a plus 20 ans depuis longtemps
Ne riez pas
N'y touchez pas
Gardez vos larmes
Et vos sarcasmes
Lorsque la nuit
Nous réunit
Son corps, ses mains
S'offrent aux miens
Et c'est son coeur
Couvert de pleurs
Et de blessures
Qui me rassure

Paroliers : G. / Moustaki

https://youtu.be/k57Zbo_mnWY

Réponse de bleuette

Très Beau !!!!

Réponse de Flavynette

Au bord de la mer


La lune de ses mains distraites
A laissé choir, du haut de l'air,
Son grand éventail à paillettes
Sur le bleu tapis de la mer.

Pour le ravoir elle se penche
Et tend son beau bras argenté ;
Mais l'éventail fuit sa main blanche,
Par le flot qui passe emporté.

Au gouffre amer pour te le rendre,
Lune, j'irais bien me jeter,
Si tu voulais du ciel descendre,
Au ciel si je pouvais monter !

Théophile Gautier

Réponse de bleuette

très beau aussi !!!
bises

Flavynette, 15/07/2020 18:41 :
Merci de nous ravir de poésie
Bisous

Réponse de bleuette

La petite vague qui avait le mal de mer

Album "Les introuvables" (1995)

Il était une fois une petite vague perdue au milieu de l'océan, une petite vague de rien du tout, quelques centimètres de haut, à peine plus large ...
une petite vague insignifiante et anonyme, ressemblant comme une goutte d'eau aux millions de petites vagues voyageant sur les mers depuis des millions d'années au gré des vents etdes marées...
Mais, vous vous en doutez, si je vous raconte ici son histoire, c'est qu'elle était différente de ses petites soeurs...
Pas physiquement, non, mais dans son petit
coeur de petite vague, cette petite vague avait bien du vague à l'âme...
Son papa et sa maman étaient deux grosses vagues énormes et rugissantes, deux magnifiques déferlantes qui s'étaient croisées une nuit de tempête, l'abandonnant aussitôt née à son destin de vaguelette, orpheline et désemparée...
Son père avait été plus tard emporté dans un ouragan, s'était accroché à un cyclone et, dans un tonnerre d'écume et de vent, était parti ravager les terres les plus proches d'où il n'était jamais revenu...
Sa mère, poussée par un vent du nord, connut une fin tout aussi aventureuse mais bien plus sympathique...
Les courants marins la portèrent jusqu'aux côtes d'un pays si chaud qu'elle s'évapora,...
monta au ciel en millions de gouttes d'eau et, après avoir voyagé dans un gros nuage lourd, retomba en pluie sur des terres arides où, la vie, absente par manque d'eau, revint bientôt...
Depuis des siècles qu'elle ondoyait à la surface de l'eau, avec pour seule compagnie l'écume et le vent,
avec pour seul horizon l'horizon,
pour seul spectacle celui du jour se levant et du soleil couchant, la petite vague s'ennuyait à mourir et ne supportait plus de vivre au milieu de l'océan...
Bref, la petite vague avait le mal de mer...
Elle avait bien eu parfois, des années auparavant, la visite de quelques baleines venues percer la surface de l'eau, dans un grand geyser d'écume et des milliards de gouttes d'eau s'éparpillant dans le ciel comme une pluie de diamants, mais les baleines chassées par les hommes avaient bientôt disparu elles aussi....
Sa vie s'écoulait monotone...
Au fil des jours de calme plat ou des nuits de tempête, la petite vague attendait vaguement, sans trop y croire, un miracle météorologique qui l'emporterait vers d'autres cieux...
Elle redoutait par-dessus tout ces nuits de pleine lune où l'océan devient lisse comme un miroir, où même le vent ne chante plus,
où les vagues petites et grosses s'aplatissent jusqu'à se confondre en une immense étendue d'eau infinie, immobile et sans vie...
Elle n'aimait pas non plus la houle qui la faisait rouler, craignait les ouragans qui la malmenaient et se méfiait des mers démontées ou hachées ...
qui risquaient de la séparer de ses amies, les petites vagues insouciantes qui l'accompagnaient, insensibles, elles, au vague à l'âme et au mal de mer...
La petite vague n'avait jamais vu un bateau. La petite vague n'avait jamais vu un baigneur, ni le moindre pédalo, jamais vu le bord de l'eau ...
La petite vague en avait par-dessus la crête de passer sa vie à faire des vagues, la petite vague écumait de rage de n'avoir jamais vu la plage...
Elle rêvait qu'un vent malin viendrait un jour la conduire sur le sable doré d'une plage ensoleillée. Ah, enfin pouvoir rouler, chanter, rebondir et me briser sur les galets, songeait-elle, venir chatouiller les doigts de pieds des enfants ...
entendre leurs cris à mon approche, aller, venir, descendre et remonter, m'éparpiller au milieu des
coquillages, des algues et des petits poissons argentés, me reformer en grondant pour de rire ..
. en faisant semblant d'attaquer, et repartir en emportant un ballon oublié, et puis le ramener dans un tourbillon de mousse et d'eau salée...
La petite vague pensait aux vacances qu'elle ne connaîtrait jamais. Lorsqu'une grosse vague, à quelques brasses d'elle, cria "Terre à l'horizon !". La petite vague n'en crut pas ses oreilles...
Elle se précipita vers sa grande soeur, se hissa sur son dos et distingua vaguement
à l'horizon la ligne sombre d'une terre inconnue.
Elle recommença l'opération unedeuxième fois, puis une troisième...
À chaque fois, un élément nouveau lui apparut. Une ville, un port, une plage. Les courants maintenant la tiraient vers la côte, la
charriaient comme un fétu de paille poussé par le vent...
Elle sentit bientôt son eau se réchauffer et l'air marin se charger des odeurs de la terre. Pour la première fois de sa vie la petite vague respira le parfum des forêts, des villes et des campagnes, des
animaux et des hommes...
Elle en fut d'abord émerveillée, puis l'émerveillement fit place à l'étonnement, enfin à la déception.
Les odeurs nauséabondes de gaz carbonique qu'elle découvrait lui rappelaient étrangement celles des nappes de pétrole qu'elle
avait parfois croisées dans sa longue vie de petite vague au milieu de l'océan...
Et comme elle pensait à cela, déterminée malgré tout à atteindre cette plage dont elle rêvait depuis si longtemps, elle rencontra une de ces nappes de pétrole dérivant au fil de
l'eau, au gré des courants, et s'y englua...
Elle réussit à s'en échapper après bien des efforts, aidée par un courant ami qui l'emmena bientôt presque au bord de la plage...
Des enfants s'y amusaient. Des adultes allongés, immobiles, semblaient y dormir, insouciants du soleil qui leur brûlait la peau. Des chiens couraient, des mères criaient après leurs enfants...
des papas après maman, des adolescents faisaient hurler leurs transistors et des baraques à frites enfumaient le tout d'une odeur d'huile chaude qui se mêlait à celle dont les corps étaient enduits. La petite vague ralentit son avance...
Elle rencontra bientôt une eau saumâtre, mais personne ne lui dit qu'il s'agissait des égouts de la ville qui se déversaient là. Elle croisa quelques bouteilles en plastique, des sacs poubelle, des détritus de toutes sortes...
fut presque coupée en deux par un gros monsieur rougeaud hissé sur une planche à voile, avant de s'échouer enfin au bout de son voyage, au bout de son rêve...
sur le sable grisâtre de la plage au milieu des tessonsde bouteille, des capsules de bière et des châteaux écroulés des enfants agités...
Jamais le vague à l'âme de la petite vague n'avait été si grand. Elle ne s'attarda guère sous les pieds palmés. Quelques aller retour à brasser les ordures ...
elle s'en fut dans le sillage d'un bateau à moteur qui frôlait les baigneurs, rejoindre le grand large qu'elle regrettait déjà d'avoir quitté...
Alors qu'elle longeait la côte, suivie de près par quelques amies vaguelettes aussi déçues qu'elle par la fréquentation des humains, elle entendit, venant de la terre, des petits cris stridents, à peine perceptibles, presque des sifflements...
Ils n'avaient rien de commun avec les cris des enfants braillards de la plage. La petite vague avait déjà entendu ces cris quelques
années auparavant, peut-être quelques siècles...
Un jour que des dauphins étaient venus la frôler, courir sous elle, jouant dans son écume, brisant sa crête de leurs ailerons pointus...
Comment les cris d'un dauphin pouvaient-ils venir de terre ? La petite vague se dirigea de nouveau vers la côte, guidée par les sifflements, comme un navire perdu dans la nuit est guidé par la lueur du phare...
Derrière une digue se dressaient les hauts murs d'un Marineland...La petite vague ignorait qu'on enfermait des orques et des dauphins dans des bassins pour le plaisir des petits terriens...
Mais il ne fut pas nécessaire de lui faire un dessin: elle comprit vite que des créatures marines étaient prisonnières ici...
A l'instant où, provenant distinctement de derrière ces murs, les sifflements reprirent, elle vit bondir en l'air un magnifique dauphin gris argenté qui, après avoir semblé
s'immobiliser une fraction de seconde dans le ciel, retomba dans un grand "splatch" dans son bassin-prison...
Un tonnerre d'applaudissements accompagna lapirouette. La petite vague n'avait pas rêvée le dauphin dans son bond majestueux avait tourné la tête vers la mer, et son regard triste avait croisé le sien...
Ce regard avait lancé un SOS, avait jeté une bouteille à la mer avec comme message: vient me délivrer. La petite vague qui n'aimait pourtant pas faire de vagues décida aussitôt qu'il fallait agir...
Elle commença par alerter toutes les petites vagues qui voguaient autour d'elle en leur recommandant d'alerter à leur tour toutes les vagues des alentours jusqu'au fin fond de l'océan...
Bientôt de grosses vagues arrivèrent guidées par la rumeur qui s'amplifiait en se colportant de vague en vague selon laquelle une toute petite vague de rien du tout voulait attaquer la côte pour délivrer un dauphin prisonnier à terre...
L'histoire fit grand bruit, le vent la fit voyager de port en port, et devant l'importance de la tâche à accomplir devint bourrasque, vent de folie, vent de tempête...
Le soir venu l'océan entier était en furie. Des vagues hautes comme des maisons étaient venues prêter main forte à la petite vague qui en oublia du coup son vague à l'âme et son mal de mer...
Les vents, les courants et les vagues se jetèrent alors sur la côte et cette nuit fut une nuit de tempête comme aucune nuit et aucune mer n'en connurent jamais...
Les hommes se cachèrent dans leurs maisons, volets fermés. Les bateaux de pêcheurs rentrèrent bien vite au port où, malgré l'abri des digues et des jetées, leurs amarres furent malmenées...
Mais le plus fort de l'assaut du vent et de l'eau fut contre les murs du Marineland. Des déferlantes vinrent s'y briser 10 fois, 100 fois ...
des murs d'eau salée poussés par des vents furieux et des courants déchaînés vinrent en lézarder les fondations, en briser le faite jusqu'au moment où dans un grand fracas les murs des bassins cédèrent sur ces coups de boutoirs...
Le reflux d'une vague gigantesque entraîna avec lui des murs en miettes...
La vague suivante emporta avec elle dauphins, orques, otaries et autres morses, tous ces mammifères marins désormais libres de regagner leur élément naturel, l'océan immense, la liberté. Presque aussitôt le vent tomba et la mer se calma...
La tempête avait duré quelques heures et n'avait finalement fait d'autres ravages que sur les murs de cette prison désormais vides...
La petite vague repartit au large avec ses grandes soeurs qui bientôt se calmèrent, s'arrondirent puis s'aplatir jusqu'à ne plus devenir qu'un léger clapotis à la surface de l'eau...
Les dauphins s'éloignèrent aussi de la terre et disparurent à l'horizon d'où ils ne revinrent jamais...
Si un jour en mer, tu vois passer un banc de dauphins comme il arrive souvent qu'ils viennent, peu rancuniers envers les hommes, jouer le long de l'étrave des navires, regarde bien derrière eux...
dans leur sillage, tu verras toujours une petite vague qui les accompagne, une petite vague insouciante et joyeuse, une petite vague amoureuse des animaux libres dans l'océan ...
... une petite vague qui n'a plus de vague à l'âme et plus de mal de mer.

Réponse de bleuette

auteur
Renaud Séchan

Réponse de Flavynette

Sensation

Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l'herbe menue :
Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.

Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
Mais l'amour infini me montera dans l'âme,
Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, - heureux comme avec une femme.

Arthur Rimbaud (1854-1891)

Réponse de bleuette

Aube d'été

Je n'ai pas ouvert les yeux,
Et je sens que le jour point.
Mon corps reste dans le lit,
Mais mon âme est déjà loin...

Elle goûte parmi l'aube
Un bonheur aérien,
Et revient de temps en temps
Me rappeler que j'existe...

La fenêtre est grande ouverte
Avec le store baissé.
Je suis baigné du même air
Que les feuilles et les nids...

J'ai ouvert aussi la porte ;
J'aperçois dans le couloir
Le premier rai de soleil
Qu'aucun pas ne trouble encore.


On dirait que les oiseaux
Chantent tous dans le même arbre,
Et j'entends le bruit d'épingles
De leurs pattes sur les toits.

On arrose la chaussée ;
Mes draps me semblent plus frais.
Je sens l'odeur du savon
Qui est près de la cuvette.

On n'a pas encor marché
Sur le sable des jardins,
Et toutes les rues sans hommes
Sont pareilles à des routes.

Le fleuve s'est rajeuni
D'une eau qui a traversé
Les campagnes et la nuit.
Remorqueur, tu peux chanter.

Le canal n'a plus de rides :
Marinier, tu peux partir.
L'aube est pleine de voyages
Qui ne devraient pas finir !

Allègement de la chair !
Il me semble que je baigne
Dans la paix d'une eau profonde
Qui diffuse le soleil ;

Et le matin est si net
Qu'on voit battre à petits coups,
Sous un voile de sommeil,
Le coeur délicat du monde.

Réponse de bleuette

auteur :
Georges Chennevière

Réponse de bleuette

Georges Chennevière


CHANT A VOIX BASSE


Un peu de musique lointaine,
Juste assez pour que tout renaisse,
Sans que rien s'achève.
Le temps sommeille au fond de l'être,
Et les instants montent en bulles...
Les nuages glissent.
Une voiture dans la rue
Fait un bruit si doux, qu'on regarde.
Le jour brûle en paix...

Des pauvres dorment sur les bancs.
Au bord du sable ratissé,
Les enfants ne jouent pas encore...
Une gaieté convalescente
Sort timidement de la terre.
Un sourire dépaysé
Parce qu'il craint d'être précoce,
Tremble dans l'air.

On se sent loin de sa jeunesse :
On pourrait reparler sans trouble
À des femmes jadis aimées.
Toutes les tiédeurs revenues
Peu à peu dissolvent la peine
D'un coeur que l'hiver attrista.
On entend comme des pieds nus
Effleurer l'herbe.

Cet homme, qui lève la tête,
Va rentrer chez lui plus tranquille ;
Il retrouvera dans les coins,
Que ses yeux avaient délaissés
À cause du froid et de l'ombre,
Son âme prête...

Et, confiant dans un bonheur
Que je n'espère plus pour moi,
J'attendrai le soir sur ce banc,
Pour recevoir plus purement
L'offrande d'un baiser
qui ne vient pas des lèvres...

Réponse de bleuette

La fontaine coule sur la place du port d'été
Le soleil déridé brille au travers de l'eau
Les voix qui murmuraient sont bien plus lointaines
Il en reste encore quelques frais lambeaux
J'écoute le bruit ...

Mais elles où sont-elles ?
Que sont devenus leurs paniers fleuris
Les murs limitaient la profondeur de la foule
Et le vent dispersa les têtes qui parlaient
Les voix sont restées à peu près pareilles
Les mots sont posés à mes deux oreilles
Et le moindre cri les fait s'envoler ...

Pierre Reverdy

Réponse de bleuette

Les inséparables,

Ode à l'amour,

Ils ne se disent rien, ils s'émeuvent de tout,
On les nomme tout bas, les coeurs inséparables,
Ils ne laissent s'enfuir que des regards doux,
Et rien ne les unit qu'un amour véritable....

Ils se perdent souvent au sort des rendez-vous,
Car sans la main de l'autre, ils sont si vulnérables,
Il n'est point de souffrance que leur songe n'avoue,
Ô anges familiers ! Ô âmes impénétrables !...

Et bien que le bas monde les prenne pour des fous,
Ils serrent dans leur lit un frisson ineffable,
Un bien affable et noble auquel ils se dévouent,
Et qui reposera dans les limbes des fables...

Stéphane Meuret

Réponse de Flavynette

Nuits de Juin (Victor Hugo)

L'été, lorsque le jour a fui, de fleurs couverte
La plaine verse au loin un parfum enivrant ;
Les yeux fermés, l'oreille aux rumeurs entr'ouverte,
On ne dort qu'à demi d'un sommeil transparent.


Les astres sont plus purs, l'ombre paraît meilleure ;
Un vague demi-jour teint le dôme éternel ;
Et l'aube douce et pâle, en attendant son heure,
Semble toute la nuit errer au bas du ciel.

Réponse de NEUTRON

Merci à ceux qui sur ce sujet nous font partager leurs coups de coeurs et nous apportent une touche d'évasion, loin des habituels échanges sur le jeu qui nous réunit.
De par les publications qui y figurent, ce sujet est devenu le support poétique de référence du site.
Au delà des classiques nous y découvrons des auteurs parfois peu connus qui nous embarquent dans leur univers de rêve et de douceur.
On en redemande...

Flavynette, 29/07/2020 19:05 :
Merci

Réponse de Flavynette

L'Été

Il brille, le sauvage Été,
La poitrine pleine de roses.
Il brûle tout, hommes et choses,
Dans sa placide cruauté.

Il met le désir effronté
Sur les jeunes lèvres décloses ;
Il brille, le sauvage Été,
La poitrine pleine de roses.

Roi superbe, il plane irrité
Dans des splendeurs d'apothéoses
Sur les horizons grandioses ;
Fauve dans la blanche clarté,
Il brille, le sauvage Été.

Théodore de Banville (1823-1891)
Les cariatides

Réponse de bleuette

Le Liseron

Maurice Rollinat



Le liseron est un calice
Qui se balance à fleur de sol.
L'éphémère y suspend son vol
Et la coccinelle s'y glisse...

Le champignon rugueux et lisse
Parfois lui sert de parasol ;
Le liseron est un calice
Qui se balance à fleur de sol...

Or, quand les champs sont au supplice,
Brûlés par un ciel espagnol,
Il tend toujours son petit bol
Afin que l'averse l'emplisse :
Le liseron est un calice...

Réponse de bleuette

Le rossignol

Quant ta voix, céleste prélude
Aux silences des belles nuits,
Barde ailé de ma solitude
Tu ne sais pas que je te suis !

Même si l'astre des nuits se penche
Aux bords des monts pour t'écouter,
Tu te caches de branche en branche,
Comme si tu voulais l'imiter.

Ah ! ta voix touchante ou sublime
Est trop pure pour ce bas milieu
Cette musique qui t'anime
Est un instinct qui monte à Dieu,

Tes gazouillements, ton murmure,
Sont un mélange harmonieux
Des plus doux bruits de la nature
Du plus beau chant des cieux...

Tu prends les sons que tu recueilles
Dans les cris que répète l'écho,
Dans les frémissements des feuilles,
Dans les gazouillements des flots,

Dans les feuilles où tremblent des larmes,
Ces fraîches haleines des bois,
O nature ! elles ont trop de charmes
Pour n'avoir pas aussi ta voix.

Dans les chuchotements et plaintes
Qui sortent la nuit des rameaux,
Dans les voix des vagues éteintes
Sur le sable ou dans les roseaux !

Alors, cette voix mystérieuse
Va charmer les oreilles des anges,
Quand leurs soupirs dans la nuit pieuse
Monte vers Dieu comme une louange ...

Elle est la voix d'une nature
Qui n'est qu'amour et pureté
Un brûlant et divin murmure :
L'hymne flottant des nuits d'été.

Alphonse Lamartine

Réponse de Mémoire 88

La poésir du jour de Cécile Coulon :

"Je me trouve exactement là où je rêvais d'être :
Au milieu du nulle part. Tout est calme,
l'herbe est blanche, personne ne gagne.
Ici les collines dodues les habitants
en parlent comme des montagnes.

Les lieux qui m'accueillent ont des maisons écroulées,
des bois noirs, des visages qu'on croit toujours fermés
mais qui donnent des réponses aux questions
qu'on n'a jamais osé poser.

Je ne serai pas bonne avec les autres
si je ne suis pas solide et ferme avec moi-même.
Quand on n'est plus enfant on devient
sa propre mère. Les règles sont nouvelles,
elles viennent de très loin : enfin on fait la différence
entre ce dont on a envie
et ce dont on a besoin.

Je me trouve exactement là où je rêvais d'être :
toute chose est à sa place. Je souhaite que rien ne bouge,
que vivre ressemble à ce drôle d'été.
Je ne suis pas en vacances, je ne suis pas en voyage,
mon pays est de fleurs bleues et de longs ciels très rouges.

Au milieu de nulle part et au centre de moi-même."

Réponse de bleuette

Le Temps Qui Reste par Serge Reggiani

Combien de temps...
Combien de temps encore
Des années, des jours, des heures, combien ?
Quand j'y pense, mon coeur bat si fort
Mon pays c'est la vie.
Combien de temps encore
Combien ?

Je l'aime tant, le temps qui reste...
Je veux rire, courir, pleurer, parler,
Et voir, et croire et boire, danser,
Crier, manger, nager, bondir, désobéir
J'ai pas fini, j'ai pas fini
Voler, chanter, parti, repartir souffrir, aimer
Je l'aime tant le temps qui reste


Je n'sais plus où je suis né, ni quand !
Je sais qu'il n'y a pas longtemps
Que mon pays c'est la vie.
Je sais aussi que mon père disait
"Le temps c'est comme ton pain,
Garde s'en pour demain"...

J'ai encore du pain, encore du temps. Mais combien ?
Je veux jouer encore, je veux rire des montagnes de rire,
Je veux pleurer des torrents de larmes,
Je veux boire des bateaux entiers de vins de Bordeaux et d'Italie...
Et danser, crier, voler, nager dans tous les océans.
J'ai pas fini, j'ai pas fini !
Je veux chanter, je veux parler jusqu'à la fin de ma voix.

Je l'aime tant le temps qui reste...

Combien de temps, combien de temps encore ?
Des années, des jours, des heures, combien ?
Je veux les histoires des voyages,
J'ai tant de gens à voir, tant d'images,
Des enfants, des femmes, des grands hommes,
Des petits hommes, des marrants, des tristes,
Des très intelligents, et des cons.
C'est drôle les cons ! ça repose.
C'est comme le feuillage au milieu des roses.

Combien de temps, combien de temps encore ?
Des années, des jours, des heures, combien ?
Je m'en fou mon amour.
Quand l'orchestre s'arrêtera je danserai encore.
Quand les avions ne voleront plus, je volerai tout seul.

Quand le temps s'arrêtera,....je t'aimerai encore.
Je n'sais pas où, je n'sais pas comment, mais je t'aimerai encore.
D'accord ?

Réponse de bleuette

Les roses que j'aimais ...
Jean MORÉAS


Les roses que j'aimais s'effeuillent chaque jour ;
Toute saison n'est pas aux blondes pousses neuves ;
Le zéphyr a soufflé trop longtemps ; c'est le tour
Du cruel aquilon qui condense les fleuves...

Vous faut-il, allégresse, enfler ainsi la voix,
Et ne savez-vous point que c'est grande folie,
Quand vous venez sans cause agacer sous mes doigts
Une corde vouée à la mélancolie ?

Réponse de bleuette

Quand vient le soir,
Des cygnes noirs,
Ou des fées sombres,
Sortent des fleurs, des choses, de nous
Ce sont nos ombres...

Elles avancent ; le jour recule.
Elles vont dans le crépuscule,
D'un mouvement glissant et lent.
Elles s'assemblent, elles s'appellent,
Se cherchent sans bruit,
Et toutes ensemble,
De leurs petites ailes,
Font la grande nuit...

Mais l'Aube dans l'eau
S'éveille et prend son grand flambeau.
Puis elle monte,
En rêve monte, et peu à peu,
Sur les ondes elle élève
Sa tête blonde,
Et ses yeux bleus.

Aussitôt, en fuite furtive,
Les ombres s'esquivent,
On ne sait où.
Est-ce dans l'eau? Est-ce sous terre?
Dans une fleur? Dans une pierre?
Est-ce dans nous?
On ne sait pas. Leurs ailes closes
Enfin reposent.
Et c'est matin.

Charles VAN LERBERGHE

Réponse de bleuette

FRANCIS JAMMES


Le soleil faisait luire l'eau du puits dans le verre.
Les pierres de la ferme étaient cassées et vieilles,
et les montagnes bleues avaient des lignes douces
comme l'humidité qui luisait dans la mousse...

La rivière était noire et les racines d'arbres
étaient noires et tordues sur les bords qu'elle râpe.
On fauchait au soleil où les herbes bougeaient,
et le chien, timide et pauvre, par devoir aboyait...

La vie existait. Un paysan disait de gros mots
à une mendiante volant des haricots.
Les morceaux de forêt étaient des pierres noires.
Il sortait des jardins l'odeur tiède des poires...

La terre était pareille aux faucheuses de foin.
La cloche de l'église toussait au loin.
Et le ciel était bleu et blanc, et, dans la paille,
on entendait se taire le vol lourd des cailles.

Réponse de bleuette

Vous ne saurez jamais que votre âme voyage
Comme au fond de mon coeur un doux coeur adopté ;
Et que rien, ni le temps, d'autres amours, ni l'âge,
N'empêcheront jamais que vous ayez été...

Marguerite Yourcenar

Réponse de bleuette

Paul VERLAINE

Clair de lune

Votre âme est un paysage choisi
Que vont charmant masques et bergamasques
Jouant du luth et dansant et quasi
Tristes sous leurs déguisements fantasques...

Tout en chantant sur le mode mineur
L'amour vainqueur et la vie opportune,
Ils n'ont pas l'air de croire à leur bonheur
Et leur chanson se mêle au clair de lune,...

Au calme clair de lune triste et beau,
Qui fait rêver les oiseaux dans les arbres
Et sangloter d'extase les jets d'eau,
Les grands jets d'eau sveltes parmi les marbres.

Réponse de Flavynette

Te voilà revenu, dans mes nuits étoilées,
Bel ange aux yeux d'azur, aux paupières voilées,
Amour, mon bien suprême, et que j'avais perdu !
J'ai cru, pendant trois ans, te vaincre et te maudire,
Et toi, les yeux en pleurs, avec ton doux sourire,
Au chevet de mon lit, te voilà revenu.

Eh bien, deux mots de toi m'ont fait le roi du monde,
Mets la main sur mon coeur, sa blessure est profonde ;
Élargis-la, bel ange, et qu'il en soit brisé !
Jamais amant aimé, mourant sur sa maîtresse,
N'a sur des yeux plus noirs bu la céleste ivresse,
Nul sur un plus beau front ne t'a jamais baisé !

Alfred de Musset à George Sand

Réponse de bleuette

NuitDeChine Dans les fleurs.

Mignonne, allons nous en dans un pays de songe,
Joli, capricieux, absurde, comme vous,
Azuré d'impossible et fleuri de mensonges,
Où les arbres, les eaux et les ciels seront fous...

Regardez ! Le soleil sort de chez sa maîtresse
En galant négligé du matin, pâli, las,
Tandis qu'à l'horizon traînant sa noire tresse
Elle lui jette au nez des bouquets de lilas...

Lilas de l'aube, blancs lilas semés de perles !
Mettez à votre front ce nimbe gracieux.
La diane déjà chante au gosier des merles.
Les feuilles au réveil s'ouvrent comme des yeux...


Le ruisseau qui gazouille a pour vous des cascades
De diamant ou bien des miroirs de cristal.
Les cailloux du sentier roulent des noix de muscades,
Et l'écorce du bois est un bois de santal...

Le vent luxurieux sur vos lèvres dérobe
L'arome des baisers et le vol des chansons,
Et le désir troublant qui dort sous votre robe
Fait courir un frisson d'amour dans les buissons...

Et sous vos pieds, vos mains, vos regards, votre haleine,
Tout va fleurir dans la forêt d'enchantement.
De fleurs aux mille noms pour que l'herbe soit pleine,
Ô fée, il vous suffit de m'aimer un moment...


L'héliotrope sombre embaumant la vanille,
L'aspérule aux relents de musc, le romarin,
La marjolaine en blanc qu'on nomme la gentille,
La sauge qui dans l'air met un souffle marin,...

L'encens du basilic, la myrrhe des glycines,
L'oeillet qui sent le poivre et l'anis plein de miel,
La gueule ouverte rouge et or des capucines,
Le bleu myosotis, gouttelette de ciel,...

La mauve, le muguet, les lis, les violettes,
Le chèvrefeuille avec ses coraux blancs-rosés,
La lavande, l'iris, le thym, ces cassolettes,
Tous les pois de senteur, ces papillons posés,...

La jacinthe, l'arum, l'ache, les amarantes,
Les clochetons ambrés des pâles liserons,
Les roses, firmament d'aurores odorantes,
Tout va s'épanouir quand nous nous baiserons...



Au printemps de nos coeurs tout se mêle et s'enivre.
Étreintes de parfums, de formes, de couleurs !
Notre baiser d'aveu, comme un clairon de cuivre,
Sonne la charge en rut aux batailles des fleurs...

Mignonne, nous voici noyés dans cette foule.
Tu n'y peux échapper, c'est en vain que tu cours.
Les fleurs aiment encor sous ton pied qui les foule.
Sous nos corps enlacés les fleurs aiment toujours...

Leur sang coule embaumé du coeur de leurs calices,
Bu par les vents pareils à des chiens maraudeurs,
Qui traînent dans l'air chaud saturé des délices
Des lambeaux de couleurs, de formes et d'odeurs...



Elles meurent d'aimer. Elles meurent, qu'importe ?
Mort d'amour, ô le plus savoureux des trépas !
Et leur dernier soupir est un souffle qui porte
L'âpre besoin d'aimer à ceux qui n'aiment pas...

O mignonne, mourrons comme ces fleurs qui s'aiment.
Donnons tout notre sang de désirs parfumé,
Et que les vents, grisés par nos baisers qu'ils sèment,
Aillent dire partout que nous avons aimé...

Qu'ils le disent au bois, au champ, à la ravine,
Le disent à la nuit et le disent au jour,
Qu'ils disent par sanglots notre extase divine
Au monde fatigué qui ne sait plus l'amour !..

Qu'ils le disent au ciel, à la nature entière,
Qu'ils racontent que nous nous sommes épousés
Et que l'éternité de toute la matière
A fleuri ce jour-là dans un de nos baisers ! .

Réponse de Mémoire 88

en anglais, hélas :

"This is Charlie Chaplin at age 26, photographed 100 years ago. It's believed he wrote the poem below at age 70.

"As I began to love myself
I found that anguish and emotional suffering
are only warning signs that I was living
against my own truth.
Today, I know, this is Authenticity.

As I began to love myself
I understood how much it can offend somebody
if I try to force my desires on this person,
even though I knew the time was not right
and the person was not ready for it,
and even though this person was me.
Today I call this Respect.

As I began to love myself
I stopped craving for a different life,
and I could see that everything
that surrounded me
was inviting me to grow.
Today I call this Maturity.

As I began to love myself
I understood that at any circumstance,
I am in the right place at the right time,
and everything happens at the exactly right moment.
So I could be calm.
Today I call this Self-Confidence.

As I began to love myself
I quit stealing my own time,
and I stopped designing huge projects
for the future.
Today, I only do what brings me joy and happiness,
things I love to do and that make my heart cheer,
and I do them in my own way
and in my own rhythm.
Today I call this Simplicity.

As I began to love myself
I freed myself of anything
that is no good for my health %u2013
food, people, things, situations,
and everything that drew me down
and away from myself.
At first I called this attitude a healthy egoism.
Today I know it is Love of Oneself.

As I began to love myself
I quit trying to always be right,
and ever since
I was wrong less of the time.
Today I discovered that is Modesty.

As I began to love myself
I refused to go on living in the past
and worrying about the future.
Now, I only live for the moment,
where everything is happening.
Today I live each day,
day by day,
and I call it Fulfillment.

As I began to love myself
I recognized
that my mind can disturb me
and it can make me sick.
But as I connected it to my heart,
my mind became a valuable ally.
Today I call this connection Wisdom of the Heart.

We no longer need to fear arguments,
confrontations or any kind of problems
with ourselves or others.
Even stars collide,
and out of their crashing, new worlds are born.
Today I know: This is Life ! "
~Charlie Chaplin"

Réponse de bleuette

Soleils couchants

Le soleil s'est couché ce soir dans les nuées ;
Demain viendra l'orage, et le soir, et la nuit ;
Puis l'aube, et ses clartés de vapeurs obstruées ;
Puis les nuits, puis les jours, pas du temps qui s'enfuit !...

Tous ces jours passeront ; ils passeront en foule
Sur la face des mers, sur la face des monts,
Sur les fleuves d'argent, sur les forêts où roule
Comme un hymne confus des morts que nous aimons...

Et la face des eaux, et le front des montagnes,
Ridés et non vieillis, et les bois toujours verts
S'iront rajeunissant ; le fleuve des campagnes
Prendra sans cesse aux monts le flot qu'il donne aux mers....

Mais moi, sous chaque jour courbant plus bas ma tête,
Je passe, et, refroidi sous ce soleil joyeux,
Je m'en irai bientôt, au milieu de la fête,
Sans que rien manque au monde immense et radieux !

Victor Hugo

Réponse de Flavynette

Le chat et le soleil

Le chat ouvrit les yeux,
Le soleil y entra.
Le chat ferma les yeux,
Le soleil y resta.

Voilà pourquoi, le soir,
Quand le chat se réveille,
J'aperçois dans le noir
Deux morceaux de soleil.

Maurice Carême (1899-1978)
L'arlequin

Réponse de Flavynette

Soleils couchants

Une aube affaiblie
Verse par les champs
La mélancolie
Des soleils couchants.

La mélancolie
Berce de doux chants
Mon coeur qui s'oublie
Aux soleils couchants.

Et d'étranges rêves,
Comme des soleils
Couchants, sur les grèves,
Fantômes vermeils,

Défilent sans trêves,
Défilent, pareils
A de grands soleils
Couchants sur les grèves.

Paul Verlaine (1844-1896)
Poèmes saturniens

Réponse de Mémoire 88

poème de cet employé d'Amazon quasi miraculé de la Covid-19 dont je vous ai parlé ailleurs sur le forum.,. Il écrit aussi, est publié régulièrement et parfois il compose des poèmes, en voici un :

"Ciel d'hiver.
Je vivrai cent ans si je peux t'aimer.
Tes mots sonnent, dans ma mémoire, si chauds qu'ils nient l'idée de la mort.
Ton rire m'éveille encore.
Ces phrases que je n'ai pu dire à personne,
Les as-tu perçues au moins ? J'en frissonne.
Ton temps, mon amour,
Était bien trop court...
Et le monde t'oublie, mais je reste
Gardienne du vide et du silence.
Le destin est funeste
Mais je ressens ta présence.
Sauve moi, aime moi
Par-delà cette vie et ses lois !
Notre temps était trop court,
Mon amour.
Ma vie est un mensonge
Auquel il convient, parfois, que je croie.
Je survis, sans bien savoir ce que j'espère,
Je cherche la lumière,
Ne trouve que poussière,
Et puis ton sourire m'éclaire,
Ciel d'hiver.
Tous ces souvenirs
Valent bien dix empires...
Tant que je vivrai, tu vivras,
Car je ne te trahirai pas !
Oh protège-moi, crois en moi,
Reste encor auprès de moi.
Je suivrai cette voie
Que nous avions tracée toi et moi
Sans jamais compter les jours,
Mon amour.
Je ne veux pas me résoudre,
Et rien ne saurait vraiment dissoudre,
Cette tempête en mon coeur pourtant d'ordinaire si paisible,
Et dont tu restes la cible.
Je chanterai encore ton nom, par-delà la mort,
Je crierai encore ton nom que j'adore,
Et le monde t'oublie, mais je reste
Gardienne du vide et du silence.
Le destin est funeste,
Mais je ressens ta présence.
Sauve moi, aime moi
Par-delà cette vie et ses lois !
Notre temps était trop court,
Mon amour.
Souvenir, souvenir, il nous reste le souvenir,
Un sourire, un sourire, figé dans le temps qui fuit
Et nos jours, tous nos jours, sont comptés et puis partis,
C'est ainsi, c'est la vie, ta larme, et c'est ton rire.
Amour, Je t'ai tant pleuré.
Ne m'en veux pas si je vis encore un peu.

Sylvain Desvaux."

Réponse de bleuette

La Nuit Des Fées
Indochine

Ce soir une fée
Dans un pays hanté
Ce soir

Ce soir une fée
D'une voix enchantée
Ce soir

A l'heure où l'on fait dormir
Des enfants de tous les empires
A l'heure où l'herbe respire
Où le vent souvent se retire ...

A l'heure où tout se ressent
Comme une blessure
Plus profonde encore
A l'heure où plus rien n'est sûr
Quand la nuit descend
Par une fissure
Ce soir...

Il était une fois
Quelque part dans un pays
Un pays qu'on ne connaît pas
Une fée
Qui avançait dans le froid
Avançait dans un mauvais temps
Tonight

J'ai allumé le soleil
Pour cet enfant dans son sommeil
J'ai réveillé la chaleur
Pour éclairer et sécher ses pleurs
J'ai rempli le jardin de fleurs
Pour chasser la nuit le froid
Le malheur
J'ai rempli son chemin d'ivresse
De mille lumières
De mille couleurs
Ce soir

Il était une fois
Quelque part dans un pays
Un pays qu'on ne connaît pas
Une fée
Qui avançait dans le froid
Avançait dans un mauvais temps
Tonight tonight
La la la

Réponse de bleuette

Françoise Cardinal
Photographie a ajouté une photo.

Les Couleurs de nos Vies

Il y aura des jours gris
Des jours de pluie, ces jours où l'espérance nous fuit
Des jours soleil
Lorsque tout, dans le monde, nous émerveille
Des jours de rires, souvenirs, fous rires, des jours de miel ...

Il y aura des jours roses
Des matins de rosée, de métamorphose
Ces jours où tout l'on ose
Des jours noirs
Lorsqu'on oublie la couleur,
lorsqu'on perd tout espoir ...

Il y aura des jours rouges
Rouge passion, rouge amour
Des jours où la vie rime avec toujours
Des jours azur
Lorsqu'on panse nos blessures
Que l'horizon est bleu pur ...

Il y aura des jours ambre
Des jours paillettes d'or, paillettes d'argent,
où l'espoir renaît, vient nous surprendre
Des jours écarlates
Des jours où l'amour est si fort que le coeur éclate
De joie, de rire, d'émerveillement,
quand la vie nous épate ...

Il y aura des jours verts
Quand la nature et ses amis nous offrent un concert
Une symphonie d'air pur, de pas craquants,
de feuilles au vent, le coeur à découvert
Des jours orange
Quand tout nous semble étrange
Quand ce monde nous dérange ...

Il y aura des jours argent
Quand scintille notre coeur, à l'abri, bien en dedans
Quand rient nos enfants, quand l'amour se répand
Des jours coquelicot
Quand notre coeur fait le yoyo
Quand on oublie l'instant présent,
que notre vie se fait méli-mélo ...

Il y aura des jours lavande
Quand tout nous semble tendre
Quand l'allégresse ne peut attendre
Des jours cerise
Quand la joie est de mise
Quand l'amour, l'amitié,
la bienveillance nous font la bise
Il y aura des jours framboise
De remise en question, quand la vie efface l'ardoise
Que l'avenir nous sourit, enfin nous apprivoise ...

Des jours corail
Qu'on a la sentiment que le monde déraille
Quand tout part à vau-l'eau,
que notre coeur tressaille
Il y aura des jours chocolat
Des jours où tout va bien, où rien ne va
Des jours où l'esprit balance de ci de là
Où le coeur hésite, danse, tressaille et puis se bat ...

Des jours outremer
Quand des cadeaux de la vie nous sont offerts
Quand tout brille, tout scintille, l'espoir à découvert
Il y aura des jours vermeils
Quand le monde nous émerveille
Quand l'espoir en nous s'éveille, quand le coeur est un soleil ...

Des jours caramel
Des jours doux, des jours tendres, des jours de miel
Des jours fous, des jours de rire, d'euphorie irréelle ...

Et puis, il y aura les jours arc en ciel
Ceux où tout est possible, avec toutes les couleurs du ciel
Ceux où l'on rêve, espère, se confie, chante, aime,
imagine, s'apaise, où l'on revient à l'essentiel! ...

Je vous souhaite toutes les jolies couleurs de la vie!
Celles où le monde nous applaudit
Où la terre nous offre son coeur
Celles où notre avenir se bâtit
Avec les crayons de couleurs du Bonheur ?

Réponse de bleuette

Françoise Cardinal
Photographie
allez voir sur facebook
ses photos sont aussi jolies que ses textes ...

Réponse de bleuette

PAUL ÉLUARD

La Terre est bleue
La terre est bleue comme une orange
Jamais une erreur les mots ne mentent pas
Ils ne vous donnent plus à chanter
Au tour des baisers de s'entendre ...

Les fous et les amours
Elle sa bouche d'alliance
Tous les secrets tous les sourires
Et quels vêtements d'indulgence
À la croire toute nue...

Les guêpes fleurissent vert
L'aube se passe autour du cou
Un collier de fenêtres
Des ailes couvrent les feuilles
Tu as toutes les joies solaires
Tout le soleil sur la terre
Sur les chemins de ta beauté...

Réponse de Mémoire 88

Un poème de l'immense écrivain Pierre Pelot, immense car ayant publié plus de 200 romans dans tous les genres, des centaines de nouvelles mais quasi ignoré par les prix littéraires et les critiques !

Pierre Pelot
23 août 2017 ·
PAROLES
PAUVRES LOUPS
Aux bords de la ville
Les loups se sont assis
Un sourire tranquille
Dans leurs manteaux gris.
Sont tous descendus
Des forêts en silence
Ils nous sont revenus
Et ils tournent et ils dansent.
Demain du fond des brumes
Dans la nuit déroulée
Se lèv'ront sous la lune
Les loups en rangs serrés.
Frapperont à la porte
De nos maisons fermées
Demanderont à boire
A boire et à manger.
Aux abords des villages
Les loups sont silencieux
Ils n'ont pour tout bagage
Que larmes au fond des yeux.

Mémoire 88, 24/08/2020 11:30 :
un autre toujours de Pierre Pelot :

PAROLES
MARIE-LINE EN DEUX MOTS

Marie-Line en deux mots
A laissé un message
Un coup de peur sur répondeur
Avant de partir sans bagage.
Vous avez fait le bon numéro,
C'est moi, Marie. Il est six heures
Le jour n'est pas encore levé
Son réveil n'a pas sonné.
Silence après le bip sonore.
Toutes les filles sont pas blondes
Platine
Fausses ou bien vraies comme si c'était
Un crime.
Silence après le bip sonore
Marie-Line en deux mots
Voulait changer de film
Tout éveillée elle se rêvait les yeux
D'une fille de papier qu'on imprime
Ciné cinoche c'était si beau !
« Record » - elle a pressé la touche.
Ensuite le canon dans sa bouche.
Coupez avant le bip sonore.
Toutes les filles n'ont pas les lèvres
Cerises.
Des yeux charbon pour les sourires
Les « cheese »
Coupez avant le bip sonore.
Marie-Line en deux mots
A dit au revoir, salut.
Elle était pas jolie, pas mignonne
Et savait pas tricher non plus
N'attendez pas le bip sonore.
Toutes les filles s'appellent pas
(Marie, elle,
A branché son répondeur)
S'appellent pas Norma Jean Baker.

Réponse de Mémoire 88

Cécile Coulon aujourd'hui ·
AVEC
Qui a déjà senti son âme malade sait que cela dure
plus d'une éternité : alors on la réserve de côté.
On ferme sur elle la porte pour ne pas la voir brûler.
Chaque jour on se réveille en espérant trouver
Dans la pièce close l'âme un peu moins souffrante.
un peu moins lourde, un peu moins chancelante.
Si elle ne va pas mieux on reviendra plus tard
et plus tard on oublie : plus tard devient jamais.
Alors elle fait avec :
avec le sol mouillé de ses propres larmes
et la lumière très douce qui vient des rideaux clairs.
Avec les petites araignées qui traversent la chambre
et les becs d'hirondelles qui cognent aux vitres blanches.
Avec les oreillers empilés sur une couverture,
avec les livres ouverts sur des pages tremblantes,
avec les chemises trouées et les foulards rayés
découpés dans la manche.
Elle fait avec chaque seconde et chaque jour.
Avec les ombres amicales et les spectres amoureux.
Elle joue avec sa fièvre, elle la lance au plafond
et le malheur retombe en étoiles de feu
lui faisant sous son toit une deuxième maison.
Elle fait avec le lendemain, avec les matins beiges,
elle fait avec la pluie qui amène une odeur
d'herbe retournée dans ses cheveux de neige.
Qui a déjà senti son âme malade sait qu'elle ne demande rien :
elle attend, alanguie dans son coin. Avec entre les mains
des mains qu'elle imagine solides et si puissantes
qu'on pourrait y construire une vie
et même la suivante.
Elle ne demande rien : elle prend.

Réponse de bleuette

La mer, le soir

Dans le silence
Le bateau dort,
Et bord sur bord
Il se balance...

Seul à l'avant
Un petit mousse
D'une voix douce
Siffle le vent...

Au couchant pâle
Et violet
Flotte un reflet
Dernier d'opale.

Sur les flots verts,
Par la soirée
Rose et moirée
Déjà couverts ...

Sa lueur joue
Comme un baiser
Vient se poser
Sur une joue...

Puis brusquement,
Il fuit, s'efface
Et sur la face
Du firmament...

Dans l'ombre claire,
On ne voit plus
Que le reflux
Crépusculaire ...

Les flots déteints
Ont sous la brise
La couleur grise
Des vieux étains...

Alors la veuve
Aux noirs cheveux
Se dit : je veux
Faire l'épreuve

De mes écrins
Dans cette glace.
Et la nuit place
Parmi ses crins,

Sous ses longs voiles
Aux plis dormants
Les diamants
De ses étoiles.

Jean Richepin

Réponse de marielune

La vie est telle une pièce de théâtre, mais sans répétitions.
Alors chantez, pleurez, dansez, riez et vivez
avant que le rideau ne se ferme
et que la pièce ne se termine sans applaudissements.

-charlie-chaplin

Réponse de bleuette

Seule avec toi dans ce bocage sombre ?
Qu'y ferions-nous ? à peine on peut s'y voir.
Nous sommes bien !
Peux-tu désirer l'ombre ?..

Pour se perdre des yeux c'est bien assez du soir !
Auprès de toi j'adore la lumière,..

Et quand tes doux regards ne brillent plus sur moi,
Dès que la nuit a voilé ta chaumière,
Je me retrouve, en fermant ma paupière,
Seule avec toi...

Marceline Desbordes - Valmore

Réponse de yareg

Dans l'eau de la claire fontaine
Georges Brassens


Dans l'eau de la claire fontaine
Elle se baignait toute nue.
Une saute de vent soudaine
Jeta ses habits dans les nues.
En détresse, elle me fit signe,
Pour la vêtir, d'aller chercher
Des monceaux de feuilles de vigne,
Fleurs de lis ou fleurs d'oranger.
Avec des pétales de roses,
Un bout de corsage lui fis.
La belle n'était pas bien grosse:
Une seule rose a suffi.
Avec le pampre de la vigne,
Un bout de cotillon lui fis.
Mais la belle était si petite
Qu'une seule feuille a suffi.
Ell' me tendit ses bras, ses lèvres,
Comme pour me remercier...
Je les pris avec tant de fièvre
Qu'ell' fut toute déshabillée.
Le jeu dut plaire à l'ingénue,
Car à la fontaine, souvent,
Ell' s'alla baigner toute nue
En priant Dieu qu'il fît du vent,
Qu'il fît du vent...

https://www.youtube.com/watch?v=yCiRaA8Z5xM

Réponse de yareg

Les Passantes
Georges Brassens


Je veux dédier ce poème
A toutes les femmes qu'on aime
Pendant quelques instants secrets
A celles qu'on connait à peine
Qu'un destin différent entraîne
Et qu'on ne retrouve jamais
A celle qu'on voit apparaître
Une seconde à sa fenêtre
Et qui, preste, s'évanouit
Mais dont la svelte silhouette
Est si gracieuse et fluette
Qu'on en demeure épanoui
A la compagne de voyage
Dont les yeux, charmant paysage
Font paraître court le chemin
Qu'on est seul, peut-être, à comprendre
Et qu'on laisse pourtant descendre
Sans avoir effleuré sa main
A la fine et souple valseuse
Qui vous sembla triste et nerveuse
Par une nuit de carnaval
Qui voulu rester inconnue
Et qui n'est jamais revenue
Tournoyer dans un autre bal
A celles qui sont déjà prises
Et qui, vivant des heures grises
Près d'un être trop différent
Vous ont, inutile folie,
Laissé voir la mélancolie
D'un avenir désespérant
Chères images aperçues
Espérances d'un jour déçues
Vous serez dans l'oubli demain
Pour peu que le bonheur survienne
Il est rare qu'on se souvienne
Des épisodes du chemin
Mais si l'on a manqué sa vie
On songe avec un peu d'envie
A tous ces bonheurs entrevus
Aux baisers qu'on n'osa pas prendre
Aux coeurs qui doivent vous attendre
Aux yeux qu'on n'a jamais revus
Alors, aux soirs de lassitude
Tout en peuplant sa solitude
Des fantômes du souvenir
On pleure les lêvres absentes
De toutes ces belles passantes
Que l'on n'a pas su retenir

https://www.youtube.com/watch?v=OV5bI0tixYQ

Réponse de bleuette

A quoi ça sert, un poème?
Ca sert à jouer des mots
comme on joue de la guitare,
de la flùte ou du piano.
Ca sert à faire savoir
qu'on est gai ou qu'on est triste,
ou bien d'humeur fantaisiste...

Ca remplace quelques larmes,
ça fait rire ou ça désarme.
Ca sert à parler de soi,
ou bien de n'importe quoi.
C'est un voyage intérieur,
un moyen d'ouvrir son coeur...

A quoi ça sert, un poème?
Au fond, ça ne sert à rien,
mais ça rend la vie plus belle,
comme un tour de magicien,
un sourire, un arc-en-ciel.
A' quoi ça sert, un poème?
Ca sert à dire " Je t'aime "...

Henriette Major

Réponse de bleuette

ALPHONSE DE LAMARTINE

A une fleur séchée dans un album

Il m'en souvient, c'était aux plages
Où m'attire un ciel du Midi,
Ciel sans souillure et sans orages,
Où j'aspirais sous les feuillages
Les parfums d'un air attiédi...

Une mer qu'aucun bord n'arrête
S'étendait bleue à l'horizon ;
L'oranger, cet arbre de fête,
Neigeait par moments sur ma tête ;
Des odeurs montaient du gazon...

Tu croissais près d'une colonne
D'un temple écrasé par le temps ;
Tu lui faisais une couronne
Tu parais son tronc monotone
Avec tes chapiteaux flottants ;

Fleur qui décores la ruine
Sans un regard pour t'admirer,
Je cueillis ta blanche étamine,
Et j'emportai sur ma poitrine
Tes parfums pour les respirer...

Aujourd'hui, ciel, temple, rivage,
Tout a disparu sans retour :
Ton parfum est dans le nuage,
Et je trouve, en tournant la page,
La trace morte d'un beau jour.

Réponse de bleuette

Il est doux, à travers les brumes, de voir naître
L'étoile dans l'azur, la lampe à la fenêtre,
Les fleuves de charbon monter au firmament
Et la lune verser son pâle enchantement...

Charles Baudelaire



Il était une fois

D'anciennes légendes nous racontent qu'un jour
La déesse des songes pleura de bonheur
Une larme glissa de ses yeux de velours
Et fut emportée par des anges-créateurs ...

Pour en faire un joyau ces faiseurs d'univers
Sculptèrent cette perle ainsi la Lune est née
Et chaque soir s'étend sur la voisine terre
La divine lueur de la grâce beauté ...

Agenouillé et humble j'ai levé les yeux
Un intense moment d'adoration totale
J'ai prié élevant mon âme vers les cieux ...

Le monde se révèle à la lumière pâle
De la magie lunaire ma muse adorée
Ma plus fidèle amie ma plus fidèle alliée ...

Thierry Lorho



Renée VIVIEN
Lorsque tu vins, à pas réfléchis, dans la brume,
Le ciel mêlait aux ors le cristal et l'airain...

Ton corps se devinait, ondoiement incertain,
Plus souple que la vague et plus frais que l'écume.
Le soir d'été semblait un rêve oriental
De rose et de santal.

Réponse de Terra Incognita

Que de superbes poésies

Réponse de bleuette

Miss Ellen, versez-moi le Thé
Dans la belle tasse chinoise,
Où des poissons d'or cherchent noise
Au monstre rose épouvanté...

J'aime la folle cruauté
Des chimères qu'on apprivoise :
Miss Ellen, versez-moi le Thé
Dans la belle tasse chinoise...

Là, sous un ciel rouge irrité,
Une dame fière et sournoise
Montre en ses longs yeux de turquoise
L'extase et la naïveté :
Miss Ellen, versez-moi le Thé...

Théodore de Banville

Réponse de bleuette

MARCELINE DESBORDES-VALMORE
La jeune fille et le ramier

Les rumeurs du jardin disent qu'il va pleuvoir ;
Tout tressaille, averti de la prochaine ondée :
Et toi qui ne lis plus, sur ton livre accoudée,
Plains-tu l'absent aimé qui ne pourra te voir ?...

Là-bas, pliant son aile et mouillé sous l'ombrage,
Banni de l'horizon qu'il n'atteint que des yeux,
Appelant sa compagne et regardant les cieux,
Un ramier, comme toi, soupire de l'orage...

Laissez pleuvoir, ô coeurs solitaires et doux !
Sous l'orage qui passe il renaît tant de choses.
Le soleil sans la pluie ouvrirait-il les roses ?
Amants, vous attendez, de quoi vous plaignez-vous ?...

Réponse de bleuette

La vie idéale.

Recueil : Le coffret de santal (1873)

Une salle avec du feu, des bougies,
Des soupers toujours servis, des guitares,
Des fleurets, des fleurs, tous les tabacs rares,
Où l'on causerait pourtant sans orgies...

Au printemps lilas, roses et muguets,
En été jasmins, oeillets et tilleuls
Rempliraient la nuit du grand parc où, seuls
Parfois, les rêveurs fuiraient les bruits gais...

Les hommes seraient tous de bonne race,
Dompteurs familiers des Muses hautaines,
Et les femmes, sans cancans et sans haines,
Illumineraient les soirs de leur grâce...

Et l'on songerait, parmi ces parfums
De bras, d'éventails, de fleurs, de peignoirs,
De fins cheveux blonds, de lourds cheveux noirs,
Aux pays lointains, aux siècles défunts.


Charles Cros

Réponse de bleuette

Un soir d'aubépines en fleurs aux confins des parfums
et de la nuit, un soir profond comme la terre de se taire,
un soir si beau que je vais croire jusqu'au bout,
dormir du sommeil de tes bras, dans le pays
sans nom sans éveil et sans rêves,
le lieu de nous où toutes choses se dénoue.

Louis Aragon

Et lorsque vient la nuit,Loin des corps endormis,
Sous la blanche clarté de la lune d'opale,
Nos âmes vont danser au milieu des étoiles..

V.H Scorp

Réponse de Flavynette

Bonne pensée du matin
Recueil : Derniers vers (1872).

À quatre heures du matin, l'été,
Le sommeil d'amour dure encore.
Sous les bosquets l'aube évapore
L'odeur du soir fêté.

Mais là-bas dans l'immense chantier
Vers le soleil des Hespérides,
En bras de chemise, les charpentiers
Déjà s'agitent.

Dans leur désert de mousse, tranquilles,
Ils préparent les lambris précieux
Où la richesse de la ville
Rira sous de faux cieux.

Ah ! pour ces Ouvriers charmants
Sujets d'un roi de Babylone,
Vénus ! laisse un peu les Amants,
Dont l'âme est en couronne.

Ô Reine des Bergers !
Porte aux travailleurs l'eau-de-vie,
Pour que leurs forces soient en paix
En attendant le bain dans la mer, à midi.

Arthur Rimbaud.

Réponse de boscavert

Victor Hugo. Le soleil s'est couché ce soir dans les nuées : (Soleils couchants)

« Le soleil s'est couché ce soir dans les nuées ;
Demain viendra l'orage, et le soir, et la nuit ;
Puis l'aube, et ses clartés de vapeur obstruées ;
Puis les nuits, puis les jours, pas du temps qui s'enfuit !
Tous ces jours passeront ; ils passeront en foule
Sur la face des mers, sur la face des monts,
Sur les fleuves d'argent, sur les forêts où roule
Comme un hymne confus des morts que nous aimons.
Et la face des eaux, et le front des montagnes.
Ridés et non vieillis, et les bois toujours verts
S'iront rajeunissant ; le fleuve des campagnes
Prendra sans cesse aux monts le flot qu'il donne aux mers.
Mais moi, sous chaque jour courbant plus bas ma tête,
Je passe, et refroidi sous ce soleil joyeux,
Je m'en irai bientôt, au milieu de la fête,
Sans que rien manque au monde, immense et radieux ! »

Réponse de tondjo

« C'est le seul génie poétique de cette fin de siècle.
Il côtoie de si près le rivage de la poésie qu'il risque à tout moment de tomber dans la musique. »

Jean Teulé "Ô verlaine" (p. 46)

Réponse de bleuette

Pour habiller l'hiver d'une petite fleur des champs
Pour incendier la terre d'un soleil permanent
Pour faire à nos misères un pied de nez géant
Pour balayer la guerre d'un sourire éclatant ...

Pour habiller l'amour de jolis sentiments
Pour faire battre tambour à l'été finissant
Pour attiser le fil d'une vie en noir et blanc
Pour se sentir fragile et beau comme un enfant ...

Danser Danser
C'est pour dire merci au soleil d'exister
Sans lui rien n'aurait vraiment d'importance
Du premier janvier à la fin de l'année ...

Pour semer des étoiles dans le fond de nos nuits
Pour venger la cigale qui meurt de la fourmi
Pour donner des couleurs à nos vies en béton
Pour se brûler le coeur à force d'émotion ...

Pour consoler Juliette qui pleure son Roméo
Comme la meuf de Verlaine qui pense à son Rimbaud
Pour dire à toutes les mouettes qui suivent les bateaux
Saluer l'amiral , qu'il sache qu'il fera beau ...

Danser Danser
Pour soulager nos petites têtes bien fatiguées
Et pour être dans ton coeur comme en vacances
T'as qu'une chose à faire , mon frère
Il faut danser !

gilbert montagné

Réponse de bleuette

C'est beau la vie ...jean Ferrat

Le vent dans tes cheveux blonds
Le soleil à l'horizon
Quelques mots d'une chanson
Que c'est beau, c'est beau la vie ...

Un oiseau qui fait la roue
Sur un arbre déjà roux
Et son cri par dessus tout
Que c'est beau, c'est beau la vie...

Tout ce qui tremble et palpite
Tout ce qui lutte et se bat
Tout ce que j'ai cru trop vite
A jamais perdu pour moi ...

Pouvoir encore regarder
Pouvoir encore écouter
Et surtout pouvoir chanter
Que c'est beau, c'est beau la vie...

Le jazz ouvert dans la nuit
Sa trompette qui nous suit
Dans une rue de Paris
Que c'est beau, c'est beau la vie...

La rouge fleur éclatée
D'un néon qui fait trembler
Nos deux ombres étonnées
Que c'est beau, c'est beau la vie...

Tout ce que j'ai failli perdre
Tout ce qui m'est redonné
Aujourd'hui me monte aux lèvres
En cette fin de journée

Pouvoir encore partager
Ma jeunesse, mes idées
Avec l'amour retrouvé
Que c'est beau, c'est beau la vie.

Pouvoir encore te parler
Pouvoir encore t'embrasser
Te le dire et le chanter
Oui c'est beau, c'est beau la vie.

Réponse de bleuette

Le bonheur nous regarde

Mais au fond sans un bruit le bonheur nous regarde,
Jaillissant des choses, comme un enfant sourit,
Simple comme un bonjour qu'on aurait désappris,
On le voit, on le sent, on le perd par mégarde !...

Il a tant à donner et jamais ne s'attarde,
Il vient toujours à temps au brave qui le nourrit,
On le cueille parfois là où rien ne fleurit,
Et quoi qu'il puisse paraître, il n'est d'humeur bavard ....

J'ai pu souvent douter, je sais qu'il nous regarde,
Attentif à nos maux, comme un coeur incompris,
Sur un matin d'automne, au soir d'amours épris,
N'as-tu jamais senti comme sa douceur lézarde ?

Stéphane Meuret

Réponse de bleuette

Par dessus L'horizon aux collines brunies, le soleil ,
cette fleur des splendeurs infinies,
Se penchait sur la terre à l'heure du couchant ...

une humble marguerite, éclose au bord d'un champ.
Sur un mur gris, croulant parmi l'avoine folle,
blanche épanouissait sa candide auréole ...

Et la petite fleur, par-dessus le vieux mur,
regardait fixement, dans l'éternel azur
Le grand astre épanchant sa lumière immortelle
«Et moi, j'ai des rayons aussi.» ! Lui disait-elle...

Victor HUGO

Réponse de boscavert

Que j'aime voir, chère indolente,
De ton corps si beau,
Comme une étoffe vacillante,
Miroiter la peau !

Sur ta chevelure profonde
Aux âcres parfums,
Mer odorante et vagabonde
Aux flots bleus et bruns,

Comme un navire qui s'éveille
Au vent du matin,
Mon âme rêveuse appareille
Pour un ciel lointain.

Tes yeux, où rien ne se révèle
De doux ni d'amer,
Sont deux bijoux froids où se mêle
L'or avec le fer.

À te voir marcher en cadence,
Belle d'abandon,
On dirait un serpent qui danse
Au bout d'un bâton.

Sous le fardeau de ta paresse
Ta tête d'enfant
Se balance avec la mollesse
D'un jeune éléphant,

Et ton corps se penche et s'allonge
Comme un fin vaisseau
Qui roule bord sur bord et plonge
Ses vergues dans l'eau.

Comme un flot grossi par la fonte
Des glaciers grondants,
Quand l'eau de ta bouche remonte
Au bord de tes dents,

Je crois boire un vin de Bohême,
Amer et vainqueur,
Un ciel liquide qui parsème
D'étoiles mon coeur !
Le serpent qui danse

Poèmes de Charles Baudelaire

Réponse de boscavert

Je vous aime, ô jeune fille !
Aussi lorsque je vous vois
Mon regard de bonheur brille,
Aussi tout mon sang pétille
Lorsque j'entends votre voix.

Douce à mon amour timide,
Vous en accueillez l'aveu,
Mais sans qu'un rayon humide
Argente votre oeil limpide,
Lac pur où dort le ciel bleu.

Pourquoi cette retenue ?
Entre nous rien de caché.
Enfant ! votre âme ingénue
Peut se montrer toute nue
Comme Eve avant le péché.

C'est un amour sans mélange
Que l'amour que j'ai pour vous,
Frais comme au coeur la louange,
Ardent à toucher un ange,
Pur à rendre Dieu jaloux.


Je vous aime, ô jeune fille !
Poèmes de Théophile Gautier

Réponse de bleuette

J'aurai une grande boîte ...
pleine de soleil
pour les jours de pluie
pleine de sourires
pour les jour de grogne ...
pleine de courage ,
pour les jours de flemme ...
... Et dans ma boîte ,
j'aurai aussi plein de coquillages ,
pour écouter la mer ...

Luce Guilbaud

Réponse de yareg

Petites boites
Graeme Allwright

Petites boîtes très étroites
Petites boîtes faites en ticky-tacky
Petites boîtes, petites boîtes
Petites boîtes toutes pareilles.

Y a des rouges, des violettes
Et des vertes très coquettes
Elles sont toutes faites en ticky-tacky
Elles sont toutes toutes pareilles.

Et ces gens-là dans leurs boîtes
Vont tous à l'université
On les met tous dans des boîtes
Petites boîtes toutes pareilles.

Y a des médecins, des dentistes
Des hommes d'affaires et des avocats
Ils sont tous tous faits de ticky-tacky
Ils sont tous tous tous pareils.

Et ils boivent sec des martinis
Jouent au golf toute l'après-midi
Puis ils font des jolis enfants
Qui vont tous tous à l'école.

Ces enfants partent en vacances
Puis s'en vont à l'université
On les met tous dans des boîtes
Et ils sortent tous pareils.

Les garçons font du commerce
Et deviennent pères de famille
Ils bâtissent des nouvelles boîtes
Petites boîtes toutes pareilles.

Puis ils règlent toutes leurs affaires
Et s'en vont dans des cimetières
Dans des boîtes faites en ticky-tacky
Qui sont toutes toutes pareilles

https://www.youtube.com/watch?v=1ohpj855o7s

Réponse de Flavynette

Air vif

J'ai regardé devant moi
Dans la foule je t'ai vue
Parmi les blés je t'ai vue
Sous un arbre je t'ai vue

Au bout de tous mes voyages
Au fond de tous mes tourments
Au tournant de tous les rires
Sortant de l'eau et du feu

L'été l'hiver je t'ai vue
Dans ma maison je t'ai vue
Entre mes bras je t'ai vue
Dans mes rêves je t'ai vue

Je ne te quitterai plus

Paul Eluard (1895-1952)
Le Phénix

Réponse de bleuette

La légèreté, elle est partout,
dans l'insolente fraîcheur des pluies d'été ...
sur les ailes d'un livre abandonné au bas d'un lit ...
dans la rumeur des cloches d'un monastère à l'heure des offices...
une rumeur enfantine et vibrante, dans un prénom
mille et mille fois murmuré comme on mâche un brin d'herbe ...
dans la fée d'une lumière au détour d'un virage
sur les routes serpentines du Jura ...
dans la pauvreté tâtonnante des sonates de Schubert ...
dans la cérémonie de fermer lentement les volets le soir ...
dans une fine touche de bleu, bleu pale, bleu-violet,
sur les paupières d'un nouveau-né ...
dans la douceur d'ouvrir une lettre attendue,
en différant une seconde l'instant de la lire ...
dans le bruit des châtaignes explosant au sol
et dans la maladresse d'un chien glissant sur un étang gelé ...

j'arrête là, la légèreté, vous voyez bien, elle est partout donnée ...

Christian Bobin

Réponse de bleuette

Comprendre
Elodie Santos

Ecrire un poème c'est ...
comprendre le jour ...
comprendre la nuit ...
comprendre l'amour ...

Comme une fleur qui s'est fanée
j'ai oublié la belle histoire
qu'on me racontait quand j'étais petite
... Une histoire simple
... Une histoire bleue ...

Comme le vent qui s'est mis à souffler
j'ai volé à toute vitesse
Par dessus la prairie ...
Par dessus la maison ...

Comme la vie qui ainsi continue
Je continue de croire
Qu'il faut
Comprendre ...

Réponse de yareg

Au bord de l'eau verte, les sauterelles

sautent ou se traînent, ou bien sur les fleurs des carottes frêles

grimpent avec peine.

Dans l'eau tiède filent les poissons blancs

auprès d'arbres noirs dont l'ombre sur l'eau tremble doucement

au soleil du soir.

Deux pies qui crient s'envolent loin, très loin,

loin de la prairie, et vont se poser sur des tas de foin

pleins d'herbes fleuries.

Trois paysans assis
Usent un journal

en gardant les boeufs près de râteaux aux manches luisants que

touchaient leurs doigts calleux.

Les moucherons minces volent sur l'eau,

sans changer de place.
En se croisant ils passent, puis repassent,

vont de bas en haut.

Je tape les herbes avec une gaule

en réfléchissant et le duvet des pissenlits s'envole

en suivant le vent.

Francis Jammes

Réponse de bleuette

Oh ! Les éveils des bourgades sous l'or des branches,
Où courent la lumière et l'ombre - et les roseaux
Et les aiguilles d'or des insectes des eaux
Et les barres des ponts de bois et leurs croix blanches.

Et le pré plein de fleurs et l'écurie en planches
Et le bousculement des baquets et des seaux
Autour de la mangeoire où grouillent les pourceaux,
Et la servante, avec du cru soleil aux manches.

Ces nets éveils dans les matins ! - Des mantelets,
Des bonnets blancs et des sarraus, par troupelets,
Gagnaient le bourg et son clocher couleur de craie.

Pommes et bigarreaux ! - Et, par-dessus la haie
Luisaient les beaux fruits mûrs, et, dans le verger clair,
Brusque, comme un sursaut, claquait du linge en l'air.

Émile VERHAEREN

Réponse de bleuette

CLAUDE ROY

Toi ma dormeuse mon ombreuse ma rêveuse
ma gisante aux pieds nus sur le sable mouillé
toi ma songeuse mon heureuse ma nageuse ...

ma lointaine aux yeux clos mon sommeillant oeillet
distraite comme nuage et fraîche comme pluie
trompeuse comme l'eau légère comme vent...

toi ma berceuse mon souci mon jour et ma nuit
toi que j'attends toi qui te perds et me surprends
la vague en chuchotant glisse dans ton sommeil
te flaire et vient lécher tes jambes étonnées ...

ton corps abandonné respire le soleil
couleur de tes cheveux ruisselants et dénoués
mon oublieuse ma paresseuse ma dormeuse ...

toi qui me trompes avec le vent avec la mer
avec le sable et la matin ma capricieuse ...
ma brûlante aux bras frais mon étoile légère ...

Réponse de Flavynette

Automne

Dans le brouillard s'en vont un paysan cagneux
Et son boeuf lentement dans le brouillard d'automne
Qui cache les hameaux pauvres et vergogneux

Et s'en allant là-bas le paysan chantonne
Une chanson d'amour et d'infidélité
Qui parle d'une bague et d'un coeur que l'on brise

Oh ! l'automne l'automne a fait mourir l'été
Dans le brouillard s'en vont deux silhouettes grises

Guillaume Apollinaire (1880-1918)
Alcools

Réponse de bleuette

Le coeur
Anna de Noailles

Mon coeur tendu de lierre odorant et de treilles,
Vous êtes un jardin où les quatre saisons
Tenant du buis nouveau, des grappes de groseilles
Et des pommes de pin, dansent sur le gazon...

... Sous les poiriers noueux couverts de feuilles vives
Vous êtes le coteau qui regarde la mer,
Ivre d'ouÏr chanter, quand le matin arrive,
La cigale collée au brin de menthe amer...*

... Vous êtes un vallon escarpé ; la nature
Tapisse votre espace et votre profondeur
De mousse délicate et de fraîche verdure...

Vous êtes dans votre humble et pastorale odeur
Le verger fleurissant et le gai pâturage
Où les joyeux troupeaux et les pigeons dolents
Broutent le chèvrefeuille ou lissent leur plumage...

Et vous êtes aussi, coeur grave et violent,
La chaude, spacieuse et prudente demeure
Pleine de vins, de miel, de farine et de riz,
Ouverte au bon parfum des saisons et des heures,
Où la tendresse humaine habite et se nourrit...

Réponse de bleuette

Jusqu'aux bords de ta vie
Tu porteras ton enfance
Ses fables et ses larmes
Ses grelots et ses peurs ...

Tout au long de tes jours
Te précède ton enfance
Entravant ta marche
Ou te frayant chemin ...

Singulier et magique
L'oeil de ton enfance
Qui détient à sa source
L'univers des regards .

Andrée Chedid

Réponse de boscavert

Dans la rue des Blancs-Manteaux
Ils ont élevé des tréteaux
Et mis du son dans un seau
Et c'était un échafaud
Dans la rue des Blancs-Manteaux
Dans la rue des Blancs-Manteaux
Le bourreau s'est levé tôt
C'est qu'il avait du boulot
Faut qu'il coupe des généraux
Des évêques, des amiraux,
Dans la rue des Blancs-Manteaux
Dans la rue des Blancs-Manteaux
Sont v'nues des dames comme il faut
Avec de beaux affûtiaux
Mais la tête leur f'sait défaut
Elle avait roulé d'son haut
La tête avec le chapeau
Dans l'ruisseau des Blancs-Manteaux

Dans la rue des Blancs-Manteaux est une chanson de Jean-Paul Sartre sur une musique de Joseph Kosma, écrite en 1944 pendant la Seconde Guerre mondiale.
Chanson évoquant la mise en place des outils de la peine de mort, à savoir l'échafaud
https://www.youtube.com/watch?v=ZzOxBBMNads

Réponse de bleuette

Ainsi, ce chemin de nuage,
Vous ne le prendrez point,
D'où j'ai vu me sourire au loin
Votre brillant mirage ? ...
Le soir d'or sur les étangs bleus
D'une étrange savane,
Où pleut la fleur de frangipane ...
N'éblouira vos yeux ;
Ni les feux de la luciole
Dans cette épaisse nuit
Que tout à coup perce l'ennui
D'un tigre qui miaule ...

PAUL-JEAN TOULET

Réponse de Mémoire 88

j'avais déjà partagé un de ses poèmes (voir le Le 18 août à 21h47), en voici un autre :

"Le silence des mouettes

J'ai vu une falaise infinie dominant l'océan
Et j'ai rêvé d'un homme qui fuyait les vagues,
Mais la plage était étroite et la marée montante.
Lui courait comme un fou, mais le sable,
Oh oui, le sable ralentissait sa course.
L'eau montait, l'homme s'épuisait.
Devant lui la silice cédait face au liquide.
Sa route devint sentier, ruban, puis rien.
Déjà il pataugeait, redoutant le moment
Où la mer viendrait l'étreindre et le tuer doucement.
Plaqué par le ressac entre grès et vent,
Les mouettes se régaleraient de lui,
Riant sans fin de son manque d'ailes.
Cette vision morbide lui fournit un élan,
L'aiguillon de la mort le jeta en avant
Et il vivait encore lorsque l'ombre le prit,
Jurant, toussant, crachant,
Combattant jusqu'au dernier souffle,
Poumons emplis par une mer avide,
Impressionnant les stupides volatiles
Qui dinèrent en silence,
Sous la complainte des vagues.
Fuir l'échéance ne la retarde pas,
L'inéluctable toujours nous rattrapera.
Mais jusqu'au bout il nous faudra nous battre,
Afin que le silence des mouettes
Nous porte aux nues sans rire de nous.

A tous ceux qui refusent de se laisser vivre, et qui se sont battus ou se battront un jour pour ce qui leur paraissait hors de prix, envers et contre tout.

Sylvain Desvaux
25 septembre 2014, 00:00"

Réponse de bleuette

Le plus important, ce sont les petits soleils . . . Les petits soleils ?
... Les petits soleils de chaque jour... Un sourire, un mot d'encouragement, un échange, un petit plaisir ou un grand... tous ce qui nous rend heureux, joyeux, vivants...
...Tous les petits soleils qui illuminent nos journées, à côté desquels il ne faut surtout pas passer...

Ondine Khayat

Réponse de bleuette

J écris des mots bizarres
J écris des longues histoires
J écris juste pour rire
Des choses qui ne veulent rien dire.
Ecrire c est jouer ...
...J écris le soleil
J écris les étoiles
J invente des merveilles
Et des bateaux à voiles.
Ecrire c est rêver...
...J écris pour toi
J écris pour moi
J écris pour ceux qui liront
Et pour ceux qui ne liront pas.
Ecrire c est aimer ...
...J écris pour ceux d ici
Ou pour ceux qui sont loin
Pour les gens d aujourd'hui
Et pour ceux de demain.
Ecrire c est vivre...

Robert Desnos

Réponse de bleuette

Roses d'automne

Aux branches que l'air rouille et que le gel mordore,
Comme par un prodige inouï du soleil,
Avec plus de langueur et plus de charme encore,
Les roses du parterre ouvrent leur coeur vermeil...

Dans sa corbeille d'or, août cueillit les dernières :
Les pétales de pourpre ont jonché le gazon.
Mais voici que, soudain, les touffes printanières
Embaument les matins de l'arrière-saison...

Les bosquets sont ravis, le ciel même s'étonne
De voir, sur le rosier qui ne veut pas mourir,
Malgré le vent, la pluie et le givre d'automne,
Les boutons, tout gonflés d'un sang rouge, fleurir...

En ces fleurs que le soir mélancolique étale,
C'est l'âme des printemps fanés qui, pour un jour,
Remonte, et de corolle en corolle s'exhale,
Comme soupirs de rêve et sourires d'amour...

Tardives floraisons du jardin qui décline,
Vous avez la douceur exquise et le parfum
Des anciens souvenirs, si doux, malgré l'épine
De l'illusion morte et du bonheur défunt.

Nérée Beauchemin

Réponse de Flavynette

c'est beau la vie

Le vent dans tes cheveux blonds
Le soleil à l'horizon
Quelques mots d'une chanson
Que c'est beau, c'est beau la vie

Un oiseau qui fait la roue
Sur un arbre déjà roux
Et son cri par-dessus tout
Que c'est beau, c'est beau la vie

Tout ce qui tremble et palpite
Tout ce qui lutte et se bat
Tout ce que j'ai cru trop vite
À jamais perdu pour moi

Pouvoir encore regarder
Pouvoir encore écouter
Et surtout pouvoir chanter
Que c'est beau, c'est beau la vie

Le jazz ouvert dans la nuit
Sa trompette qui nous suit
Dans une rue de Paris
Que c'est beau, c'est beau la vie

La rouge fleur éclatée
D'un néon qui fait trembler
Nos deux ombres étonnées
Que c'est beau, c'est beau la vie

Tout ce que j'ai failli perdre
Tout ce qui m'est redonné
Aujourd'hui me monte aux lèvres
En cette fin de journée

Pouvoir encore partager
Ma jeunesse, mes idées
Avec l'amour retrouvé
Que c'est beau, c'est beau la vie

Pouvoir encore te parler
Pouvoir encore t'embrasser
Te le dire et le chanter
Oui c'est beau, c'est beau la vie

Jean Ferrat
C'EST BEAU LA VIE
Paroles: Claude Delecluse, Michelle Senlis, musique: Jean Ferrat

Réponse de yareg

Tête en l'air
Jacques Higelin


Sur la terre des damnés, solitaire
Étranger aux vérités premières énoncées par des cons
J'avais touché le fond de la misère
Et je crie, et je pleure, et je ris au pied d'une fleur des champs
Égaré, insouciant dans l'âme du printemps, coeur battant
Coeur serré par la colère, par l'éphémère beauté de la vie
Sur la terre, face aux dieux, tête en l'air
Amoureux d'une émotion légère comme un soleil radieux
Dans le ciel de ma fenêtre ouverte
Et je danse, et je lance un appel aux archanges de l'amour
Quelle chance un vautour, d'un coup d'aile d'un coup de bec
Me rend aveugle et sourd à la détresse
À l'éphémère tristesse de la vie
Sur la terre, face au ciel, tête en l'air, amoureux
Y a des allumettes au fond de tes yeux
Des pianos à queue dans la boîte aux lettres
Des pots de yaourt dans la vinaigrette
Et des oubliettes au fond de la cour
Sur la terre, face au ciel, tête en l'air, amoureux
Y a des allumettes au fond de tes yeux
Des pianos à queue dans la boîte aux lettres
Des pots de yaourt dans la vinaigrette
Et des oubliettes au fond de la cour
Comme un vol d'hirondelles échappées de la poubelle des cieux

Thank you my lord

Alors, qu'est-ce qu'il t'as raconté?
Et les allumettes au fond de tes yeux
Des pianos à queue dans la boîte aux lettres
Des pots de yaourt dans la vinaigrette
Et des oubliettes au fond de la cour

Réponse de bleuette

Anna de Noailles

Rire ou pleurer, mais que le coeur
Soit plein de parfums comme un vase,
Et contienne jusqu'à l'extase
La force vive ou la langueur...

Avoir la douleur ou la joie,
Pourvu que le coeur soit profond
Comme un arbre où des ailes font
Trembler le feuillage qui ploie ...

S'en aller pensant ou rêvant,
Mais que le coeur donne sa sève
Et que l'âme chante et se lève
Comme une vague dans le vent...

Que le coeur s'éclaire ou se voile,
Qu'il soit sombre ou vif tour à tour,
Mais que son ombre et que son jour
Aient le soleil ou les étoiles ...

Réponse de yareg

https://www.youtube.com/watch?v=m3k0pzxPcts

Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.

Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.

Victor Hugo, extrait du recueil «Les Contemplations» (1856)

Réponse de bleuette

GIACOMO LEOPARDI (1798~1837)

L'infini

Toujours tu me fus chère, ô déserte colline,
Où la haie épineuse à l'âpre floraison
Cache au regard l'espace et l'extrême horizon.
Dans l'herbe assis, j'évoque en rêve, j'imagine...

Derrière cette haie, où verdit le gazon,
Des espaces sans borne, un surhumain silence,
De l'absolu repos la morne somnolence.
Le silence infini de cette immensité...

Verse en moi les stupeurs de sa sérénité ;
Et, percevant le bruit du vent dans les feuillages,
J'oppose à cette voix ce silence éternel.
O vide immesurable où roule en paix le ciel !

Alors me souvenant des siècles morts, des âges
Disparus, je compare aux stériles efforts,
Aux vains bruits des vivants le silence des morts.
D'un ineffable émoi mon âme est oppressée ;

Et du néant humain sondant le gouffre amer,
Dans cette immensité s'abîme ma pensée :
Et doux m'est le naufrage en une telle mer.

(Traduction d'Auguste Lacaussade, 1888)

Réponse de bleuette

ALBERT SAMAIN

Mon enfance captive a vécu dans des pierres,
Dans la ville où sans fin, vomissant le charbon,
L'usine en feu dévore un peuple moribond.
Et pour voir des jardins je fermais les paupières ...

J'ai grandi ; j'ai rêvé d'Orient, de lumières,
De rivages de fleurs où l'air tiède sent bon,
De cités aux noms d'or, et, seigneur vagabond,
De pavés florentins où traîner des rapières.

Puis je pris en dégoût le carton du décor
Et maintenant, j'entends en moi l'âme du Nord
Qui chante, et chaque jour j'aime d'un coeur plus fort

Ton air de sainte femme, ô ma terre de Flandre,
Ton peuple grave et droit, ennemi de l'esclandre,
Ta douceur de misère où le coeur se sent prendre,

Tes marais, tes prés verts où rouissent les lins,
Tes bateaux, ton ciel gris où tournent les moulins,
Et cette veuve en noir avec ses orphelins...

(Le Chariot d'or, 1900)

Réponse de bleuette

Dans le moulin de ma solitude, vous entriez comme l'aurore,
vous avanciez comme le feu.
Vous alliez dans mon âme comme un fleuve en crue.
Et vos rives inondaient toutes mes terres...

Quand je rentrais en moi, je n'y retrouverais rien :
là où tout était sombre, un grand soleil tournait.
Là où tout était mort, une petite source dansait.
Une femme si menue qui prenait tant de place
: je n'en revenais pas...

Il n'y a pas de connaissance en dehors de l'Amour.
Il n'y a dans l'amour que de l'inconnaissable...

Christian Bobin

Réponse de bleuette

LE PETIT PRINCE

J'ai appris, dit le Petit Prince, que le Monde est le miroir de mon Âme ... *
Quand elle est enjouée, le Monde lui semble gai
Quand elle est accablée, le Monde lui semble triste ...
Le Monde, lui, n'est ni triste ni gai ...
Il est là, c'est tout ...
Ce n'était pas le Monde qui me troublait, mais l'Idée que
je m'en faisais ...
J'ai appris à accepter sans
le Juger, totalement, inconditionnellement ...

C'est une folie de haïr toutes les roses parce qu'une épine vous a piqué,
d'abandonner tous les rêves parce que l'un d'entre eux ne s'est pas réalisé,
de renoncer à toutes les tentatives parce qu'on a échoué.
C'est une folie de condamner toutes les amitiés parce qu'une vous a trahi,
de ne croire plus en l'amour juste parce qu'un d'entre eux a été infidèle,
de jeter toutes les chances d'être heureux juste parce que quelque chose n'est pas allé dans la bonne direction.
Il y aura toujours une autre occasion, un autre ami, un autre amour, une force nouvelle.
Pour chaque fin il y a toujours un nouveau départ.

On ne voit bien qu'avec le coeur. L'essentiel est invisible pour les yeux.

Mais si tu m'apprivoises, nous aurons besoin l'un de l'autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde.

Toutes les grandes personnes ont d'abord été des enfants. (Mais peu d'entre elles s'en souviennent.)

Quand tu regarderas le ciel, la nuit, puisque j'habiterai dans l'une d'elles, puisque je rirai dans l'une d'elles, alors ce sera pour toi comme si riaient toutes les étoiles... Tu auras, toi, des étoiles qui savent rire

Les grandes personnes ne comprennent jamais rien toutes seules, et c'est fatiguant, pour les enfants, de toujours et toujours leur donner des explications.

J'ai toujours aimé le désert. On s'assoit sur une dune de sable. On ne voit rien. On n'entend rien. Et cependant quelque chose rayonne en silence ...

Les hommes n'ont plus le temps de rien connaître. Ils achètent des choses toutes faites chez les marchands. Mais comme il n'existe point de marchands d'amis, les hommes n'ont plus d'amis.

Si vous dites aux grandes personnes: "J'ai vu une belle maison en briques roses, avec des géraniums aux fenêtres et des colombes sur le toit...", elles ne parviennent pas à s'imaginer cette maison. Il faut leur dire: 'J'ai vu une maison de cent mille francs." Alors elles s'écrient: "Comme c'est joli!"

Les grandes personnes aiment les chiffres. Quand vous leur parlez d'un nouvel ami, elles ne vous questionnent jamais sur l'essentiel. Elles ne vous disent jamais : "Quel est le son de sa voix ? Quels sont les jeux qu'il préfère ? Est-ce qu'il collectionne les papillons ?" Elles vous demandent : "Quel âge a-t-il ? Combien a-t-il de frères ? Combien pèse-t-il ? Combien gagne son père ?" Alors seulement elles croient le connaître.

Mais les yeux sont aveugles. Il faut chercher avec le coeur.

Réponse de bleuette

La brume du soir a tissé
Sa mousseline violette
Sur le paysage, effacé
Comme derrière une voilette.

Ce jour d'automne agonisant,
Où le parfum fané des roses
Tourbillonne dans l'air grisant,
Il pleut de la mort sur les choses ...

Le souvenir d'un baiser pris
Au hasard troublant d'une fête,
Passait mélancolique et gris,
Et s'est en allé de ma tête ...

La brume du soir a tissé
Sa mousseline violette
Sur le paysage, effacé
Comme derrière une voilette.



Jean Ajalbert

Réponse de bleuette

J'aimais les mots comme des confiseries raffinées enveloppées dans du papier glacé aux couleurs chatoyantes ou du papier cristal translucide qui bruit sous les doigts quand on les déplie...
Je les laissais fondre dans ma bouche, y répandre leur saveur. Mes préférés étaient les mots qu'il fallait croquer ainsi que des nougatines ou des noix grillées et caramélisées, et ceux qui dégageaient un arrière-goût amer ou acidulé...
Certains mots me ravissaient, pour la troublante douceur de leur suffixe qui introduisait de l'inachevé et un sourd élan du désir dans leur sens : « flavescence, efflorescence, opalescence, rubescente, arborescence, luminescence, déhiscence ...»
Ils désignaient un processus en train de s'accomplir, très intimement, secrètement ... et j'avais forgé un mot sur ce modèle : « amourescence ». Dans l'espoir que par magie de ce vocable neuf un peu d'amour naitrait..

Sylvie Germain

Réponse de Mémoire 88

REVENIR.

Et puis soudain je vois des paysages
que j'ai connus en d'autres circonstances :
le ciel était plus bas, les arbres moins ployés,
Nous traversions des villes qui n'étaient que des villages.
Je ne connaissais pas encore ma chance.
Et puis soudain je reconnais un sentier
à cause d'un horizon qui noie dans ses nuances
toute la mer, la plage et même les oiseaux,
toute la vie qui passe dans les rues du quartier,
toute la mort courbée sous la lumière
qui aplatit sans force même les plus hauts sommets.
J'accroche à ma veste de laine la broche de l'hiver :
la campagne a rougi, mes fossettes en premier.
Je reconnais dans la nuit le chant de mes chapelles,
de ces cratères inouïs où l'on se serre ensemble
comme deux hirondelles.
Et puis soudain je reconnais dans une voix
un reste d'amour tendre qui se cache où il peut :
la douceur est passée là, on retrouve ses cheveux
dans un bol de café chaud ou froissés dans les draps.
J'accroche à ma paupière une ride supplémentaire,
je la creuse en souriant devant le jour qui vient,
j'avais si mal - les beaux jours me semblaient douloureux -
me voilà revenue au bord de ma rivière.
Et puis soudain je sens que chaque chose est à sa place,
chaque larme dans son oeil, chaque pas dans son chemin,
chaque flocon sur sa branche et l'été déjà loin.
Il y a des soirs d'amour et des aubes très blanches
que rien, ni louange, ni fortune, ne remplace.

Cécile Coulon

Réponse de bleuette

KARIN BOYE (1900~1941)

Calme du soir

Sens comme est proche la Réalité.
Elle respire tout près d'ici
dans les soirs sans vent.
Elle se montre peut-être quand nul ne le croit.

Le soleil glisse sur les herbes et les roches.
Dans son jeu silencieux
se cache l'esprit de vie.
Jamais il ne fut si proche que ce soir.
J'ai rencontré un étranger qui se taisait ...

Si j'avais tendu la main
j'eusse effleuré son âme
quand nos pas timides se sont croisés...

Réponse de bleuette

LÉON-PAUL FARGUE (1876~1947)

Au fil de l'heure pâle

Un jour, au crépuscule, on passe, après la pluie,
Le long des murs d'un parc où songent de beaux arbres...
On les suit longtemps. L'heure passe
Que les mains de la nuit faufilent aux vieux murs...

Mais qu'est-ce qui vous trouble au fil de l'heure pâle
Qui s'ourle aux mains noires des grilles ?
Ce soir, le calme après la pluie a quelque chose
Qui fait songer à de l'exil et à la nuit...

On entend le bruit nombreux
Des feuilles partout
Comme un feu qui prend...
Des branches clignent. Le silence
Épie ...

Et il passe des odeurs si pénétrantes
Qu'on oublie qu'il y en ait d'autres
Et qu'elles semblent l'odeur même de la vie...

Plus tard, un peu de soleil dore
Une feuille, et deux, et puis tout !
Alors, l'oiseau nouveau qui ose le premier
Après la pluie
Chante !
Et comme une âcre fleur sort d'une lampe éteinte
Il monte de mon coeur l'offrande d'un vieux rêve...

Un rayon rôde encore à la crête du mur,
Glisse une main calme et nous conduit vers l'ombre...
Est-ce la pluie ? Est-ce la nuit ?
Au loin, des pas vieux et noirs
S'en vont
Le long des murs du parc où les vieux arbres songent...

Réponse de bleuette

Dans le livre de la vie, le bonheur ne tient qu'une page, car le bonheur ne se raconte pas ; c'est un rayon qui passe, une chanson chantée à deux pendant la tempête, un arc-en-ciel qui traverse l'orage.
Le poète a dit : La rose vit une heure, et le cyprès cent ans.

Arsène Houssaye

Réponse de bleuette

OCTAVIO PAZ (1914-1998)
Comme on entend la pluie

Écoute-moi comme on entend la pluie
ni attentive ni distraite,
les pas légers de la bruine,
l'eau dissoute en air, l'air tissé de temps,

le jour n'en finit pas de s'en aller,
la nuit n'est pas vraiment venue,
figurations du brouillard
à l' angle de la rue,
figurations du temps

au tournant de cette pause,
écoute-moi comme on entend la pluie,
sans écouter, écoute-moi parler
les yeux ouverts sur l'intérieur,
assoupie, chaque sens en éveil,

il pleut, des pas légers, rumeurs de syllabes,
l'air et l'eau, paroles qui ne pèsent :
ce que nous étions, ce que nous sommes

les jours et les années, cet instant même,
temps qui ne pèse, lourde peine,
écoute-moi comme on entend la pluie...

(L'arbre parle, traduit de l'espagnol par Frédéric Magne et Jean-Claude Masson, Gallimard 1987)

Réponse de Flavynette

Titre : Le réveil

Recueil : Les solitudes (1869).

Si tu m'appartenais (faisons ce rêve étrange !),
Je voudrais avant toi m'éveiller le matin
Pour m'accouder longtemps près de ton sommeil d'ange,
Egal et murmurant comme un ruisseau lointain.

J'irais à pas discrets cueillir de l'églantine,
Et, patient, rempli d'un silence joyeux,
J'entr'ouvrirais tes mains, qui gardent ta poitrine,
Pour y glisser mes fleurs en te baisant les yeux.

Et tes yeux étonnés reconnaîtraient la terre
Dans les choses où Dieu mit le plus de douceur,
Puis tourneraient vers moi leur naissante lumière,
Tout pleins de mon offrande et tout pleins de ton coeur.

Oh ! Comprends ce qu'il souffre et sens bien comme il aime,
Celui qui poserait, au lever du soleil,
Un bouquet, invisible encor, sur ton sein même,
Pour placer ton bonheur plus près de ton réveil !

René-François Sully Prudhomme.

Réponse de yareg

IL est tard et le village s'endort,
alors que mon âme vagabonde......

Par dessus les jolies fleurs
qui bordent le chemin de ma rêverie
un papillon sublimement beau virevolte
de rose en rose; il saute tel une puce
et tout à coup, sur ma main se pose....
Sa bouche gracile et parfumée semble
y déposer un baiser si tendre et léger
que le vent coquin en un souffle
l'emporte sur mes lèvres......
Merveilleux cadeau qui suspend le temps,
tandis que derrière mes paupières closes
telle une fée, une belle inconnue nait...

Peut-être la connais-tu ? si c'est le cas
dis lui plein de jolies choses,
afin que sa journée soit aussi belle
que mes pensées.
C.

yareg, 13/10/2020 01:27 :
Ce poème, dédié à Bleuette, m'a été envoyé en MP par LE-COLIBRI !
Pfff marre de faire le facteur !

Réponse de LE-COLIBRI

au moins, nous sommes certains que celui-ci tu l' as lu ...

yareg, 13/10/2020 01:35 :
Ah je vois que tu connais le chemin, tu aurais pu le poster toi-même si tu avais pas abusé du nectar mon gros Colibri favori ! Hi hi han !

Réponse de bleuette

Automne malade
Guillaume Apollinaire

Automne malade et adoré
Tu mourras quand l'ouragan
soufflera dans les roseraies
Quand il aura neigé
Dans les vergers

Pauvre automne
Meurs en blancheur et en richesse
De neige et de fruits mûrs
Au fond du ciel
Des éperviers planent
Sur les nixes nicettes
aux cheveux verts et naines
Qui n'ont jamais aimé

Aux lisières lointaines
Les cerfs ont bramé

Et que j'aime ô saison que j'aime tes rumeurs
Les fruits tombant sans qu'on les cueille
Le vent et la forêt qui pleurent
Toutes leurs larmes en automne feuille à feuille
Les feuilles Qu'on foule
Un train Qui roule
La vie S'écoule .

Réponse de LLou

L'ombre d'une source - Titi Robin & Michael Lonsdale
https://youtu.be/8PG9Fhy8N0o

yareg, 14/10/2020 03:25 :
Superbe Llou, merci !

Réponse de bleuette

RAINER MARIA RILKE

La dormeuse

Figure de femme, sur son sommeil
fermée, on dirait qu'elle goûte
quelque bruit à nul autre pareil
qui la remplit toute.

De son corps sonore qui dort
elle tire la jouissance
d'être un murmure encor
sous le regard du silence.

Réponse de LE-COLIBRI

Parfois tard dans la nuit
je m' amuse avec des rimes
empruntées à un pôete talentueux
comme RAINER MARIA RILKE, par exemple:
...
"La veilleuse
"Minuit sonne l' heure du sommeil,
"lumière éteinte, je ne vois goutte
"et dans cet instant à nul autre pareil
"je me retrouve enfin toute.

"Dans la maison où chacun dort
"la nuit devient jouissance
"et je me plais de vivre encore
"quand le monde n' est plus que silence "

LE COLIBRI

Réponse de bleuette

mais c'est tellement joli !!!! colibri
bises

Réponse de bleuette

GEORGES RODENBACH
Veillée de gloire

Quel orgueil d'être seul à sa fenêtre, tard,
Près de la lampe amie, à travailler sans trêve,
Et sur la page blanche où l'on fixe son rêve
De planter un beau vers tout vibrant, comme un dard.

Quel orgueil d'être seul pendant les soirs magiques
Quand tout s'est assoupi dans la cité qui dort,
Et que la Lune seule, avec son masque d'or,
Promène ses pieds blancs sur les toits léthargiques.

L'orgueil de luire encor lorsque tout est éteint :
Lampe du sanctuaire au fond des nefs sacrées,
Survivance du phare au-dessus des marées
Dont on ne perçoit plus qu'un murmure indistinct.

L'orgueil qu'ont les amants, les moines, les poètes,
D'être en communion avec l'obscurité,
Et d'avoir à leur coeur des vitraux de clarté
Qui ne s'éteignent pas pendant les nuits muettes.

Quel orgueil d'être seul, les mains contre son front,
À noter des vers doux comme un accord de lyre
Et, songeant à la mort prochaine, de se dire :
Peut-être que j'écris des choses qui vivront !

Réponse de bleuette

CHARLES-MARIE LECONTE DE LISLE (1818~1894)

Les roses d'Ispahan

Les roses d'Ispahan dans leur gaîne de mousse,
Les jasmins de Mossoul, les fleurs de l'oranger
Ont un parfum moins frais, ont une odeur moins douce,
O blanche Leïlah ! que ton souffle léger.

Ta lèvre est de corail, et ton rire léger
Sonne mieux que l'eau vive et d'une voix plus douce,
Mieux que le vent joyeux qui berce l'oranger,
Mieux que l'oiseau qui chante au bord du nid de mousse.

Mais la subtile odeur des roses dans leur mousse,
La brise qui se joue autour de l'oranger
Et l'eau vive qui flue avec sa plainte douce
Ont un charme plus sûr que ton amour léger !

O Leïlah ! depuis que de leur vol léger
Tous les baisers ont fui de ta lèvre si douce,
Il n'est plus de parfum dans le pâle oranger,
Ni de céleste arôme aux roses dans leur mousse.

L'oiseau, sur le duvet humide et sur la mousse,
Ne chante plus parmi la rose et l'oranger ;
L'eau vive des jardins n'a plus de chanson douce,
L'aube ne dore plus le ciel pur et léger.

... Oh ! que ton jeune amour, ce papillon léger,
Revienne vers mon coeur d'une aile prompte et douce,
Et qu'il parfume encor les fleurs de l'oranger,
Les roses d'Ispahan dans leur gaîne de mousse !

Réponse de boscavert

LE SOUS-PREFET AUX CHAMPS
dans "Les Lettres de mon Moulin"
Alphonse DAUDET

BALLADES EN PROSE.


En ouvrant ma porte ce matin, il y avait autour de mon moulin un grand tapis de gelée blanche. L'herbe luisait et craquait comme du verre ; toute la colline grelottait.. Pour un jour ma chère Provence s'était déguisée en pays du Nord ; et c'est parmi les pins frangés de givre, les touffes de lavandes épanouies en bouquets de cristal, que j'ai écrit ces deux ballades d'une fantaisie un peu germanique, pendant que la gelée m'envoyait ses étincelles blanches, et que là-haut, dans le ciel clair, de grands triangles de cigognes venues du pays de Henri Heine descendaient vers la Camargue en criant : « Il fait froid.. froid.. froid. »

II - le sous-préfet aux champs.


M. le sous-préfet est en tournée. Cocher devant, laquais derrière, la calèche de la sous-préfecture l'emporte majestueusement au concours régional de la Combe-aux-Fées. Pour cette journée mémorable, M. le sous-préfet a mis son bel habit brodé, son petit claque, sa culotte collante à bandes d'argent et son épée de gala à poignée de nacre.. Sur ses genoux repose une grande serviette en chagrin gaufré qu'il regarde tristement.

M. le sous-préfet regarde tristement sa serviette en chagrin gaufré ; il songe au fameux discours qu'il va falloir prononcer tout à l'heure devant les habitants de la Combe-aux-Fées :

Messieurs et chers administrés..

Mais il a beau tortiller la soie blonde de ses favoris et répéter vingt fois de suite :

Messieurs et chers administrés.. la suite du discours ne vient pas.

La suite du discours ne vient pas.. Il fait si chaud dans cette calèche !.. À perte de vue, la route de la Combe-aux-Fées poudroie sous le soleil du Midi.. L'air est embrasé.. et sur les ormeaux du bord du chemin, tout couverts de poussière blanche, des milliers de cigales se répondent d'un arbre à l'autre.. Tout à coup M. le sous-préfet tressaille. Là-bas, au pied d'un coteau, il vient d'apercevoir un petit bois de chênes verts qui semble lui faire signe.

Le petit bois de chênes verts semble lui faire signe :

Venez donc par ici, monsieur le sous-préfet ; pour composer votre discours, vous serez beaucoup mieux sous mes arbres..

M. le sous-préfet est séduit ; il saute à bas de sa calèche et dit à ses gens de l'attendre, qu'il va composer son discours dans le petit bois de chênes verts.

Dans le petit bois de chênes verts il y a des oiseaux, des violettes, et des sources sous l'herbe fine.. Quand ils ont aperçu M. le sous-préfet avec sa belle culotte et sa serviette en chagrin gaufré, les oiseaux ont eu peur et se sont arrêtés de chanter, les sources n'ont plus osé faire de bruit, et les violettes se sont cachées dans le gazon.. Tout ce petit monde-là n'a jamais vu de sous-préfet, et se demande à voix basse quel est ce beau seigneur qui se promène en culotte d'argent.

À voix basse, sous la feuillée, on se demande quel est ce beau seigneur en culotte d'argent%u2026 Pendant ce temps-là, M. le sous-préfet, ravi du silence et de la fraîcheur du bois, relève les pans de son habit, pose son claque sur l'herbe et s'assied dans la mousse au pied d'un jeune chêne ; puis il ouvre sur ses genoux sa grande serviette de chagrin gaufré et en tire une large feuille de papier ministre.

C'est un artiste ! dit la fauvette.

Non, dit le bouvreuil, ce n'est pas un artiste, puisqu'il a une culotte en argent ; c'est plutôt un prince.

C'est plutôt un prince, dit le bouvreuil.

Ni un artiste, ni un prince, interrompt un vieux rossignol, qui a chanté toute une saison dans les jardins de la sous-préfecture.. Je sais ce que c'est : c'est un sous-préfet !

Et tout le petit bois va chuchotant :

C'est un sous-préfet ! c'est un sous-préfet !

Comme il est chauve ! remarque une alouette à grande huppe.

Les violettes demandent :

Est-ce que c'est méchant ?

Est-ce que c'est méchant ? demandent les violettes.

Le vieux rossignol répond :

Pas du tout !

Et sur cette assurance, les oiseaux se remettent à chanter, les sources à courir, les violettes à embaumer, comme si le monsieur n'était pas là%u2026 Impassible au milieu de tout ce joli tapage, M. le sous-préfet invoque dans son coeur la Muse des comices agricoles, et, le crayon levé, commence à déclamer de sa voix de cérémonie :

Messieurs et chers administrés..

Messieurs et chers administrés, dit le sous-préfet de sa voix de cérémonie..

Un éclat de rire l'interrompt ; il se retourne et ne voit rien qu'un gros pivert qui le regarde en riant, perché sur son claque. Le sous-préfet hausse les épaules et veut continuer son discours ; mais le pivert l'interrompt encore et lui crie de loin :

À quoi bon ?

Comment ! à quoi bon ? dit le sous-préfet, qui devient tout rouge ; et, chassant d'un geste cette bête effrontée, il reprend de plus belle :

Messieurs et chers administrés..

Messieurs et chers administrés.., a repris le sous-préfet de plus belle.

Mais alors, voilà les petites violettes qui se haussent vers lui sur le bout de leurs tiges et qui lui disent doucement :
Monsieur le sous-préfet, sentez-vous comme nous sentons bon ?

Et les sources lui font sous la mousse une musique divine ; et dans les branches, au-dessus de sa tête, des tas de fauvettes viennent lui chanter leurs plus jolis airs ; et tout le petit bois conspire pour l'empêcher de composer son discours.

Tout le petit bois conspire pour l'empêcher de composer son discours.. M. le sous-préfet, grisé de parfums, ivre de musique, essaye vainement de résister au nouveau charme qui l'envahit. Il s'accoude sur l'herbe, dégrafe son bel habit, balbutie encore deux ou trois fois :

Messieurs et chers administrés.. Messieurs et chers admi.. Messieurs et chers..

Puis il envoie les administrés au diable ; et la Muse des comices agricoles n'a plus qu'à se voiler la face.

Voile-toi la face, ô Muse, des comices agricoles !.. Lorsque, au bout d'une heure, les gens de la sous-préfecture, inquiets de leur maître, sont entrés dans le petit bois, ils ont vu un spectacle qui les a fait reculer d'horreur.. M. le sous-préfet était couché sur le ventre, dans l'herbe, débraillé comme un bohème. Il avait mis son habit bas ;.. et, tout en mâchonnant des violettes, M. le sous-préfet faisait des vers.

Réponse de bleuette

FRANÇOIS FRIANT

Complainte

L'important, en tout temps, est bien d'appartenir ;
Appartenir à quoi ? Appartenir au jour
Et même, quelquefois, au souffle d'un navire.
L'important, en tout temps, est bien d'appartenir ;
Abreuvons-nous, mon âme, avant de repartir !
Qu'est-ce que le départ pour qui sait le retour ?
L'important, en tout temps, est bien d'appartenir ;
Appartenir à quoi ? Appartenir au jour.

Je n'appartiens à rien, ou peut-être à l'ennui :
C'est la pluie, le soleil, les oiseaux qui s'éveillent,
C'est une âme repue épiant une nuit.
Je n'appartiens à rien, ou peut-être à l'ennui.
Oh ! J'eusse tant aimé savoir tirer des puits
Un peu de réconfort, pareil à une abeille !
Je n'appartiens à rien, ou peut-être à l'ennui :
C'est la pluie, le soleil, les oiseaux qui s'éveillent.

Il m'arrive parfois de parcourir une île
Où le désespoir même apparaît précieux ;
Mais ce n'est qu'une brise, un sourire stérile.
Il m'arrive parfois de parcourir une île.
Et cet ange si las, à quoi appartient-il ?
Je l'ai vu, soupirant ; il n'appartient qu'aux cieux.
Il m'arrive parfois de parcourir une île
Où le désespoir même apparaît précieux.

Réponse de yareg

Betty
Bernard Lavilliers
Tu n'as pas sommeil, tu fumes et tu veilles
T'es toute écorchée
T'es comme un chat triste perdu sur la liste
Des objets trouvés
La nuit carcérale, tombant sur les dalles
Et ce lit glacé
Aller et venir, soleil et sourire
Sont d'l'autre côté
Ces murs, ces grillages, ces portes et ces cages
Ces couloirs, ces clés
Cette solitude, si dure et si rude
Qu'on peut la toucher
Ce rayon de lune, sur le sol allume
Visage oublié
De celui que t'aimes, qui tire sur sa chaîne
Comme un loup blessé
Betty, faut pas craquer
Betty, faut pas plonger
Je sais, ils t'on couchée là
Et puis, ils ont fermé leurs barreaux d'acier
Betty, faut pas pleurer
Betty, faut pas trembler
Je sais, tu vas rester là
T'aimerais plus t'réveiller, plus jamais rêver
Je te dis "je t'aime", dans ce court poème
Dans ce long baiser
Tu es ma frangine, juste une féminine
Que j'avais rimée
Je te donne ma force, mes mots et mes notes
Pour te réchauffer
Je hais la morale, les prisons centrales
Les maisons d'arrêt
Je n'ai pas sommeil, je fume et je veille
Et j'ai composé
Une chanson d'amour, une chanson-secours
Pour l'autre côté
Pour ceux que l'on jette, dans les oubliettes
Dans l'obscurité
Pendant qu'les gens dorment, au fond du conforme
Sans se réveiller
Betty, faut pas craquer
Betty, faut pas plonger
Je sais, ils t'ont couchée là
Et puis, ils ont fermé leurs barreaux d'acier
Betty, faut pas pleurer
Betty, faut pas trembler
Tu sais, on s'retrouvera, là
Ailleurs, en plein soleil

Réponse de bleuette

Grégoire

Sachez qu'il y aura des hasards
Qui auront le goût de destin,
Et des étoiles dans la nuit noire,
De fausses routes, de vrais chemins,

Il y aura des jours avec,
Et il y aura des jours sans,
Bien moins de victoires que d'échecs
Malheureusement, fatalement.

Et sachez qu'il y aura des peines,
Et des "après tout, c'est comme ça "
Parfois des joies qui nous emmènent
Dans des lieux qu'on ne connait pas...

Il y aura de bonnes surprises,
Et des mauvaises évidemment,
Et sûrement de jolies méprises,
Des grains de folie par moments...

Sachez que c'est l'espoir qui gagne,
Et qui terrasse l'indifférence,
C'est lui qui déplace des montagnes,
C'est lui qui provoque la chance...

Et c'est l'envie et non la rage,
Qui doit tracer votre chemin,
Il doit y avoir dans vos bagages
Du courage pour les lendemains...

Sachez qu'il faut respecter l'autre,
Et que votre coeur lui pardonne,
Sans jamais rejeter la faute,
Qu'il faut donner plus qu'on vous donne ...


Et qu'il faut laisser le mensonge
Aux lâches, au faible, à l'apeuré,
Et lorsque le chagrin vous ronge,
Il faut savoir vous relever.

Sachez qu'il faut vivre vos rêves,
Et qu'il faut choisir l'aventure,
Qu'il faut aider celui qui crève,
Celui pour qui tout est plus dur,

Il ne faut jamais oublier
D'où vous venez et qui vous êtes,
Et ne jamais abandonner
Quand c'est le pire qui se répète.

Sachez aussi qu'il ne faut pas
Succomber à leurs invectives,
Il faut rester honnêtes et droits,
Sans être de ceux qui les suivent.

Et peu importe où vous allez,
Quels que soient vos choix, vos désirs,
Oui, peu importe qui vous aimez,
Tant qu'on ne vous fait pas souffrir.

Sachez aussi quoi qu'il advienne,
Quels que soient l'endroit ou l'instant,
C'est pour toujours que je vous aime
Et que je suis là, mes enfants.

Réponse de bleuette

FRANÇOIS TEYSSANDIER
Tout au fond d'un tiroir
Tu as découvert
Un poème écrit
Sur une feuille d'arbre
Sans trop savoir
Si c'est le vent
Ou un souffle de lumière
Qui l'a déposé
Dans cette cage étroite
Qui rassemble tous tes mots

Réponse de Mémoire 88

9 poèmes à connaître de Louise Glück, la poétesse américaine qui vient de recevoir le prix Nobel
https://dailygeekshow.com/louise-gluck-prix-nobel-poeme/?utm_source=newsletter&utm_medium=e-mail&utm_campaign=Newsletter_Journaliere_2020_10_19

Réponse de LE-COLIBRI

kikou, voici une de mes poesie sans prétention qui remonte déjà à quelques temps

"Tit' puce, cher Ange
"
"Dans ma tête je t' imagine en air d' opéra
"et te laisse le soin de rythmer mes pas,
"Tu m' emportes en riant, par ici ou par là
"Et telle une fée, tu vas d' un pas délicat.

"Qu'il est doux de quitter ma solitude
"et de te retrouver après tes études
"et d' oublier toutes inquiétudes
"j' ai eu si peur que tu m' éludes....

"Je t' adore , mais tu le sais déjà.
"bisous ti coeur.

LE-COLIBRI

Réponse de bleuette

La nuit je suis le vagabond dans le pays du cerveau
Étiré sur la lune en béton
Mon âme respire domptée par le vent
Et par la grande musique des demi fous
Qui mâchent des pailles de métal lunaire
Et qui volent et qui volent et qui tombent sur ma tête
À corps perdu
Je danse la danse de la vacuité
Je danse sur la neige blanche de mégalomanie
Tandis que toi derrière ta fenêtre sucrée de rage
Tu souilles ton lit de rêves en m'attendant

JOYCE MANSOUR (Joyce Patricia Adès )

Réponse de bleuette

LE COLIBRI
quelle jolie poésie !

Réponse de bleuette

La lumière est dans le livre ,Ouvrez le livre tout grand. Laissez-le rayonner, laissez-le faire...
Qui que vous soyez qui voulez cultiver, vivifier, édifier, attendrir, apaiser, mettez des livres partout . . .

Victor Hugo.

Réponse de LE-COLIBRI

bonsoir à tous, en attendant d' être invité, cette après midi
je me suis amusé à écrire un ACROSTICHE...car je joue au tarot...

J e pense que comme moi
E t souvent sans moi,

J ouer devient habituel ces temps ci.
O n se decouvre de nouveaux amis...
U ntel de Bretagne, ou de Paris
E t pourquoi pas de Marseille !

A h qu' il est jouissif de gagner !
U ne fois j' ai eu une double poignée

T ous vous souhaiterons de gagner,
A u début de la partie bien sûr ! mais
R evanchards ils guetteront votre petit...
O h c' est sans rancoeur car
T ous finalement aimons le Tarot

LE-COLIBRI

ANNE LABO40, 22/10/2020 19:02 :
Waouh ! Bien trouvé ! Quelle inspiration ! On s'y retrouve.
Merci
yareg, 23/10/2020 23:53 :
Joli acrostiche Colibri, bravooo !

Réponse de JOLI DRAGON

oh le colibri c'est tres joli ...on devrait tous faire ce genre d 'exercice ..moi je vais peut etre essayer mais je ne suis pas sure d y arriver bravo à toi

Réponse de ..Nikolina..

Waouh Belle composition <Le colibri> cui cui Bvoo

Réponse de bleuette

Paul VERLAINE

L'heure exquise

La lune blanche
Luit dans les bois ;
De chaque branche
Part une voix
Sous la ramée ...

Ô bien-aimée.

L'étang reflète,
Profond miroir,
La silhouette
Du saule noir
Où le vent pleure ...

Rêvons, c'est l'heure.

Un vaste et tendre
Apaisement
Semble descendre
Du firmament
Que l'astre irise ...

C'est l'heure exquise.

Réponse de boscavert

Ce poème de Paul Éluard, écrit en 1942 pendant l'Occupation allemande, est un message d'espoir et d'amour, en période trouble. L'oppression de l'Allemagne nazie sur la France y est mentionnée par les termes « porte gardée », « enfermés », « barrée », « désarmés ». L'anaphore « Que voulez-vous » est un aveu de faiblesse, d'impuissance et de résignation

Couvre-feu

Que voulez-vous la porte était gardée

Que voulez-vous nous étions enfermés

Que voulez-vous la rue était barrée

Que voulez-vous la ville était matée

Que voulez-vous elle était affamée

Que voulez-vous nous étions désarmés

Que voulez-vous la nuit était tombée

Que voulez-vous nous nous sommes aimés.

Paul Éluard

Réponse de bleuette

Elle s'appelait Anna rappelle-toi
La plume courait entre ses doigts
Elle écrivait des mots d'amour et de foi
Car elle avait treize ans, Anna

Elle se cachait dans un grenier Anna
Si chaud l'été, l'hiver si froid
Un horizon de quatre murs et un toit
Elle écrivait pourtant, Anna, ces mots-là

Moi j'ai un jardin rempli de fleurs
Un monde d'amour tout en couleur
Que je fais vivre en mon coeur
Que je fais vivre en mon coeur

Elle avait souvent si peur, Anna
En écoutant les bruits de pas

Des pas qui s'approchaient trop près quelquefois
Trop près de son grenier, Anna chante-moi

Moi j'ai un jardin rempli de fleurs
Un monde d'amour tout en couleur
Que je fais vivre en mon coeur

Daniel Guichard

Réponse de ANNE LABO40

magnifique!

Réponse de bleuette

Le jour qui vient
Esther Granek

Il s est levé le jour qui vient
Et il me réchauffe le coeur
Et il sourit dans sa splendeur
C est comme s il me tendait la main...
... Un peu de rire un peu de pleurs
Que me donneras tu aujourd'hui...
Ajouteras-tu à mon ennui ...
Ou m apportes tu le bonheur ? ...

Il s'est levé le jour qui vient
Et il s'étend sur le pays.
Et je fais un compte sans fin
Du temps qui meurt du temps qui fuit.,,
,,, Un goût de miel ou de venin
Que me donneras-tu aujourd'hui ?
Ajouteras-tu à mon chagrin
Calmeras-tu mon coeur meurtri ?

Des heures qui vont des heures qui lassent
Me revoilà seul dans la nuit
Avec au coeur un peu de place
Pour le bonheur qu'on s'est promis.,,
,,,Un goût de fiel un goût de vin
C'est à nouveau le lendemain.
Soleil m'apportes-tu l'espoir
de la revoir, de la revoir ?

Réponse de LE-COLIBRI

Merci C 'est magnifique mais comment pourrait il en être autrement
venu d' une aussi grande Poêtesse

Réponse de Flavynette

Vous n'êtes pas jolie vous êtes pire

Victor Hugo à Marie Dorval

Réponse de Flavynette

Le Pont Mirabeau

Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu'il m'en souvienne
La joie venait toujours après la peine.

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure.

Les mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l'onde si lasse.

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure.

L'amour s'en va comme cette eau courante
L'amour s'en va
Comme la vie est lente
Et comme l'Espérance est violente.

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure.

Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine.

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure.


Poète : Guillaume Apollinaire (1880-1918)

Recueil : Alcools (1913).

Réponse de bleuette

La vie est terrible mais comment lui en vouloir ?

Je lui souris comme la fleur fleurit et comme le nuage passe : pour rien.

Pour l'amour du très précieux et très noble rien %u2026

Christian Bobin

Réponse de bleuette

CHARLES BAUDELAIRE

L'Invitation au voyage


Mon enfant, ma soeur,
Songe à la douceur
D'aller là-bas vivre ensemble !
Aimer à loisir,
Aimer et mourir
Au pays qui te ressemble !
Les soleils mouillés
De ces ciels brouillés
Pour mon esprit ont les charmes
Si mystérieux
De tes traîtres yeux,
Brillant à travers leurs larmes.

Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté....

Des meubles luisants,
Polis par les ans,
Décoreraient notre chambre ;
Les plus rares fleurs
Mêlant leurs odeurs
Aux vagues senteurs de l'ambre,
Les riches plafonds,
Les miroirs profonds,
La splendeur orientale,
Tout y parlerait
À l'âme en secret
Sa douce langue natale.

Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté...

Vois sur ces canaux
Dormir ces vaisseaux
Dont l'humeur est vagabonde ;
C'est pour assouvir
Ton moindre désir
Qu'ils viennent du bout du monde.
Les soleils couchants
Revêtent les champs,
Les canaux, la ville entière,
D'hyacinthe et d'or ;
Le monde s'endort
Dans une chaude lumière.

Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté...

Réponse de LE-COLIBRI

je vous propose dans les lignes qui vont suivre
une de mes oeuvres tres poétique qui, j' espère vous plaira...
LE-COLIBRI
---------------------------
Je suis un adolescent de quelques dizaines d' années

et je ne saurais dire si c est la campagne où je vis
qui a suscité en moi mon goût pour la rêverie
ou s'il est naturel chez tous les jeunes de mon âge.

Je suis sensible à la beauté des choses;
chaque fleur me parait une merveille par ses couleurs, son parfum,
par l' équilibre et l'harmonie de son architecture .

Je m' arrête pour écouter un oiseau chanter et je me laisse transporter
à l' idée qu' il m'appelle pour m' offrir à tire d'ailes une balade dans les airs,
je ferme les yeux et me retrouve perché au fait d' un arbre
ou glissant dans les airs au dessus de la plaine.

Quand je me promène au bord d' un ruisseau
j' écoute telle une chanson les bruits de l' eau,
j'aime à croire que les graviers que je vois briller par transparence
sont des pierres précieuses et je les aime tout autant.

Parfois j'imagine une superbe bulle de savon aux reflets irisés
que je pourrais utiliser comme un véhicule enchanté
pour voyager,invisible, partout dans le monde.

Quelques fois, en été , je me surprends assis, au crépuscule, à écouter la nuit s'installer ;
je regarde les étoiles naître les unes après les autres, dans la voûte céleste ;
j' écoute des nouveaux bruits comme amplifiés dans l obscurité
un grillon, une sauterelle qui stridule...tout un monde qui s' éveille...

Je pense à tous ceux qui présents ou disparus sont chers à mon coeur
et lentement je prends conscience de l' univers auquel toute chose appartient.

Je ne sais si je suis différent ou si chacun, chacune possède un monde secret
et dans le doute je vous prie de garder pour vous ces confidences intimes.

Je vous adore

LE-COLIBRI

Réponse de JOLI DRAGON

bravo Colibri une merveille .................

Réponse de EMILIO

Bonsoir Colibri ,
Magnifique poème qui vient du fond de ton coeur
car je peux te le dire tes MP , touchent mon coeur.
Emilio , ami sincère.

Réponse de ANNE LABO40

quelle plume ce Colibri! Magnifique!

Réponse de bleuette

Un bel oiseau a chant%u0117
La nature s'est tu pour l'écouter
Joli !!!
Bises Colibri

Réponse de bleuette

Un bel oiseau a chanté
La nature s'est tu pour l'écouter
Joli !!!
Bises Colibri

Réponse de ..Nikolina..

Quoi de plus beau que de lire un poème au levé du jour
Merci Colibri .bises

Réponse de LE-COLIBRI

je vous propose dans les lignes qui vont suivre
une de mes oeuvres tres poétique qui, j' espère vous plaira...
LE-COLIBRI
---------------------------
Je suis un adolescent de quelques dizaines d' années

et je ne saurais dire si c est la campagne où je vis
qui a suscité en moi mon goût pour la rêverie
ou s'il est naturel chez tous les jeunes de mon âge.

Je suis sensible à la beauté des choses;
chaque fleur me parait une merveille par ses couleurs, son parfum,
par l' équilibre et l'harmonie de son architecture .

Je m' arrête pour écouter un oiseau chanter et je me laisse transporter
à l' idée qu' il m'appelle pour m' offrir à tire d'ailes une balade dans les airs,
je ferme les yeux et me retrouve perché au fait d' un arbre
ou glissant dans les airs au dessus de la plaine.

Quand je me promène au bord d' un ruisseau
j' écoute telle une chanson les bruits de l' eau,
j'aime à croire que les graviers que je vois briller par transparence
sont des pierres précieuses et je les aime tout autant.

Parfois j'imagine une superbe bulle de savon aux reflets irisés
que je pourrais utiliser comme un véhicule enchanté
pour voyager,invisible, partout dans le monde.

Quelques fois, en été , je me surprends assis, au crépuscule, à écouter la nuit s'installer ;
je regarde les étoiles naître les unes après les autres, dans la voûte céleste ;
j' écoute des nouveaux bruits comme amplifiés dans l obscurité
un grillon, une sauterelle qui stridule...tout un monde qui s' éveille...

Je pense à tous ceux qui présents ou disparus sont chers à mon coeur
et lentement je prends conscience de l' univers auquel toute chose appartient.

Je ne sais si je suis différent ou si chacun, chacune possède un monde secret
et dans le doute je vous prie de garder pour vous ces confidences intimes.

Je vous adore

LE-COLIBRI

Réponse de boscavert

PIVERT ET LE VER DE TERRE

Allongé dans le pré, près d'Anvers,
Un prétendu inconnu, lit du Prévert.
Ne connaissant pas son prénom,
Nous l'avons prénommé ouvertement, Pivert,
Pivert donc, se prélasse, le livre ouvert,
Les pieds en croix, au bord de la rivière.
Un vrai rituel, un mode de vie,
Le bonheur, simple et pur.

Soudain, prévenu par le remue-ménage
De l'herbe à peu près verte, Pivert
Scrute la pelouse.
Un ver de terre surgit, l'air bien portant
Et satisfait de sa mission.
Quel culot, se dit Pivert!
Il est vert de rage,
De dégoût aussi.
Comment cet infâme invertébré
A osé troubler la magie de ce moment.

A plat ventre avec ses bosses qui ondulent,
Il a l'air fin, le ver de terre.
Minuscule à terre,
Il serait ridicule en plein air.
Pivert le saisit par le revers
Et le jette dans un verre.
Le ver de terre a le vertige
Mais n'en a que faire.
Quel calvaire !

Par sa main gauche, ouverte,
Il saisit une tige
Et s'amuse avec le ver dans le verre.
Pauvre ver de terre,
Il gémit et subit les jeux pervers
De son agresseur, Pivert.
Quelle vermine, s'exclame le ver!
Il a le vertige, c'est sûr
Et prétexte du manque d'air
Pour sauter en dehors du verre.

Pivert n'a pas le temps de l'attraper
Que déjà, le ver swingue de tout son long
Sur l'herbe fraîche.
Qu'il est heureux ainsi, tête-bêche,
Il effectue sa danse du ventre sur le pré vert,
Un vrai rituel, un mode de vie.
Le bonheur, simple, terre à terre.

Pivert ne relâche pas son effort
Et poursuit le ver sur ses terres.
Mais mal lui en a pris,
D'avoir pour le ver tant de mépris.
Affolé, de peur d'être piétiné, le ver de terre
A ameuté sa tribu et se sent plus fort.

Le prétendu Pivert, seul au vert,
Assailli par une armée de vers
En tombe à terre, vert de peur
Et bien loin du bonheur,
Du Pré vert.

boscavert, 27/10/2020 10:30 :
Pivert et le ver de terre
Auteur : Cyril Suquet

Réponse de Kraquelette

Ces poèmes sont magnifiques, ils font du bien à l'âme et au coeur, un grand merci !!!! bisous

Réponse de ANA30000

Magnifiques !!!

Réponse de bleuette

PATRICK PEREZ SECHERET.
"La Lune fait ce qu'elle peut
suspendue dans l'éther
Ne l'apostrophez pas de notre pauvre terre
Où l'avenir s'écrit en tornades et en braille
Laissons-la sur nos nuits n'être
qu'un chapeau de paille ..."

Réponse de Mémoire 88

je suis là avec mes vies réunies
dans le vert de l'automne
au sommet d'une colline pelée
où le froid lance déjà
ses odeurs de nuit et de feu de cheminée

je suis là avec mes larmes réunies
dans un souvenir que j'ai du mal à nommer
est-ce parce que je dois quitter ce que j'étais
pour admettre ce que je suis
est-ce parce que des mots ont été dits
si joliment qu'ils renversent dans mon âme
quinze années d'errance
où j'ai souvent confondu le drôle et le drame

je suis là avec mes forces réunies
au-dessus du lac où j'ai tant voulu vivre,
où j'ai si longtemps cherché le bon endroit,
la belle maison, l'arbre tourné vers le présent,
et la pente raide pour la luge l'hiver
si un jour ici vient un enfant

je suis là - exactement où je dois être -
dans cette vallée trouée d'eau noire et fraîche
protégée par l'hiver qui arrive et mes cheveux de neige
je suis là et ma voix la plus profonde
- qui vient de plus loin que moi-même -
te réclame,
ma plus belle.

Cécile Coulon

Réponse de bleuette

La beauté est un mystère qui danse et chante dans le temps et au-delà du temps.
Depuis toujours et à jamais. Elle est incompréhensible...
Elle est dans l'oeil qui regarde, dans l'oreille qui écoute autant que dans l'objet admiré...
Elle est liée à l'amour.
Elle est promesse de bonheur. A la façon de la joie, elle est une nostalgie d'ailleurs.

Jean d'Ormesson.

Réponse de Flavynette

Nous dormirons ensemble

Que ce soit dimanche ou lundi
Soir ou matin minuit midi
Dans l'enfer ou le paradis
Les amours aux amours ressemblent
C'était hier que je t'ai dit
Nous dormirons ensemble

C'était hier et c'est demain
Je n'ai plus que toi de chemin
J'ai mis mon coeur entre tes mains
Avec le tien comme il va l'amble
Tout ce qu'il a de temps humain
Nous dormirons ensemble

Mon amour ce qui fut sera
Le ciel est sur nous comme un drap
J'ai refermé sur toi mes bras
Et tant je t'aime que j'en tremble
Aussi longtemps que tu voudras
Nous dormirons ensemble.

Poète : Louis Aragon (1897-1982)

Recueil : Le Fou d'Elsa (1963).

Réponse de bleuette

Charles BAUDELAIRE
La mort des amants

Nous aurons des lits pleins d'odeurs légères,
Des divans profonds comme des tombeaux,
Et d'étranges fleurs sur des étagères,
Ecloses pour nous sous des cieux plus beaux.

Usant à l'envi leurs chaleurs dernières,
Nos deux coeurs seront deux vastes flambeaux,
Qui réfléchiront leurs doubles lumières
Dans nos deux esprits, ces miroirs jumeaux.

Un soir fait de rose et de bleu mystique,
Nous échangerons un éclair unique,
Comme un long sanglot,tout chargé d'adieux ;

Et plus tard un Ange, entr'ouvrant les portes,
Viendra ranimer, fidèle et joyeux,
Les miroirs ternis et les flammes mortes.

Réponse de bleuette

Si j'ai bien toute ma mémoire, disait Dieu dans un coin du ciel
J'avais commencé une histoire sur une planète nouvelle et toute bleue
Bleue, pour ne pas qu'on la confonde...

Je vais aller m'asseoir sur le rebord du monde
Voir ce que les hommes en ont fait...

J'y avais mis des gens de passage,
j'avais mélangé les couleurs
Je leur avais appris le partage, ils avaient répété par coeur "toujours!"
Tous toujours dans la même ronde

Je vais aller m'asseoir sur le rebord du monde
Voir ce que les hommes en ont fait...

Je me souviens d'avoir dit aux hommes, pour chaque fille une colline de fleurs
Et puis j'ai planté des arbres à pommes, où tout le monde a mordu de bon coeur et partout!
Partout des rivières profondes

Je vais aller m'asseoir sur le rebord du monde
Et voir ce que les hommes en ont fait...

Soudain toute la ville s'arrête, il paraît que les fleuves ont grossi
Les enfants s'approchent, s'inquiètent et demandent pourquoi tous ces bruits? Sans doute!
Dieu et sa barbe blonde
Dieu qui s'est assis sur le rebord du monde
Et qui pleure de le voir tel qu'il est
Dieu qui s'est assis sur le rebord du monde
Et qui pleure de le voir tel qu'il est

Francis Cabrel

Réponse de bleuette

Théodore de BANVILLE

Mesdames et Messieurs, pardonnez-moi si j'ose,
Pauvre Muse troublée, affronter vos regards ;
Je suis la Fantaisie aux doigts couleur de rose,
La Muse des vingt ans, chercheuse de hasards.

Je tremble devant vous, ô foule ! hôtes illustres,
O lèvres de penseurs, ô corsages fleuris !
Moi qui vois resplendir sous l'éclat de ces lustres
Toutes les majestés dont rayonne Paris ;

Tout ce qui brille encor dans la moderne Athènes,
Toutes les mains de lys et tous les bras charmants,
Les grands fronts éblouis et les beautés hautaines
Dont les yeux font pâlir l'éclair des diamants.

Je tremble, moi qui sais dans un jardin féerique,
Mêlant aux doux ruisseaux la chanson de mes vers,
Tresser en souriant la guirlande lyrique
Et danser au soleil parmi les gazons verts.

Je sais épanouir les odes amoureuses,
Charmant avec mes soeurs les bois extasiés,
Et j'accorde ma voix, sous les forêts ombreuses,
Avec les rossignols cachés dans les rosiers.

Mais je tremble d'oser sur la scène divine
Où le maître Racine a fait parler les Dieux,
Vous montrer après lui cette double colline
Que Phoebos emplissait de chants mélodieux.

J'ai voulu, pauvre enfant, en mes jeunes délires,
Vous faire voir, parmi des rayons irisés,
La sereine Lesbos où dans la voix des lyres
Se confondait le bruit des chants et des baisers.

Mais je tremble à présent, moi compagne du pâtre,
En voyant mon idylle et mon rêve enchanteur
Fouler d'un pied craintif ces planches du théâtre
Que peut seul animer le génie, et j'ai peur.

Ah ! soyez-moi cléments, rois élus de ces fêtes,
Qui souriez déjà rien qu'en me regardant,
O fronts que le laurier couronne, ô vous, poëtes
Qui marchez d'un pied sûr dans le buisson ardent.

Et vous, reines du monde, ô femmes adorées,
Déesses de Paris, ô fiertés et douceurs,
Beaux yeux, boucles de jais, chevelures dorées,
Accueillez-moi, je tremble, ô mes divines soeurs !

Rien qu'en posant au bord des fontaines limpides,
O soeurs de Galatée, ô soeurs d'Amaryllis,
Vos pieds, vos petits pieds sur les rochers arides,
Vous y faites fleurir des roses et des lys.

O vous, troupe charmante avec amour chantée,
Si vous voulez, orgueil de mes vers ciselés,
L'outremer brillera sur ma toile enchantée
Et ma pauvre Lesbos vivra, si vous voulez.

Si vous voulez, mes soeurs, votre fière jeunesse
Fera vivre un moment dans un rêve fleuri
Ma jeunesse impuissante, et j'aurai trop d'ivresse
Si vous avez pleuré, si vous avez souri !

Réponse de Mercedes Sosa

Vent

Vent, invisible, intouchable et pourtant présent, nous voilà à essayer de te saisir un instant.
Vent cinglant, cruel, vent pire que tout, sur les vers sang du Ventoux, tu déracines nos sens.
Vent surprenant et fécond, tu changes le temps, change nos vies. Tu sèmes par bourrasques les étamines, ensemences nos coeurs.
Turbulence parfumée, tu enchantes nos rêves d'enfant.
Musique, sur la portée du temps, tu formes les accords colorés de nos champs.
Tu as le goût de la liberté, sur toutes les immensités, océans, forêts, montagnes, déserts.

Indomptable tu es, notre allié adoré.

Loucéro

Réponse de Mercedes Sosa

Le proverbe du vent tard
Vent d'ange, souffle chaud, caresse ailée, pluie nourrissante, vendange aisée !
-------------------
Le souhait de Boris Vian (posthume)
Je ne voudrais pas mourir sans avoir entendu le souffle de vie dans les ventricules vantards des vandales vengeurs à ventaux

Réponse de bleuette

JEAN DE LA VILLE DE MIRMONT

Ô mes moulins à vent, ô mes vaisseaux à voiles,
Qu'est-ce que l'on a fait de vos âmes de toile ?
Que reste-t-il de vous, hors ces tristes pontons,
Mes frégates, mes avisos et mes corvettes ?
À quel souffle divin, vieux moulins, vous voit-on
Tourner comme ici-bas dans le ciel où vous êtes ?

On a tué bien trop de choses que j'aimais,
Desquelles c'est fini, maintenant, à jamais.
Le « mare ignotum » des vieilles mappemondes
Hante encor mon esprit à travers tous les temps.
Je songe à des marins sur les mers du levant
Qui voguaient sans savoir que la terre était ronde.

Je regrette des paysages de coteaux
Aux fleuves traversés par des ponts à dos d'âne.
La route poudroyait,comme disait soeur Anne;
Les moulins agitaient leurs quatre bras égaux.
Qu'est-ce que l'on a fait de vos âmes de toile,
Ô mes moulins à vent, ô mes vaisseaux à voiles ?

Réponse de bleuette

Il est en mon jardin, une gentille petite fée
Qui balaie le chagrin, parfume les pensées
Elle veille jalousement, sur mon unique rose
Lui apporte le beau temps, quand le ciel est morose.

Un rayon de soleil, une douce présence
Qui me tient éloigné des portes de l'hiver
Qui me fait oublier, de l'Amour l'absence
Remerciez-la aussi, vous lui devez mes vers.

Oh toi ma tendre amie, tu répands dans mon coeur
Un doux parfum d'espoir, quand l'Amour n'est que rêves
C'est à toi que je dois, que les peines sont brèves
Tu m'aides à supporter, l'absence d'une âme soeur.

Tu vis en mon jardin, divine créature
Et ta seule présence, en change la nature
Moi qui me complaisais, d'être mauvais garçon
Il me plait à présent, de ne plus être que bon.

Il est en mon jardin, ce rêve que j'ai fait
Qui n'est réalisé, ce là sont les plus beaux
Un qui vaut à lui seul, le plus beau des cadeaux
Il était merveilleux, j'ai rêvé qu'elle m'aimait.

Tu sais quand le Destin, vers elle guide mes pas
Ce n'est faute d'envie, je ne l'aborde pas
Peut-être est-ce la peur, d'essuyer un refus
La peur que dans ses rêves, jamais moi je ne fus.

Tu connais ces histoires, toi ma gentille compagne
Peut-être est-ce pour cela, que tu vis près de moi
Tu sais tout de mes rêves, d'Amour et de Bretagne
Ils sont pleins de magie, car moi je crois en toi.

Tu vis en mon jardin, ma gentille petite fée
Et malgré la grisaille, y apportes le bonheur
Je sais que tu feras, qu'un jour cette esseulée
Découvre le chemin, du jardin de mon coeur.

Jean Floriste Baudour.

Réponse de bleuette

Prends ton sourire et donne-le à celui qui n'en a jamais eu.
Prends un rayon de soleil et fais-lui percer les ténèbres.
Prends une larme et dépose-la sur le visage de celui qui ne sait pas pleurer.
Prends le courage et mets-le au coeur de celui qui ne peut plus lutter.
Découvre un sens à la vie et partage-le avec celui qui ne sait plus où il va.
Prends dans tes mains l'Espérance et vis dans la lumière de ses rayons.
Prends la bonté et donne-la à celui qui ne sait pas donner.
Découvre l'amour et fais-le connaître à tous. "

GANDHI.

Réponse de bleuette

La compagnie de la solitude vous est aussi douce que celle des enfants. Lire, sommeiller, marcher, ne penser à rien, laisser les lumières du ciel pâlir sur la tapisserie des murs... Et par distraction ouvrir le manuscrit à la première page, commencer à lire...
Quand vous relevez la tête, l'après-midi est passé, il n'y a plus de jour et ce n'est pas encore la nuit, il n'y a plus qu'une longue étendue de calme ...
comme une lente montée des eaux du calme, une inondation incessante et lumineuse. Votre pensée est dans ce calme comme à son comble, un comble de fraîcheur et de légèreté: elle s'impatiente plus. ..
Elle ne se trouble plus. Elle se repose tout simplement et se mélange à ce qui est, sans plus chercher. Comment nommer cette légèreté ...

CHRISTIAN BOBIN --- Une petite robe de fête

Réponse de bleuette

Maintenant que le soleil s'est couché et que le ciel obscurci s'abaisse sur la mer comme de longs cils sur des yeux fatigués, c'est l'heure où le poète, posant sa plume, laisse ses pensées s'enfuir vers les insondables profondeurs du silence éternel et secret.

Rabindranath Tagore.

Arrachons les mauvaises herbes de la tristesse et cultivons la joie. Ainsi notre jardin sera toujours plein de bonheur !
Auteur Anonyme

Réponse de bleuette

Ida Scott Taylor.
Ne pleurez pas votre passé car il s'est enfui à jamais. Ne craignez pas votre avenir car il n'existe pas encore. Vivez votre présent et rendez le magnifique pour vous en souvenir à jamais.

Réponse de Flavynette

Roses d'automne


Aux branches que l'air rouille et que le gel mordore,
Comme par un prodige inouï du soleil,
Avec plus de langueur et plus de charme encore,
Les roses du parterre ouvrent leur coeur vermeil.

Dans sa corbeille d'or, août cueillit les dernières :
Les pétales de pourpre ont jonché le gazon.
Mais voici que, soudain, les touffes printanières
Embaument les matins de l'arrière-saison.

Les bosquets sont ravis, le ciel même s'étonne
De voir, sur le rosier qui ne veut pas mourir,
Malgré le vent, la pluie et le givre d'automne,
Les boutons, tout gonflés d'un sang rouge, fleurir.

En ces fleurs que le soir mélancolique étale,
C'est l'âme des printemps fanés qui, pour un jour,
Remonte, et de corolle en corolle s'exhale,
Comme soupirs de rêve et sourires d'amour.

Tardives floraisons du jardin qui décline,
Vous avez la douceur exquise et le parfum
Des anciens souvenirs, si doux, malgré l'épine
De l'illusion morte et du bonheur défunt.

Nérée Beauchemin

Réponse de Mémoire 88

UN SEUL MOT DANS LA NUIT

Tu voudrais que tout soit autrement
dans le grand monde qui n'a pas son pareil
pour nous clouer des ailes aux pieds
et des fusils aux bouts des doigts.
Mais ce monde c'est le nôtre,
je l'ai bâti autant que toi
et je trouve les nuits si belles
quand elles commencent avant six heures du soir,
quand elles enroulent la moitié de la journée
dans des brumes où le bleu devient noir,
où les grands monuments sont couchés
jusqu'au petit matin.
Tu répètes qu'à l'avenir il faudra qu'on nous pardonne
d'avoir été si sages dans les greniers des hautes maisons,
si doux pendant que d'autres ont perdu la raison.
Je reste dans mon coin où la vie est chaude et facile,
où je m'émerveille d'une chanson et d'une couleur d'automne.
Tu répètes qu'on ne nous pardonnera pas la vie tranquille
mais la vie tranquille c'est refuser sur la tête le poids
de la couronne.
Alors nous n'avançons pas plus loin que nous-mêmes.
Nous relisons des romans où tout se finit bien.
Nous nous couchons très tôt dans des lits comme des barques.
Je n'ai aucun courage sinon celui des gens qui aiment
rester là où ils sont et n'en faire aucune folie.
Un million c'est bien peu pour quelqu'un qui a peur
de réveiller dans l'ombre la raison du bonheur
qui rêve d'un dimanche sous les toits à écouter la pluie.
Ce que j'ai à offrir c'est minuscule et si petit
que je le perds parfois en secouant la tête,
en remuant mes doigts au fond des larges poches,
en fouillant dans mon sac, en prenant le tramway.
Ce que j'ai à offrir tient entre la langue et le palais,
entre la fièvre et la soif, entre dimanche et lundi :
pour ne pas te réveiller,
un seul mot dans la nuit.

Coulon Cécile

Réponse de bleuette

Nuit de lune
De tes clartés tu remplis
Vallon, bois et plaine,
Et mon âme, au sein des nuits,
Redevient sereine...
Astre pur, dans mon tourment,
Ta flamme adoucie,
Me semble un regard aimant
Penché sur ma vie...
Goethe

Les parfums des fleurs sont les paroles d'un autre monde . . .
christian Bobin

Une tourterelle, longtemps immobile et songeuse sur une branche du tilleul, s'envole brusquement, comme saisie par une pensée si belle qu'il lui faut de suite aller le dire à son ami. . .
christian Bobin

Réponse de bleuette

De l'autre côté de toi
Francis Cabrel

Je sais que tu vis là -bas
Au bout de l'autoroute
J'pourrai pas me tromper
C'est allumé la nuit.
S'il te reste un instant
Faudra que tu m'écoutes
Faudra que tu m'attendes

Faut pas que tu m'oublies
De l'autre côté de toi
Je suis presque sûr qu'il n'y a plus rien
De l'autre côté de toi
Le désert commence où finit ta main
Toute l'eau qui ruisselle
Au fil de tes cheveux
J'ai encore besoin d'elle
Pour rafraîchir mes yeux

Est-ce qu'au moins tu m'entends
Quand j'appelle au secours ?
Je suis jaloux des colliers
De diamants qui t'entourent
De l'autre côté de toi
Je suis presque sûr qu'il n'y a plus rien
De l'autre côté de toi
Le désert commence où finit ta main
Laisse-moi t'endormir
Une nuit boréale
Sur un lit de pétales
Aux reflets de saphir
Laisse-moi me blottir
Sur ta peau quatre étoiles
Dans ton corps cathédrale
Et ne plus revenir
Je suis presque sûr qu'il n'y a plus rien
Et le désert commence où finit ta main

Je sais que tu vis là -bas
Au bout de l'autoroute
Que tu vis là -bas
Au bout de l'autoroute
Je sais que tu vis là -bas
Au bout de l'autoroute
Que tu vis là -bas
Au bout de l'autoroute

NEUTRON, 09/11/2020 08:57 :
Merci Bluette
https://www.youtube.com/watch?v=jVpaEeCa0SM
Bonne journée

Réponse de bleuette

MERCI NEUTRON :)
............................................
Que veux tu répondre au vent qui soupire,
Au vent qui te dit le chagrin des choses,
Le trépas des lis, des lilas, des roses,
Et des clairs essaims gelés dans la cire ;
Que veux tu répondre au vent qui soupire ?

...Il dit qu il est triste et las de conduire
Le gémissement de tout ce qui souffre,
De frôler toujours ce qui tombe au gouffre,
De passer partout où la vie expire ;
Que veux-tu répondre au vent qui soupire ?

Lui répondras-tu qu'un coeur peut suffire.
Un seul coeur humain chantant dans la joie,
Pour le consoler de sa longue voie
Sur les champs sans fin que l'hiver déchire ;
Que veux-tu répondre au vent qui soupire ?

Où trouveras-tu ce coeur qui désire
Rester ce qu'il est en sa calme fête,
Le coeur qui n'ait point de douleur secrète,
Pour laquelle il n'est ni baume, ni myrrhe ;
Que veux-tu répondre au vent qui soupire ?

Sera-ce ton coeur, et faut-il te dire
Que le vent prendrait sur tes lèvres closes
Un chagrin plus grand que celui des choses,
Et dans ton regard, un plus haut martyre ;
Que veux-tu répondre au vent qui soupire ?

...Alors réponds-lui, de ton cher sourire,
Qu il ne frôle pas les âmes humaines,
S il ne veut porter de plus lourdes peines
Que celles qu il cueille en son vaste empire ;
Que veux tu répondre au vent qui soupire ?

Auguste Angellier

Réponse de yareg

La Tordue chante Aragon "La rose et le réséda".wmv
https://www.youtube.com/watch?v=dUuz2ufAaOE

« La Rose et le Réséda »
À Gabriel Péri et d'Estienne d'Orves comme à Guy Môquet et Gilbert Dru

Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Tous deux adoraient la belle
Prisonnière des soldats
Lequel montait à l'échelle
Et lequel guettait en bas
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Qu'importe comment s'appelle
Cette clarté sur leur pas
Que l'un fût de la chapelle
Et l'autre s'y dérobât
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Tous les deux étaient fidèles
Des lèvres du coeur des bras
Et tous les deux disaient qu'elle
Vive et qui vivra verra
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Quand les blés sont sous la grêle
Fou qui fait le délicat
Fou qui songe à ses querelles
Au coeur du commun combat
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Du haut de la citadelle
La sentinelle tira
Par deux fois et l'un chancelle
L'autre tombe qui mourra
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Ils sont en prison Lequel
A le plus triste grabat
Lequel plus que l'autre gèle
Lequel préfère les rats
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Un rebelle est un rebelle
Nos sanglots font un seul glas
Et quand vient l'aube cruelle
Passent de vie à trépas
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Répétant le nom de celle
Qu'aucun des deux ne trompa
Et leur sang rouge ruisselle
Même couleur même éclat
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Il coule il coule il se mêle
A la terre qu'il aima
Pour qu'à la saison nouvelle
Mûrisse un raisin muscat
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
L'un court et l'autre a des ailes
De Bretagne ou du Jura
Et framboise ou mirabelle
Le grillon rechantera
Dites flûte ou violoncelle
Le double amour qui brûla
L'alouette et l'hirondelle
La rose et le réséda

Louis Aragon, « La Rose et le Réséda », mars 1943.
Repris dans La Diane française, Paris, Éditions Seghers, 1944.
© Éditions Seghers, 1944

Réponse de bleuette

Roses d'automne

Aux branches que l'air rouille et que le gel mordore,
Comme par un prodige inouï du soleil,
Avec plus de langueur et plus de charme encore,
Les roses du parterre ouvrent leur coeur vermeil.

Dans sa corbeille d'or, août cueillit les dernières :
Les pétales de pourpre ont jonché le gazon.
Mais voici que, soudain, les touffes printanières
Embaument les matins de l'arrière-saison.

Les bosquets sont ravis, le ciel même s'étonne
De voir, sur le rosier qui ne veut pas mourir,
Malgré le vent, la pluie et le givre d'automne,
Les boutons, tout gonflés d'un sang rouge, fleurir.

En ces fleurs que le soir mélancolique étale,
C'est l'âme des printemps fanés qui, pour un jour,
Remonte, et de corolle en corolle s'exhale,
Comme soupirs de rêve et sourires d'amour.

Tardives floraisons du jardin qui décline,
Vous avez la douceur exquise et le parfum
Des anciens souvenirs, si doux, malgré l'épine
De l'illusion morte et du bonheur défunt.

Nérée Beauchemin

Réponse de bleuette

On lit avec les mains autant qu'avec les yeux.
Le toucher d'une main calme sur la page d'un livre,
c'est la plus belle image que je connaisse,
l'image la plus apaisante qui soit :
une main tendre sur une épaule d'encre.

Christian Bobin

Réponse de bleuette

Sous la lune quelques-unes
De mes pensées se défont
Elles m'échappent
Elles se drapent dans leurs manteaux de saison...

J'imagine qu'elles terminent
Leurs courses au bord de ton balcon
On devrait correspondre
Puisque tu me corresponds
Que deviennent mes poèmes
Quand ils prennent l'horizon?.

Où partent toutes ces cartes
Qui se décrochent de mes cloisons?
Certaines me reviennent
Un peu plus troublées que de raison
On devrait correspondre
Puisque tu me corresponds
Si je savais tourner autour de la Terre
Si je savais comment faire
Si j'avais ce don
Je me collerais contre tes volets de fer
J'y resterais tant qu'à faire
Pour de bon
Sur le fluide qui les guide
Toutes mes pensées s'en vont
J'peux pas croire
Qu'elles s'égarent avant d'avoir trouvé ta maison
Je présume
Qu'elles y allument
Toutes les lampes de ton salon
On devrait correspondre
Puisque tu me corresponds
Je pensais tenir sous contrôle
Tout mon cortège d'envies
Mais je vois bien qu'à tour de rôle
Chacune d'elles s'enfuit
En longues portées de corolles
Qui partent pour leur plus beau rôle
S'enrouler à tes épaules comme tout ce que j'écris
Solo!
On devrait correspondre
Si je savais tourner autour de la Terre
Si je savais comment faire
Si j'avais ce don
Je me collerais contre tes volets de fer
J'y resterais tant qu'à faire
Pour de bon

Sous la lune quelques-unes
De mes pensées se défont
Elles s'élèvent et mon rêve
À tes lèvres loin se confond
Quelle chance quand j'y pense
Je suis sûr qu'il danse à ton front...

On devrait correspondre
On devrait correspondre
On devrait correspondre
Puisque tu me corresponds.

Francis Cabrel.

Réponse de bleuette

La tendresse

Elle n'a pas d'âge la tendresse,
Que l'on soit petit ou bien grand,
Adulte ou bien adolescent
Et même lorsque la vieillesse

Nous surprend un jour,la tendresse
Est comme un baume parfumé
Au goût sucré d'un bel été
Fait de douceur et de caresses.

Elle est nécessaire la tendresse
C'est elle qui calme la douleur
Qui fait reculer les rancoeurs,
Elle efface les mots qui blessent.

Parfois elle manque la tendresse
À ceux dont le coeur endurci
Est devenu méchant,aigri,
Il faut lui donner leur adresse

Car bien souvent cette tendresse
Réveillera les émotions
L'envie,la joie et la passion,
Elle fera faire des prouesses.

La poesie de Flore

Réponse de bleuette

LES POETES par Léo Ferré

Ce sont de drôles de types qui vivent de leur plume
Ou qui ne vivent pas c'est selon la saison
Ce sont de drôles de types qui traversent la brume
Avec des pas d'oiseaux sous l'aile des chansons

Leur âme est en carafe sous les ponts de la Seine
Leurs sous dans les bouquins qu'ils n'ont jamais vendus
Leur femm' est quelque part au bout d'une rengaine
Qui nous parle d'amour et de fruit défendu

Ils mettent des couleurs sur le gris des pavés
Quand ils marchent dessus ils se croient sur la mer
Ils mettent des rubans autour de l'alphabet
Et sortent dans la rue leurs mots pour prendre l'air

Ils ont des chiens parfois compagnons de misère
Et qui lèchent leurs mains de plume et d'amitié
Avec dans le museau la fidèle lumière
Qui les conduit vers les pays d'absurdité

Ce sont de drôles de types qui regardent les fleurs
Et qui voient dans leurs plis des sourires de femme
Ce sont de drôles de types qui chantent le malheur
Sur les pianos du coeur et les violons de l'âme

Leurs bras tout déplumés se souviennent des ailes
Que la littérature accrochera plus tard
A leur spectre gelé au-dessus des poubelles
Où remourront leurs vers comme un effet de l'Art

lls marchent dans l'azur la tête dans les villes
Et savent s'arrêter pour bénir les chevaux
Ils marchent dans l'horreur la tête dans des îles
Où n'abordent jamais les âmes des bourreaux

Ils ont des paradis que l'on dit d'artifice
Et l'on met en prison leurs quatrains de dix sous
Comme si l'on mettait aux fers un édifice
Sous prétexte que les bourgeois sont dans l'égout...

Réponse de LE-COLIBRI

Ceci est le mot d' amour d' un poète
qui s' adresse un matin d' automne
à une rose dont il est amoureux.
Une particularité de ce texte
vous sera confiée à la fin
pour le cas où vous ne l' auriez pas découverte...
LE COLIBRI

" MON AMIE EST UNE ROSE"

Une goutte de rosée issue de la nuit,
Une larme irisée née de tes yeux
Roule sur ton pétale pourpre
Suit la courbe de ta joue
En un lent cheminement
Douce et voluptueuse caresse
Musarde affectueuse
Epouse la forme de tes lèvres
Et s' immobilise enfin
Telle un baiser amoureux.

LE COLIBRI

NB: ce texte peut se lire de 3 façons
et gardera le meme message amoureux :
1) En entier,
2) Lignes paires seulement,
3) Lignes impaires....

Réponse de FROG

Bonjour,
Merci beaucoup à Bleuette et Le Colibri pour cette lecture calme dans ce monde de brutes
Continuez sans "modération"
Amitiés

Réponse de bleuette

Le Colibri
Délicieux poème !!!


MERCI Frog :)
Amitiés Bises

Réponse de Mercedes Sosa

Nous avons tous, dans la cale sèche de notre cerveau, un navire en construction.
Et ce navire est destiné à affronter les océans les plus tumultueux, les plus belles déferlantes.
S'il n'y a plus de nouveaux continents à découvrir,
si nous avons déjà tant de fois fait le tour de la Terre et transpercé l'univers,
il nous reste une des plus belles aventures qui soient :
l'invention d'une humanité fondée sur la "cosmopolitesse" chère à Baptiste Morizot.
Une humanité respectueuse de la vie, de toutes les vies et donc heureuse.
Solveig Letort.

Réponse de bleuette

La nature est éternellement jeune,
belle et généreuse.
Elle verse la poésie et la beauté
à tous les êtres, à toutes les plantes,
qu'on laisse s'y développer à souhait.
Elle possède le secret du bonheur,
et nul n'a su le lui ravir.

George Sand.

yareg, 15/11/2020 01:49 :
Et la magie de Bleuette opéra !
Merci pour ces moments les Zami e s !

https://www.youtube.com/watch?v=7jX-NZMf5ws

Réponse de bleuette

MERCI !!! Tareg
bises


Paul Chanel Malenfant

Mélancolie.,,
Pour la sonorité du coquelicot.,,
Pour l'étoile de mer sur le rebord de la fenêtre.,,
Pour le cri du coq à l'aube.,,
Pour le sillage de l'avion dans le ciel de juillet.,,
Pour la valse de Chopin aérant la salle de musique.,,
Et le sachet de camphre sous la chemise de laine.,,
Pour l'alexandrin dans la chambre de cèdre.,,
Pour l'averse de cinq heures et le chant grégorien.,,
Pour le col de dentelle et pour la face-à-main d'ivoire.,,
Pour l'abat-jour de soie, pour l'odeur des framboises
et pour le pain levant dans l'escalier.,,
Pour l'ennui des dimanches et pour la balançoire.,,
Pour Le Dormeur du val..
. Pour le lilas, pour la lampe de chevet.,,
Pour la rivière Rouge de mon village aux poissons transparents.,,
Pour le joueur de guitare sur la place publique.,,
Pour l'érable de Pâques et le cornet d'écorce.,,
Pour la sieste et le lézard.,,
Mélancolie ...

Réponse de bleuette

La chanson du rayon de lune

Sais-tu qui je suis ? Le Rayon de Lune.
Sais-tu d'où je viens ? Regarde là-haut.
Ma mère est brillante, et la nuit est brune.
Je rampe sous l'arbre et glisse sur l'eau ;
Je m'étends sur l'herbe et cours sur la dune ;
Je grimpe au mur noir, au tronc du bouleau,,,

Comme un maraudeur qui cherche fortune.
Je n'ai jamais froid ; je n'ai jamais chaud.
Je suis si petit que je passe
Où nul autre ne passerait.
Aux vitres je colle ma face
Et j'ai surpris plus d'un secret.,,

Je me couche de place en place
Et les bêtes de la forêt,
Les amoureux au pied distrait,
Pour mieux s'aimer suivent ma trace.
Puis, quand je me perds dans l'espace,
Je laisse au coeur un long regret.

Rossignol et fauvette
Pour moi chantent au faîte
Des ormes ou des pins.
J'aime à mettre ma tête
Au terrier des lapins,
Lors, quittant sa retraite
Avec des bonds soudains,

Chacun part et se jette
A travers les chemins.
Au fond des creux ravins
Je réveille les daims
Et la biche inquiète.
Elle évente, muette,
Le chasseur qui la guette
La mort entre les mains,
Ou les appels lointains
Du grand cerf qui s'apprête
Aux amours clandestins.

Ma mère soulève
Les flots écumeux,
Alors je me lève,
Et sur chaque grève
J'agite mes feux.
Puis j'endors la sève
Par le bois ombreux ;
Et ma clarté brève,
Dans les chemins creux,
Parfois semble un glaive
Au passant peureux.
Je donne le rêve
Aux esprits joyeux,
Un instant de trêve
Aux coeurs malheureux.

Sais-tu qui je suis ? Le Rayon de Lune.
Et sais-tu pourquoi je viens de là-haut ?
Sous les arbres noirs la nuit était brune ;
Tu pouvais te perdre et glisser dans l'eau,,,

Errer par les bois, vaguer sur la dune,
Te heurter, dans l'ombre, au tronc du bouleau.
Je veux te montrer la route opportune ;
Et voilà pourquoi je viens de là-haut.

Guy de Maupassant,

Réponse de bleuette

Le jeu de cartes

Quel étrange jeu de cartes !
Les rois n'aiment pas les reines,
Les valets veulent combattre,
Et les dix n'ont pas de veine...

Les piques, plus pacifiques,
Se comprennent assez bien;
Ils adorent la musique
Et vivent en bohémiens...

Les trèfles sont si distraits
Qu'ils tombent sur les carreaux.
Quand un cinq rencontre un sept,
Ils se traitent de nigauds...

Quel étrange jeu de cartes !
Le diable même en a peur
Car il s'est brûlé la patte
En retournant l'as de coeur.

Maurice CAREME

Réponse de bleuette

Dans L'Eau Du Temps par Jeanne Moreau

Dans l'eau du temps qui coule à petit bruit
Dans l'air du temps qui souffle à petit vent
Dans l'eau du temps qui parle à petits mots
Et sourdement touche l'herbe et le sable ...

Dans l'eau du temps qui traverse les marbres
Usant au front le rêve des statues
Dans l'eau du temps qui muse au lourd jardin
Le vent du temps qui fuse au lourd feuillage ...

Dans l'air du temps qui ruse aux quatre vents
Et qui jamais ne pose son envol
Dans l'air du temps qui pousse un hurlement
Puis va baiser les flores de la vague ...

Dans l'eau du temps qui retourne à la mer
Dans l'air du temps qui n'a point de maison
Dans l'eau dans l'air dans la changeante humeur
Du temps, du temps sans heure et sans visage ...

J'aurai vécu à profonde saveur
Cherchant un peu de terre sous mes pieds
J'aurai vécu à profondes gorgées
Buvant le temps, buvant tout l'air du temps
Et tout le vin qui coule dans le temps

Réponse de bleuette

J'aimerais être le vent et souffler sur la terre,
Afin de réduire en poussière, la haine et la misère.
J'aimerais être une fleur et pousser sur la terre,
Pour souffler un doux parfum, de paix, d'amour, et de bonheur.
J'aimerais être un petit oiseau et survoler la terre,
En laissant dans son sillage, une mélodie d'amour.
Et si l'amour était dans les armes et dans les coeurs,
Alors, notre monde serait meilleur !"

- Sea Queen -

Réponse de bleuette

Où sont passés nos rêves
Serge Lama

Où sont passés nos rêves
Et nos justes courroux
Et nos bras qui se lèvent
Le poing serré au bout
A-t-on perdu la sève
Qui bouillonnait en nous
Ces espérances brèves
Nous ont laissé des trous
Des trous sous les paupières
Qui font mal à nos nuits
Nous étions fous de fièvre
Si heureux d'être unis
Tant de jeunesse passe
Devant nos yeux éteints
Qui s'aiment, qui s'embrassent
Qui croient encore au train
Où est passé ce monde
Qu'on voulait neuf et fort
Perdu au fil de l'onde
Avec les oiseaux morts
Tant de minutes belles
Dans le temps suspendu
Comme des hirondelles
Qui ne reviendront plus
Il faut que vie s'achève
Mais avant de partir
Donnons au vieil élève
Quelques bons souvenirs
Faites lui croire en rêve
Que tout va revenir

Où sont passés nos rêves
Nos discours, nos sermons
Échoués sur la grève
Avec les goémons...

La jeunesse s'exalte
À l'appel des anciens
Il faut que l'on calfate
Des cargos de chagrin
Où sont passés nos rêves...

Et nos vingt ans, pareil
Dans ce grand marche ou crève
Où l'on vie sans soleil
Où sont passés nos rêves
Et nos vingt ans, pareil
Dans ce grand marche ou crève
Où l'on vie sans soleil ...

Réponse de bleuette

La petite lampe

J'allume à ma fenêtre une petite lampe,
une petite lampe bleue comme mon coeur
afin que tous les mots qui traînent dans la nuit
les mots perdus, les mots blessés,
les mots ivres de clair de lune,
les mots amoureux de la brume ...

les bons mots, les mauvais mots,
les petits et les gros mots,
les mots qui volent, qui rampent,
les mots qui luisent,
les mots qui chantent,
les obscurs,
les délaissés ...

afin que tous les mots de la nuit
sachent qu'il y a ici, au bord du ciel,
la maison d'un poète
qui est prêt à les accueillir
pour les bercer, les réchauffer,
les serrer contre son coeur.

(Jean Joubert)

Réponse de Mémoire 88

Je viens de découvrir un texte que je ne peux encore afficher ici puisque je l'ai lu dans le cadre de ma présence dans le comité de lecture de la nouvelle revue "Légende". Je vous l'afficherai ici quand ce sera possible, je n'en connais bien sûr pas l'auteur (puisque les textes nous parviennent anonymes). Mais lorsqu'il sera publié (plus que probable) je me ferai un plaisir de l'afficher ici où il a toute sa place :)

Réponse de bleuette

Victor Hugo

Puisque j'ai mis ma lèvre à ta coupe encor pleine ;
Puisque j'ai dans tes mains posé mon front pâli ;
Puisque j'ai respiré parfois la douce haleine
De ton âme, parfum dans l'ombre enseveli ;

Puisqu'il me fut donné de t'entendre me dire
Les mots où se répand le coeur mystérieux ;
Puisque j'ai vu pleurer, puisque j'ai vu sourire
Ta bouche sur ma bouche et tes yeux sur mes yeux ;

Puisque j'ai vu briller sur ma tête ravie
Un rayon de ton astre, hélas ! voilé toujours ;
Puisque j'ai vu tomber dans l'onde de ma vie
Une feuille de rose arrachée à tes jours ;

Je puis maintenant dire aux rapides années :
- Passez ! passez toujours ! je n'ai plus à vieillir !
Allez-vous-en avec vos fleurs toutes fanées ;
J'ai dans l'âme une fleur que nul ne peut cueillir !

Votre aile en le heurtant ne fera rien répandre
Du vase où je m'abreuve et que j'ai bien rempli.
Mon âme a plus de feu que vous n'avez de cendre !
Mon coeur a plus d'amour que vous n'avez d'oubli !

Réponse de LLou

Que t'importe, mon coeur
Victor Hugo

Que t'importe, mon coeur, ces naissances des rois,
Ces victoires, qui font éclater à la fois
Cloches et canons en volées,
Et louer le Seigneur en pompeux appareil,
Et la nuit, dans le ciel des villes en éveil,
Monter des gerbes étoilées ?

Porte ailleurs ton regard sur Dieu seul arrêté !
Rien ici-bas qui n'ait en soi sa vanité :
La gloire fuit à tire-d'aile ;
Couronnes, mitres d'or, brillent, mais durent peu ;
Elles ne valent pas le brin d'herbe que Dieu
Fait pour le nid de l'hirondelle !

Hélas ! plus de grandeur contient plus de néant !
La bombe atteint plutôt l'obélisque géant
Que la tourelle des colombes.
C'est toujours par la mort que Dieu s'unit aux rois ;
Leur couronne dorée a pour faîte sa croix,
Son temple est pavé de leurs tombes.

Quoi ! hauteur de nos tours, splendeur de nos palais,
Napoléon, César, Mahomet, Périclès,
Rien qui ne tombe et ne s'efface !
Mystérieux abîme où l'esprit se confond !
A quelques pieds sous terre un silence profond,
Et tant de bruit à la surface !

Réponse de bleuette

Paul Eluard

Ton rire est comme un tourbillon de feuilles mortes
Froissant l'air chaud, l'enveloppant, quand vient la pluie.
Amer, tu annules toute tragédie,
Et ton souci d'être un homme, ton rire l'emporte....

Je voudrais t'enfermer avec ta vieille peine
Abandonnée, qui te tient si bien quitte,
Entre les murs nombreux, entre les ciels nombreux
De ma tristesse et de notre raison ...

Là, tu retrouverais tant d'autres hommes,
Tant d'autres vies et tant d'espoirs
Que tu serais forcé de voir
Et de te souvenir que tu as su mentir ...

Ton rire est comme un tourbillon de feuilles mortes.

Réponse de bleuette

Ouvrons notre coeur comme ces petits pois de senteur
qui aiment à s'enlacer sous les tonnelles du bonheur...

Ouvrons notre coeur et faisons l'offrande de notre amour
comme la fleur exhale son parfum sans rien attendre en retour...

Ouvrons notre coeur pour aimer sans avoir peur des lendemains
comme l'oiseau qui chante sans s'inquiéter s'il vivra demain...

Ouvrons notre coeur pour redevenir un petit enfant
candide et joyeux, le nez en l'air et les cheveux au vent...

Ouvrons notre coeur pour que nos différences
ne s'échouent plus sur les brisants de l'intolérance...

Ouvrons notre coeur au pardon pour tarir les larmes de fiel
et colorier notre coeur aux couleurs de l'arc-en-ciel...

Ouvrons notre coeur en grand et sourions à la vie chaque seconde
l'esprit apaisé, nous regarderons alors ... l'âme du monde.

Richard Philip

Réponse de LE-COLIBRI

Juste en volant les rimes de Paul Eluard
je vais vous raconter le voyage plein d' embuches d' une feuille morte..
---------------
Une feuille tombe et on la croit morte
mais pourtant il suffit d' un peu de pluie
pour vite effacer cette tragédie,
en ruisselant un filet d' eau l' emporte...

elle poursuit son aventure avec peine
et lentement, en silence nous quitte,
les obstacles sont encore nombreux
mais ne sauraient d' elle avoir raison

Il suffirait du pas d' un homme
pour faire sombrer ses espoirs
mais encore vous l' allez voir
par un petit détour elle me fait mentir

Ainsi une feuille rejoint le paradis de des feuilles mortes.

yareg, 26/11/2020 04:01 :
Tareg, Aujourd'hui à 03h57 :
Merci Colibri, très zoli !
https://www.youtube.com/watch?v=5DeA8FPqWwc
yareg, 26/11/2020 04:03 :
M'étais gouré de lien hi hi han !
Mémoire 88, 26/11/2020 13:18 :
Très joli texte, les paradis se ramassent-ils à la pelle ?
Mémoire 88, 26/11/2020 13:21 :
de l'utilité d'une feuille morte ici https://ecrirelirepenser.com/2016/01/21/merci-lerot-memoire-du-temps/
EMILIO, 26/11/2020 23:52 :
Bonsoir mon Ami Colibri ,
je tiens mes promesses et je viens te lire.
bien souvent tes poèmes sont de toi et j'aime les lire.
car écrire est un art et je sais que tu possèdes celui-ci avec modestie
bien souvent , j'ai écrit des citations mais elles n'étaient pas de moi , je n'étais qu'un copieur ...
nous avons tous les deux une grande sensibilité mais toi , tu sais coucher des mots sur le papier alors que moi , je ne sais pas..
cependant , mes larmes coulent sur mon visage car tu me fais penser à mon Papa qui aimait les feuilles mortes chantées par Yves Montand..
Merci mon Ami Colibri.
Emilio.
Mémoire 88, 27/11/2020 02:15 :
Emilio tu as raison, Le Colibri a l'âme du poète !

Réponse de bleuette

Stéphane Meuret

Le bonheur nous regarde

Mais au fond sans un bruit le bonheur nous regarde,
Jaillissant des choses, comme un enfant sourit,
Simple comme un bonjour qu'on aurait désappris,
On le voit, on le sent, on le perd par mégarde !

Il a tant à donner et jamais ne s'attarde,
Il vient toujours à temps au brave qui le nourrit,
On le cueille parfois là où rien ne fleurit,
Et quoi qu'il puisse paraître, il n'est d'humeur bavarde.

J'ai pu souvent douter, je sais qu'il nous regarde,
Attentif à nos maux, comme un coeur incompris,
Sur un matin d'automne, au soir d'amours épris,
N'as-tu jamais senti comme sa douceur lézarde ?

Réponse de bleuette

Joli !!! Colibri
:)

Réponse de ANNE LABO40

Merci Bleuette et Le Colibri pour ces moments de poésie! oh! ça rime!!!!

Réponse de Flavynette

Chanson d'automne

Les sanglots longs
Des violons
De l'automne
Blessent mon coeur
D'une langueur
Monotone.

Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l'heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure ;

Et je m'en vais
Au vent mauvais
Qui m'emporte
Deçà, delà,
Pareil à la
Feuille morte.

Paul Verlaine (1844-1896)

pour que ce joli poème ne reste pas que...................l'annonce d'un débarquement

Réponse de bleuette

Alphonse de Lamartine,
Le papillon

Naître avec le printemps, mourir avec les roses,
Sur l'aile du zéphyr nager dans un ciel pur,
Balancé sur le sein des fleurs à peine écloses,
S'enivrer de parfums, de lumière et d'azur ...

Secouant, jeune encor, la poudre de ses ailes,
S'envoler comme un souffle aux voûtes éternelles,
Voilà du papillon le destin enchanté! ...

Il ressemble au désir, qui jamais ne se pose,
Et sans se satisfaire, effleurant toute chose,
Retourne enfin au ciel chercher la volupté!

Réponse de bleuette

Ô nostalgie des lieux qui n'étaient point
assez aimés à l'heure passagère,
que je voudrais leur rendre de loin
le geste oublié, l'action supplémentaire !

Revenir sur mes pas, refaire doucement
- et cette fois, seul - tel voyage,
rester à la fontaine davantage,
toucher cet arbre, caresser ce banc ...

Monter à la chapelle solitaire
que tout le monde dit sans intérêt ;
pousser la grille de ce cimetière,
se taire avec lui qui tant se tait.

Car n'est-ce pas le temps où il importe
de prendre un contact subtil et pieux ?
Tel était fort, c'est que la terre est forte ;
et tel se plaint : c'est qu'on la connaît peu.


Rainer Maria Rilke

Réponse de bleuette

Rosemonde GÉRARD ROSTAND
Un coeur et une chaumière

Que faut-il pour être heureux ?
Un coeur et une chaumière.
C'est ce que l'on fait de mieux
Dans les rêves de la terre....

Les châteaux sont trop nombreux
Où l'on n'a que la misère ;
Que faut-il pour être heureux ?
Un coeur et une chaumière...

Les mots sont plus amoureux
Quand le mur n'est pas de pierre ;
Tout le jour j'aurais tes yeux,
La nuit j'aurais tes paupières ...

Et, ne gardant au ciel bleu
Qu'une étoile pour lumière,
Nous n'aurions, pour tous les deux,
Qu'un coeur et qu'une chaumière ?

Réponse de bleuette

Renée VIVIEN
Roses du soir

Des roses sur la mer, des roses dans le soir,
Et toi qui viens de loin, les mains lourdes de roses !
J'aspire ta beauté. Le couchant fait pleuvoir
Ses fines cendres d'or et ses poussières roses...

Des roses sur la mer, des roses dans le soir.

Un songe évocateur tient mes paupières closes.
J'attends, ne sachant trop ce que j'attends en vain,
Devant la mer pareille aux boucliers d'airain,
Et te voici venue en m'apportant des roses...

Ô roses dans le ciel et le soir ! Ô mes roses !

Réponse de bleuette

L'arbre s'entretient avec le vent des choses éternelles et ses jeunes feuilles en frémissent de plaisir ...
Quelques gouttes de pluie bavardent en riant à l'extrémité de ses branches, avant de sauter dans le vide et les feuilles qui dansent, ivres, au bras du du vent, n'échangeraient leur place contre rien au monde.....
Une branche s'est détachée de l'arbre. Elle n'a pas immédiatement glissé à terre. D'autres branches l'ont retenue et l'ont veillée pendant quelques heures.

Christian Bobin

Réponse de LLou

Heille
Mathieu Lippé
Paroliers : Jean Massicotte / Lippé Mathieu Stanislas

https://youtu.be/KvbTJ-qBSk4

Quand tu vois que j'me prends la tête
Comme si j'm'étais pris un coup de hache
Quand ta joie me donne l'air bête
Ya pas doute j'en arrache
Quand je chiale à cause du cash
Approche tire-moi les oreilles
Cris-moi le fort s'il faut pour que j'catch
Sors-moi de ma cache
Pis dis-moi Heille

Quand tu vois tout c'qui est merveilleux
Pendant que moi, j'vois tout c'qui clash
Mets un miroir en face de mes yeux
Pour que j'vois la lumière de mon âme qui m'flashe
Si devant la télé je m'évache
Pendant qu'dehors ya l'couché de soleil
Enlève-moi mon sac de pistaches
Tire-moi la moustache
Pis dis-moi Heille

Heille

Quand j'aurai compris dans l'fond d'mon abdomen
La grande puissance de jouissance qui s'cache
La conscience deviendra mon domaine
Je penserai à toi qui m'as aidé dans mes bouts trashs
Pis si le fardeau man un jour te crash
Tu viendras chez nous pour chercher conseil
C'est sûr que j'pourrai te replacer le panache
J'te dirai juste Heille

Heille

Oui, je sens nous plongerons bientôt
Dans l'eau de la vérité pour y faire un gros splash
Les ailes nettoyées de nos mensonges d'idiots
Nous pourrons voler enfin libres d'attaches
Nous fendrons l'air comme un V de bernaches
Traversant le ciel en chantant les merveilles
Des pays où l'amour se vit tabarnache
Sans qu'à tout moment, à tout bout d'champs
On ait besoin d'se dire Heille
Heille

Réponse de bleuette

La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur,
Un rond de danse et de douceur,
Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,
Et si je ne sais plus tout ce que j'ai vécu
C'est que tes yeux ne m'ont pas toujours vu...

Feuilles de jour et mousse de rosée,
Roseaux du vent, sourires parfumés,
Ailes couvrant le monde de lumière,
Bateaux chargés du ciel et de la mer,
Chasseurs des bruits et sources des couleurs ...

Parfums éclos d'une couvée d'aurores
Qui gît toujours sur la paille des astres,
Comme le jour dépend de l'innocence
Le monde entier dépend de tes yeux purs
Et tout mon sang coule dans leurs regards .

Paul Eluard

Réponse de bleuette

Anne Sylvestre.

Je voudrais bien faire plaisir
Je voudrais être riche
Pour acheter et pour offrir
Ce qui est sur les affiches
Tout ce que d'autres ont fabriqué
Mais je n'ai que trois sous légers ...
Comment faire quand même
Cadeau à ceux que j'aime
Noël n'est pas au magasin
Mais dans mon coeur et dans mes mains
Et si j'en prends la peine
Ma tête est toute pleine
De ce que j'offrirai demain ...
Noël n'est pas au magasin
Avec du papier, des ciseaux
Des crayons, de la colle
Je ferai naître des oiseaux
Qui chantent et qui s'envolent ...
Avec quatre bouts de tissu
Des rubans, des boutons perdus
Du coton bleu ou rose
J'inventerai des choses ...
Noël n'est pas au magasin
Mais dans mon coeur et dans mes mains
Et si j'en prends la peine
Ma tête est toute pleine
De ce que j'offrirai demain
Noël n'est pas au magasin ...
Quand j'aurai fabriqué des fleurs
Des lampions, des images
Dans un grand morceau de bonheur
Je ferai l'emballage
Et pour me ficeler tout ça
Un grand sourire suffira ...
Mon cadeau est à prendre
Voyez comme il est tendre
Noël n'est pas au magasin
Mais dans mon coeur et dans mes mains ...
Et si j'en prends la peine
Ma tête est toute pleine
De ce que j'offrirai demain
Noël n'est pas au magasin

Réponse de bleuette

Michel Polnareff


Il y avait, du temps de grand'maman
Des fleurs qui poussaient dans son jardin
Le temps a passé, seules restent les pensées
Et dans tes mains, il ne reste plus rien

Qui a tué grand'maman?
Est-ce le temps ou les hommes
Qui n'ont plus, l'temps d'passer le temps?

Il y avait, du temps de grand'maman
Du silence à écouter
Des branches sur les arbres, des feuilles sur les branches
Des oiseaux sur les feuilles, et qui chantaient

Qui a tué grand'maman?
Est-ce le temps ou les hommes
Qui n'ont plus, l'temps d'passer le temps?

Le bulldozer a tué grand'maman
Et change ses fleurs en marteaux-piqueurs
Les oiseaux pour chanter, ne trouvent que des chantiers
Est-ce pour cela, que l'on te pleure?

Qui a tué grand'maman?
Est-ce le temps ou les hommes
Qui n'ont plus, l'temps d'passer le temps?

Réponse de Flavynette

À deux beaux yeux


Vous avez un regard singulier et charmant ;
Comme la lune au fond du lac qui la reflète,
Votre prunelle, où brille une humide paillette,
Au coin de vos doux yeux roule languissamment ;

Ils semblent avoir pris ses feux au diamant ;
Ils sont de plus belle eau qu'une perle parfaite,
Et vos grands cils émus, de leur aile inquiète,
Ne voilent qu'à demi leur vif rayonnement.

Mille petits amours, à leur miroir de flamme,
Se viennent regarder et s'y trouvent plus beaux,
Et les désirs y vont rallumer leurs flambeaux.

Ils sont si transparents, qu'ils laissent voir votre âme,
Comme une fleur céleste au calice idéal
Que l'on apercevrait à travers un cristal.

Poète : Théophile Gautier (1811-1872)

Recueil : La comédie de la mort (1838).

Réponse de JOLI DRAGON

%uD83D%uDC95"Les mots du silence sont des mots très rares qu'on ne trouve dans aucun livre, qui restent longtemps coincés dans la poitrine, qui se glissent parfois jusque dans la gorge mais n'arrivent pas jusqu'à la bouche.
Les mots du silence ne sont pas faits pour être entendus avec les oreilles.
Les mots du silence se murmurent avec des gestes infimes et des mimiques immobiles, ils se lisent avec les yeux fermés, s'écoutent avec le coeur, se gardent au profond de soi, dans la douceur des émotions."%uD83D%uDC95
Jacques Salomé

Réponse de LE-COLIBRI

OUI c' est tellement vrai !
" Il y a des silences qui en disent long comme
il y a des paroles qui ne signifient rien"
EDITH PIAF

Réponse de bleuette

On peut vivre sans richesse
Presque sans le sou
Des seigneurs et des princesses
Y en a plus beaucoup
Mais vivre sans tendresse
On ne le pourrait pas
Non,On ne le pourrait pas...

On peut vivre sans la gloire
Qui ne prouve rien
Etre inconnu dans l'histoire
Et s'en trouver bien
Mais vivre sans tendresse
Il n'en est pas question
Non, non, non, non
Il n'en est pas question

...Quelle douce faiblesse
Quel joli sentiment
Ce besoin de tendresse
Qui nous vient en naissant
Vraiment, vraiment ...

Le travail est nécessaire
Mais s'il faut rester
Des semaines sans rien faire
Eh bien... on s'y fait
Mais vivre sans tendresse
Le temps vous paraît long
Long, long, long, long
Le temps vous parait long

Dans le feu de la jeunesse
Naissent les plaisirs
Et l'amour fait des prouesses
Pour nous éblouir
Oui mais sans la tendresse
L'amour ne serait rien
Non, non, non, non
L'amour ne serait rien

Quand la vie impitoyable
Vous tombe dessus
On n'est plus qu'un pauvre diable
Broyé et déçu
Alors sans la tendresse
D'un coeur qui nous soutient
Non, non, non, non
On n'irait pas plus loin

Un enfant vous embrasse
Parce qu'on le rend heureux
Tous nos chagrins s'effacent
On a les larmes aux yeux,,,

Mon Dieu, mon Dieu, mon Dieu...
Dans votre immense sagesse
Immense ferveur
Faites donc pleuvoir sans cesse
Au fond de nos coeurs
Des torrents de tendresse
Pour que règne l'amour
Règne l'amour
Jusqu'à la fin des jours.

Bourvil

Marc-André, 28/02/2021 19:29 :
merci Bourvil pour cette chanson ainsi que "le bal perdu ".

Réponse de bleuette

Le chant de l'eau de E. VERHAEREN

L'entendez-vous, l'entendez-vous
Le menu flot sur les cailloux ?
Il passe, il court et glisse,
et doucement dédie aux branches
qui sur son cours se penchent
sa chanson lisse...

... Le petit bois de cornouillers
Et tous ses hôtes familiers
Et les putois et les fouines
Et les souris et les mulots
écoutent,loin des sentes et loin des routes
le bruit de l'eau ...

Réponse de bleuette

Jean D'Ormesson


Chaque matin, le jour revit.
Si le monde n'est fait que de matins, si tout le bonheur du monde est dans les matinées, c'est qu'il y a dans le commencement une promesse d'on ne sait quoi et peut-être de presque tout.
Si, en dépit de tant de larmes, le monde est une bénédiction, c'est qu'il recommence à chaque instant. Ce qu'il y a de mieux dans ce monde, de plus beau, de plus excitant, ce sont les commencements.
L'enfance et les matins ont la splendeur des choses neuves.
Naître est toujours un bonheur.

Réponse de bleuette

Le Grillon
Jean Ferrat

Quand l'hiver a pris sa besace
Que tout s'endort et tout se glace
Dans mon jardin abandonné
Quand les jours soudain rapetissent
Que les fantômes envahissent
La solitude des allées
Quand la burle secoue les portes
En balayant les feuilles mortes
Aux quatre coins de la vallée

Un grillon
Un grillon dans ma cheminée
Un grillon se met à chanter

Il n'a pourtant dans son assiette
Pas la plus petite herbe verte
La plus fragile graminée
A se mettre sous la luette
Quand le vent souffle la tempête
Et qu'il est l'heure de dîner
Que peut-il bien manger ou boire
A quoi peut-il rêver ou croire
Quel espoir encore l'habiter

Son cri n'a d'autre raison d'être
Que son refus de disparaître
De cet univers désolé
Pour le meilleur et pour le pire
Il chante comme je respire
Pour ne pas être asphyxié
Sait-il au fond de sa mémoire
Que c'est du coeur de la nuit noire
Qu'on peut voir l'aube se lever

Un grillon dans ma cheminée
Un grillon
Un grillon se met à chanter

Réponse de bleuette

OSCAR VLADISLAS DE LUBICZ MILOSZ
L'Année...

L'année était du temps des souvenirs,
Le mois était de la lune des roses,
Les coeurs étaient de ceux qu'un rien console.

Près de la mer, des chants doux à mourir,
Dans le crépuscule aux paupières closes ;
Et puis, que sais-je ? Tambourins, paroles.

Cris de danse qui ne devaient finir,
Touchant désir adolescent qui n'ose
Et meurt en finale de barcarolle.

... T'en souvient-il, souvient-il, Souvenir ?
Au mois vague de la lune des roses.
Mais rien n'est resté de ce qui console...

Est-ce pour dormir, est-ce pour mourir
Que sur mes genoux ta tête repose
Avec la langueur de ses roses folles ?

L'ombre descend, la lune va mûrir.
La vie est riche de si douces choses,
Pleurs pour les yeux, rosée pour les corolles.

Oui, vivre est presque aussi doux que dormir...
Poisons tièdes pris à petites doses
Et poèmes pleins de charmants symboles.

Ô passé ! pourquoi fallut-il mourir ?
Ô présent ! pourquoi ces heures moroses,
Bouffon qui prends au sérieux ton rôle !

... L'année était du temps des souvenirs,
Le mois était de la lune des roses,
Les coeurs étaient de ceux qu'un rien console...

Mais tôt ou tard cela devait finir
De la très vieille fin de toutes choses
Et ce n'est ni triste, vraiment, ni drôle.

Des os vont jaunir d'abord, puis verdir
Dans le froid moisi des ténèbres closes,
... Fin des actes et fin des paraboles.

Et le reste ne vaut pas une obole ...

Réponse de bleuette

TRISTAN KLINGSOR
Les ânes


Les ânes aux oreilles de trèfle parées,
Les ânes qui vont au long des ruisseaux clairs entendre
L'Angélus ou la musette dans le vent,
Et manger le feuillage encor tendre
Aux branches légères de l'oseraie,
Les ânes sont de vieux sorciers savants.

Ils se souviennent d'avoir mené des fées
Aux noces de leurs filleules,
D'avoir eu brides de soie agrafées
D'argent fin, d'avoir porté leur doux trophée
De foin vert, de lilas et de feuilles.

Ils se souviennent
D'avoir aussi porté des sorcières,
Des nains, des culs-de-jatte et des bohémiennes,
Le soir, en croupe sur le derrière,
Aux carrefours où les mendiants sont en prières.

Et quand je viens à l'aube ils croient sans doute
Que je suis le mage à blanc collet fourré
Qui doit les guider par la bonne route
Jusqu'à l'étable de bois où sourirait
Jésus, la mignonne rose de Nazareth.

Réponse de Mémoire 88

pour ceux qui sont sur facebook (ou à chercher sur Youtube)
Les Trois Baudets était en direct. ·
AVANT L'APRÈS - Iconopop (Jour 11)
Place à L'Iconopop pour un set exclusif capté sur la scène des Trois Baudets, le tout à apprécier depuis vos canapés
https://www.facebook.com/lestroisbaudets/videos/400551957818769

Réponse de bleuette

Paul Éluard


La nuit n'est jamais complète.
Il y a toujours puisque je le dis,
Puisque je l'affirme,
Au bout du chagrin,
une fenêtre ouverte,
une fenêtre éclairée.
Il y a toujours un rêve qui veille,
désir à combler,
faim à satisfaire,
un coeur généreux,
une main tendue,
une main ouverte,
des yeux attentifs,
... une vie : la vie à se partager...

Réponse de Flavynette

Automne


Matins frileux
Le temps se vêt de brume ;
Le vent retrousse au cou des pigeons bleus
Les plumes.
La poule appelle
Le pépiant fretin de ses poussins
Sous l'aile.
Panache au clair et glaive nu
Les lansquenets des girouettes
Pirouettent.
L'air est rugueux et cru ;
Un chat près du foyer se pelotonne ;
Et tout à coup, du coin du bois résonne,
Monotone et discord,
L'appel tintamarrant des cors
D'automne.

Emile Verhaeren, 1895

Réponse de bleuette

Savoir lire, c'est allumer une lampe dans l'esprit,
relâcher l'âme de sa prison,
ouvrir une porte sur l'univers..
Pearl Buck 

CLAUDE SERNET

Souvenirs

Dans la verdure
Dans le brouillé de la verdure
Dans le lointain tout proche
Dans le nocturne et dans le trouble
Dans plus de ciel que d'ombre
Dans la clarté des pierres...

Dans la blancheur d'un saule
Dans l'or aigu d'une étincelle
Dans la première étoile
Dans le soupir d'un arbre
Dans le sommeil croulant des branches ...

Dans le frisson d'une aile
Dans le velours des sources
Dans l'eau, dans l'herbe et dans les ronces
Dans ce qui fuit, dans ce qui tremble
Dans ce qui passe avec l'orage
Dans ce qui reste avec la pluie ...

Dans ce qui tombe et se découvre
Dans ce qui monte et brille et se disperse
Dans ce qui dort, dans ce qui veille
Dans ce qui mêle un son de cloche à la verdure
Dans les rayons de la dernière étoile ...

Dans la rumeur, dans le silence
Dans la verdure en somme et dans ses grappes
Dans les cailloux luisants de la verdure
Dans son remous, dans son écume
Dans ses parfums de rouille
Dans ses couleurs de porte ouverte ...

Dans l'air aussi, dans les nuages
Dans le lointain moins proche
Dans le brouillé moins trouble
Dans le nocturne encore
Dans la fraîcheur, dans la rosée
Dans plus de ciel, dans l'aube à poindre ...

Dans la lumière humide
Surtout dans la lumière
Dans la verdure ancienne et reconnue
Dans la chanson de la verdure
Et dans moi-même enfin ...

Réponse de bleuette

La mer, je m'en souviens, avaient les teintes de l'ombre, mêlées d'envols ondoyants de lumière fugitive ...
et tout cela était mystérieux comme une pensée triste dans un moment heureux annonciateur d'un je ne sais quoi....
Fernando Pessoa

Réponse de LLou

Femme nue, femme noire
Vêtue de ta couleur qui est vie, de ta forme qui est beauté
J'ai grandi à ton ombre; la douceur de tes mains bandait mes yeux
Et voilà qu'au coeur de l'Été et de Midi,
Je te découvre, Terre promise, du haut d'un haut col calciné
Et ta beauté me foudroie en plein coeur, comme l'éclair d'un aigle

Femme nue, femme obscure
Fruit mûr à la chair ferme, sombres extases du vin noir, bouche qui fais lyrique ma bouche
Savane aux horizons purs, savane qui frémis aux caresses ferventes du Vent d'Est
Tamtam sculpté, tamtam tendu qui gronde sous les doigts du vainqueur
Ta voix grave de contralto est le chant spirituel de l'Aimée

Femme noire, femme obscure
Huile que ne ride nul souffle, huile calme aux flancs de l'athlète, aux flancs des princes du Mali
Gazelle aux attaches célestes, les perles sont étoiles sur la nuit de ta peau.
Délices des jeux de l'Esprit, les reflets de l'or rouge sur ta peau qui se moire
A l'ombre de ta chevelure, s'éclaire mon angoisse aux soleils prochains de tes yeux.

Femme nue, femme noire
Je chante ta beauté qui passe, forme que je fixe dans l'Éternel
Avant que le destin jaloux ne te réduise en cendres pour nourrir les racines de la vie

Léopold Sédar SENGHOR
Recueil : "Chants d'ombre"

Réponse de LE-COLIBRI

Merveilleusement beau
et tout l' univers que seul l' amour peut appréhender

Réponse de bleuette

JEAN DE LA VILLE DE MIRMONT

La mer est infinie et mes rêves sont fous.
La mer chante au soleil en battant les falaises
Et mes rêves légers ne se sentent plus d'aise
De danser sur la mer comme des oiseaux soûls.

Le vaste mouvement des vagues les emporte,
La brise les agite et les roule en ses plis ;
Jouant dans le sillage, ils feront une escorte
Aux vaisseaux que mon coeur dans leur fuite a suivis.

Ivres d'air et de sel et brûlés par l'écume
De la mer qui console et qui lave des pleurs,
Ils connaîtront le large et sa bonne amertume ;
Les goélands perdus les prendront pour des leurs.

**********************

Deux demoiselles d'autrefois
Rêvent au fond d'un cadre en bois ;
Elles regardent dans l'espace
Languissamment le temps qui passe ...

Tandis que leur pastel s'efface
Peu à peu comme un souvenir.
Elles suivent de leurs yeux pâles
Les heures lentes à mourir ...

Et les roses aux blancs pétales
Fanent dans leurs cheveux poudrés.
Mais je les aime et je voudrais
Soulevant de mes doigts le verre
Qui les abrite de son mieux ...

Poser mes lèvres sur leurs yeux,
Car je les aime avec mystère.
Deux demoiselles d'autrefois
Rêvent au fond d'un cadre en bois.

Réponse de bleuette

Marceline DESBORDES-VALMORE
L'églantine

Églantine ! Humble fleur, comme moi solitaire,
Ne crains pas que sur toi j'ose étendre ma main.
Sans en être arrachée orne un moment la terre,
Et comme un doux rayon console mon chemin ...

Quand les tièdes zéphirs s'endorment sous l'ombrage,
Quand le jour fatigué ferme ses yeux brûlants,
Quand l'ombre se répand et brunit le feuillage,
Par ton souffle, vers toi, guide mes pas tremblants ...

Mais ton front, humecté par le froid crépuscule,
Se penche tristement pour éviter ses pleurs ;
Tes parfums sont enclos dans leur blanche cellule,
Et le soir a changé ta forme et tes couleurs ...

Rose, console-toi ! Le jour qui va paraître,
Rouvrira ton calice à ses feux ranimé ;
Ta mourante auréole, il la fera renaître,
Et ton front reprendra son éclat embaumé ...

Fleur au monde étrangère, ainsi que toi, dans l'ombre
Je me cache et je cède à l'abandon du jour ;
Mais un rayon d'espoir enchante ma nuit sombre :
Il vient de l'autre rive ... et j'attends son retour.

Réponse de JOLI DRAGON

Florian Arfeuillère lettres gourmandes Corrèze
gtS2sp tonsolredh ·
Ce Noël à venir si particulier,
sans embrassades ni effusions,
sans grande table ni profusion,
où certains proches seront loin,
me donne envie d'ouvrir grand mon coeur, pour y accueillir toutes les miettes de bonheur
qui passent une tête
distraite
discrète
qu'on laisse s'envoler
perdu dans ses pensées
un petit sourire fragile d'une inconnue croisée
un soleil qui se lève de son ciel de lit rose
un arôme échappé d'une goutte de vin
un mot murmuré dans un livre ouvert
l'oeillade énamourée éclatant de rire,
la moitié de sa vie prend soudain conscience
du bonheur partagé, partage des bonnes heures,
le regard émerveillant d'un enfant en confiance.
Joyeuses fêtes de Noël
Florian Arfeuillère

Réponse de boscavert

L'étoile dorée s'est posée
sensible au souffle présent,
scintille diamantée,
dans les yeux des enfants.

Eclairés par les brillants,
Ils rêvent de père Noël,
douceur et de présents
d'amour et de miel.

Un manège carrousel
chevaux de bois ,dentelle,
entonne mon beau sapin
aux oreilles des bambins.

Dans la crèche de Marie,
où le bébé est absent,
les vieux Santons prient
pour l'avènement.

Beau sapin symbolique,
dans nos esprits romantiques,
apporte souvenirs et bonheur
dans le coeur des enfants,
que nous sommes encore.


Catriane (Annie) le05/12/2016

Réponse de bleuette

Émile VERHAEREN


Je dédie à tes pleurs, à ton sourire,
Mes plus douces pensées,
Celles que je te dis, celles aussi
Qui demeurent imprécisées
Et trop profondes pour les dire.

Je dédie à tes pleurs, à ton sourire,
A toute ton âme, mon âme,
Avec ses pleurs et ses sourires
Et son baiser.

Vois-tu, l'aube blanchit le sol, couleur de lie ;
Des liens d'ombre semblent glisser
Et s'en aller, avec mélancolie ;
L'eau des étangs s'éclaire et tamise son bruit,
L'herbe rayonne et les corolles se déplient,
Et les bois d'or s'affranchissent de toute nuit.

Oh ! dis, pouvoir, un jour,
Entrer ainsi dans la pleine lumière ;
Oh ! dis, pouvoir, un jour,
Avec des cris vainqueurs et de hautes prières,
Sans plus aucun voile sur nous,
Sans plus aucun remords en nous,
Oh ! dis, pouvoir un jour
Entrer à deux dans le lucide amour !...

Réponse de bleuette

Lorsque je regarde en arrière
Et que je vois mes saisons
Saisons de peines et de misères
Alors j'aime bien ma maison.

J'ai connu tant d'escaliers sombres
De portes qui s'ouvraient sans clé
De couloirs enfoncés dans l'ombre
Où l'amour s'apprend au toucher.

Lorsque je regarde en arrière
Et que je revois mes saisons
Toutes ces peines, ces misères
Me font mieux aimer ma maison.

Lorsque je regarde en arrière
Je vois ma vie au jour le jour
Je revois mes amours légères
Alors j'aime bien mon amour.

Amours d'antan, amours frivoles
Où l'on reçoit sans rien donner
Amours bâtis sur des paroles
Que le coeur n'a pas prononcé

Lorsque je regarde en arrière
Je vois ma vie au jour le jour
Et toutes ces amours légères
Me font mieux aimer mon amour.

Lorsque je regarde en arrière
Jour après jour, je vois ma vie
Mes trahisons et mes colères
Alors j'aime bien mes amis.

Ils m'ont pardonné mes offenses
Mes offenses, mes vanités
Et c'est bien plus dur qu'on ne pense,
Quand on aime, de pardonner.

Lorsque je regarde en arrière
Jour après jour, je vois ma vie
Et tous ces pardons de naguère
Me font mieux aimer mes amis.

Lorsque je regarde en arrière
Mon passé est là qui me suit
Il est calme comme un grand frère
Et je sens sa force infinie.

Il apaise mes amertumes
Avec les douleurs d'autrefois
Les vanités de la fortune
C'est grâce à lui que je les vois.

Lorsque je regarde en arrière
après jour, je vois ma vie
Mes joies d'antan se sont effacées.
Mais il me reste mes misères,
J'en fais de douces lumières
Qui me font mieux aimer la vie ...

Robert Lamoureux

Réponse de Flavynette

IDÉES

Les oiseaux bleus dans l'air sont verts dans la prairie
qui les entend les voit qui les voit les entend
leur aile déployée élargit leur patrie
mais à travers leur plume un feu toujours s'étend

Caméléons du ciel agiles que l'oeil transperce
nuages qui vivants assument tour à tour
la forme d'une idée et puis l'idée adverse
protéens dont l'azur ne limite aucun tour

ils volent à travers la sublime excellence
des principes divins scellés sur l'horizon
les étoiles parfois dénotent leur présence
et les jeux de la lune au cours d'une saison.

Raymond QUENEAU, Les Ziaux, N.R.F.
(poète français, 1903-1976)

Réponse de bleuette

Gabriel Charles, abbé de LATTAIGNANT
Le Mot et la Chose

Madame quel est votre mot
Et sur le mot et sur la chose
On vous a dit souvent le mot
On vous a fait souvent la chose
Ainsi de la chose et du mot
Vous pouvez dire quelque chose

Et je gagerais que le mot
Vous plaît beaucoup moins que la chose
Pour moi voici quel est mon mot
Et sur le mot et sur la chose
J'avouerai que j'aime le mot
J'avouerai que j'aime la chose

Mais c'est la chose avec le mot
Mais c'est le mot avec la chose
Autrement la chose et le mot
A mes yeux seraient peu de chose
Je crois même en faveur du mot
Pouvoir ajouter quelque chose

Une chose qui donne au mot
Tout l'avantage sur la chose
C'est qu'on peut dire encore le mot
Alors qu'on ne fait plus la chose
Et pour peu que vaille le mot
Mon Dieu c'est toujours quelque chose

De là je conclus que le mot
Doit être mis avant la chose
Qu'il ne faut ajouter au mot
Qu'autant que l'on peut quelque chose
Et que pour le jour où le mot
Viendra seul hélas sans la chose

Il faut se réserver le mot
Pour se consoler de la chose
Pour vous je crois qu'avec le mot
Vous voyez toujours autre chose
Vous dites si gaiement le mot
Vous méritez si bien la chose

Que pour vous la chose et le mot
Doivent être la même chose
Et vous n'avez pas dit le mot
Qu'on est déjà prêt à la chose
Mais quand je vous dis que le mot
Doit être mis avant la chose

Vous devez me croire à ce mot
Bien peu connaisseur en la chose
Et bien voici mon dernier mot
Et sur le mot et sur la chose
Madame passez-moi le mot
Et je vous passerai la chose.

Réponse de bleuette

CHANT DE NOËL

Trois anges sont venus ce soir
M'apporter de bien belles choses
L'un d'eux avait un encensoir
L'autre avait un bouquet de roses

Et le troisième avait en mains
Une robe toute fleurie
De perles d'or et de jasmin
Comme en a Madame Marie

Noël, Noël, nous venons du ciel
T'apporter ce que tu désires
Car le Bon Dieu au fond du ciel bleu
Est chagrin lorsque tu soupires

Veux-tu le bel encensoir d'or
Ou la rose éclose en couronne
Veux-tu la robe où bien encore
Un collier où l'argent fleuronne

Veux-tu des fruits du Paradis
Ou du blé des célestes granges
Ou comme les bergers jadis
Veux-tu voir Jésus dans ses langes

Noël, Noël, retournez au ciel
Mes beaux anges à  l'instant même
Dans le ciel bleu demandez à  Dieu
Le bonheur pour celui que j'aime

Réponse de bleuette

Y a deux terres qui se rencontrent
Y a deux mers qui se confondent
Sur un air qui nous raconte Le Nord

Et de Berck jusqu'à Bray-Dunes
Se marient vagues et dunes
Au soleil ou sous la lune Du Nord

De Dunkerque à Ambleteuse
La marée gonfle et se creuse
Et son flot c'est la berceuse Du Nord

Sable blanc et vague verte
Un enfant, plage déserte
Et le vent qui chante à perte De Nord

Elle se perd au vent du large
Comme un vol d'oies sauvages
Long ruban de sable pâle
C'est la côte d'Opale

J'ai connu bien des rivages
Bien des ports et bien de largesse
des cieux bleus ou d'orages D'accord

Mais la côte que je préfère
Celle où m'a conçu ma mère
Celle où j'ai mis sac à terre C'est l' Nord

Quelquefois sur les mers chaudes
Où mon bateau baguenaude
Mon esprit s'envole et rode Au Nord

Faites, Dieu, que mon voyage
Vienne finir son cabotage
Tout le long des longues plages Du Nord1

Elle se perd au vent du large
Comme un vol d'oies sauvages
Long ruban de sable pâle
C'est la côte d'Opale 

Jean Claude Darnal

Réponse de bleuette

Dans la nuit de l'hiver
galope un grand homme blanc
c'est un bonhomme de neige
avec une pipe en bois
un grand bonhomme de neige
poursuivi par le froid
il arrive au village
voyant de la lumière
le voilà rassuré.
Dans une petite maison
il entre sans frapper
et pour se réchauffer
s'assoit sur le poêle rouge,
et d'un coup disparait
ne laissant que sa pipe
au milieu d'une flaque d'eau
ne laissant que sa pipe
et puis son vieux chapeau.

Jacques Prévert

Réponse de bleuette

PIERRE GAMARRA

Voici la neige et la nuit bleue,
voici le givre en sucre fin,
voici la maison et le feu,
voici Noël vêtu de lin .

Les oiseaux se taisent, ce soir.
Les lilas ont fermé les yeux.
Les chênes tendent leurs bras noirs
vers les chemins mystérieux.

Voici les pauvres malheureux,
la plaine de la bise
dans les fentes et dans les creux,
voici les vergers sans cerises.

Un jour, renaîtront les grands lis,
le parfum des profondes roses,
et l'hirondelle, je suppose,
reviendra frôler les iris.

Voici Noël, voici les voeux ,
voici les braises sous la cendre,
voici les bottes de sept lieues
pour aller jusqu'à l'avril tendre.

Et voici le pas d'une mère
qui marche vers la cheminée
pour ranimer les braises claires,
et voici le chant d'une mère
qui berce un enfant nouveau-né.

Réponse de LE-COLIBRI

La beauté est un état d' esprit,
une vibration, une douceur, une émotion
qui s' offre à celui qui ouvre son coeur
et demeure attentif à ce qui l' entoure.
Ainsi, un regard, un sourire, une geste, un endroit
peut émouvoir tout autant qu' une musique
et susciter un instant de félicité.

En cette fin d' année douloureuse
et à la veille d' une année nouvelle
je vous souhaite d' être attentif
aux instants de beauté qui nous entourent
et d' être heureux.

LE-COLIBRI

Réponse de JOLI DRAGON

le confinement a eu cet effet benefique sur les gens ....le fait d etre limité en sortie a permis à certains de voir à quel point la nature leur manque ..beaucoup ont appris à apprecier ce qui les entoure.....les oiseaux les plantes les arbres .........tout est changer ..meme les relations familiales et amicales prennent un air nouveau....
MERCI A TOI COLIBRI pour ces gentils messages ..Merci à ceux et celles qui partagent ces textes empruntés ou personnels .....c'est toujours un plaisir de vous lire .....

Réponse de bleuette

OSCAR V. DE L. MILOSZ
Chant de la Lointaine (Fragment)


Je serai, dans ton coeur, l'été sans fin des îles
Du Sud, un paysage vierge où tes accords
Connaîtront la beauté de se sentir dociles
Au rythme élyséen des lignes de mon corps ;

Je serai le sanglot de la bonne fontaine
Où toute soif d'amour boit les couleurs du soir,
Et tu t'étonneras de trouver la Lointaine
À la première étape, en ton chemin d'espoir !

Je serai ta Forêt, tes Nuages, ta Plaine,
Tout ce qui sourira de te revoir si grand,
Car la mort des printemps fit douce mon haleine,
Dernier effort de brise en un jardin dormant ;

Je quitterai pour toi le vitrail du soleil
Et tu me trouveras assise sur ta couche
La rose du silence au coin de cette bouche
Et dans ces mains de miel la coupe du sommeil.

À ton recueillement je serai solitude,
À ton labeur, silence ; et je t'enseignerai
À façonner tes vers selon les attitudes
Des cygnes riverains, anges des cieux sombrés.

Je serai l'heure franche où tintent les matines,
L'odeur de l'ombre et de la terre quand il pleut,
La voix des moissonneurs derrière les collines,
Toute la joie immense en pleurs de l'été bleu ;

Et je serai la nuit ! ma robe est la poussière
Des noctuelles d'or sous la lune moirée ...
Le battement muet et lent de mes paupières
Est un essaim dormant de mirtils des forêts.

Réponse de bleuette

ALBERT MÉRAT
L'Image

Comme la main distraite et qui n'a pas de thème
Précis, par la vertu secrète d'un aimant,
Décrit, sans y songer et machinalement,
Un contour au hasard jeté, toujours le même ;

Ainsi va ma pensée, et l'éternel problème
De l'amour la ramène à tracer constamment
Dans le cadre naïf d'un ovale charmant
Un sourire indécis et les chers yeux que j'aime.

Et souvent, dans l'azur profond des soirs d'hiver,
Lorsque la lune au front du paysage clair
Pose comme un décor sa lueur métallique,

Seul, dans l'apaisement des soirs silencieux,
Suivant l'éclosion lente et mélancolique
Des étoiles, j'ai pu reconnaître ses yeux.

Réponse de bleuette

Matin d'hiver
Isabelle Callis-Sabot

La brume conservait un goût de rêve étrange,
Déliant la candeur des secrets de la nuit,
Elle mêlait ainsi le soleil et l'ennui
Sous le voile infini de son aile d'archange ;

Déliant la candeur des secrets de la nuit
La neige regardait l'étoile ou le nuage,
Pâle comme un soupir, triste comme un naufrage,
Elle mêlait ainsi le soleil et l'ennui ;

La neige regardait l'étoile ou le nuage
Lorsque je m'éveillai dans le petit matin
Bercée par la douceur d'un rayon de satin ...
Pâle comme un soupir, triste comme un naufrage.

Réponse de Flavynette

La blanche neige

Les anges les anges dans le ciel
L'un est vêtu en officier
L'un est vêtu en cuisinier
Et les autres chantent

Bel officier couleur du ciel
Le doux printemps longtemps après Noël
Te médaillera d'un beau soleil
D'un beau soleil

Le cuisinier plume les oies
Ah ! tombe neige
Tombe et que n'ai-je
Ma bien-aimée entre mes bras

Guillaume Apollinaire, Alcools, 1913

Réponse de bleuette

CLAUDE DEBUSSY


La nuit a des douceurs de femme !
Et les vieux arbres, sous la lune d'or, songent
À celle qui vient de passer la tête emperlée,
Maintenant navrée !
À jamais navrée !
Ils n'ont pas su lui faire signe...

Toutes ! Elles ont passé
Les Frêles,
Les Folles,
Semant leur rire au gazon grêle,
Aux brises frôleuses
La caresse charmeuse
Des hanches fleurissantes !
Hélas ! de tout ceci, plus rien qu'un blanc frisson...

Les vieux arbres sous la lune d'or, pleurent
Leurs belles feuilles d'or.
Nul ne leur dédiera plus la fierté des casques d'or
Maintenant ternis !
À jamais ternis !
Les chevaliers sont morts sur le chemin du Graal !

La nuit a des douceurs de femme !
Des mains semblent frôler les âmes,
Mains si folles, si frêles !
Au temps où les épées chantaient pour Elles !
D'étranges soupirs s'élèvent sous les arbres
Mon âme ! c'est du rêve ancien qui t'étreint !

Réponse de bleuette

Villebramar

ne dis à personne
Les poèmes qui te ressemblent
ni si le ciel est bleu ou gris
ne dis
que le silence du ruisseau

ne dis à personne
la couleur de l'arbre, et le chevreuil
qui fuit
à personne
les jours que dieu a fait pour nos revoirs
ni la patience longue, lorsque vient le temps
de l'absence

ne dis à personne
le lieu ni l'heure
de notre première rencontre
ni le flamboiement de l'été
non plus
les moments de doute
quand la vie te semblait si lourde

ne dis à personne
la découverte de ton corps
ce jour de grand soleil
pas même à moi
ni ce que ressentais fermant les yeux
si le ciel était gris, ou bleu
ni la patience longue, lorsque vint le temps
de l'absence

ne dis à personne
le jour où Amandine nous quitta sans bruit
de cela jamais ne parlons
ni quand le ciel est bleu ou gris
ni la patience longue, après que fût venu le temps
de son absence
ni la couleur de l'arbre, ni le chevreuil
qui alors s'est enfui

ne dis à personne
ni le pourquoi ni le comment de notre histoire
ni quand la pluie d'hiver nous fait douter
que vienne un jour l'été
après
ni la patience longue, lorsque est venu le temps
de l'absence

Réponse de bleuette

Voeux Jacques Brel 1968

Je vous souhaite de souhaiter.
Je vous souhaite de désirer.
Le bonheur, c'est déjà vouloir.

Comme en droit pénal, l'intention vaut l'action.
Le seul fait de rêver est déjà très important.

Je vous souhaite des rêves à n'en plus finir.
Et l'envie furieuse d'en réaliser queques-uns.

Je vous souhaite d'aimer ce qu'il faut aimer,
et d'oublier ce qu'il faut oublier.

Je vous souhaite des passions.
Je vous souhaite des silences.

Je vous souhaite des chants d'oiseaux au réveil,
et des rires d'enfants.

Je vous souhaite de respecter les différences des autres
parce que le mérite et la valeur de chacun sont souvent à découvrir

Je vous souhaite de résister à l'enlisement,
à l'indifférence
et aux vertus négatives de notre époque.

Je vous souhaite enfin de ne jamais renoncer à la recherche,
à l'aventure, à la vie, à l'amour, 
car la vie est une magnifique aventure et nul de raisonnable
ne doit y renoncer sans livrer une rude bataille.

Je vous souhaite surtout d'être vous, fier de l'être et heureux,
car le bonheur est notre destin véritable. 

Réponse de bleuette

La ronde des mois

Janvier prend la neige pour châle ;
Février fait glisser nos pas ;
Mars de ses doigts de soleil pâle,
Jette des grêlons aux lilas.
Avril s'accroche aux branches vertes ;

Mai travaille aux chapeaux fleuris ;
Juin fait pencher la rose ouverte
prés du beau foin qui craque et rit.
Juillet met les oeufs dans leurs coques
Août sur les épis mûrs s'endort ;

Septembre aux grands soirs équivoques,
Glisse partout ses feuilles d'or.
Octobre a toutes les colères,
Novembre a toutes les chansons
Des ruisseaux débordant d'eau claire,
Et Décembre a tous les frissons.

Rosemonde GÉRARD ROSTAND

Réponse de bleuette

Abbé Pierre

C'est beau une main tendue vers ...
Non pour prendre ... juste donner
Une main caresse sur un front fatigué
Une main fraîcheur sur un coeur brûlé
Une main douceur sur un corps brisé
C'est chaud une main ouverte
Aux armes qui s'y déposent
Aux larmes qui s'y reposent
Aux cris qui s'y posent
C'est cadeau
Une main offerte ! On n'est jamais heureux
que dans le bonheur qu'on donne.
Donner c'est recevoir . . .

Réponse de bleuette

Jacques Prévert

Le bonheur, en partant, m'a dit qu'il reviendrait ...
Que quand la colère hisserait le drapeau blanc, il comprendrait...
Le temps du pardon et du calme revenu, il saurait
Retrouver le chemin de la sérénité, de l'arc-en-ciel et de l'après...
Le bonheur, en partant, m'a promis de ne jamais m'abandonner,
De ne pas oublier les doux moments partagés,
Et d'y écrire une suite en plusieurs volumes reliés,
Tous dédiés à la gloire du moment présent à respirer...

Le bonheur, en partant, m'a fait de grands signes de la main,
Comme des caresses pleines de promesses sur mes lendemains,
Il m'a adressé ses meilleurs voeux sur mon destin qui s'en vient,
Et je crois en lui bien plus qu'en tous les devins...
Le bonheur est un ange aux ailes fragiles, un colosse aux pieds d'argile,
Il a besoin d'air, de lumière, de liberté et d'une terre d'asile,
Je veux être son antre dès ses premiers babils,
Pour peu qu'il me le permette, le bonheur n'est jamais un projet futile...

Le bonheur, en partant, avait le coeur aussi serré que le mien,
Son sourire en bandoulière, il est parti vers d'autres chemins,
Rencontrer ses pairs au détour des larmes et des chagrins,
Que versent pour un rien, tous ces pauvres humains...
Le bonheur, est parti, missionnaire, rallier d'autres fidèles,
Il veut plaider sa cause et convertir tous les rebelles,
Leur montrer à eux aussi, combien la vie est belle,
Si on lui laisse assez de place pour l'orner de ses dentelles.

Le bonheur, en partant, m'a fait un clin d'oeil,
Je sais qu'il reviendra, je ne porte pas son deuil,
Il ne fuit pas, il s'en va conquérant réparer d'autres écueils,
Pour me revenir encore plus grand, se reposer dans mes fauteuils...
Le bonheur, en partant, ne me quitte pas vraiment...
Je sais que même de loin, il éveille mes sentiments,
Il entend mes hésitations et m'oriente résolument et surement,
Le bonheur est une étoile qui me guide par tous les temps...

Réponse de bleuette

Jules RENARD

LES VERS LUISANTS

Le soir tombe sur le bois fatigué.
Les oiseaux rentrent et se cherchent dans les feuilles,
qui ne font pas plus de bruit que leurs ailes.
Ils voudraient bien y voir un peu.
Mais les étoiles sont trop loin
et la lune ne descend pas assez près.
En outre, le rouge des cenelles et des gratte-culs est insuffisant.
Soudain, pour éclairer leurs amours,
savante à composer la gamme des lueurs,
la mousse entremetteuse allume tous ses vers.

Réponse de bleuette

FRANCIS CARCO
Berceuse

Ce lent et cher frémissement,
C'est la pluie douce dans les feuilles.
Elle s'afflige et tu l'accueilles
Dans un muet enchantement.

Le vent s'embrouille avec la pluie,
Tu t'exaltes ; moi, je voudrais
Mourir dans ce murmure frais
D'eau molle que le vent essuie !

C'est la pluie qui sanglote, c'est
Le vent qui pleure, je t'assure...
Je meurs d'une exquise blessure
Et tu ne sais pas ce que c'est.

Réponse de bleuette

L'ÉTERNELLE VARIANTE

PAR CLAUDE SERNET

Voici des mots, des mots encore
Des mots toujours, des mots quand même
Des mots pour croire à notre amour
Des mots pour joindre le bonheur ...

Des mots qui m'ont appris à vivre
Des mots qui sont déjà la vie
Des mots qui m'ont vanté la mort
Des mots qui ne seront jamais ...

Des mots de joie et de lumière
Des mots refaits à ton image
Des mots d'ivresse et de ferveur
Des mots pétris selon ta voix ...

Des mots de doute et de reproche
Des mots que le silence égare
Des mots d'angoisse et de regret
Des mots que la douleur ternit ...

Des mots d'espoir, des mots d'alarme
Des mots d'oubli, des mots de rêve
Des mots de chair, des mots de sang
Des mots, des mots - voici des mots ...

Découvre-les (miroir du vide
Que je remplis de ta présence)
Ces mots nommés, ces mots sans nom
Plus beaux d'un chant, plus vrais d'un cri ...

Si traîtres de s'offrir ensemble
De s'accorder, de se répondre
Si prometteurs d'attendre seuls
Se déchirant, se refusant ...

Peut-être qu'ils voudront te dire
A toi voulant les reconnaître
Les accueillir, les recevoir
Et les garder comme un refrain ...

Peut-être qu'ils sauront te dire
Par d'autres lèvres que les miennes
Par d'autres jeux moins tâtonnants
Le sens aveugle qu'ils m'ont tu .

Réponse de bleuette

LUC BÉRIMONT

La nuit d'aube

Une rose a percé la pierre de la neige
Une rose a percé la pierre de l'hiver
Galopez dans le ciel, chevaux blancs des cortèges
Une rose a percé la pierre de la neige.

Une rose a tremblé sur la paille, à l'auberge
L'ange au gantelet noir roule sous les sapins
Une rose a tremblé, plus frileuse qu'un cierge
La neige lacérait le ciel ultramontain.

Édifice du temps un enfant vous renverse
Une rose, une lampe, une larme au matin.
Il suffit d'un baiser qui réchauffe la neige
Et notre rose à nous brûle déjà ta main.

Réponse de bleuette

Jean FERRAT


"D'OU QUE VIENNE L'ACCORDEON"
Paroles Claude Delécluse
Musique Jean Ferrat

D'où que vienne l'accordéon
D'Amsterdam ou de la Baltique
Il connaît toutes les musiques
Il connaît toutes les chansons

Il a l'âme sentimentale
Mais le coeur international
L'accordéon des vieux faubourgs
Qui joue la peine et puis l'amour
Il a chanté à Varsovie
En Ukraine et en Roumanie
Il a bercé la vieille Europe
Devant un verre ou une chope
Il dit encore il dit quand même
Que le sang qui bat dans nos veines
Que le sang qui bat dans nos coeurs
A partout la même couleur

D'où que vienne l'accordéon
D'Amsterdam ou de la Baltique
Il connaît toutes les musiques
Il connaît toutes les chansons

Lui qui sait combien de drapeaux
Se sont couchés à Waterloo
Et que la chanson des soldats
Finit souvent la tête en bas
Il sait tout ça et plus encore
Et c'est pour ça qu'il crie si fort
Que rien n'est plus beau que l'amour
Et qu'il faudra bien un beau jour
Que tous les gens de la planète
Qu'ils soient de Chine ou de perpette
Reprennent en choeur la chanson
Que chantent les accordéons

D'où que vienne l'accordéon
D'Amsterdam ou de la Baltique
Il connaît toutes les musiques
Il connaît toutes les chansons

Réponse de bleuette

PAUL VERLAINE
Après trois ans


Ayant poussé la porte étroite qui chancelle,
Je me suis promené dans le petit jardin
Qu'éclairait doucement le soleil du matin,
Pailletant chaque fleur d'une humide étincelle.

Rien n'a changé. J'ai tout revu : l'humble tonnelle
De vigne folle avec les chaises de rotin...
Le jet d'eau fait toujours son murmure argentin
Et le vieux tremble sa plainte sempiternelle.

Les roses comme avant palpitent ; comme avant,
Les grands lys orgueilleux se balancent au vent.
Chaque alouette qui va et vient m'est connue.

Même j'ai retrouvé debout la Velléda
Dont le plâtre s'écaille au bout de l'avenue,
Grêle, parmi l'odeur fade du réséda.

Réponse de bleuette

BERNARD DELVAILLE

Pluies du souvenir
pluies à odeur d'arum
imperceptible et pâle
pluies sur la ville
et sur l'aéroport violet ...

pluie tropicale ô bienfaisante pluie
épée de lumière hortensia de silence
Litanie de la première ondée du crépuscule
solennité cérémonial protocole ...

Étoiles lavandières aux longues herbes bleues
O catastrophée
Aquarelle des toits après l'averse
Ardoise bleu lavande grise gorge de tourterelle ...

Laveuses aux clavecins de la pluie
confins estuaires et ces rues d'août
dans les odeurs des barbecues
O amoureuse ...

Réponse de bleuette

Perles du soir

Je partis chercher refuge
dans le silence des montagnes.
Les étoiles, petits papillons de lumière,
jouaient paisiblement
agitant leurs ailes de lucioles
dans l'azur obscur des cieux.

Le vent chuchotait aux arbres
de douces choses
et la rosée de l'ombre déposait
en secret
une à une
sur les roses de mon coeur
les perles opalines du soir,
couronne ornant d'espoir
mon lendemain solitaire.

© Monique-Marie Ihry

Réponse de bleuette

Maurice CARÊME
L'ÉCOLE

L'école était au bord du monde,
L'école était au bord du temps.
Au-dedans, c'était plein de rondes ;
Au-dehors, plein de pigeons blancs...

On y racontait des histoires
Si merveilleuses qu'aujourd'hui,
Dès que je commence à y croire,
Je ne sais plus bien où j'en suis...

Des fleurs y grimpaient aux fenêtres
Comme on n'en trouve nulle part,
Et, dans la cour gonflée de hêtres,
Il pleuvait de l'or en miroirs...

Sur les tableaux d'un noir profond,
Voguaient de grandes majuscules
Où, de l'aube au soir, nous glissions
Vers de nouvelles péninsules...

L'école était au bord du monde,
L'école était au bord du temps.
Ah ! que ne suis-je encor dedans
Pour voir, au-dehors, les colombes

Réponse de bleuette

Annie Van de Vyver
Veilleuse fragile

 La poésie, c'est quoi,
C'est qui ? Pour quoi ? Pour qui ?

C'est offrir à la plume,
C'est faire cadeau à l'encre
De tempos et de rythmes,
D'odes et des silences
De toutes les couleurs,
De chants d'un arc-en-ciel ...

Un gris matin d'hiver,
D'un coucher de soleil
Pris en flagrant délit,
Tout rosé, tout rosi ;
Des émotions qui peinent,
Des sentiments qui rient ...

Des mots qui s'entrechoquent,
Des pauses qui soupirent,
Des rondes qui s'accrochent,
Mélodies en délire ...

Doux sourires fragiles
Etoilés comme espoir
Des lèvres, îles lointaines,
Des mains comme des fils
Qui soutiennent la vie ...

Qui retiennent le monde
Empêchant qu'il ne tombe.
Dans un coeur qui s'éteint
Et qui perd tout repère,
Dans un coeur qui étreint
Et deux bras qui attendent ...

En rêve, juste en rêve,
Pour protéger du sort
Des douleurs lointaines
Comme un volcan se lève
Et crache son venin

Réponse de bleuette

Paul-Jean Toulet

Douce plage où naquit mon âme ;
Et toi, savane en fleurs
Que l'Océan trempe de pleurs
Et le soleil de flamme ...

Douce aux ramiers, douce aux amants,
Toi de qui la ramure
Nous charmait d'ombre, et de murmure,
Et de roucoulements ...

Où j'écoute frémir encore
Un aveu tendre et fier ...
Tandis qu'au loin riait la mer
Sur le corail sonore.

Réponse de bleuette

JOSEPH BRODSKY

Entends-tu, entends-tu dans les taillis le chant des enfants,
ces voix qui s'élèvent au-dessus des arbres d'argent
se perdent dans la nuit prochaine, se taisent lentement
et se confondent avec le ciel qu'efface la nuit...

Les fils brillants de la pluie s'entrelacent aux arbres
et bruissent en silence dans l'herbe blanche,
entends-tu leurs voix, as-tu vu leurs cheveux aux peignes rouges,
et leurs paumes ouvertes, tendues vers le feuillage humide ?...

.... Passent les nuages, les nuages passent et meurent. ....
Ainsi chantent les enfants et les branches noires murmurent,
les voix volent effarouchées, entre les futs
obscurs vers la nuit prochaine, sans retour...

Les feuilles humides volent vers le vent, jaillissent
des buissons, s'enfuient, comme un appel venu de l'automne lointain.
.... Passent les nuages....chantent la nuit les enfants de la nuit.
De l'herbe aux sommets, le monde n'est plus que battement,
tremblement de la voix...

Quand passent les nuages, passe et s'envole la vie.
Nous portons en nous notre mort, nuages
gonflés de voix et d'amour entre les branches noires.
.... Passent les nuages .... les enfants chantent le monde.

Entends-tu, entends-tu dans les taillis les chants des enfants ?
Les fils brillants de la pluie s'entrelacent, voix sonores,
voix éphémères près des monts étroits où les ténèbres
nouvelles envahissent les cieux moribonds.

Passent les nuages, passent les nuages au dessus des taillis.
Quelque part l'eau fuit, il suffit de chanter
et de pleurer le long des clôtures de l'automne,
de regarder toujours plus haut, de sangloter sans fin,
d'être un enfant de la nuit,
de regarder toujours plus haut, de chanter et de pleurer,
d'ignorer les larmes.

Quelque part l'eau fuit le long des clôtures de l'automne et des arbres obscurs,
cri dans les ténèbres nouvelles, il suffit de chanter
et de pleurer de replier son feuillage.
Au-dessus de nous, une ombre passe et meurt,
il suffit de chanter et de pleurer, il suffit de vivre.

Réponse de bleuette

La neige tombe
Toute blanche dans la nuit brune
La neige tombe en voletant,
Ô pâquerettes! une à une
Toutes blanches dans la nuit brune !

Qui donc là-haut plume la lune ?
Ô frais duvet ! flocons flottants !
Toute blanche dans la nuit brune
La neige tombe en voletant.
La neige tombe, monotone,
Monotonement, par les cieux ;

Dans le silence qui chantonne,
La neige tombe monotone,
Elle file, tisse, ourle et festonne
Un suaire silencieux.
La neige tombe, monotone,
Monotonement par les cieux.

Jean Richepin

Réponse de bleuette

Décembre

.. Ouvrez, les gens, ouvrez la porte,
je frappe au seuil et à l'auvent,
ouvrez, les gens, je suis le vent,
qui s'habille de feuilles mortes...

.. Entrez, monsieur, entrez, le vent,
voici pour vous la cheminée
et sa niche badigeonnée ;
entrez chez nous, monsieur le vent...

.. Ouvrez, les gens, je suis la pluie,
je suis la veuve en robe grise
dont la trame s'indéfinise,
dans un brouillard couleur de suie...

.. Entrez, la veuve, entrez chez nous,
entrez, la froide et la livide,
les lézardes du mur humide
s'ouvrent pour vous loger chez nous...

.. Levez, les gens, la barre en fer,
ouvrez, les gens, je suis la neige,
mon manteau blanc se désagrège
sur les routes du vieil hiver...

.. Entrez, la neige, entrez, la dame,
avec vos pétales de lys
et semez-les par le taudis
jusque dans l'âtre où vit la flamme...

Car nous sommes les gens inquiétants
qui habitent le Nord des régions désertes,
qui vous aimons .. dites, depuis quels temps ? ..
pour les peines que nous avons par vous souffertes.

Emile Verhaeren

Réponse de bleuette

L'albatros

Charles Baudelaire

Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers
.
A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d'eux.

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid !
L'un agace son bec avec un brûle-gueule,
L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait !

Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l'archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.

Réponse de bleuette

Sappho
SUR LA ROSE.

Si Jupiter voulait donner une reine aux fleurs
la rose serait la reine de toutes les fleurs...

Elle est l'ornement de la terre, la plus belle des plantes,
l'oeil des fleurs, l'émail des prairies,
une beauté toujours suave et éclatante ...

elle exhale l'amour, attire et fixe Vénus :
toutes ses feuilles sont charmantes  ...

son bouton vermeil s'entr'ouvre avec une grâce infinie
et sourit délicieusement aux zéphirs amoureux...

Réponse de bleuette

Annie Van de Vyver

L'infini pleurait ... la beauté se souvenait ... je rentrais mes larmes ... 

Du bout des yeux ... la fleur admire la beauté dédaigneuse du papillon ... 

Le cri de l'effraie ... dame blanche des clochers ... dilate l'espace ... 

**********
Ce sont les petites choses qui occupent les espaces les plus profonds du coeur.
Comme les trésors cachés, les petits gestes, les mots délicats,
les authentiques gestes d'amour, sont ceux que nous porterons à jamais à l'intérieur..

Anton Vanligt

Réponse de bleuette

ALEXANDRE POUCHKINE
Stances

Avez-vous vu la tendre rose,
L'aimable fille d'un beau jour,
Quand au printemps à peine éclose,
Elle est l'image de l'amour ?

Telle à nos yeux, plus belle encore,
Parut Eudoxie aujourd'hui :
Plus d'un printemps la vit éclore,
Charmante et jeune comme lui.

Mais, hélas ! les vents, les tempêtes
Ces fougueux enfants de l'hiver,
Bientôt vont gronder sur nos têtes,
Enchaîner l'eau, la terre et l'air.

Et plus de fleurs et plus de rose,
L'aimable fille des amours
Tombe fanée, à peine éclose :
Il a fui, le temps des beaux jours !

Eudoxie, aimez ! Le temps presse ;
Profitez de vos jours heureux
Est-ce dans la froide vieillesse
Que de l'amour on sent les feux !

Réponse de bleuette

Victor HUGO

Au point du jour, souvent en sursaut, je me lève,
Éveillé par l'aurore, ou par la fin d'un rêve,
Ou par un doux oiseau qui chante, ou par le vent.

Et vite je me mets au travail, même avant
Les pauvres ouvriers qui près de moi demeurent.

La nuit s'en va. Parmi les étoiles qui meurent
Souvent ma rêverie errante fait un choix.
Je travaille debout, regardant à la fois
Éclore en moi l'idée et là-haut l'aube naître.

Je pose l'écritoire au bord de la fenêtre
Que voile et qu'assombrit, comme un antre de loups,
Une ample vigne vierge accrochée à cent clous,

Et j'écris au milieu des branches entr'ouvertes,
Essuyant par instants ma plume aux feuilles vertes.

Réponse de bleuette

Charles Singer.
"Visages de lumière."



Il y a des personnes
qui sont comme des lumières.
Des clartés :
elles font lever les yeux.
Quand on les regarde
c'est comme une invitation à se redresser,
à quitter les positions assises de l'habitude.
À grimper sur la montagne avec elles.
À devenir un autre.
À suivre leurs traces pour devenir soi-même
dans le total épanouissement
des beautés cachées en nous.

Dans la vie,
beaucoup dépend des personnes
que l'on choisit de regarder.
Puisque d'une certaine façon
on décide de les suivre.
Puisque d'avance on sait
qu'elles vont nous entraîner.
Puisque d'une certaine façon,
on se prépare à leur ressembler.

Pas à les imiter ! Jamais !
Mais à inventer soi-même sa vie
en se laissant éclairer.

Si on regarde celui
qui ne craint pas de parler avec courage
pour dévoiler les injustices
et les méchancetés,
ou celle qui agit
pour que chacun soit respecté...

Si on regarde celui ou celle
qui est toujours prêt(e) à rendre service,
à faire passer l'autre avant lui,
qui donne sans compter,
qui partage et lutte contre la pauvreté...

Si on regarde celui ou celle
qui met le sourire sur les lèvres,
qui n'utilise pas le coup de griffes,
qui place la bonté et la tolérance
dans son regard et ses paroles,
qui ne juge pas...

En regardant toujours la lumière,
elle finit par se poser sur le visage,
elle y reste et le transfigure.

Réponse de bleuette

GEORGES RODENBACH

Silence : c'est la voix qui se traîne, un peu lasse,
De la dame de mon Silence, à très doux pas
Effeuillant les lys blancs de son teint dans la glace ;

Convalescente à peine, et qui voit tout là-bas
Les arbres, les passants, des ponts, une rivière
Où cheminent de grands nuages de lumière,

Mais qui, trop faible encore, est prise tout à coup
D'un ennui de la vie et comme d'un dégoût
Et, ... plus subtile, étant malade, ... mi brisée,
Dit : " Le bruit me fait mal ; qu'on ferme la croisée ... "

Réponse de Ermelinde

Les Fenêtres
Guillaume Apollinaire

Du rouge au vert tout le jaune se meurt

Quand chantent les aras dans les forêt natales

Abatis de pihis

Il y a un poème à faire sur l'oiseau qui n'a qu'une aile

Nous l'enverrons en message téléphonique

Traumatisme géant

Il fait couler les yeux

Voilà une jolie jeune fille parmi les jeunes Turinaises

Le pauvre jeune homme se mouchait dans sa cravate blanche

Tu soulèveras le rideau

Et maintenant voilà que s'ouvre la fenêtre

Araignées quand les mains tissaient la lumière

Beauté pâleur insondables violets

Nous tenterons en vain de prendre du repos

On commencera à minuit

Quand on a le temps on a la liberté

Bigorneaux Lottes multiples Soleils et l'Oursin du couchant

Une vieille paire de chaussures jaunes devant la fenêtre

Tours

Les tours ce sont les rues

Puits

Puits ce sont les places

Puits

Arbres creux qui abritent les Câpresses vagabondes

Les Chabins chantent des airs à mourir

Aux Chabines marronnes

Et l'oie oua-oua trompette au nord

Où les chasseurs de ratons

Raclent les pelleteries

Étincelant diamant

Vancouver

Où le train blanc de neige et de feux nocturnes fuit l'hiver

O Paris

Du rouge au vert tout le jaune se meurt

Paris Vancouver Hyères Maintenon New-York et les Antilles

La fenêtre s'ouvre comme une orange

Le beau fruit de la lumière

Guillaume Apollinaire, Ondes, Calligrammes 1918

LE GENIE POÉTIQUE DE GUILLAUME APOLLINAIRE ..Sa POÉSIE MODERNE.. EN PROSE.. .SANS PONCTUATION ..MAIS UNE PURE MUSIQUE :!

yareg, 25/01/2021 00:11 :
;))) Merci Linde, Bleuette et Toutes ( majoritaires mais non pas majorettes ici ! )

Réponse de bleuette

GÉRARD DE NERVAL
Le temps
Ode

I
Le Temps ne surprend pas le sage ;
Mais du Temps le sage se rit,
Car lui seul en connaît l'usage ;
Des plaisirs que Dieu nous offrit,
Il sait embellir l'existence ;
Il sait sourire à l'espérance,
Quand l'espérance lui sourit.

II


Le bonheur n'est pas dans la gloire,
Dans les fers dorés d'une cour,
Dans les transports de la victoire,
Mais dans la lyre et dans l'amour.
Choisissons une jeune amante,
Un luth qui lui plaise et l'enchante ;
Aimons et chantons tour à tour !
III


" Illusions ! vaines images ! "
Nous dirons les tristes leçons
De ces mortels prétendus sages
Sur qui l'âge étend ses glaçons ;
« Le bonheur n'est point sur la terre,
Votre amour n'est qu'une chimère,
Votre lyre n'a que des sons ! »

IV


Ah ! préférons cette chimère
À leur froide moralité ;
Fuyons leur voix triste et sévère ;
Si le mal est réalité,
Et si le bonheur est un songe,
Fixons les yeux sur le mensonge,
Pour ne pas voir la vérité.
V


Aimons au printemps de la vie,
Afin que d'un noir repentir
L'automne ne soit point suivie ;
Ne cherchons pas dans l'avenir
Le bonheur que Dieu nous dispense ;
Quand nous n'aurons plus l'espérance,
Nous garderons le souvenir.

VI

Jouissons de ce temps rapide
Qui laisse après lui des remords,
Si l'amour, dont l'ardeur nous guide,
N'a d'aussi rapides transports :
Profitons de l'adolescence,
Car la coupe de l'existence
Ne pétille que sur ses bords !

Réponse de bleuette

Les battements de nos coeurs,
c'est rien d'autre que les murmures de tous ceux qui habitent dedans.
Quand il n'y a plus personne, il s'arrête de battre.
Il faut un grand coeur pour y mettre tous les gens qu'on aime,
et laisser de la place à tous ceux qu'on va aimer,
mais qu'on ne connaît pas encore...

Ondine Khayat

Réponse de bleuette

J'attends

Comme les oiseaux
J'attends le printemps,
Le chant des moineaux
La douceur du vent...

La sensation du soleil
Me caressant la peau,
Sortir d'un long sommeil
Que dehors il fasse beau...

Des lendemains sans pareil
Où s'envoleraient les maux,
La belle saison en éveil
Ôtant son blanc manteau...

Contempler toutes merveilles
Dans un champ de coquelicots,
Aux rouges couleurs vermeilles
Mais il est encore trop tôt !

Dauphin Laurence

Réponse de bleuette

THÉODORE DE BANVILLE.

Viens. Sur tes cheveux noirs jette un chapeau de paille.
Avant l'heure du bruit, l'heure où chacun travaille,
Allons voir le matin se lever sur les monts
Et cueillir par les prés les fleurs que nous aimons
Sur les bords de la source aux moires assouplies,
Les nénufars dorés penchent des fleurs pâlies,
Il reste dans les champs et dans les grands vergers,
Comme un écho lointain des chansons des bergers,
Et, secouant pour nous leurs ailes odorantes
Les brises du matin, comme des soeurs errantes,
Jettent déjà vers toi, tandis que tu souris,
L'odeur du pêcher rose et des pommiers fleuris.

Réponse de bleuette

Alphonse de LAMARTINE

Le lac

Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,
Dans la nuit éternelle emportés sans retour,
Ne pourrons-nous jamais sur l'océan des âges
Jeter l'ancre un seul jour ?

Ô lac ! l'année à peine a fini sa carrière,
Et près des flots chéris qu'elle devait revoir,
Regarde ! je viens seul m'asseoir sur cette pierre
Où tu la vis s'asseoir !

Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes,
Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés,
Ainsi le vent jetait l'écume de tes ondes
Sur ses pieds adorés.

Un soir, t'en souvient-il ? nous voguions en silence ;
On n'entendait au loin, sur l'onde et sous les cieux,
Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence
Tes flots harmonieux.

Tout à coup des accents inconnus à la terre
Du rivage charmé frappèrent les échos ;
Le flot fut attentif, et la voix qui m'est chère
Laissa tomber ces mots :

" Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !
Suspendez votre cours :
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours !

" Assez de malheureux ici-bas vous implorent,
Coulez, coulez pour eux ;
Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent ;
Oubliez les heureux.

" Mais je demande en vain quelques moments encore,
Le temps m'échappe et fuit ;
Je dis à cette nuit : Sois plus lente ; et l'aurore
Va dissiper la nuit.

" Aimons donc, aimons donc ! de l'heure fugitive,
Hâtons-nous, jouissons !
L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive ;
Il coule, et nous passons ! "

Temps jaloux, se peut-il que ces moments d'ivresse,
Où l'amour à longs flots nous verse le bonheur,
S'envolent loin de nous de la même vitesse
Que les jours de malheur ?

Eh quoi ! n'en pourrons-nous fixer au moins la trace ?
Quoi ! passés pour jamais ! quoi ! tout entiers perdus !
Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface,
Ne nous les rendra plus !

Éternité, néant, passé, sombres abîmes,
Que faites-vous des jours que vous engloutissez ?
Parlez : nous rendrez-vous ces extases sublimes
Que vous nous ravissez ?

Ô lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure !
Vous, que le temps épargne ou qu'il peut rajeunir,
Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,
Au moins le souvenir !

Qu'il soit dans ton repos, qu'il soit dans tes orages,
Beau lac, et dans l'aspect de tes riants coteaux,
Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages
Qui pendent sur tes eaux.

Qu'il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe,
Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés,
Dans l'astre au front d'argent qui blanchit ta surface
De ses molles clartés.

Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,
Que les parfums légers de ton air embaumé,
Que tout ce qu'on entend, l'on voit ou l'on respire,
Tout dise : Ils ont aimé !

Réponse de bleuette

ALBERT SAMAIN

J'adore l'indécis, les sons, les couleurs frêles,
Tout ce qui tremble, ondule, et frissonne, et chatoie :
Les cheveux et les yeux, l'eau, les feuilles, la soie,
Et la spiritualité des formes grêles ;

Les rimes se frôlant comme des tourterelles,
La fumée où le songe en spirales tournoie,
La chambre au crépuscule, où Son profil se noie,
Et la caresse de Ses mains surnaturelles ;

L'heure de ciel au long des lèvres câlinée,
L'âme comme d'un poids de délice inclinée,
L'âme qui meurt ainsi qu'une rose fanée,

Et tel coeur d'ombre chaste, embaumé de mystère,
Où veille, comme le rubis d'un lampadaire,
Nuit et jour, un amour mystique et solitaire.

Réponse de Mémoire 88

je vous livre ce message en allemand qui parle de Tomi Ungerer et de sa chanson préférée "Die Gedanken Sind Frei " (Les pensées sont gratuites)
"This was a clip of Tomi singing his favourite song %u2013 Die Gedanken Sind Frei (Thoughts are Free). It was filmed in 2010 at the opening of the exhibition, Tomi Ungerer - Gedanken Bleiben Frei (Thoughts Remain Free) at the Osthofen Concentration Camp in Worms. It is an old German folk song, covered by many, including Pete Seegar in English. We sang it in English at Tomi's Irish funeral and in German at his Alsatian funeral. Tomi was in fact unaware of this song until he was creating the illustrations for the Liederbuch and sang it at every possible opportunity ever since. The lyrics are translated below %u2013 I let them speak for themselves!

"Die gedanken sind frei, my thoughts freely flower
Die gedanken sind frei, my thoughts give me power
No scholar can map them, no hunter can trap them
No man can deny, die gedanken sind frei
I think as I please and this gives me pleasure
My conscience decrees, this right I must treasure
My thoughts will not cater to duke or dictator
No man can deny %u2013 die gedanken sind frei
Tyrants can take me and throw me in prison
My thoughts will burst forth like blossoms in season
Foundations may crumble and structures may tumble
But free men shall cry %u2013 die gedanken sind frei""
pour ceux qui sont connectés Facebook https://www.facebook.com/tomiungerer.artist/videos/261046595392859

Réponse de bleuette

JEAN BOUHIER

À portée de la main
Un simple objet
Que l'on caresse

À la porte entrouverte
Un simple ami
Que l'on attend ...

À l'ombre du feuillage
Un simple oiseau
Que l'on nourrit

Au tournant du chemin
Un simple appel
Que l'on entend ...

À l'heure du sommeil
Un simple geste
Que l'on fait

Aux silences du coeur
Un simple cri
Que l'on écoute

Et pour l'amour
Un simple mot
Que l'on répète ...

Réponse de bleuette

RAÏSSA MARITAIN

Une branche sur l'oiseau
Chantait en perdant ses feuilles

L'automne tenait l'archet
Du violon qui gémissait

Dans le vent venu de l'ouest
Murmurant des choses tristes

Et l'oiseau pleurait tout seul
Fleurissant le sombre ormeau

De ses larmes en corolles
De cristal et d'or nouveau

Et la branche et le moineau
Dans la brume pure et grise
Ont marié leur nostalgie
Au mystère de la nuit.

Réponse de bleuette

GUILLAUME APOLLINAIRE
La cueillette


Nous vînmes au jardin fleuri pour la cueillette.
Belle, sais-tu combien de fleurs, de roses-thé,
Roses pâles d'amour qui couronnent ta tête,
S'effeuillent chaque été ?

Leurs tiges vont plier au grand vent qui s'élève.
Des pétales de rose ont chu dans le chemin.
Ô Belle, cueille-les, puisque nos fleurs de rêve
Se faneront demain !

Mets-les dans une coupe et toutes portes doses,
Alanguis et cruels, songeant aux jours défunts,
Nous verrons l'agonie amoureuse des roses
Aux râles de parfums.

Le grand jardin est défleuri, mon égoïste,
Les papillons de jour vers d'autres fleurs ont fui,
Et seuls dorénavant viendront au jardin triste
Les papillons de nuit.

Et les fleurs vont mourir dans la chambre profane.
Nos roses tour à tour effeuillent leur douleur.
Belle, sanglote un peu ... Chaque fleur qui se fane,
C'est un amour qui meurt !

Réponse de bleuette

Victor HUGO

Mes vers fuiraient, doux et frêles,
Vers votre jardin si beau,
Si mes vers avaient des ailes,
Des ailes comme l'oiseau.

Il voleraient, étincelles,
Vers votre foyer qui rit,
Si mes vers avaient des ailes,
Des ailes comme l'esprit.

Près de vous, purs et fidèles,
Ils accourraient nuit et jour,
Si mes vers avaient des ailes,
Des ailes comme l'amour.

Réponse de bleuette

LOUIS BOUILHET
Le Tung-whang-fung

La fleur Ing-wha, petite et pourtant des plus belles,
N'ouvre qu'à Ching-tu-fu son calice odorant ;
Et l'oiseau Tung-whang-fung est tout juste assez grand
Pour couvrir cette fleur en tendant ses deux ailes.

Et l'oiseau dit sa peine à la fleur qui sourit,
Et la fleur est de pourpre, et l'oiseau lui ressemble,
Et l'on ne sait pas trop, quand on les voit ensemble,
Si c'est la fleur qui chante, ou l'oiseau qui fleurit.

Et la fleur et l'oiseau sont nés à la même heure,
Et la même rosée avive chaque jour
Les deux époux vermeils, gonflés du même amour.
Mais quand la fleur est morte, il faut que l'oiseau meure.

Alors, sur ce rameau d'où son bonheur a fui,
On voit pencher sa tête et se faner sa plume.
Et plus d'un jeune coeur, dont le désir s'allume,
Voudrait, aimé comme elle, expirer comme lui.

Et je tiens, quant à moi, ce récit qu'on ignore
D'un mandarin de Chine, au bouton de couleur.
La Chine est un vieux monde où l'on respecte encore
L'amour qui peut atteindre à l'âge d'une fleur.

Réponse de bleuette

Jules Supervielle
Hommage à la vie,

C'est beau d'avoir élu
Domicile vivant
Et de loger le temps
Dans un coeur continu,
Et d'avoir vu ses mains
Se poser sur le monde
Comme sur une pomme
Dans un petit jardin,

D'avoir aimé la terre,
lune et le soleil,
Comme des familiers
Qui n'ont pas leurs pareils,
Et d'avoir confié
Le monde à sa mémoire
Comme un clair cavalier
A sa monture noire,

D'avoir donné visage
A ces mots : femme, enfants,
Et servi de rivage
A d'errants continents,
Et d'avoir atteint l'âme
A petit coups de rame
Pour ne l'effaroucher
D'une brusque approchée.

C'est beau d'avoir connu
L'ombre sous le feuillage
Et d'avoir senti l'âge
Ramper sur le corps nu,
Accompagné la peine
Du sang noir dans nos veines
Et doré son silence
De l'étoile Patience,

Et d'avoir tous ces mots
Qui bougent dans la tête,
De choisir les moins beaux
Pour leur faire un peu fête,
D'avoir senti la vie
Hâtive et mal aimée,
De l'avoir enfermée
Dans cette poésie.

Réponse de bleuette

CHARLES-MARIE LECONTE DE LISLE
La vérandah

Au tintement de l'eau dans les porphyres roux
Les rosiers de l'Iran mêlent leurs frais murmures,
Et les ramiers rêveurs leurs roucoulements doux.
Tandis que l'oiseau grêle et le frelon jaloux,
Sifflant et bourdonnant, mordent les figues mûres,
Les rosiers de l'Iran mêlent leurs frais murmures
Au tintement de l'eau dans les porphyres roux.

Sous les treillis d'argent de la vérandah close,
Dans l'air tiède embaumé de l'odeur des jasmins,
Où la splendeur du jour darde une flèche rose,
La Persane royale, immobile, repose,
Derrière son col brun croisant ses belles mains,
Dans l'air tiède, embaumé de l'odeur des jasmins,
Sous les treillis d'argent de la vérandah close.

Jusqu'aux lèvres que l'ambre arrondi baise encor,
Du cristal d'où s'échappe une vapeur subtile
Qui monte en tourbillons légers et prend l'essor,
Sur les coussins de soie écarlate, aux fleurs d'or,
La branche du hûka rôde comme un reptile.
Du cristal d'où s'échappe une vapeur subtile
Jusqu'aux lèvres que l'ambre arrondi baise encor.

Deux rayons noirs, chargés d'une muette ivresse,
Sortent de ses longs yeux entrouverts à demi ;
Un songe l'enveloppe, un souffle la caresse ;
Et parce que l'effluve invincible l'oppresse,
Parce que son beau sein qui se gonfle a frémi,
Sortent de ses longs yeux entr'ouverts à demi
Deux rayons noirs, chargés d'une muette ivresse.

Et l'eau vive s'endort dans les porphyres roux,
Les rosiers de l'Iran ont cessé leurs murmures,
Et les ramiers rêveurs leurs roucoulements doux.
Tout se tait. L'oiseau grêle et le frelon jaloux
Ne se querellent plus autour des figues mûres ;
Les rosiers de l'Iran ont cessé leurs murmures,
Et l'eau vive s'endort dans les porphyres roux.

Réponse de bleuette

LAURENT TAILHADE

Tristesse au jardin

Le doux rêve que tu nias,
Je l'ai su retrouver parmi
Les lis et les pétunias,
Fleurs de mon automne accalmi.

Mon rêve, par les allées,
Cueille des branches d'azalées.

La vigne pourpre aux raisins bleus
Festonne les murs du jardin
Où nichent maints oiseaux frileux
Sous le feuillage incarnadin.

Mon rêve, par les allées,
Cueille des branches d'azalées.

Dans le bassin qu'elle verdit,
L'eau pleure inconsolablement
Et, mélancolique, redit
Les mots trompeurs de ton serment.

Mon rêve, par les allées,
Cueille des branches d'azalées.

Automne ! deuil précoce et doux !
Sous le ciel aux feux apaisés,
Les languissantes roses d'août
Gardent l'odeur de tes baisers.

Voici que par les allées
Meurent les branches d'azalées.

Réponse de bleuette

RENÉE VIVIEN

Les Succubes disent ...

Quittons la léthargie heureuse des maisons,
Le carmin des rosiers et le parfum des pommes
Et les vergers où meurt l'ondoiement des saisons,
Car nous ne sommes plus de la race des hommes.

Nous irons sous les ifs où s'attarde la nuit,
Où le souffle des Morts vole, comme une flamme,
Nous cueillerons les fleurs qui se fanent sans fruit,
Et les âcres printemps nous mordront jusqu'à l'âme.

Viens : nous écouterons, dans un silence amer,
Parmi les chuchotis du vêpre à l'aile brune,
Le rire de la Lune éprise de la Mer,
Le sanglot de la Mer éprise de la Lune.

Tes cheveux livreront leurs éclairs bleus et roux
Au râle impérieux qui sourd de la tourmente,
Mais l'horreur d'être ne ploiera point nos genoux
Dans nos yeux le regard des Succubes fermente.

Les hommes ne verront nos ombres sur leurs seuils
Qu'aux heures où, mêlant l'ardeur de nos deux haines,
Nous serons les Banshees qui présagent les deuils
Et les Jettatori des naissances prochaines.

Nos corps insexués s'uniront dans l'effort
Des soupirs, et les pleurs brûleront nos prunelles.
Nous considérerons la splendeur de la Mort
Et la stérilité des choses éternelles.

Réponse de bleuette

Guy de maupassant

Enfant, pourquoi pleurer, puisque sur ton passage
On écarte toujours les ronces du chemin ?
Une larme fait mal sur un jeune visage,
Cueille et tresse les fleurs qu'on jette sous ta main.

Chante, petit enfant, toute chose a son heure ;
Va de ton pied léger, par le sentier fleuri ;
Tout paraît s'attrister sitôt que l'enfant pleure,
Et tout paraît heureux lorsque l'enfant sourit.

Comme un rayon joyeux ton rire doit éclore,
Et l'oiseau doit chanter sous l'ombre des berceaux,
Car le bon Dieu là-haut écoute dès l'aurore
Le rire des enfants et le chant des oiseaux .

Réponse de bleuette

La mer a laissé sur la plage, en souvenir d'aile,
le début du voyage d'un soleil levant.
Les vagues s'en souviennent, c'est bien un ange.
Et les marées reviennent dans la nuit.

Le vent a oublié sur les galets, au hasard d'une plume,
le bout dun poème qui parle d'elle.
Les vagues le récitent d'une voix étrange.
Et les marées remontent sans faire de bruit.

Les galets s'envolent, tout ronds et bien polis,
loin, tellement si loin sur le dos des rêves
et des chevaux d'écume.
Ils font des ronds dans l'eau ...

Joel Grenier.

Réponse de bleuette

Grand Corps Malade

J'vais sortir de chez moi et marcher dehors
M'arrêter un instant, regarder l'ciel
Le soleil, sur les toits, posera ses reflets d'or
J'vais kiffer voir ça, vu qu'c'est pas essentiel

J'vais m'asseoir sur un banc, cinq minutes avec moi
Regarder les gens, renaître au pluriel
J'vais parler en silence et sourire à haute voix
J'peux faire ça longtemps, vu qu'c'est pas essentiel

J'aurais envie d'une B.O. sur mon film du jour
Alors j'vais mettre du son dans mes deux oreilles
J'ai les poches pleines de mains et les yeux pleins d'amour
C'est un moment important, vu qu'c'est pas essentiel

Pas essentiel
Pas essentiel

Embrasser quelqu'un, pas essentiel
Ouvrir un bouquin, pas essentiel
Sourire sincère, pas essentiel
Aller aux concerts, pas essentiel
Se prom'ner en forêt, pas essentiel
Danser en soirée, pas essentiel
Retrouver les gens, pas essentiel
Spectacle vivant

Pas essentiel
Pas essentiel
Pas essentiel

Après quelques mois sans beaucoup d'couleurs
Confinement noir et blanc, délivrance arc-en-ciel
J'vais offrir des chansons, des sourires et des fleurs
J'en aurai plein les mains, vu qu'c'est pas essentiel

J'vais aller trinquer avec les premiers v'nus
Si, pour faire la fête, j'sens un bon potentiel
Avec la famille, les potes et des inconnus
On va lever notre verre à c'qu'est non-essentiel

Puisque la vie est succession de superflus
Soyons super fous et superficiels
Protégeons l'futile et, sur ce, je conclus
N'écoutez pas cette chanson, elle est pas essentielle

Pas essentiel
Pas essentiel

Embrasser quelqu'un, pas essentiel
Ouvrir un bouquin, pas essentiel
Sourire sincère, pas essentiel
Aller aux concerts, pas essentiel
Se prom'ner en forêt, pas essentiel
Danser en soirée, pas essentiel
Retrouver les gens, pas essentiel
Spectacle vivant

Pas essentiel
Pas essentiel

Réponse de bleuette

Clément Marot
Dedans Paris, ville jolie

Dedans Paris, Ville jolie,
Un jour passant mélancolie
Je pris alliance nouvelle
A la plus gaie damoiselle
Qui soit d'ici en Italie.

D'honnêteté elle est saisie,
Et crois selon ma fantaisie
Qu'il n'en est guère de plus belle
Dedans Paris.

Je ne vous la nommerai mie
Sinon que c'est ma grand amie,
Car l'alliance se fit telle,
Par un doux baiser, que j'eus d'elle,
Sans penser aucune infamie
Dedans Paris.

Réponse de bleuette

Il est dans le Midi des fleurs d'un rose pâle,
Dont le soleil d'hiver couronne l'amandier ;
On dirait des flocons de neige virginale
Rougis par les rayons d'un soleil printanier.

Mais pour flétrir les fleurs qui forment ce beau voile
Si la rosée est froide, il suffit d'une nuit ;
L'arbre alors de son front voit tomber chaque étoile
Et quand vient le printemps il n'a pas un seul fruit.

Ainsi mourront les chants qu'abandonne ma lyre
Au monde indifférent qui va les oublier
Heureuse, si parfois une âme triste aspire
Le parfum passager de ces fleurs d'amandier.

Louise Colet.

Réponse de bleuette

Germain Nouveau

Aimez bien vos amours ; aimez l'amour qui rêve
Une rose à la lèvre et des fleurs dans les yeux ;
C'est lui que vous cherchez quand votre avril se lève,
Lui dont reste un parfum quand vos ans se font vieux.

Aimez l'amour qui joue au soleil des peintures,
Sous l'azur de la Grèce, autour de ses autels,
Et qui déroule au ciel la tresse et les ceintures,
Ou qui vide un carquois sur des coeurs immortels.

Aimez l'amour qui parle avec la lenteur basse
Des Ave Maria chuchotés sous l'arceau ;
C'est lui que vous priez quand votre tête est lasse,
Lui dont la voix vous rend le rythme du berceau.

Aimez l'amour que Dieu souffla sur notre fange,
Aimez l'amour aveugle, allumant son flambeau,
Aimez l'amour rêvé qui ressemble à notre ange,
Aimez l'amour promis aux cendres du tombeau !

Aimez l'antique amour du règne de Saturne,
Aimez le dieu charmant, aimez le dieu caché,
Qui suspendait, ainsi qu'un papillon nocturne,
Un baiser invisible aux lèvres de Psyché !

Car c'est lui dont la terre appelle encore la flamme,
Lui dont la caravane humaine allait rêvant,
Et qui, triste d'errer, cherchant toujours une âme,
Gémissait dans la lyre et pleurait dans le vent.

Il revient ; le voici : son aurore éternelle
A frémi comme un monde au ventre de la nuit,
C'est le commencement des rumeurs de son aile ;
Il veille sur le sage, et la vierge le suit.

Le songe que le jour dissipe au coeur des femmes,
C'est ce Dieu. Le soupir qui traverse les bois,
C'est ce Dieu. C'est ce Dieu qui tord les oriflammes
Sur les mâts des vaisseaux et des faîtes des toits.

Il palpite toujours sous les tentes de toile,
Au fond de tous les cris et de tous les secrets ;
C'est lui que les lions contemplent dans l'étoile ;
L'oiseau le chante au loup qui le hurle aux forêts.

La source le pleurait, car il sera la mousse,
Et l'arbre le nommait, car il sera le fruit,
Et l'aube l'attendait, lui, l'épouvante douce
Qui fera reculer toute ombre et toute nuit.

Le voici qui retourne à nous, son règne est proche,
Aimez l'amour, riez ! Aimez l'amour, chantez !
Et que l'écho des bois s'éveille dans la roche,
Amour dans les déserts, amour dans les cités !

Amour sur l'Océan, amour sur les collines !
Amour dans les grands lys qui montent des vallons !
Amour dans la parole et les brises câlines !
Amour dans la prière et sur les violons !

Amour dans tous les coeurs et sur toutes les lèvres !
Amour dans tous les bras, amour dans tous les doigts !
Amour dans tous les seins et dans toutes les fièvres !
Amour dans tous les yeux et dans toutes les voix !

Amour dans chaque ville : ouvrez-vous, citadelles !
Amour dans les chantiers : travailleurs, à genoux !
Amour dans les couvents : anges, battez des ailes !
Amour dans les prisons : murs noirs, écroulez-vous !

Réponse de bleuette

Jean Ferrat

De plaines en forêts de vallons en collines
Du printemps qui va naître à tes mortes saisons
De ce que j'ai vécu à ce que j'imagine
Je n'en finirai pas d'écrire ta chanson
Ma France

Au grand soleil d'été qui courbe la Provence
Des genêts de Bretagne aux bruyères d'Ardèche
Quelque chose dans l'air a cette transparence
Et ce goût du bonheur qui rend ma lèvre sèche
Ma France

Cet air de liberté au-delà des frontières
Aux peuples étrangers qui donnaient le vertige
Et dont vous usurpez aujourd'hui le prestige
Elle répond toujours du nom de Robespierre
Ma France

Celle du vieil Hugo tonnant de son exil
Des enfants de cinq ans travaillant dans les mines
Celle qui construisit de ses mains vos usines
Celle dont monsieur Thiers a dit qu'on la fusille
Ma France

Picasso tient le monde au bout de sa palette
Des lèvres d'Éluard s'envolent des colombes
Ils n'en finissent pas tes artistes prophètes
De dire qu'il est temps que le malheur succombe
Ma France

Leurs voix se multiplient à n'en plus faire qu'une
Celle qui paie toujours vos crimes vos erreurs
En remplissant l'histoire et ses fosses communes
Que je chante à jamais celle des travailleurs
Ma France

Celle qui ne possède en or que ses nuits blanches
Pour la lutte obstiné de ce temps quotidien
Du journal que l'on vend le matin d'un dimanche
A l'affiche qu'on colle au mur du lendemain
Ma France

Qu'elle monte des mines, descende des collines
Celle qui chante en moi, la belle, la rebelle
Elle tient l'avenir, serré dans ses mains fines
Celle de trente-six à soixante-huit chandelles
Ma France

Réponse de bleuette

Nuit rhénane

Guillaume Apollinaire

Mon verre est plein d'un vin trembleur comme une flamme
Écoutez la chanson lente d'un batelier
Qui raconte avoir vu sous la lune sept femmes
Tordre leurs cheveux verts et longs jusqu'à leurs pieds
Debout chantez plus haut en dansant une ronde
Que je n'entende plus le chant du batelier
Et mettez près de moi toutes les filles blondes
Au regard immobile aux nattes repliées
Le Rhin le Rhin est ivre où les vignes se mirent
Tout l'or des nuits tombe en tremblant s'y refléter
La voix chante toujours à en râle-mourir
Ces fées aux cheveux verts qui incantent l'été
Mon verre s'est brisé comme un éclat de rire

Réponse de bleuette

LÉON DIERX
Forêt d'hiver

Seront ils toujours là quand nous disparaîtrons ?
Les voilà, raidissant leurs vénérables troncs
Qui des vents boréens ont lassé les colères...

Eux, les arbres, longs murs de héros séculaires
Durcis aux noirs assauts des hivers meurtriers,
Inexpugnable bloc d'immobiles guerriers ...

Qui, sous le choc prochain des rafales nocturnes,
Pour un instant se font tout à coup taciturnes,
Solennels et géants, horribles et nombreux,
Et défiant la mort comme les anciens preux !

Chênes, Trembles, Bouleaux, Sapins, Hêtres et Charmes
Semblent marcher par rangs de squelettes en armes
Dont l'âme rude a fait d'invincibles remparts ...

Et du sol reluisant de leurs débris épars
Ils se dressent humant le parfum des batailles,
Tout cuirassés d'écorce ou pourfendus d'entailles
Où demain viendront boire et chanter les ramiers,
Et leur cime s'emmêle en d'immenses cimiers.
Des frères sont tombés dans un adieu sonore,
Cadavres hérissés sur la lisière encore ;
Mais dans l'armée au coeur indomptable, beaucoup
Sont morts depuis longtemps qui sont restés debout.
Ils sont tels, ces captifs rigides, que l'outrage
Éternel les retrouve augustes dans notre âge,
Et tel est leur silence aux approches des nuits,
Que la vie en a peur et fait taire ses bruits ;
Et que le fils errant des époques dernières,
L'homme, ainsi que la bête au fond de ses tanières,
Se retire à la hâte, écrasé sous le poids
Des lourds mépris qu'il sent tomber dans l'air des bois
Sur tous les vains espoirs où son désir s'enivre.
Et le rouge soleil saigne à travers le givre
Dans l'enchevêtrement des ténébreux lutteurs ;
Puis tout s'éteint ; la nuit aux démons insulteurs
Monte multipliant l'épaisse multitude ;
Et de leur propre horreur sacrant leur solitude,

Eux, les arbres, debout, garderont sous les vents
L'obscur secret du rêve où sont nés les vivants.

Réponse de bleuette

Rêverie

Qu'importe qu'en un jour on dépense une vie,
Si l'on doit en aimant épuiser tout son coeur,
Et doucement penché sur la coupe remplie,
Si l'on doit y goûter le nectar du bonheur.

Est-il besoin toujours qu'on achève l'année ?
Le souffle d'aujourd'hui flétrit la fleur d'hier ;
Je ne veux pas de rose inodore et fanée ;
C'est assez d'un printemps, je ne veux pas d'hiver.

Une heure vaut un siècle alors qu'elle est passée ;
Mais l'ombre n'est jamais une soeur du matin.
Je veux me reposer avant d'être lassée ;
Je ne veux qu'essayer quelques pas du chemin.

Elisa MERCOEUR

Réponse de bleuette

.. Les mots sont de petites bêtes sentimentales.
Ils détestent que deux êtres humains cessent de s'aimer.
.. Pourquoi ? Ce n'est pas leur affaire, quand même !
.. Ils pensent que si ! Pour eux, le désamour,
c'est du silence qui s'installe sur Terre.
... Et les mots haïssent le silence ...

Érik Orsenna.

Réponse de JOLI DRAGON

"Les mots du silence sont des mots très rares qu'on ne trouve dans aucun livre, qui restent longtemps coincés dans la poitrine, qui se glissent parfois jusque dans la gorge mais n'arrivent pas jusqu'à la bouche.
Les mots du silence ne sont pas faits pour être entendus avec les oreilles.
Les mots du silence se murmurent avec des gestes infimes et des mimiques immobiles, ils se lisent avec les yeux fermés, s'écoutent avec le coeur, se gardent au profond de soi, dans la douceur des émotions."
Jacques Salomé

Réponse de bleuette

Victor Hugo

Le soir vient; et le globe à son tour s'éblouit,
Devient un oeil énorme et regarde la nuit ;
Il savoure, éperdu, l'immensité sacrée,
La contemplation du splendide empyrée,
Les nuages de crêpes et d'argent, le zénith,
Qui, formidable, brille et flamboie et bénit
Les constellations, ces hydres étoilées,
Les effluves du sombre et du profond, mêlées
À vos effusions, astres de diamant,
Et toute l'ombre avec tout le rayonnement !
L'infini tout entier d'extase se soulève.
Et, pendant ce temps là, Satan, l'envieux, rêve

Réponse de bleuette

Isabelle CALLIS-SABOT

Le poète ... 
Il restera toujours l'éternel incompris
Et s'en ira la nuit sonder le clair de lune,
Car il aura toujours pour unique fortune
Le silence étoilé de l'azur assombri.

Il aimera sans fin l'espace inhabité
Où son ombre argentée constellera les âmes ;
Loin des villes du bruit, des discours et des blâmes,
Il viendra se confondre avec l'immensité.

Quels que soient son pays son époque son dieu,
Il reprendra le soir les routes de Bohème,
Et seul il cueillera pour orner ses poèmes
Les petites lueurs dispersées dans les cieux.
 

Réponse de bleuette

Gérard de Nerval
Le ballet des heures

Les heures sont des fleurs l'une après l'autre écloses
Dans l'éternel hymen de la nuit et du jour ;
Il faut donc les cueillir comme on cueille les roses
Et ne les donner qu'à l'amour ...

Ainsi que de l'éclair, rien ne reste de l'heure,
Qu'au néant destructeur le temps vient de donner ;
Dans son rapide vol embrassez la meilleure,
Toujours celle qui va sonner ...

Et retenez-la bien au gré de votre envie,
Comme le seul instant que votre âme rêva ;
Comme si le bonheur de la plus longue vie
Était dans l'heure qui s'en va ...

Vous trouverez toujours, depuis l'heure première
Jusqu'à l'heure de nuit qui parle douze fois,
Les vignes, sur les monts, inondés de lumière,
Les myrtes à l'ombre des bois.

Aimez, buvez, le reste est plein de choses vaines ;
Le vin, ce sang nouveau, sur la lèvre versé,
Rajeunit l'autre sang qui vieillit dans vos veines
Et donne l'oubli du passé.

...Que l'heure de l'amour d'une autre soit suivie,
Savourez le regard qui vient de la beauté ;
Être seul, c'est la mort ! Être deux, c'est la vie !
L'amour c'est l'immortalité !

Réponse de bleuette

Jules Supervielle

La goutte de pluie


Je cherche une goutte de pluie
Qui vient de tomber dans la mer.
Dans sa rapide verticale
Elle luisait plus que les autres
Car seule entre les autres gouttes
Elle eut la force de comprendre
Que, très douce dans l'eau salée,
Elle allait se perdre à jamais.
Alors je cherche dans la mer
Et sur les vagues, alertées,
Je cherche pour faire plaisir
À ce fragile souvenir
Dont je suis seul dépositaire.
Mais j'ai beau faire, il est des choses
Où Dieu même ne peut plus rien
Malgré sa bonne volonté
Et l'assistance sans paroles
Du ciel, des vagues et de l'air.

Réponse de Mémoire 88

Aurora Aksnes : "Gentle Earthquake" à écouter ici
https://www.youtube.com/watch?v=M0iB_oVEyP8
Paroles ( https://www.lacoccinelle.net/1320204-aurora-gentle-earthquakes.html )
How cold the tear can feel on warm skin?
Avec quelle froideur la larme se ferait sentir sur une peau chaleureuse ?
So delicate, violently it begins
Si délicat, violemment ça commence
Within this universe I will be lost
Dans l'univers, je me perdrai
Moving from rivers to mountain tops
Bougeant de rivières en montagnes
(Pre-Chorus)
Can't stay here
Je ne peux pas rester ici
I'll throw myself in the ocean
Je me jetterai à l'océan
I lift myself and run
Je me soulève et fuis
(Chorus)
Like a gentle earthquake, it intensifies
Comme un doux séisme, ça intensifie
It's like my lungs are breathing fire
C'est comme si mes poumons respiraient de feu
(My heart, my head, my mind!)
(Mon coeur, ma tête, mon esprit!)
And if the fire dies
Et si le feu s'anéantit
My body will be the truth
Mon corps sera la vérité
And the light will guide her
Et la lumière la guidera
Light will guide her
Elle sera guidée par la lumière
(Verse 2)
The fascinating way you change your colour
La façon fascinante dont tu changes de couleur
The ugly and the flawless beauty of us
La laideur et élégante beauté en nous
With the combination of purple and pink
Avec la combinaison de violet et de rose
The only traces of our love blossoming
Les seules traces de notre amour grandissant
(Pre-Chorus)
I'm not home
Je ne suis pas à la maison
In a place where love has been broken
Dans un endroit où l'amour fut brisé
I lift myself and run
Je me soulève et cours

(Chorus)
Like a gentle earthquake, it intensifies
Comme un doux séisme, ça intensifie
It's like my lungs are breathing fire
C'est comme si mes poumons respiraient de feu
(My heart, my head, my mind!)
(Mon coeur, ma tête, mon esprit!)
And if the fire dies
Et si le feu s'anéantit
My body will be the truth
Mon corps sera la vérité
And the light will guide her
Et la lumière la guidera
Light will guide her
Elle sera guidée par la lumière
(Post-Chorus)
Twisted body parts moving synchronized
Des membres emmêlés qui bougent en synchronisation
Watching lightning strike in my lover's eyes
Observant la foudre frapper dans l'oeil de mon amant
All the flowers grow to a luscious field
Toutes les fleurs s'élèvent en un voluptueux champs
All connecting love becomes a human shield
Tout cet amour lié qui se change en protection humaine
(Bridge)
In the eleventh hour
Au moment le plus complet
Finally a hidden flower
Finalement, une fleur cachée
In the last moment
En l'instant le plus dernier
Finally opens
Enfin s'ouvre
(Chorus)
Like a gentle earthquake, it intensifies
Comme un doux séisme, ça intensifie
It's like my lungs are breathing fire
C'est comme si mes poumons respiraient de feu
(My heart, my head, my mind!)
(Mon coeur, ma tête, mon esprit!)
And if the fire dies
Et si le feu s'anéantit
My body will be the truth
Mon corps sera la vérité
And the light will guide her
Et la lumière la guidera
(My heart, my head, my mind!)
(Mon coeur, ma tête, mon esprit!)
(Outro)
Twisted body parts moving synchronized
Des membres emmêlés qui bougent en synchronisation
Watching lightning strike in my lover's eyes
Observant la foudre frapper dans l'oeil de mon amant
All the flowers grow to a luscious field
Toutes les fleurs s'élèvent en un voluptueux champs
All connecting love becomes a human shield
Tout cet amour lié qui se change en protection humaine
à écouter aussi ici https://www.youtube.com/watch?v=iztl8MWbWIU

Réponse de bleuette

Rosemonde GÉRARD ROSTAND

Une nuit, lorsque les hiboux
Dorment dans un arbre paisible,
Le printemps, d'un doigt invisible,
Dans l'herbe plante les coucous.

Aux pieds des chênes et des houx,
Toute l'herbe claire il en crible.
Mais c'est un jeu d'enfant terrible,
Les pauvres fleurs sont ses joujoux.

Il les place, les fleurs gentilles,
Comme pour de légers quadrilles,
Sur les prés et sur les talus ;

Puis, prenant les grêlons pour billes,
Avec elles il joue aux quilles ...
Et bientôt il n'en reste plus.

Réponse de bleuette

Cette rose vivait au-dessus du jardin,
N'ayant, sur son front pur, qu'une âme pour aigrette,
Et ne comprenant rien à la foule secrète
Qui se cachait le soir et courait le matin...

Aspirant à l'étoile et fuyant le ravin
Il lui fallait le ciel pour appuyer sa tête ...
Cette rose vivait au-dessus du jardin,
N'ayant, sur son front pur, qu'une âme pour aigrette...

Elle n'avait jamais, pour lire le destin,
Effeuillé le coeur d'or d'une humble pâquerette ;
Elle n'avait jamais, penchant son coeur lointain,
Vu trembler l'herbe folle ou l'herbe d'amourette ...
Cette rose vivait au-dessus du jardin.

Rosemonde GÉRARD ROSTAND

Réponse de bleuette

La lune, au fond du ciel, ferme l'oeil et s'endort
Et son dernier rayon, à travers la feuillée,
Comme un baiser d'adieu, glisse amoureusement,
Sur le front endormi de son bleuâtre amant,

Par la porte d'ivoire et la porte de corne.
Les songes vrais ou faux de l'Grèbe envolés,
Peuplent seuls l'univers silencieux et morne ;
Les cheveux de la nuit, d'étoiles d'or mêlés,

Au long de son dos brun pendent tout débouclés ;
Le vent même retient son haleine, et les mondes,
Fatigués de tourner sur leurs muets pivots,
S'arrêtent assoupis et suspendent leurs rondes.

Théophile Gautier

Réponse de bleuette

Jordan Ray

Et si l'on se hissait,
sur la pointe des pieds,
pour écouter le Silence ...

Aller au delà du vacarme de ce Monde,
éteindre les mots,
les bruits, les voix...

Ne plus bouger,
lire le Ciel,
aller jusqu'au bout du Silence,
pour n'entendre plus que sa propre musique ...

Réponse de bleuette

Aime et fais ce que Tu veux.
Si Tu Te tais, tais-Toi par Amour,
Si Tu parles, parle par Amour,
Si Tu corriges, corrige par Amour,
Si Tu pardonnes, pardonne par Amour...

Aie au fond du coeur la Racine de l'Amour
De cette racine, de mauvais , rien ne peut sortir. ...

Saint Augustin

Réponse de bleuette

Antonio Machado


Le printemps doucement
posait sur les arbres un baiser,
et le vert nouveau jaillissait
comme une verte fumée.

Les nuages passaient
sur la campagne juvénile ...
J'ai vu sur les feuilles trembler
les fraîches pluies d'avril.

Dessous l'amandier fleuri,
tout chargé de fleurs,
.. je m'en souviens .. , j'ai maudit
ma jeunesse sans amour.

Aujourd'hui, au milieu de la vie,
je me suis arrêté pour méditer ...
Oh! jeunesse jamais vécue,
que ne puis-je encor te rêver!

Réponse de bleuette

Paroles Baudelaire

Que j'aime voir chère indolente,
De ton corps si beau,
Comme une étoffe vacillante,
Miroiter la peau!

Sur ta chevelure profonde
Aux âcres parfums,
Mer odorante et vagabonde
Aux flots bleus et bruns,

Comme un navire qui s'éveille
Au vent du matin,
Mon âme rêveuse appareille
Pour un ciel lointain

Tes yeux où rien ne se révèle
De doux ni d'amer,
Sont deux bijoux froids où se mêlent
L'or avec le fer

À te voir marcher en cadence
Belle d'abandon
On dirait un serpent qui danse
Au bout d'un bâton

Sous le fardeau de ta paresse
Ta tête d'enfant
Se balance avec la mollesse
D'un jeune éléphant

Et ton corps se penche et s'allonge
Comme un fin vaisseau
Qui roule bord sur bord et plonge
Ces vergues dans l'eau

Comme un flot grossi par la fonte
Des glaciers grondants
Quand l'eau de ta bouche remonte
Au bord de tes dents

Je crois boire un vin de Bohème,
Amer et vainqueur
Un ciel liquide qui parsème
D'étoiles mon coeur!

SERGE GAINSBOURG

Réponse de Ermelinde

À bleuette .. merci pour tous ces rappels ou belles découvertes .,
Amicalement

Réponse de Ermelinde

Les Fenêtres

Du rouge au vert tout le jaune se meurt

Quand chantent les aras dans les forêt natales

Abatis de pihis

Il y a un poème à faire sur l'oiseau qui n'a qu'une aile

Nous l'enverrons en message téléphonique

Traumatisme géant

Il fait couler les yeux

Voilà une jolie jeune fille parmi les jeunes Turinaises

Le pauvre jeune homme se mouchait dans sa cravate blanche

Tu soulèveras le rideau

Et maintenant voilà que s'ouvre la fenêtre

Araignées quand les mains tissaient la lumière

Beauté pâleur insondables violets

Nous tenterons en vain de prendre du repos

On commencera à minuit

Quand on a le temps on a la liberté

Bigorneaux Lottes multiples Soleils et l'Oursin du couchant

Une vieille paire de chaussures jaunes devant la fenêtre

Tours

Les tours ce sont les rues

Puits

Puits ce sont les places

Puits

Arbres creux qui abritent les Câpresses vagabondes

Les Chabins chantent des airs à mourir

Aux Chabines marronnes

Et l'oie oua-oua trompette au nord

Où les chasseurs de ratons

Raclent les pelleteries

Étincelant diamant

Vancouver

Où le train blanc de neige et de feux nocturnes fuit l'hiver

O Paris

Du rouge au vert tout le jaune se meurt

Paris Vancouver Hyères Maintenon New-York et les Antilles

La fenêtre s'ouvre comme une orange

Le beau fruit de la lumière

Guillaume Apollinaire, Ondes, Calligrammes 1918

Réponse de Marc-André

merci Bluette. Je n'ai pas tout encore mais que de moments émouvants que je viens de passer.%uD83D%uDE18

Réponse de bleuette

Merci beaucoup pour vos messages ...
Marc et Ermelinde
C'est un plaisir de partager
Bises

Réponse de bleuette

La Chanson De Prevert
Serge Gainsbourg

Oh je voudrais tant que tu te souviennes
Cette chanson était la tienne
C'était ta préférée je crois
Qu'elle est de Prévert et Kosma

Et chaque fois ... Les feuilles mortes ...
Te rappellent à mon souvenir
Jour après jour les amours mortes
N'en finissent pas de mourir

Avec d'autres bien sûr je m'abandonne
Mais leur chanson est monotone
Et peu à peu je m'indiffère
A cela il n'est rien à faire

Car chaque fois "Les feuilles mortes"
Te rappellent à mon souvenir
Jour après jour les amours mortes
N'en finissent pas de mourir

Peut-on jamais savoir par où commence
Et quand finit l'indifférence
Passe l'automne vienne l'hiver
Et que la chanson de Prévert

Cette chanson ...Les feuilles mortes...
S'efface de mon souvenir
Et ce jour là mes amours mortes
En auront fini de mourir

Et ce jour là mes amours mortes
En auront fini de mourir

Réponse de bleuette

Ces petits riens


Mieux vaut n'penser à rien
Que n'pas penser du tout
Rien c'est déjà
Rien c'est déjà beaucoup
On se souvient de rien
Et puisqu'on oublie tout
Rien c'est bien mieux
Rien c'est bien mieux que tout

Mieux vaut n'penser à rien
Que de penser à vous
Ça n'me vaut rien
Ça n'me vaut rien du tout
Comme si de rien
N'était je pense à tous
Ces petits riens
Qui me venaient de vous

Si c'était trois fois rien
Trois fois rien entre nous
Evidemment
Cà ne fait pas beaucoup
Ce sont ces petits riens
Que j'ai mis bout à bout
Ces petits riens
Qui me venaient de vous

Mieux vaut pleurer de rien
Que de rire de tout
Pleurer pour un rien
C'est déjà beaucoup
Mais vous vous n'avez rien
Dans le coeur et j'avoue
Je vous envie

Je vous en veux beaucoup
Ce sont ces petits riens
Qui me venaient de vous
Les voulez-vous?
Tenez! Que voulez-vous?
Moi je ne veux pour rien
Au monde plus rien de vous
Pour être à vous
Faut être à moitié fou

SERGE GAINSBOURG

Réponse de bleuette

La Recette de l'amour fou


Dans un boudoir introduisez un coeur bien tendre
Sur canapé laissez s'assoir et se détendre
Versez une larme de Porto
Et puis mettez-vous au piano
Jouez Chopin avec dédain

Égrenez vos accords
Et s'il s'endort
Alors là, jetez-le dehors

Le second soir, faites revenir ce coeur bien tendre
Faites mijoter trois bons quarts d'heure à vous attendre
Et s'il n'est pas encore parti
Soyez-en sûr c'est qu'il est cuit
Sans vous trahir, laissez fremir

Faites attendre encore
Et s'il s'endort
Alors là, jetez-le dehors

Le lendemain il ne tient qu'à vous d'être tendre
Tamisez toutes les lumières et sans attendre
Jouez la farce du grand amour
Dites, jamais, dites, toujours
Et consommez sur le canapé

Mais après les transports
Ah s'il s'endort
Alors là, foutez-le dehors

SERGE GAINSBOURG

Réponse de bleuette

SERGE GAINSBOURG

Je suis venu te dire que je m'en vais
Et tes larmes n'y pourront rien changer
Comm' dit si bien Verlaine au vent mauvais
Je suis venu te dire que je m'en vais

Tu t'souviens de jours anciens et tu pleures
Tu suffoques, tu blêmis à présent qu'a sonné l'heure
Des Adieux à jamais
Oui je suis au regret
D'te dire que je m'en vais

Oui je t'aimais, oui mais
Je suis venu te dire que je m'en vais
Tes sanglots longs n'y pourront rien changer
Comm'dit si bien Verlaine au vent mauvais
Je suis venu te dire que je m'en vais

Tu t'souviens des jours heureux et tu pleures
Tu sanglotes, tu gémis à présent qu'a sonné l'heure
Des adieux à jamais
Oui je suis au regret
D'te dire que je m'en vais
Car tu m'en as trop fait.

Je suis venu te dire que je m'en vais
Et tes larmes n'y pourront rien changer
Comm' dit si bien Verlaine au vent mauvais
Je suis venu te dire que je m'en vais

Tu t'souviens de jours anciens et tu pleures
Tu suffoques, tu blêmis à présent qu'a sonné l'heure
Des Adieux à jamais
Oui je suis au regret
D'te dire que je m'en vais
Oui je t'aimais, oui mais
Je suis venu te dire que je m'en vais

Tes sanglots longs n'y pourront rien changer
Comm'dit si bien Verlaine au vent mauvais
Je suis venu te dire ue je m'en vais
Tu t'souviens des jours heureux et tu pleures
Tu sanglotes, tu gémis à présent qu'a sonné l'heure
Des adieux à jamais
Oui je suis au regret
D'te dire que je m'en vais
Car tu m'en as trop fait

Réponse de bleuette

Si je pouvais t'offrir le bleu secret du ciel,
Brodé de lumière d'or et de reflets d'argent,
Le mystérieux secret, le secret éternel,
De la vie et du jour, de la nuit et du temps,
Avec tout mon amour je le mettrais à tes pieds.
Mais moi qui suis pauvre
et n'ai que mes rêves, Sous tes pas je les ai déroulés.
Marche doucement car tu marches sur mes rêves.

William Butler Yeats

Réponse de bleuette

A deux beaux yeux
Théophile Gautier

Vous avez un regard singulier et charmant ;
Comme la lune au fond du lac qui la reflète,
Votre prunelle, où brille une humide paillette,

Au coin de vos doux yeux roule languissamment ;
Ils semblent avoir pris ses feux au diamant ;
Ils sont de plus belle eau qu'une perle parfaite,

Et vos grands cils émus, de leur aile inquiète,
Ne voilent qu'à demi leur vif rayonnement.
Mille petits amours, à leur miroir de flamme,
Se viennent regarder et s'y trouvent plus beaux,

Et les désirs y vont rallumer leurs flambeaux.
Ils sont si transparents, qu'ils laissent voir votre âme,
Comme une fleur céleste au calice idéal
Que l'on apercevrait à travers un cristal.

Réponse de bleuette

PABLO NERUDA
J'aime quand tu te tais...

J'aime quand tu te tais, parce que tu es comme absente,
et tu m'entends au loin, et ma voix ne t'atteint pas.
On dirait que tes yeux se sont envolés,
et on dirait qu'un baiser t'a clos la bouche

Comme toutes les choses sont remplies de mon âme,
tu émerges des choses pleine de mon âme.
Papillon de rêve, tu ressembles à mon âme
et tu ressembles au mot : mélancolie.

J'aime quand tu te tais et que tu es comme distante.
Et tu es comme plaintive, papillon que l'on berce.
Et tu m'entends au loin, et ma voix ne t'atteint pas :
laisse-moi me taire avec ton silence.

Laisse-moi aussi te parler avec ton silence,
clair comme une lampe, simple comme un anneau.
Tu es comme la nuit, silencieuse et constellée.
Ton silence est d'étoile, si lointain et si simple.

J'aime quand tu te tais, parce que tu es comme absente,
distante et dolente, comme si tu étais morte.
Un mot alors, un sourire suffisent,
et je suis heureux, heureux que ce ne soit pas vrai.

Réponse de LLou

L'Île aux mimosas - Barbara

Il y a si peu de temps
Entre vivre et mourir
Qu'il faudrait bien pourtant
S'arrêter de courir

Toi que j'ai souvent cherché, à travers d'autres regards
Et si l'on s'était trouvés et qu'il ne soit pas trop tard
Pour le temps qu'il me reste à vivre, stopperais-tu ta vie ivre
Pour pouvoir vivre avec moi sur ton île aux mimosas
Et comme deux chevaux courant dans la prairie
Et comme deux oiseaux volant vers l'infini
Et comme deux ruisseaux cherchant le même lit
Nous irions dans le temps droits comme des roseaux
Quand sous le poids des ans, nous courberions le dos
Ce serait pour mieux boire, ensemble à la même eau

Et si tu m'avais cherchée (bande d'asssassins) de soir en soir, de bar en bar
Et si tu m'avais trouvée (je t'ai treouvé)
Et qu'il ne soit pas trop tard (il n'est pas trop tard)
Pour le temps qu'il me reste à vivre, je sonnerai mon piano ivre
Pour pouvoir vivre avec toi, sur ton île aux mimosas
Nous aurions la fierté des tours de cathédrales
Et nous serions plus près du ciel et des étoiles
Et nous saurions le secret des aurores boréales
Il y a si peu de temps entre vivre et mourir
Faudrait bien pourtant, s'arrêter de courir

Toi que j'ai souvent cherché, à travers d'autres regards
Et si l'on s'était trouvés et qu'il ne soit pas trop tard
Ho, le temps, le temps qu'il me reste à vivre
Que j'aimerai vivre avec toi sur ton île aux mimosas
Toi que j'ai cherché
À travers d'autres regards
Ho, le temps, le temps qu'il me reste à vivre
Que j'aimerai vivre avec toi sur ton île aux mimosas
Toi que j'ai cherchée
À travers d'autres regards
Ho, le temps, le temps qu'il me reste à vivre
Que j'aimerai vivre avec toi sur ton île aux mimosas

https://youtu.be/hlWZgGjO7IE

Réponse de bleuette

Alexandre POUCHKINE

Au poète

Poète, n'attends rien des faveurs du vulgaire.
L'extase et l'ovation bruyante n'ont qu'un temps ;
qu'un sot juge ton oeuvre ou que le peuple en rie,
toi, demeure serein, taciturne et constant...

Tu es roi : vit donc seul. Par de libres chemins
va seul où te conduit librement ton esprit,
prenant soin de polir le fruit de tes pensées,
sans fixer de salaire à la belle prouesse...


Ton salaire est en toi. Tu es juge suprême,
plus sévère qu'un autre à censurer ton oeuvre.
En es-tu satisfait, scrupuleux artisan ? Satisfait ? ...

Laisse alors la plèbe t'insulter
et cracher sur l'autel où crépite ta flamme
ou, par enfantillage, ébranler ton trépied.

Réponse de bleuette

Quelquefois
Si douces
Quand la vie me touche
Comme nous tous
Alors si douces...

Quelquefois
Si dures
Que chaque blessure
Longtemps me dure
Longtemps me dure...

Femmes ... Je vous aime
Femmes ... Je vous aime
Je n'en connais pas de faciles
Je n'en connais que de fragiles
Et difficiles
Oui.. difficiles

Quelquefois
Si drôles
Sur un coin d'épaule
Oh oui...Si drôles
Regard qui frôle...

Quelquefois
Si seules
Parfois ell's le veulent
Oui mais...Si seules
Oui mais si seules.
Vous êt's ma mère, je vous ressemble
Et tout ensemble mon enfant
Mon impatience
Et ma souffrance.

Julien Clerc

Réponse de Marc-André

Ayant perdu toute mémoire
Un myosotis s'ennuyait
Voulait-il conter une histoire ?
Dès le début il oubliait.
Pas de passé, pas d'avenir
Myosotis sans souvenir

Robert DESNOS.

Réponse de Marc-André

ma plus courte :
Un certain Blaise PASCAL
Etcætera, etcætera.

Jacques PREVERT

Réponse de bleuette

PAUL VALÉRY
Au bois dormant

La princesse, dans un palais de rose pure,
Sous les murmures, sous la mobile ombre dort,
Et de corail ébauche une parole obscure
Quand les oiseaux perdus mordent ses bagues d'or.

Elle n'écoute ni les gouttes, dans leurs chutes,
Tinter d'un siècle vide au lointain le trésor,
Ni, sur la forêt vague, un vent fondu de flûtes
Déchirer la rumeur d'une phrase de cor.

Laisse, longue, l'écho rendormir la diane,
Ô toujours plus égale à la molle liane
Qui se balance et bat tes yeux ensevelis.

Si proche de ta joue et si lente la rose
Ne va pas dissiper ce délice de plis
Secrètement sensible au rayon qui s'y pose.

Réponse de bleuette

VICTOR HUGO

Si tu veux, faisons un rêve :
Montons sur deux palefrois ;
Tu m'emmènes, je t'enlève.
L'oiseau chante dans les bois.

Je suis ton maître et ta proie ;
Partons ! c'est la fin du jour ;
Mon cheval sera la joie,
Ton cheval sera l'amour.

Nous ferons toucher leurs têtes ;
Les voyages sont aisés ;
Nous donnerons à ces bêtes
Une avoine de baisers.

Viens ! nos doux chevaux mensonges
Frappent du pied tous les deux,
Le mien au fond de mes songes,
Et le tien au fond des cieux.

Un bagage est nécessaire ;
Nous emporterons nos voeux,
Nos bonheurs, notre misère,
Et la fleur de tes cheveux.

Viens, le soir brunit les chênes ;
Le moineau rit ; ce moqueur
Entend le doux bruit des chaînes
Que tu m'as mises au coeur.

Ce ne sera point ma faute
Si les forêts et les monts,
En nous voyant côte à côte,
Ne murmurent pas : Aimons !

Viens, sois tendre, je suis ivre.
O les verts taillis mouillés !
Ton souffle te fera suivre
Des papillons réveillés.

L'envieux oiseau nocturne,
Triste, ouvrira son oeil rond ;
Les nymphes, penchant leur urne,
Dans les grottes souriront.

Et diront : « Sommes-nous folles !
« C'est Léandre avec Héro ;
« En écoutant leurs paroles
« Nous laissons tomber notre eau. »

Allons-nous en par l'Autriche !
Nous aurons l'aube à nos fronts ;
Je serai grand, et toi riche,
Puisque nous nous aimerons.

Allons-nous en par la terre,
Sur nos deux chevaux charmants,
Dans l'azur, dans le mystère,
Dans les éblouissements !

Tu seras dame, et moi comte ;
Viens, mon coeur s'épanouit ;
Viens, nous conterons ce conte
Aux étoiles de la nuit.

Réponse de bleuette

ÉMILE VERHAEREN
Un matin

Dès le matin, par mes grand-routes coutumières
Qui traversent champs et vergers,
Je suis parti clair et léger,
Le corps enveloppé de vent et de lumière.

Je vais, je ne sais où. Je vais, je suis heureux ;
C'est fête et joie en ma poitrine ;
Que m'importent droits et doctrines,
Le caillou sonne et luit, sous mes talons poudreux ;

Je marche avec l'orgueil d'aimer l'air et la terre,
D'être immense et d'être fou
Et de mêler le monde et tout
À cet enivrement de vie élémentaire.

Ô les pas voyageurs et clairs des anciens dieux !
Je m'enfouis dans l'herbe sombre
Où les chênes versent leurs ombres
Et je baise les fleurs sur leurs bouches de feu.

Les bras fluides et doux des rivières m'accueillent ;
Je me repose et je repars,
Avec mon guide : le hasard,
Par des sentiers sous bois dont je mâche les feuilles.

Il me semble jusqu'à ce jour n'avoir vécu
Que pour mourir et non pour vivre :
Oh quels tombeaux creusent les livres
Et que de fronts armés y descendent vaincus !

Dites, est-il vrai qu'hier il existât des choses,
Et que des yeux quotidiens
Aient regardé, avant les miens,
Se pavoiser les fruits et s'exalter les roses.

Pour la première fois, je vois les vents vermeils
Briller dans la mer des branchages,
Mon âme humaine n'a point d'âge ;
Tout est jeune, tout est nouveau, sous le soleil.

J'aime mes yeux, mes bras, mes mains, ma chair, mon torse
Et mes cheveux amples et blonds,
Et je voudrais, par mes poumons,
Boire l'espace entier pour en gonfler ma force.

Oh ces marches à travers bois, plaines, fossés,
Où l'être chante et pleure et crie
Et se dépense avec furie
Et s'enivre de soi ainsi qu'un insensé !

Réponse de bleuette

JEAN RICHEPIN

Tristesse des bêtes (Fragment)

Vive le bon soleil ! Sa lumière est sacrée.
Vive le clair soleil ! Car c'est lui seul qui crée.
C'est lui qui verse l'or au calice des fleurs,
Et fait les diamants de la rosée en pleurs ;

C'est lui qui donne à mars ses bourgeons d'émeraude,
À mai son frais parfum qui par les brises rôde,
À juin son souffle ardent qui chante dans les blés,

À l'automne jauni ses cieux roux et troublés ;
C'est lui qui pour chauffer nos corps froids en décembre
Unit au bois flambant les vins de pourpre et d'ambre ;

C'est lui l'ami magique au sourire enchanté
Qui rend la joie à ceux qui pleurent, la santé
Aux malades ; c'est lui, vainqueur des défaillances,
Qui nourrit les espoirs, ranime les vaillances ;

C'est lui qui met du sang dans nos veines ; c'est lui
Qui dans les yeux charmants des femmes dort et luit ;
C'est lui qui de ses feux par l'amour nous enivre ;
Et quand il n'est pas là, j'ai peur de ne plus vivre.

Vous comprenez cela, vous, bêtes, n'est-ce pas ?
Puisque, le soir venu, ralentissant le pas,
Dans votre âme, par l'homme oublieux abolie,
Vous sentez je ne sais quelle mélancolie.

Réponse de bleuette

Jean Ferrat

De plaines en forêts de vallons en collines
Du printemps qui va naître à tes mortes saisons
De ce que j'ai vécu à ce que j'imagine
Je n'en finirai pas d'écrire ta chanson
Ma France

Au grand soleil d'été qui courbe la Provence
Des genêts de Bretagne aux bruyères d'Ardèche
Quelque chose dans l'air a cette transparence
Et ce goût du bonheur qui rend ma lèvre sèche
Ma France

Cet air de liberté au-delà des frontières
Aux peuples étrangers qui donnaient le vertige
Et dont vous usurpez aujourd'hui le prestige
Elle répond toujours du nom de Robespierre
Ma France

Celle du vieil Hugo tonnant de son exil
Des enfants de cinq ans travaillant dans les mines
Celle qui construisit de ses mains vos usines
Celle dont monsieur Thiers a dit qu'on la fusille
Ma France

Picasso tient le monde au bout de sa palette
Des lèvres d'Éluard s'envolent des colombes
Ils n'en finissent pas tes artistes prophètes
De dire qu'il est temps que le malheur succombe
Ma France

Leurs voix se multiplient à n'en plus faire qu'une
Celle qui paie toujours vos crimes vos erreurs
En remplissant l'histoire et ses fosses communes
Que je chante à jamais celle des travailleurs
Ma France

Celle qui ne possède en or que ses nuits blanches
Pour la lutte obstiné de ce temps quotidien
Du journal que l'on vend le matin d'un dimanche
A l'affiche qu'on colle au mur du lendemain
Ma France

Qu'elle monte des mines, descende des collines
Celle qui chante en moi, la belle, la rebelle
Elle tient l'avenir, serré dans ses mains fines
Celle de trente-six à soixante-huit chandelles
Ma France

Réponse de bleuette

J'ai froid
Jean Ferrat

Le vent du midi s'abat en rafales
Sur la vallée noire où les arbres ploient
Leurs bras désolés fument des gitanes
J'ai froid
Une fois de plus tous les droits de l'homme
Sont foulés aux pieds sont jetés à bas
Les maîtres sanglés dans leurs uniformes
J'ai froid

Une fois de plus la grande injustice
La force imbécile triomphe du droit
Quand la liberté tombe sa pelisse
J'ai froid
Encore une fois les lettres anonymes
La bêtise épaisse en guise de loi
La salve éclatant au milieu de l'hymne
J'ai froid

Si la bête immonde sort de sa tanière
Nous retrouverons le chemin des bois
Mets dans ma valise un gros pull-over
J'ai froid
Dans tes yeux soudain ivres de colère
La révolte éclaire un grand feu de bois
Quand fera-t-il donc le tour de la terre
J'ai froid

Quand fera-t-il donc le tour de la terre
J'ai froid

Réponse de bleuette

Ecris quelque chose de joli
Des vers peut-être ou de la prose
Un instant de rêve et de pause
Dans le tumulte de la vie

Ecris quelque chose de joli
Quelques mots de bleu et de rose
Un moment de métamorphose
Que tu nommerais l'embellie

L'embellie l'embellie
L'embellie l'embellie

Verse un peu de joie dans nos coeurs
Avec des riens qui vous délivrent
Un peu d'espoir et de douceur
On en a tant besoin pour vivre

Ecris quelque chose de joli
L'odeur des lilas et des roses
Chante-nous la beauté des choses
Dans les yeux de l'homme ébloui

Ecris quelque chose de joli
L'aube entre nos bras qui repose
La seconde où lèvres mi-closes
Le plaisir vient comme la pluie

L'embellie l'embellie
L'embellie l'embellie

Ces mots à peine murmurés
Dans la tendresse qu'on devine
Baigné de musique angevine
Le temps sur nous s'est refermé

Je l'aurais voulu si joli
Ce poème en bleu et en rose
Cet instant de rêve et de pause
Dans le tumulte de la vie

Je l'aurais voulu si joli
Mon amour en qui tout repose
Et que nul ne puisse ni n'ose
Douter que tu es dans ma vie

L'embellie l'embellie
L'embellie l'embellie

Réponse de bleuette

Jean Ferrat


Le vent dans tes cheveux blonds
Le soleil à l'horizon
Quelques mots d'une chanson
Que c'est beau, c'est beau la vie
Un oiseau qui fait la roue
Sur un arbre déjà roux
Et son cri par-dessus tout
Que c'est beau, c'est beau la vie

Tout ce qui tremble et palpite
Tout ce qui lutte et se bat
Tout ce que j'ai cru trop vite
A jamais perdu pour moi
Pouvoir encore regarder
Pouvoir encore écouter
Et surtout pouvoir chanter
Que c'est beau, c'est beau la vie

Le jazz ouvert dans la nuit
Sa trompette qui nous suit
Dans une rue de Paris
Que c'est beau, c'est beau la vie
La rouge fleur éclatée
D'un néon qui fait trembler
Nos deux ombres étonnées
Que c'est beau, c'est beau la vie

Tout ce que j'ai failli perdre
Tout ce qui m'est redonné
Aujourd'hui me monte aux lèvres
En cette fin de journée
Pouvoir encore partager
Ma jeunesse, mes idées
Avec l'amour retrouvé
Que c'est beau, c'est beau la vie

Pouvoir encore te parler
Pouvoir encore t'embrasser
Te le dire et le chanter
Oui c'est beau, c'est beau la vie

Réponse de bleuette

ALBERT SAMAIN (1858~1900)

Les Sirènes

Les Sirènes chantaient ... Là-bas, vers les îlots,
Une harpe d'amour soupirait, infinie ;
Les flots voluptueux ruisselaient d'harmonie
Et des larmes montaient aux yeux des matelots.

Les Sirènes chantaient ... Là-bas, vers les rochers,
Une haleine de fleurs alanguissait les voiles ;
Et le ciel reflété dans les flots pleins d'étoiles
Versait tout son azur en l'âme des nochers,

Les Sirènes chantaient ... Plus tendres à présent,
Leurs voix d'amour pleuraient des larmes dans la brise,
Et c'était une extase où le coeur plein se brise,
Comme un fruit mûr qui s'ouvre au soir d'un jour pesant !

Vers les lointains, fleuris de jardins vaporeux,
Le vaisseau s'en allait, enveloppé de rêves ;
Et là-bas .. visions .. sur l'or pâle des grèves
Ondulaient vaguement des torses amoureux.

Diaphanes blancheurs dans la nuit émergeant,
Les Sirènes venaient, lentes, tordant leurs queues
Souples, et sous la lune, au long des vagues bleues,
Roulaient et déroulaient leurs volutes d'argent.

Les nacres de leurs chairs sous un liquide émail
Chatoyaient, ruisselant de perles cristallines,
Et leurs seins nus, cambrant leurs rondeurs opalines,
Tendaient lascivement des pointes de corail.

Leurs bras nus suppliants s'ouvraient, immaculés ;
Leurs cheveux blonds flottaient, emmêlés d'algues vertes,
Et, le col renversé, les narines ouvertes,
Elles offraient le ciel dans leurs yeux étoilés !%u2026

Des lyres se mouraient dans l'air harmonieux ;
Suprême, une langueur s'exhalait des calices,
Et les marins pâmés sentaient, lentes délices,
Des velours de baisers se poser sur leurs yeux%u2026

Jusqu'au bout, aux mortels condamnés par le sort,
Choeur fatal et divin, elles faisaient cortège ;
Et, doucement captif entre leurs bras de neige,
Le vaisseau descendait, radieux, dans la mort !

La nuit tiède embaumait ... Là-bas, vers les îlots,
Une harpe d'amour soupirait, infinie ;
Et la mer, déroulant ses vagues d'harmonie,
Étendait son linceul bleu sur les matelots.

Les Sirènes chantaient ... Mais le temps est passé
Des beaux trépas cueillis en les Syrtes sereines,
Où l'on pouvait mourir aux lèvres des Sirènes,
Et pour jamais dormir sur son rêve enlacé.

Réponse de Mémoire 88

des petits mots de mon ami Benoit Camus extrait de son recueil "Cordes sensibles"
"Sang d'encre
Les mots filent sous mes doigts, ne coagulent plus je les perds
Les mots rages ne tarissent pas
J'ai du sang sur les mots."

Réponse de bleuette

Victor HUGO

Oh ! les charmants oiseaux joyeux !
Comme ils maraudent ! comme ils pillent !
Où va ce tas de petits gueux
Que tous les souffles éparpillent ?

Ils s'en vont au clair firmament ;
Leur voix raille, leur bec lutine ;
Ils font rire éternellement
La grande nature enfantine.

Ils vont aux bois, ils vont aux champs,
À nos toits remplis de mensonges,
Avec des cris, avec des chants,
Passant, fuyant, pareils aux songes.

Comme ils sont près du Dieu vivant
Et de l'aurore fraîche et douce,
Ces gais bohémiens du vent
N'amassent rien qu'un peu de mousse.

Toute la terre est sous leurs yeux ;
Dieu met, pour ces purs êtres frêles,
Un triomphe mystérieux
Dans la légèreté des ailes.

Atteignent-ils les astres ? Non.
Mais ils montent jusqu'aux nuages.
Vers le rêveur, leur compagnon,
Ils vont, familiers et sauvages.

La grâce est tout leur mouvement,
La volupté toute leur vie ;
Pendant qu'ils volent vaguement
La feuillée immense est ravie.

L'oiseau va moins haut que Psyché.
C'est l'ivresse dans la nuée.
Vénus semble l'avoir lâché
De sa ceinture dénouée.

Il habite le demi-jour ;
Le plaisir est sa loi secrète.
C'est du temple que sort l'amour,
C'est du nid que vient l'amourette.

L'oiseau s'enfuit dans l'infini
Et s'y perd comme un son de lyre.
Avec sa queue il dit nenni
Comme Jeanne avec son sourire.

Que lui faut-il ? un réséda,
Un myrte, un ombre, une cachette.
Esprit, tu voudrais Velléda ;
Oiseau, tu chercherais Fanchette.

Colibri, comme Ithuriel,
Appartient à la zone bleue.
L'ange est de la cité du ciel ;
Les oiseaux sont de la banlieue.

Réponse de bleuette

TRISTAN DERÈME

Puisque je suis assis sous ce pin vert et sombre
Qui domine au soleil les tumultes marins,
Ô Muse, apporte-moi les syllabes de l'ombre
Pour rimer au premier de ces alexandrins.

Je sais que tout est vain ; je sais que tout est grave
Et je sais que mes vers tu ne les entendras,
Amie aux beaux cheveux qui rêves dans mes bras,
Cependant que le bleu s'argente sur la rive.

Pour toi ne faudrait-il chanter comme certains
Les sérénades à Grenade, les oeillades
Et les baignades sans noyade des naïades,
L'échelle au clair de lune et l'amour au printemps ?

Mais tu dors ; langoureuse et lasse tu reposes,
Les cheveux caressés par le vent de la mer ;
Mais tu dors et ta main laisse glisser des roses
Sur le sable stérile et dans mon coeur amer.

Réponse de bleuette

Jenny Trolliet
Aux Anges

J'ai soif de gens vivants, de gens simples et aimants.
J'ai soif de gens amoureux, doux, tendres.
J'ai soif de gens qui ne jugent pas, qui aident et qui évoluent...
J'ai soif de gens qui pardonnent et qui rient.
J'ai soif de gens authentiques et qui s'en fichent du paraître.
J'ai soif d'esprits attentifs et profonds...
J'ai soif de gens qui s'aiment vraiment.
J'ai soif de rencontres folles et de gens qui s'amusent.
STOP aux habitudes qui n'ont aucun sens
et des passés révolus qui nous tirent vers le bas.
STOP aux voix trop fortes et trop sérieuses...
STOP aux esprits malins et voraces.
STOP aux gens qui font mal parce qu'ils ont mal.
Je dis oui à l'amour, à la joie.
Je veux rencontrer des âmes sensibles
au coeur tendre et des gens qui ont les yeux qui brillent.
Je veux rencontrer des enfants et des grands enfants
qui voient la vie en couleurs.
Vive les coeurs et les âmes. Vive la sensibilité et la gentillesse.
Vive l'imperfection. Vive la folie ! Vive l'Amour.

Réponse de bleuette

Bonjour Monsieur Printemps
(Comptine )

Ce matin un petit bonhomme
Visage frais comme un bonbon
Portant un bel habit vert pomme
Est arrivé dans le vallon.
C'est pour le saluer peut-être
Qu'aussitôt monsieur le Soleil
Avec tous ses rayons vermeils
A mis le nez à la fenêtre...

Alors par les prés et les bois
Tous les petits enfants
Chantèrent à la fois :
Bonjour, bonjour, Monsieur Printemps
À la grand-route des nuages
Avez-vous fait un beau voyage
Et qu'apportez-vous, si content ?

..Je vous apporte le beau temps, mes enfants ..
A répondu Monsieur Printemps
Alors, il fit la pirouette
Puis un salut très solennel
De la fontaine encore muette
Il brisa la prison de gel...


Voyant ça, dans leur nid de mousse
Les fauvettes et les pinsons
Entonnèrent à l'unisson
Leurs chansonnettes les plus douces
Le vieux clocher tout étonné
Joyeusement s'est mis à recarillonner...

Bonjour, bonjour, Monsieur Printemps
Sortez votre boîte à peinture
La terre a besoin de verdure
Et de lilas tout fleurissants
.. Vous en aurez dans un instant, mes enfants ..
A répondu Monsieur Printemps...

Et puis, avec ses mains fluettes,
Il cueillit une branche au bois
De cette magique baguette
Il frappa sur le sol trois fois
Avec les fleurs en ribambelle
Poussèrent tous les papillons
Et dans le ciel, en tourbillons,
Arrivèrent les hirondelles...

Alors, tous les petits enfants
Se mirent à genoux et dirent suppliants
Et nous, et nous, Monsieur Printemps
Des petits bambins que nous sommes
Si vous vouliez faire des hommes
Vous en auriez pour un instant...

..J'aime mieux vous laisser longtemps des enfants ..
A répondu Monsieur Printemps

Réponse de boscavert

LE SOUS-PRÉFET AUX CHAMPS, ALPHONSE DAUDET

M. le sous-préfet est en tournée. Cocher devant, laquais derrière, la calèche de la sous-préfecture l'emporte majestueusement au concours régional de la Combe-aux-Fées. Pour cette
journée mémorable, M. le sous-préfet a mis son bel habit brodé, son petit claque, sa culotte
collante à bandes d'argent et son épée de gala à poignée de nacre... Sur ses genoux repose une
grande serviette en chagrin gaufré qu'il regarde tristement.
M. le sous-préfet regarde tristement sa serviette en chagrin gaufré ; il songe au fameux discours
qu'il va falloir prononcer tout à l'heure devant les habitants de la Combe-aux-Fées :
_ Messieurs et chers administrés...
Mais il a beau tortiller la soie blonde de ses favoris et répéter vingt fois de suite :
_ Messieurs et chers administrés... la suite du discours ne vient pas.
La suite du discours ne vient pas... Il fait si chaud dans cette calèche !...À perte de vue,
la route de la Combe-aux-Fées poudroie sous le soleil du Midi... L'air est embrasé... et sur
les ormeaux du bord du chemin, tout couverts de poussière blanche, des milliers de cigales se
répondent d'un arbre à l'autre... Tout à coup M. le sous-préfet tressaille... Là-bas, au pied d'un
coteau, il vient d'apercevoir un petit bois de chênes verts qui semble lui faire signe...
Le petit bois de chênes verts semble lui faire signe :
_ Venez donc par ici, monsieur le sous-préfet ; pour composer votre discours, vous serez
beaucoup mieux sous mes arbres...
M. le sous-préfet est séduit ; il saute à bas de sa calèche et dit à ses gens de l'attendre, qu'il va
composer son discours dans le petit bois de chênes verts.
Dans le petit bois de chênes verts il y a des oiseaux, des violettes, et des sources sous l'herbe
fine... Quand ils ont aperçu M. le sous-préfet avec sa belle culotte et sa serviette en chagrin
gaufré, les oiseaux ont eu peur et se sont arrêtés de chanter, les sources n'ont plus osé faire de
bruit, et les violettes se sont cachées dans le gazon... Tout ce petit monde-là n'a jamais vu de
sous-préfet, et se demande à voix basse quel est ce beau seigneur qui se promène en culotte
d'argent.
A voix basse, sous la feuillée, on se demande quel est ce beau seigneur en culotte d'argent.
Pendant ce temps-là, M. le sous-préfet, ravi du silence et de la fraîcheur du bois, relève les pans
de son habit, pose son claque sur l'herbe et s'assied dans la mousse au pied d'un jeune chêne ;
puis il ouvre sur ses genoux sa grande serviette de chagrin gaufré et en tire une large feuille de
papier ministre.
_ C'est un artiste ! dit la fauvette.
_Non, dit le bouvreuil, ce n'est pas un artiste, puisqu'il a une culotte en argent ; c'est plutôt
un prince.
_C'est plutôt un prince, dit le bouvreuil.
_ Ni un artiste, ni un prince, interrompt un vieux rossignol, qui a chanté toute une saison
dans les jardins de la sous-préfecture... Je sais ce que c'est : c'est un sous-préfet !
Et tout le petit bois va chuchotant :
_C'est un sous-préfet ! c'est un sous-préfet !
_Comme il est chauve ! remarque une alouette à grande huppe.

Réponse de bleuette

super monsieur Boscavert !
je n'ai toujours pas compris pourquoi vous avez supprimé ma publication
"l'embellie" de Jean Ferrat , l'autre fois

Réponse de bleuette

Le printemps ...
(Comptine)

Un petit oeil jaune, tout jaune
...c'est la primevère, la première...

Un petit oeil blanc, très franc
...c'est la pâquerette, mignonnette...

Un petit oeil bleu, malicieux
...c'est le myosotis, tout fleuri ...

Un oeil de satin, quel malin !
...c'est la violette, qui me guette.

********

... Il est des pensées qui comme certaines fleurs,
doivent se respirer lentement en osant
prendre le temps de ralentir le temps....

Jacques Salomé

Réponse de bleuette

ÉMILE VERHAEREN
Un matin


Dès le matin, par mes grand-routes coutumières
Qui traversent champs et vergers,
Je suis parti clair et léger,
Le corps enveloppé de vent et de lumière.

Je vais, je ne sais où. Je vais, je suis heureux ;
C'est fête et joie en ma poitrine ;
Que m'importent droits et doctrines,
Le caillou sonne et luit, sous mes talons poudreux ;

Je marche avec l'orgueil d'aimer l'air et la terre,
D'être immense et d'être fou
Et de mêler le monde et tout
À cet enivrement de vie élémentaire.

Ô les pas voyageurs et clairs des anciens dieux !
Je m'enfouis dans l'herbe sombre
Où les chênes versent leurs ombres
Et je baise les fleurs sur leurs bouches de feu.

Les bras fluides et doux des rivières m'accueillent ;
Je me repose et je repars,
Avec mon guide : le hasard,
Par des sentiers sous bois dont je mâche les feuilles.

Il me semble jusqu'à ce jour n'avoir vécu
Que pour mourir et non pour vivre :
Oh quels tombeaux creusent les livres
Et que de fronts armés y descendent vaincus !

Dites, est-il vrai qu'hier il existât des choses,
Et que des yeux quotidiens
Aient regardé, avant les miens,
Se pavoiser les fruits et s'exalter les roses.

Pour la première fois, je vois les vents vermeils
Briller dans la mer des branchages,
Mon âme humaine n'a point d'âge ;
Tout est jeune, tout est nouveau, sous le soleil.

J'aime mes yeux, mes bras, mes mains, ma chair, mon torse
Et mes cheveux amples et blonds,
Et je voudrais, par mes poumons,
Boire l'espace entier pour en gonfler ma force.

Oh ces marches à travers bois, plaines, fossés,
Où l'être chante et pleure et crie
Et se dépense avec furie
Et s'enivre de soi ainsi qu'un insensé !

Réponse de bleuette

Rire ou pleurer, mais que le coeur
Soit plein de parfums comme un vase,
Et contienne jusqu'à l'extase
La force vive ou la langueur.

Avoir la douleur ou la joie,
Pourvu que le coeur soit profond
Comme un arbre où des ailes font
Trembler le feuillage qui ploie ;

S'en aller pensant ou rêvant,
Mais que le coeur donne sa sève
Et que l'âme chante et se lève
Comme une vague dans le vent.

Que le coeur s'éclaire ou se voile,
Qu'il soit sombre ou vif tour à tour,
Mais que son ombre et que son jour
Aient le soleil ou les étoiles...

Anna de Noailles.

Réponse de bleuette

PAUL ARÈNE
Sonnet de mars

C'est un matin de Mars quelle m'est revenue,
Éveillant le jardin d'un bruit de falbalas,
L'enfant toujours cruelle et toujours ingénue
Que je n'ai point aimée et qui ne m'aimait pas.

Le givre s'égouttait aux branches, mais plus bas
La neige ourlait encor les buis de l'avenue ;
Et le frisson d'hiver, sous leur écorce nue,
Emprisonnait le rire embaumé des lilas.

Un clair rayon parut . . " Bonjour, c'est moi !" . . dit-elle.
Dans l'air moins froid passa comme un cri d'hirondelle,
Je la vis me sourire et crus avoir seize ans;

Et depuis, quelquefois je me surprends à dire,
Songeant à ce rayon, songeant à ce sourire :
« C'était presque l'Amour et presque le Printemps ! »

Réponse de bleuette

CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE


Laissez-moi ! tout a fui. Le printemps recommence ;
L'été s'anime, et le désir a lui ;
Les sillons et les coeurs agitent leur semence.
Laissez-moi ! tout a fui.

Laissez-moi ! dans nos champs, les roches solitaires,
Les bois épais appellent mon ennui.
Je veux, au bord des lacs, méditer leurs mystères,
Et comment tout m'a fui.

Laissez-moi m'égarer aux foules de la ville ;
J'aime ce peuple et son bruit réjoui ;
Il double la tristesse à ce coeur qui s'exile,
Et pour qui tout a fui.

Laissez-moi ! midi règne, et le soleil sans voiles
Fait un désert à mon oeil ébloui.
Laissez-moi ! c'est le soir, et l'heure des étoiles
Qu'espérer ? tout a fui.

Oh ! laissez-moi, sans trêve, écouter ma blessure,
Aimer mon mal et ne vouloir que lui.
Celle en qui je croyais, Celle qui m'était sûre...
Laissez-moi ! tout a fui !

Réponse de bleuette

Printemps

Tout est lumière, tout est joie.
L'araignée au pied diligent
Attache aux tulipes de soie
Les rondes dentelles d'argent.

La frissonnante libellule
Mire les globes de ses yeux
Dans l'étang splendide où pullule
Tout un monde mystérieux.

La rose semble, rajeunie,
S'accoupler au bouton vermeil
L'oiseau chante plein d'harmonie
Dans les rameaux pleins de soleil.

Sous les bois, où tout bruit s'émousse,
Le faon craintif joue en rêvant :
Dans les verts écrins de la mousse,
Luit le scarabée, or vivant.

La lune au jour est tiède et pâle
Comme un joyeux convalescent;
Tendre, elle ouvre ses yeux d'opale
D'où la douceur du ciel descend !

Tout vit et se pose avec grâce,
Le rayon sur le seuil ouvert,
L'ombre qui fuit sur l'eau qui passe,
Le ciel bleu sur le coteau vert !

La plaine brille, heureuse et pure;
Le bois jase ; l'herbe fleurit.
.. Homme ! ne crains rien ! la nature
Sait le grand secret, et sourit.

Victor Hugo

Réponse de bleuette

PAUL BOURGET

Musique

La lune se levait, pure, mais plus glacée
Que le ressouvenir de quelque amour passée.
Les étoiles, au fond du ciel silencieux,
Brillaient, mais d'un éclat changeant, comme des yeux
Où flotte une pensée insaisissable à l'âme.
Et le violon, tendre et doux, comme une femme
Dont la voix s'affaiblit dans l'ardente langueur,
Chantait .. Encore un soir perdu pour le bonheur ..

Réponse de bleuette

LÉON-PAUL FARGUE
Dimanches

Des champs comme la mer, l'odeur rauque des
herbes,
Un vent de cloches sur les fleurs après l'averse,
Des voix claires d'enfant dans le parc bleu de pluie,

Un soleil morne ouvert aux tristes, tout cela
Vogue sur la langueur de cet après-midi ...
L'heure chante. Il fait doux. Ceux qui m'aiment
sont là ...

J'entends des mots d'enfant, calmes comme le jour.
La table est mise simple et gaie avec des choses
Pures comme un silence de cierges présents ...

Le ciel donne sa fièvre hélas comme un bienfait ...
Un grand jour de village enchante les fenêtres ...
Des gens tiennent des lampes c'est fête et des
fleurs ...

Au loin un orgue tourne son sanglot de miel ...
Oh je voudrais te dire ...

Réponse de bleuette

JACQUES D'ADELSWÄRD-FERSEN

Amour sauvage et doux... (Fragment)


Amour sauvage et doux, ô torturant Amour,
Quel soir ai-je évoqué ta misère et ta gloire ?
Je ne me souviens plus dans quel amer ciboire
J'ai versé le poison qui me tue sans retour !

Je sais que des parfums venaient de la campagne,
Entraient par ma croisée ouverte sur les bois,
Et qu'un air triste et beau, comme un air d'autrefois,
Se mêlait au refrain des voix de la montagne...

Je sais que je rêvais, en regardant le ciel,
À des miroirs brisés, à d'anciens sourires,
À des accents éteints sur d'éphémères lyres,
À des départs déçus pour d'éternels soleils,

Et qu'alors j'ai pleuré en désirant ta lèvre !...
L'Amour, c'est ce qui fait deux frères d'un regard,
C'est ce petit enfant ingénu et bavard,
Qui vous touche d'un rien et vous donne la fièvre :

C'est le carquois pointu, rempli de flèches d'or,
Qu'une main rose et blonde incessamment taquine,
C'est l'oeil bandé de soie et la bouche mutine
D'un Greuze que l'on craint et que l'on veut encor...

L'amour, mais c'est joli comme une dédicace
Que l'homme aurait osé rimer pour son bonheur !
L'amour est au baiser ce que l'âme est au coeur,
L'amour que l'on maudit, l'amour que l'on embrasse !...

Amour, ce mot charmant et câlin que l'on dit
Les yeux illuminés par des flammes lointaines :
L'amour... cela murmure ainsi qu'une fontaine
Où l'on viendrait puiser de l'eau du Paradis !

L'amour, c'est le parfum des matins de rosée,
C'est la ferveur des jours et le calme des soirs,
C'est la terre endormie et c'est le jeune espoir
Qui chante dans l'esprit de la jeune épousée !

L'amour, c'est le printemps quand les nids sont en fleur.
L'amour, c'est le pinson des bois, qui vocalise,
L'amour, c'est l'inconnu qu'avril idéalise
Et qui dit me voilà... d'un sourire vainqueur !

Je l'attends, jeune et clair, comme un fruit sur ma bouche,
Il viendra couronné de rêve et de douceur,
Et d'un sourire unique il grisera mon coeur
Je lui donne mon corps, je lui donne ma couche !

Apparais donc, Éros, dans un nimbe de feu,
Je me prosternerai en baisant tes pieds frêles,
Abrite ma passion au duvet de tes ailes,
Et mes rates d'amour t'appelleront : mon Dieu !

Réponse de bleuette

Alphonse de LAMARTINE
L'ISOLEMENT

Souvent sur la montagne, à l'ombre du vieux chêne,
Au coucher du soleil, tristement je m'assieds ;
Je promène au hasard mes regards sur la plaine,
Dont le tableau changeant se déroule à mes pieds.

Ici, gronde le fleuve aux vagues écumantes ;
Il serpente, et s'enfonce en un lointain obscur ;
Là, le lac immobile étend ses eaux dormantes
Où l'étoile du soir se lève dans l'azur.

Au sommet de ces monts couronnés de bois sombres,
Le crépuscule encor jette un dernier rayon,
Et le char vaporeux de la reine des ombres
Monte, et blanchit déjà les bords de l'horizon.

Cependant, s'élançant de la flèche gothique,
Un son religieux se répand dans les airs,
Le voyageur s'arrête, et la cloche rustique
Aux derniers bruits du jour mêle de saints concerts.

Mais à ces doux tableaux mon âme indifférente
N'éprouve devant eux ni charme ni transports,
Je contemple la terre ainsi qu'une ombre errante :
Le soleil des vivants n'échauffe plus les morts.

De colline en colline en vain portant ma vue,
Du sud à l'aquilon, de l'aurore au couchant,
Je parcours tous les points de l'immense étendue,
Et je dis : « Nulle part le bonheur ne m'attend. »

Que me font ces vallons, ces palais, ces chaumières,
Vains objets dont pour moi le charme est envolé ?
Fleuves, rochers, forêts, solitudes si chères,
Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé.

Que le tour du soleil ou commence ou s'achève,
D'un oeil indifférent je le suis dans son cours ;
En un ciel sombre ou pur qu'il se couche ou se lève,
Qu'importe le soleil ? je n'attends rien des jours.

Quand je pourrais le suivre en sa vaste carrière,
Mes yeux verraient partout le vide et les déserts ;
Je ne désire rien de tout ce qu'il éclaire,
Je ne demande rien à l'immense univers.

Mais peut-être au-delà des bornes de sa sphère,
Lieux où le vrai soleil éclaire d'autres cieux,
Si je pouvais laisser ma dépouille à la terre,
Ce que j'ai tant rêvé paraîtrait à mes yeux !

Là, je m'enivrerais à la source où j'aspire ;
Là, je retrouverais et l'espoir et l'amour,
Et ce bien idéal que toute âme désire,
Et qui n'a pas de nom au terrestre séjour !

Que ne puis-je, porté sur le char de l'Aurore,
Vague objet de mes voeux, m'élancer jusqu'à toi !
Sur la terre d'exil pourquoi restè-je encore ?
Il n'est rien de commun entre la terre et moi.

Quand la feuille des bois tombe dans la prairie,
Le vent du soir s'élève et l'arrache aux vallons ;
Et moi, je suis semblable à la feuille flétrie :
Emportez-moi comme elle, orageux aquilons !

Réponse de bleuette

ÉMILE NELLIGAN
Le Voyageur

Las d'avoir visité mondes, continents, villes,
Et vu de tout pays, ciel, palais, monuments,
Le voyageur enfin revient vers les charmilles
Et les vallons rieurs qu'aimaient ses premiers ans.

Alors sur les vieux bancs au sein des soirs tranquilles,
Sous les chênes vieillis, quelques bons paysans,
Graves, fumant la pipe, auprès de leurs familles
Ecoutaient les récits du docte aux cheveux blancs.

Le printemps refleurit. Le rossignol volage
Dans son palais rustique a de nouveau chanté,
Mais les bancs sont déserts car l'homme est en voyage.

On ne le revoit plus dans ses plaines natales.
Fantôme, il disparut dans la nuit, emporté
Par le souffle mortel des brises hivernales.

Réponse de bleuette

Pierre de Ronsard
Mignonne, allons voir si la rose


Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avoit desclose
Sa robe de pourpre au Soleil,
A point perdu ceste vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vostre pareil.

Las ! voyez comme en peu d'espace,
Mignonne, elle a dessus la place
Las ! las ses beautez laissé cheoir !
Ô vrayment marastre Nature,
Puis qu'une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !

Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que vostre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez vostre jeunesse :
Comme à ceste fleur la vieillesse
Fera ternir vostre beauté.

Réponse de bleuette

RAYMOND RADIGUET
Le Rendez-vous solitaire

Emprunte aux oiseaux leur auberge
Au feuillage d'ardoise tendre !
Loin des fatigues, ma cycliste,
Qui t'épanouis sur nos berges,
Future fleur comme Narcisse,

Tu sembles toi-même t'attendre !
Mais pour que nul gêneur ne vienne
Je nomme la Marne gardienne,
Ô peu chaste, de tes appâts.
La Marne fera les cent pas.

Si son eau douce va semblant
Plus douce et plus chaste que d'autres,
Ses désirs pourtant sont les nôtres :
Voir bouillir à l'heure du thé
Que l'on prend en pantalon blanc,
Au soleil, ta virginité !

Mémoire 88, 02/04/2021 11:09 :
Très bonne idée de partager ce poème de RAYMOND RADIGUET disparu si jeune.
vous ne savez peut-être pas mais sa petite nièce, Chloé Radiguet, continue à oeuvrer pour qu'on ne l'oublie pas. Elle est aussi écrivaine.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Raymond_Radiguet

Réponse de LLou

C'est une Garonne
Claude Nougaro - https://youtu.be/vJ-woClQ5X4

Moi mon océan
C'est une Garonne
Qui s'écoule comme
Un tapis roulant
Moi mon océan
C'est une Garonne
La grande personne
Dont je suis l'enfant
Ma Diterranée
C'est une Garonne
Née comme trois pommes
Dans les Pyrénées
Un berceau de roc
Pour un filet d'eau
Trois syllabes d'oc
Et vogue le flot
C'est une Garonne
C'est une Garonne
Moi ma mer Egée
C'est ce fleuve lisse
Dont je suis l'Ulysse
Sans exagérer
Le ciel sur son dos
Et la pollution
Allant à Bordeaux
Trouver solution
Moi ma caravelle
C'est sa rive belle
Là où l'hirondelle
Vient pondre son oeuf
Ma vague émeraude
C'est une Garonne
Quand elle se fait chaude
Au bras du Pont-Neuf
C'est une Garonne
C'est une Garonne
Et faut pas qu'oublie
Quand elle bouillonne
Comme une amazone
Chevauchant son lit
Mon Old Man River
C'est une Garonne
Quand elle ronronne
Tout près de mon coeur
Ma mer océane
C'est une Garonne
Quand elle résonne
D'un air de tam-tam
C'est une Garonne
C'est une Garonne
C'est une Garonne...

Réponse de bleuette

ANDRÉ SALMON
['aube rue Saint-Vincent

Le jour doré s'accroche à l'aile
D'un moulin qui ne tourne plus
Et l'on sent bouillonner le zèle
De Paris, moi je suis perclus.

Voici, beautés d'apothéose,
Merveilles du soleil levant,
Traînés par une jument rose
Des choux bleus et des coucous blancs.

La fontaine laborieuse
Redit, inutile leçon,
Une chanson d'esclave heureuse
Au ruisseau libre et vagabond.

On ouvre et l'on ferme des portes
Et des mains lèvent des miroirs
Lourds de lumière, que m'importe
Si je suis parfumé de soir ?

La lune a bu toutes mes larmes ;
Partageant mon vin, des filous
M'ont laissé caresser leur armes ;
Ma nuit fut belle. Couchons-nous.

Réponse de bleuette

Merci memoire
Je ne manquerais pas d'aller voir
Bonne journée

Réponse de bleuette

Georges RODENBACH

"Le Miroir du ciel natal"

I
Les cloches ont de vastes hymnes,
Si légères dans l'aube,
Qu'on les croirait en robes
De mousseline ;
Robes des cloches balancées,
Cloches en joie et qui épanchent
Une musique blanche ;
Ne sont-ce pas des mariées
Ou des Premières Communiantes
Qui chantent ?
Chaque cloche s'ébranle à son tour ;
Elle sort de sa tour,
Robe de mousseline,
Son en marche qui n'est pas sûr,
Mais doucement chemine ;
Puis s'enhardit et s'accélère
Dans la nouveauté de l'azur
Dont la soie indécise est faite pour lui plaire.
Toutes les cloches s'agglomèrent
Comme des Communiantes,
Lentes et rayonnantes,
Dans leurs blancheurs qui font une clarté lunaire.
Tant de cloches ! Il y en a
Qui doucement prient ;
Leurs chants ont l'air d'Avé Maria
Psalmodiés à des orgues fleuries.
D'autres passent, se survivant ;
On dirait le sillage,
Dans le vent,
De quelques cygnes en voyage.
Car les cloches en voyageant
À travers l'aube n'épanchent
Qu'une musique blanche ;
Ô les douces cloches neigeant !
Sont-ce les fleurs d'un verger
Où l'avril irradie ?
Peut-être aussi qu'il a neigé
Des hosties ?
C'est toute une blancheur qui tombe,
En ouatant son bruit ;
Et n'est-ce pas la colombe du Saint-Esprit
? Planement de colombe ! ?
Qui, pour récompenser les âmes de leurs zèles,
Laisse choir dans chacune un écho de ses ailes ?

Réponse de bleuette

JULES SUPERVIELLE
Hommage à la vie

C'est beau d'avoir élu
Domicile vivant
Et de loger le temps
Dans un coeur continu,


Et d'avoir vu ses mains
Se poser sur le monde
Comme sur une pomme
Dans un petit jardin,

D'avoir aimé la terre,
La lune et le soleil,
Comme des familiers
Qui n'ont pas leurs pareils,

Et d'avoir confié
Le monde à sa mémoire
Comme un clair cavalier
À sa monture noire,

D'avoir donné visage
À ces mots : femme, enfants,
Et servi de rivage
À d'errants continents,

Et d'avoir atteint l'âme
À petits coups de rame
Pour ne l'effaroucher
D'une brusque approchée.

C'est beau d'avoir connu
L'ombre sous le feuillage
Et d'avoir senti l'âge
Ramper sur le corps nu,

Accompagné la peine
Du sang noir dans nos veines
Et doré son silence
De l'étoile Patience,

Et d'avoir tous ces mots
Qui bougent dans la tête,
De choisir les moins beaux
Pour leur faire un peu fête,

D'avoir senti la vie
Hâtive et mal aimée,
De l'avoir enfermée
Dans cette poésie.

Réponse de Flavynette

À Aurore

La nature est tout ce qu'on voit,
Tout ce qu'on veut, tout ce qu'on aime.
Tout ce qu'on sait, tout ce qu'on croit,
Tout ce que l'on sent en soi-même.

Elle est belle pour qui la voit,
Elle est bonne à celui qui l'aime,
Elle est juste quand on y croit
Et qu'on la respecte en soi-même.

Regarde le ciel, il te voit,
Embrasse la terre, elle t'aime.
La vérité c'est ce qu'on croit
En la nature c'est toi-même.

George Sand (1804-1876)
Contes d'une grand'mère

Réponse de Mémoire 88

sur le blog de mon éditeur, il y a parfois affiché des poèmes écrits par des écrivains d'ÉLP, par exemple ici :
https://ecrirelirepenser.com/2021/04/05/comment-vous-dire-adieu-helena-courteau/

Réponse de bleuette

CHARLES VAN LERBERGHE


Un silence se fit dans le déclin du jour.
Une plainte expira, puis un soupir d'amour.
Puis une pomme chut, une autre encore, et d'autres,
Dans l'herbe haute et chaude et l'ombre d'émeraude.

Le soleil descendit de rameaux en rameaux ;
On entendit chanter un invisible oiseau.
Une senteur de fleurs molles et défaillantes
Sur la terre glissa comme une vague lente.

Et pour mieux enchanter celle qui vient, les yeux
Baissés, et comme en songe, et le cour oublieux,
Par les troubles sentiers de ces jardins magiques,

Le soir voluptueux, dans les airs attiédis,
De ses subtiles mains complices étendit
L'insidieux filet des étoiles obliques.

Réponse de bleuette

CHARLES BAUDELAIRE
L'INVITATION AU VOYAGE


Mon enfant, ma soeur,
Songe à la douceur
D'aller là-bas vivre ensemble !
Aimer à loisir,
Aimer et mourir
Au pays qui te ressemble !
Les soleils mouillés
De ces ciels brouillés
Pour mon esprit ont les charmes
Si mystérieux
De tes traîtres yeux,
Brillant à travers leurs larmes.
Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.

Des meubles luisants,
Polis par les ans,
Décoreraient notre chambre ;
Les plus rares fleurs
Mêlant leurs odeurs
Aux vagues senteurs de l'ambre,
Les riches plafonds,
Les miroirs profonds,
La splendeur orientale,
Tout y parlerait
À l'âme en secret
Sa douce langue natale.
Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.

Vois sur ces canaux
Dormir ces vaisseaux
Dont l'humeur est vagabonde ;
C'est pour assouvir
Ton moindre désir
Qu'ils viennent du bout du monde.
- Les soleils couchants
Revêtent les champs,
Les canaux, la ville entière,
D'hyacinthe et d'or ;
Le monde s'endort
Dans une chaude lumière.
Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.

Réponse de Mémoire 88

" Little Boy in the Grass "
https://www.youtube.com/watch?v=zw6O3nkBxk8
About the song
This song is for the victims of the Utøya massacre in 2011 and someone important for AURORA that died that day.
"Today is the day. 22nd of July. It's been 4 years since you left us. Since all of you left us. how time flies, we even find ourselves forgetting for a moment, nearly moving on.. Not because we forget you, but because we remember to live. But know that I will always remember you, and everyone that went down with you. I will think of love, and send love to those who needs it this today. I hope no one is crying alone. Rest in peace my friend. You are free now." - AURORA

Traduction automatique :
Je vais vous raconter l'histoire
du petit garçon que j'ai trouvé dans l'herbe
Âme fatiguée comme il me l'a dit
Il pouvait entendre les enfants vouloir passer
Des rires dans l'air
Encore aujourd'hui nous les entendons

Finalement nous sommes sur tout
Finalement nous sommes finis , sur tout

(Laissez-les courir)
Laissez-les fuir la violence
Le monde est bien trop froid et lumineux pour leurs yeux
Petit garçon court à côté d'eux
Alors qu'ils lui prennent la main et sautent vers le ciel
Encore aujourd'hui tu l'entends

Enfin je suis finie , sur tout
Finalement je suis finie, sur tout

Quand ma guérison viendra-t-elle?
Quand ma guérison viendra-t-elle?
Seul, coulant comme une pierre
Quand ma guérison viendra-t-elle?
Seul

enfin je suis au-dessus de tout
enfin je suis au-dessus de tout

enfin je suis

Réponse de bleuette

Hirondelle

Hirondelle qui vient de la nue orageuse
Hirondelle fidèle, où vas-tu ? dis-le-moi.
Quelle brise t'emporte, errante voyageuse ?
Écoute, je voudrais m'en aller avec toi,

Bien loin, bien loin d'ici, vers d'immenses rivages,
Vers de grands rochers nus, des grèves, des déserts,
Dans l'inconnu muet, ou bien vers d'autres âges,
Vers les astres errants qui roulent dans les airs.

Ah ! laisse-moi pleurer, pleurer, quand de tes ailes
Tu rases l'herbe verte et qu'aux profonds concerts
Des forêts et des vents tu réponds des tourelles,
Avec ta rauque voix, mon doux oiseau des mers.

Hirondelle aux yeux noirs, hirondelle, je t'aime !
Je ne sais quel écho par toi m'est apporté
Des rivages lointains ; pour vivre, loi suprême,
Il me faut, comme à toi, l'air et la liberté.

Louise Michel

Réponse de Mémoire 88

Coulon Cécile il y a 2 h :·
CONTINUER MALGRÉ
Je me souviens du bruit que fait le coeur
quand il s'effondre à l'intérieur :
il n'explose pas, il ne déborde pas,
non,
il se fend au milieu puis il tombe,
coeur rompu en plein coeur,
ça ressemblerait presque
à une plaque de glace affaiblie par le soleil.
Les morceaux chutent comme ceux d'une fenêtre brisée :
personne ne les ramasse, on les laisse au même endroit,
le temps les couvre de mousse, de terre et d'images du bonheur.
Je fais ma vie en évitant de laisser les visiteurs
piétiner ce qu'il reste de moi-même :
je ne serai jamais solide comme un roc
mais plutôt comme une fleur.
Je cherche dans les livres, dans la mémoire des êtres silencieux,
comment continuer, malgré tout.
Avec des mains froides qui savent réchauffer.
Avec des mots terribles qui savent se coucher
pour veiller sur un sommeil
où les rêves font ce qu'ils veulent
de la beauté.
Continuer malgré tout :
maladies et morts sont déjà venues et viendront encore
dans les rues vides, les chambres étroites et les familles unies,
ces choses nous surprennent toujours quand nous les pensons loin
alors qu'elles cheminent avec nous, main dans la main.
Je me souviens du bruit que fait le coeur
quand il se rassemble dans l'ombre de la poitrine :
le silence.
Et soudain, le merle gris,
les grands yeux doux,
l'odeur des mandarines.

Réponse de bleuette

Pauvre petit oiseau des champs,
Inconstante bergeronnette.
Qui voltiges, vive et coquette,
Et qui siffles tes jolis chants ;

Bergeronnette si gentille,
Qui tournes autour du troupeau.
Par les prés sautille, sautille,
Et mire-toi dans le ruisseau !

Vas, dans tes gracieux caprices,
Becqueter la pointe des fleurs,
Ou poursuivre, au pied des génisses,
Les mouches aux vives couleurs.

Reprends tes jeux, bergeronnette,
Bergeronnette au vol léger ;
Nargue l'épervier qui te guette !
Je suis là pour te protéger ;

Si haut qu'il soit, je puis l'abattre...
Petit oiseau, chante !... et demain,
Quand je marcherai, viens t'ébattre,
Près de moi, le long du chemin.

C'est ton doux chant qui me console,
Je n'ai point d'autre ami que toi !
Bergeronnette, vole, vole,
Bergeronnette, devant moi !...

Charles Dovalle.

Réponse de bleuette

CHARLES VILDRAC
La petite maison

Sur le versant de la montagne,
À mi-hauteur, on aperçoit
Une petite maison toute seule.
D'ici, elle semble accrochée
À un pan de muraille nue,
Et le soir, on voit sa lumière
Agoniser sous le poids de la nuit.
- Ah ! comment peut-on vivre là ?
T'exclames-tu en frissonnant.
Moi, je ne connais pas l'endroit
Mais je sais bien que la montagne
N'a pas, pour qui gravit ses pentes,
Ce visage fermé qu'on voit de loin.
Moi, je sais bien qu'elle est vêtue
De fenouil, de myrte et de menthe,
De romarin, de lavande et de thym ;
Et que sa cime se recule
À mesure qu'on va vers elle
Et que son flanc parfois se creuse
Offrant un sûr et calme asile.
Je sais qu'il y a un mûrier,
Des amandiers, des pins, des chênes,
Un tapis d'herbe et deux chevrettes
Derrière la petite maison.
Et devant elle, une terrasse
Avec son banc et sa table de pierre
Où des gens, après leur travail,
Dans l'air doré du crépuscule,
Boivent frais le vin de leur vigne

Réponse de bleuette

CHARLES BAUDELAIRE
La Beauté

Je suis belle, ô mortels ! comme un rêve de pierre,
Et mon sein, où chacun s'est meurtri tour à tour,
Est fait pour inspirer au poëte un amour
Éternel et muet ainsi que la matière.

Je trône dans l'azur comme un sphinx incompris ;
J'unis un coeur de neige à la blancheur des cygnes ;
Je hais le mouvement qui déplace les lignes,
Et jamais je ne pleure et jamais je ne ris.

Les poëtes, devant mes grandes attitudes,
Que j'ai l'air d'emprunter aux plus fiers monuments,
Consumeront leurs jours en d'austères études ;

Car j'ai, pour fasciner ces dociles amants,
De purs miroirs qui font toutes choses plus belles :
Mes yeux, mes larges yeux aux clartés éternelles !

Réponse de Mémoire 88

chanson imaginée par la Norvégienne Aurora Aksnes quand elle avait 9 ans qui a inspiré ce dessin animé :
Wolfwalkers || Running with the Wolves || [SONG REMASTERED]
https://www.youtube.com/watch?v=Rp6ehxZvvM4
paroles voir ici :
https://paroles2chansons.lemonde.fr/paroles-aurora/paroles-running-with-the-wolves.html

Réponse de bleuette

L'Etranger
Charles Baudelaire

.... Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis ?
ton père, ta mère, ta soeur ou ton frère ?
... Je n'ai ni père, ni mère, ni soeur, ni frère.
... Tes amis ?
... Vous vous servez là d'une parole
dont le sens m'est resté jusqu'à ce jour inconnu.
... Ta patrie ?
... J'ignore sous quelle latitude elle est située.
... La beauté ?
... Je l'aimerais volontiers, déesse et immortelle.
... L'or ?
... Je le hais comme vous haïssez Dieu.
... Eh ! qu'aimes-tu donc, extraordinaire étranger ?
... J'aime les nuages ... les nuages qui passent ...
là-bas ... là-bas ... les merveilleux nuages !

Réponse de Mémoire 88

un site à consulter
https://www.terrafemina.com/article/poesie-6-poetesses-francaises-a-decouvrir-absolument_a357444/1?fbclid=IwAR3fhV-jzLDdHQ2lI31RYlULkd77EyEq5vD0rBRQl-AjYQTKCih3__dasHE
qui parle des poétesses :
Cécile Coulon
Valérie Rouzeau
Nathalie Quintane
Camille Loivier
Hélène Barrow
Kiyémis

Réponse de bleuette

ANNIE VAN DE VYVER

Laissez-moi me baigner dans l'ombre du miroir,
les chants de feuilles d'or ensommeillées de jade,
dans les eaux entaillées par un torrent d'étoiles
où mon corps se délasse de ma mémoire blessée,
de mes rêves perdus, quand l'onde opaque et glauque,
ce désespoir des flots, se perd en vagues noires.

Laissez-moi me baigner dans ces eaux intranquilles
où mon âme renaît, voguant de ride en ride
s'éveillant aux baisers d'un soleil écorché ;
des insectes de nacre inondent mon visage,
s'accrochent aux poussières emportées par le vent
quand l'esquif de cristal se niche lentement.

Laissez-moi me baigner dans les vases de glaise
où sombrent mes colères et s'immiscent mes peurs,
et suspendez l'espace en griffes langoureuses ;
l'horizon dépeuplé de mes tristes chimères
s'enfuira déroulant l'univers à l'envers
pour rallumer le ciel et iriser mes songes.

Réponse de bleuette

Merci Mémoire
Je vais voir ce site de poétesses

Réponse de bleuette

Antoine Vincent ARNAULT
La feuille

De ta tige détachée,
Pauvre feuille desséchée,
Où vas-tu ? - Je n'en sais rien.
L'orage a brisé le chêne
Qui seul était mon soutien.
De son inconstante haleine
Le zéphyr ou l'aquilon
Depuis ce jour me promène
De la forêt à la plaine,
De la montagne au vallon.
Je vais ou le vent me mène,
Sans me plaindre ou m'effrayer :
Je vais où va toute chose,
Où va la feuille de rose
Et la feuille de laurier.

Réponse de bleuette

George Sand
"La fée qui court".

Je rencontrai l'autre jour une bonne fée
qui courait comme une folle,
malgré son grand âge.
... Êtes-vous si pressée de nous quitter, madame la fée ?
... Ah ! ne m'en parlez pas, répondit-elle.
Il y a quelques centaines d'années
que je n'avais revu votre petit monde,
et je n'y comprends plus rien.
J'offre la beauté aux filles, le courage aux garçons,
la sagesse aux vieux, la santé aux malades,
l'amour à la jeunesse,
enfin tout ce qu'une honnête fée
peut offrir de bon aux humains
, et tous me refusent...
. "Avez-vous de l'argent ? me disent-ils ;
nous ne souhaitons pas autre chose ".
Or, je me sauve, car j'ai peur que les roses des buissons
ne me demandent des parures de diamants
et que les papillons n'aient la prétention de rouler carrosse dans la prairie !
...Non, non, ma bonne dame, s'écrient en riant les petites roses
qui avaient entendu grogner la fée :
nous avons des gouttes de rosée sur nos feuilles.
... Et nous, disent en folâtrant les papillons,
nous avons de l'or et de l'argent sur nos ailes.
... Voilà, dit la fée en s'en allant,
les seules gens raisonnables que je laisse sur la terre

Réponse de bleuette

ÉTIENNE JODELLE


Comme un qui s'est perdu dans la forêt profonde
Loin de chemin, d'orée et d'adresse, et de gens :
Comme un qui en la mer grosse d'horribles vents,
Se voit presque engloutir des grands vagues de l'onde :

Comme un qui erre aux champs, lors que la nuit au monde
Ravit toute clarté, j'avais perdu long temps
Voie, route, et lumière, et presque avec le sens,
Perdu long temps l'objet, où plus mon heur se fonde.

Mais quand on voit, ayant ces maux fini leur tour,
Aux bois, en mer, aux champs, le bout, le port, le jour,
Ce bien présent plus grand que son mal on vient croire.

Moi donc qui ai tout tel en votre absence été,
J'oublie, en revoyant votre heureuse clarté,
Forêt, tourmente, et nuit, longue, orageuse, et noire.

Réponse de Mémoire 88

Réponse de bleuette

HENRI CAZALIS
VIE DIVINE


Aime, ainsi que la mer, la mer dressant ses vagues
Comme des seins tendus aux baisers du soleil,
Et de ses cris d'amour, de ses longs soupirs vagues,
Gémissante, emplissant tout l'espace vermeil ;

Comme ces larges nuits qui cachent sous leurs voiles
La palpitation d'un coeur illimité,
Aime, et fais de ton coeur un grand ciel plein d'étoiles,
D'où s'épanchent la paix sereine et la clarté !

Désire, aime sans fin, souffre, brûle, aime encore,
De rêves sans limite enivre-toi toujours ;
Avant le soir funèbre, abreuve-toi d'aurore,
Ouvre toute ton âme à d'immenses amours.

Alors verse tes chants aux sombres multitudes,
À tous ceux qu'ont rendus stériles les douleurs,
Comme ces vents qui font germer les solitudes
Et, tièdes et féconds, trembler l'âme des fleurs.

Aime et vis, comme un Dieu sur terre voudrait vivre,
Penche-toi vers tous ceux que tu verras souffrir,
Et de lumière et d'art, de rêves toujours ivre,
Incendié d'amour, ne crains plus de mourir !

Réponse de bleuette

Les Présents
AUGUSTE DE VILLIERS DE L'ISLE-ADAM

Si tu me parles, quelque soir,
Du secret de mon coeur malade,
Je te dirai, pour t'émouvoir,
Une très ancienne ballade.

Si tu me parles de tourment,
D'espérance désabusée,
J'irai te cueillir seulement
Des roses pleines de rosée.

Si, pareille à la fleur des morts
Qui se plaît dans l'exil des tombes,
Tu veux partager mes remords ...
Je t'apporterai des colombes.

Réponse de bleuette

MAURICE MAETERLINCK
Ronde d'ennui


Je chante les pâles ballades
Des baisers perdus sans retour !
Sur l'herbe épaisse de l'amour
Je vois des noces de malades.

J'entends des voix dans mon sommeil
Si nonchalamment apparues !
Et des lys s'ouvrent en des rues
Sans étoiles et sans soleil.

Et ces élans si lents encore,
Et ces désirs que je voulais,
Sont des pauvres dans un palais,
Et des cierges las dans l'aurore.

J'attends la lune dans mes yeux
Ouverts au seuil des nuits sans trêves,
Afin qu'elle étanche mes rêves
Avec ses linges lents et bleus.

Réponse de bleuette

JEAN-PHILIPPE SALABREUIL
Chiffonneries

Ces poèmes-là ...
J'en ferai des serpillières
Pour éponger voyez-vous ça
Le lait renversé des neiges

La poésie ne sert à rien
Je ne tricote pas le monde
Je rechiffonne le terrain
J'essuie la lune entre les tombes

Eh bien à force de fourbir
Quelque chose reflamboie
Je ne sais quoi de clair sur la lyre
Je ne sais quoi d'aurore sur les croix

Oh pas fort pas dru pas libre
A peine encore un frais printemps
Mais ça va venir ça va venir
On entend chuinter le balai de l'ange

Ôte-toi laisse-moi rêver
Disait le vieux
Théophile
Je sens un feu se soulever
Ensuite disait-il

Réponse de bleuette

Victor Hugo



On vit, on parle, on a le ciel et les nuages
Sur la tête ; on se plaît aux livres des vieux sages ;
On lit Virgile et Dante ; on va joyeusement
En voiture publique à quelque endroit charmant

En riant aux éclats de l'auberge et du gîte ;
Le regard d'une femme en passant vous agite ;
On aime, on est aimé, bonheur qui manque aux rois !
On écoute le chant des oiseaux dans les bois

Le matin, on s'éveille, et toute une famille
Vous embrasse, une mère, une soeur, une fille !
On déjeune en lisant son journal. Tout le jour
On mêle à sa pensée espoir, travail, amour ;

La vie arrive avec ses passions troublées ;
On jette sa parole aux sombres assemblées ;
Devant le but qu'on veut et le sort qui vous prend,
On se sent faible et fort, on est petit et grand ;

On est flot dans la foule, âme dans la tempête ;
Tout vient et passe ; on est en deuil, on est en fête ;
On arrive, on recule, on lutte avec effort ...
Puis, le vaste et profond silence de la mort !

Réponse de bleuette

Jean-Marc LE BIHAN

Annoncer la couleur

Elle peint comme un gosse qui court sur la place
Auprès des pigeons voyageurs
Elle peint comme un vieux clown qui se grimace
Pour qu'les enfants rient à plein coeur
Elle peint avec ses peurs et ses audaces,
Ses amours rires, ses amours pleurs.
Elle peint comme deux amoureux qui s'enlacent
Elle peint pour annoncer la couleur.

Elle peint la neige triste qui se meurt
Quand le printemps s'est réveillé
Elle peint l'oiseau blotti contre le coeur
De cet inconnu prisonnier
Elle peint un ciel qui se tord de douleur
Parc'que l'orage va éclater
Elle peint, elle peint toujours avec son coeur
Elle peint pour annoncer la couleur.

Elle peint avec des rêves qui se gouachent
Tissant les toiles au firmament
Elle peint son bel amour qui se détache
Les sanglots qu'elle garde dedans
Elle peint la liberté quand elle se fâche
Qu'elle crie des mots sans avoir peur.
Elle peint ses grands yeux noirs dont elle s'attache
Elle peint pour annoncer la couleur.

Elle peint, elle peint
Elle peint l'océan quand il ballade
Les mouettes au ciel de nos regards
Elle peint le baladin et ses ballades
Les rythmes fous de la guitare
Elle peint, elle peint le vent qui sans frontière
Souffle la vie et souffle encore
Elle peint pour que son geste soit lumière
Elle peint pour annoncer la couleur.

Elle peint la solitude qui l'enlace
Quand le pinceau guide sa main
Elle peint, elle peint, elle peint le temps
Qui toujours passe,
Elle peint les rides du chemin
Elle peint, elle peint et se sent si petite
La toile blanche, son coeur est fou
Elle peint et quitte à peindre toute sa vie
Même si le monde entier s'en fout.

Elle peint, elle peint
Elle peint et ne fait plus rien d'autre
Elle pense aux autres malgré tout
Elle peint les émotions qui sont les nôtres
Elle peint la vie qui est en nous.
Elle peint toutes nos envies quand elles se cachent
Les regrets de celui qui meurt
Elle peint, elle peint Chaplin et sa démarche
Quand il nous annonçait la couleur.

Elle peint comme un gosse qui court sur la place
Après des pigeons voyageurs
Elle peint comme un vieux clown qui se grimace
Pour qu'les enfants rient à plein coeur
Elle peint avec ses peurs et ses audaces,
Ses amours rires, ses amours pleurs.
Elle peint comme deux amoureux qui s'enlacent
Elle peint pour annoncer la couleur.

Réponse de bleuette

Enrique González Martínez

A ma compagne%u2026

Nous irons par la vie comme deux oisillons
en quête d'épis blonds et puis nous parlerons
de charmes subtils, de jouissances sublimes
en des mots ingénus et des phrases candides.

Et nous sourirons à la rose notre soeur
derrière la verte et sombre jalousie,
Applaudirons tous deux la céleste harmonie
Du poète et musicien qu'est l'oiseau moqueur.

Nous saluerons cordialement les nuages
qui étreignent les flancs de ces hautes montagnes,
Nous les verrons courir sous l'impulsion du vent
comme un troupeau craintif de petits moutons blancs.

Nous entendrons la forêt se peupler de bruits ;
de chants mystérieux et de voix inou.ïes ;
Nous verrons comment les patientes araignées
Tissent en sept couleurs leurs toiles éthérées.

Nous irons par la vie confondus avec elle,
et rien ne troublera le silencieux calme,
alors l'âme des choses deviendra notre âme
et notre psaume, le psaume de l'étoile.

Et puis un jour, quand l'oeil pénétrant et inquiet
saura scruter les profondeurs, et quand l'ouïe
saura bien écouter les voix de l'inouï,
A nos âmes paraîtra le profond secret.

Réponse de bleuette

La lune consolatrice

Renée Vivien

Et voici que mon coeur s'épanouit et rit ...
Moi qui longtemps souffris, me voici consolée
Par ce noir violet d'une nuit étoilée,
Moi qui ne savais point que la lune guérit !

Moi qui ne savais point que la lune console
De tout le chagrin lourd, de toute la rancoeur !
Sa consolation illumine le coeur
D'un rayon éloquent autant qu'une parole.

Et d'un rayon furtif comme un furtif bienfait
Elle se glisse au fond torturé de mon âme,
Elle se glisse avec une douceur de femme.
Et c'est insinuant comme un obscur bienfait .

Comme un obscur bienfait s'insinue, elle glisse ...
Tout le ciel émergeant de l'ombre est radieux.
Éternellement chère à mon coeur, à mes yeux,
Sois louée à jamais, Lune consolatrice !

Réponse de bleuette

Alfred de Musset

Qu'est-ce que la Poésie ...
Chasser tout souvenir et fixer la pensée,
Sur un bel axe d'or la tenir balancée,
Incertaine, inquiète, immobile pourtant ;
Éterniser peut-être un rêve d'un instant ;
Aimer le vrai, le beau, chercher leur harmonie ;
Écouter dans son coeur l'écho de son génie ;
Chanter, rire, pleurer, seul, sans but, au hasard ;
D'un sourire, d'un mot, d'un soupir, d'un regard
Faire un travail exquis, plein de crainte et de charme,
Faire une perle d'une larme :
Du poète ici-bas voilà la passion,
Voilà son bien, sa vie et son ambition.

Réponse de bleuette

WILLIAM WORDSWORTH

Au Coucou (To The Cuckoo)

Joyeux nouveau venu ! m'éjouis de t'entendre
Gentil Coucou, t'appellerai je oiseau,
Ou seulement une voix tendre
Qui vient jouter avec l'écho ?

Tandis que suis gisant sur la pelouse verte
J'entends ta voix qui deux fois fait coucou,
Alerte et toujours plus alerte,
De près, de loin, on ne sait d'où.

Bien qu'avec le vallon ne causant, c'est notoire,
Que du printemps, des fleurs et du soleil,
Tu m'apportes toute une histoire
D'un songe ... ou plutôt d'un réveil.

Sois trois fois bien venu ! favori de la terre !
Vois-tu pour moi tu n'es pas un oiseau,
Mais une voix, mais un mystère
Qui happe mes sens à nouveau ;

Comme en ces jours lointains où j'étais à l'école,
Lorsque ce cri : Coucou ! coucou ! coucou !
Me faisant perdre ma boussole
Pour toi courrais le guilledou.

Pour te trouver souvent j'ai perdu patience..
À travers bois toi tu m'apparaissais
Toujours à l'état d'espérance,
Toujours entrevu .. vu jamais !

Et je t'écoute encor sur la pelouse verte
Et je bénis toujours ta voix Coucou !
Tandis que ma mémoire alerte
Avec mon passé fait joujou.

Oh ! bienheureux oiseau ! quand s'entend ton cantique,
Notre " Ici bas " par lui rendu joyeux,
Redevient un palais féerique,
Et nous pouvons rêver des cieux !

Réponse de Mémoire 88

je participe à un jury littéraire de nouvelles de science-fiction et je viens de lire dans un texte :

"- La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur, un rond de...
- Elle changeait de direction sans former d'angles autour des yeux ? C'était une circonférence ?
- .... Nouvel échec du Test de Turing*. Dingue comme Eluard ça les met toujours dedans. Allez, on reprend !"

* le test de Turing ** : c'est une suite de questions pour analyser les réponses et vérifier si votre interlocuteur est un être humain ou une machine.
** Turing : mathématicien anglais qui a inventé et construit le premier ordinateur pour déchiffrer le codage des messages nazis lors de la seconde guerre mondiale ce qui a sans doute raccourci la guerre et entraîné la défaite de l'Allemagne (voir le film "Imitation Game" et https://fr.wikipedia.org/wiki/Alan_Turing ).

Réponse de bleuette

Félix Leclerc


VIEILLIR EN BEAUTÉ... ET EN SAGESSE

Vieillir en beauté, c'est vieillir avec son coeur,
Sans remords, sans regret, sans regarder l'heure.
Aller de l'avant, arrêter d'avoir peur,
Car à chaque âge se rattache un bonheur.

Vieillir en beauté, c'est vieillir avec son corps,
Le garder sain en dedans, beau en dehors.
Ne jamais abdiquer devant un effort.
L'âge n'a rien à voir avec la mort. .

Vieillir en beauté, c'est donner un coup de pouce
À ceux qui se sentent perdus dans la brousse,
Qui ne croient plus que la vie peut être douce
Et qu'il y a toujours quelqu'un à la rescousse.

Vieillir en beauté, c'est vieillir positivement.
Ne pas pleurer sur ses souvenirs d'antan.
Être fier d'avoir les cheveux blancs,
Car pour être heureux, on a encore le temps.

Vieillir en beauté, c'est vieillir avec amour,
Savoir donner sans rien attendre en retour,
Car où que l'on soit, à l'aube du jour,
Il y a quelqu'un à qui dire bonjour.

Vieillir en beauté, c'est vieillir avec espoir,
Être content de soi en se couchant le soir.
Et lorsque viendra le point de non-recevoir,
Se dire qu'au fond, ce n'est qu'un au revoir!

Ne regrette pas de vieillir.
C'est un privilège refusé à beaucoup!

Réponse de bleuette

Maurice Carême
Le muguet

Cloches naïves du muguet,
Carillonnez ! car voici Mai !

Sous une averse de lumière,
Les arbres chantent au verger,
Et les graines du potager
Sortent en riant de la terre.

Carillonnez ! car voici Mai !
Cloches naïves du muguet !

Les yeux brillants, l'âme légère,
Les fillettes s'en vont au bois
Rejoindre les fées qui, déjà,
Dansent en rond sur la bruyère.

Carillonnez ! car voici Mai !
Cloches naïves du muguet !

Réponse de bleuette

Victor Hugo
Comédie dans les feuilles



Au fond du parc qui se délabre,
Vieux, désert, mais encor charmant
Quand la lune, obscur candélabre,
S'allume en son écroulement,

Un moineau-franc, que rien ne gêne,
A son grenier, tout grand ouvert,
Au cinquième étage d'un chêne
Qu'avril vient de repeindre en vert.

Un saule pleureur se hasarde
À gémir sur le doux gazon,
À quelques pas de la mansarde
Où ricane ce polisson.

Ce saule ruisselant se penche ;
Un petit lac est à ses pieds,
Où tous ses rameaux, branche à branche,
Sont correctement copiés.

Tout en visitant sa coquine
Dans le nid par l'aube doré,
L'oiseau rit du saule, et taquine
Ce bon vieux lakiste éploré.

Il crie à toutes les oiselles
Qu'il voit dans les feuilles sautant :
.. Venez donc voir, mesdemoiselles !
Ce saule a pleuré cet étang.

Il s'abat dans son tintamarre
Sur le lac qu'il ose insulter :
.. Est-elle bête cette mare !
Elle ne sait que répéter.

Ô mare, tu n'es qu'une ornière.
Tu rabâches ton saule. Allons,
Change donc un peu de manière.
Ces vieux rameaux-là sont très longs.

Ta géorgique n'est pas drôle.
Sous prétexte qu'on est miroir,
Nous faire le matin un saule
Pour nous le refaire le soir !

C'est classique, cela m'assomme.
Je préférerais qu'on se tût.
Çà, ton bon saule est un bonhomme ;
Les saules sont de l'institut.

Je vois d'ici bâiller la truite.
Mare, c'est triste, et je t'en veux
D'être échevelée à la suite
D'un vieux qui n'a plus de cheveux.

Invente-nous donc quelque chose !
Calque, mais avec abandon.
Je suis fille, fais une rose,
Je suis âne, fais un chardon.

Aie une idée, un iris jaune,
Un bleu nénuphar triomphant !
Sapristi ! Il est temps qu'un faune
Fasse à ta naïade un enfant. ..

Puis il s'adresse à la linotte :
.. Vois-tu, ce saule, en ce beau lieu,
A pour état de prendre en note
Le diable à côté du bon Dieu.

De là son deuil. Il est possible
Que tout soit mal, ô ma catin ;
L'oiseau sert à l'homme de cible,
L'homme sert de cible au destin ;

Mais moi, j'aime mieux, sans envie,
Errer de bosquet en bosquet,
Corbleu, que de passer ma vie
À remplir de pleurs un baquet ! ..

Le saule à la morne posture,
Noir comme le bois des gibets,
Se tait, et la mère nature
Sourit dans l'ombre aux quolibets

Que jette, à travers les vieux marbres,
Les quinconces, les buis, les eaux,
À cet Héraclite des arbres
Ce Démocrite des oiseaux.

Réponse de bleuette

Victor Hugo 
Titre : La nature est pleine d'amour

La nature est pleine d'amour,
Jeanne, autour de nos humbles joies ;
Et les fleurs semblent tour à tour
Se dresser pour que tu les voies.

Vive Angélique ! à bas Orgon !
L'hiver, qu'insultent nos huées,
Recule, et son profil bougon
Va s'effaçant dans les nuées.

La sérénité de nos coeurs,
Où chantent les bonheurs sans nombre,
Complète, en ces doux mois vainqueurs,
L'évanouissement de l'ombre.

Juin couvre de fleurs les sommets,
Et dit partout les mêmes choses ;
Mais est-ce qu'on se plaint jamais
De la prolixité des roses ?

L'hirondelle, sur ton front pur,
Vient si près de tes yeux fidèles
Qu'on pourrait compter dans l'azur
Toutes les plumes de ses ailes.

Ta grâce est un rayon charmant ;
Ta jeunesse, enfantine encore,
Éclaire le bleu firmament,
Et renvoie au ciel de l'aurore.

De sa ressemblance avec toi
Le lys pur sourit dans sa gloire ;
Ton âme est une urne de foi
Où la colombe voudrait boire.

Réponse de bleuette

Henri de Régnier

 
Un petit roseau m'a suffi
Pour faire frémir
L'herbe haute
Et tout le pré
Et les deux saules
Et le ruisseau qui chante aussi ;
Un petit roseau m'a suffi
A faire chanter la forêt.
 
Ceux qui passent l'ont entendu
Au fond du soir, en leurs pensées
Dans le silence et dans le vent,
Clair ou perdu,
Proche ou lointain ...
Ceux qui passent en leurs pensées
En écoutant , au fond d'eux-mêmes
L'entendront encore et l'entendent
Toujours qui chante.
 
Il m'a suffi
De ce petit roseau cueilli
A la fontaine où vint l'Amour
Mirer, un jour,
Sa face grave
Et qui pleurait,
Pour faire pleurer ceux qui passent
Et trembler l'herbe et frémir l'eau ;
Et j'ai du souffle d'un roseau
Fait chanter toute la forêt.
 

Réponse de bleuette

Victor Hugo


Voici donc les longs jours, lumière, amour, délire !
Voici le Printemps! Mars, avril au doux sourire,
Mai fleuri, juin brûlant, tout les beaux mois amis!

Les peupliers, au bord des fleuves endormis,
Se courbent mollement comme de grandes palmes;
L'oiseau palpite au fond des bois tièdes et calmes;

Il semble que tout rit, et que les arbres verts
Sont joyeux d'être ensemble et se disent des vers.
Le jour n'ait couronné d'une aube fraîche et tendre;

Le soir est plein d'amour; la nuit, on croit entendre,
A travers l'ombre immense et sous le ciel béni...
Quelque chose d'heureux chanter dans l'infini

Réponse de bleuette

JEAN DE LA VILLE DE MIRMONT

La mer est infinie et mes rêves sont fous.
La mer chante au soleil en battant les falaises
Et mes rêves légers ne se sentent plus d'aise
De danser sur la mer comme des oiseaux soûls.

Le vaste mouvement des vagues les emporte,
La brise les agite et les roule en ses plis ;
Jouant dans le sillage, ils feront une escorte
Aux vaisseaux que mon coeur dans leur fuite a suivis.

Ivres d'air et de sel et brûlés par l'écume
De la mer qui console et qui lave des pleurs,
Ils connaîtront le large et sa bonne amertume ;
Les goélands perdus les prendront pour des leurs.

Réponse de bleuette

MAURICE MAETERLINCK
Feuillage Du Coeur

Sous la cloche de cristal bleu
De mes lasses mélancolies,
Mes vagues douleurs abolies
S'immobilisent peu à peu :

Végétations de symboles,
Nénufars mornes des plaisirs,
Palmes lentes de mes désirs,
Mousses froides, lianes molles.

Seul, un lys érige d'entre eux,
Pâle et rigidement débile,
Son ascension immobile
Sur les feuillages douloureux,

Et dans les lueurs qu'il épanche
Comme une lune, peu à peu,
Élève vers le cristal bleu
Sa mystique prière blanche.

Réponse de bleuette

JOHN-ANTOINE NAU
La Lointaine

Brune comme les soirs d'ouragan et si pâle
Qu'un ivoire est brutal auprès de l'or calmé
De ta joue, il te faut le désespoir qui râle
Pour que tu daignes voir l'amant jamais aimé.

Tu languis, dédaigneuse, en ton donjon lunaire,
Ou penchée aux créneaux qu'atteignent les cyprès,
Tu contemples la Nuit, ton domaine ordinaire
Où se tissent, pour toi de longs tulles nacrés

Faits de rayons d'un triste éclat, frêle et mystique.
Et ta forme a le flou d'une apparition ;
Le vent faible module un semblant de cantique
Plein de terreur divine et d'adoration.

Mais tu railleras bien la légende naïve :
La Vierge froide et blanche éclairant les Voyants ...
... Délicieusement souriante et pensive,
Tu sais de noirs combats et des amours criants.

Tu sais, là-haut, bien haut, dans une étrange nue,
D'impossibles amours fabuleuses, les Vraies ...
... Et le regret âpre et furieux exténue
Ton cruel petit coeur où germent des cyprès.

Ces amours-là contiennent tout : l'essor des voiles
Sur l'Océan, ... les pleurs vastes du ciel marin,
La flamme des volcans et l'automne serein,
Le parfum du nuage et l'âme des étoiles.

Réponse de bleuette

Il était une feuille
Il était une feuille avec ses lignes
Lignes de vie
Lignes de chance
Lignes de coeur
Il était une branche au bout de la feuille
Ligne fourchue signe de vie
Signe de chance
Signe de coeur.
Il était un arbre au bout de la branche
Un arbre digne de vie
Digne de chance
Digne de coeur
Coeur gravé, percé, transpercé,
Un arbre que nul jamais ne vit.
Il était des racines au bout de l'arbre
Racines vignes de vie
Vignes de chance
Vignes de coeur
Au bout des racines il était la terre
La terre tout court
La terre toute ronde
La terre toute seule au travers du ciel
La terre

Robert Desnos

Réponse de bleuette

La tendresse ...

C'est un mot gentil, une caresse
C'est un merci, une promesse
C'est un petit rien, pour faire plaisir
C'est un geste tendre, un sourire.

C'est ce qui rend la vie plus belle
C'est ce qui donne au coeur des ailes
C'est une partie de l'amour, de l'amitié
C'est ce qui fait sentir que l'on est aimé.

C'est le rappel d'un souvenir commun
C'est le sentiment de ne faire qu'un
C'est l'essence même de la vie
C'est ce qui disperse, tue l'ennui.

C'est un bonjour, un comment va?
C'est quelqu'un qui s'informe de toi.
Penser à l'autre et s'oublier
Car sans elle, on ne saurait aimer.

Auteur :
WILFRID PAQUIN

Réponse de bleuette

Marguerite YOURCENAR 

Vous ne saurez jamais que votre âme voyage
Comme au fond de mon coeur un doux coeur adopté
Et que rien, ni le temps, d'autres amours, ni l'âge
N'empêcheront jamais que vous ayez été.

Que la beauté du monde a pris votre visage,
Vit de votre douceur, luit de votre clarté,
Et que le lac pensif au fond du paysage
Me redit seulement votre sérénité.

Vous ne saurez jamais que j'emporte votre âme
Comme une lampe d'or qui m'éclaire en marchant;
Qu'un peu de votre voix a passé dans mon chant.

Doux flambeau, vos rayons, doux brasier, votre flamme
M'instruisent des sentiers que vous avez suivis,
Et vous vivez un peu puisque je vous survis.

Réponse de bleuette

ALPHONSE DE LAMARTINE
La Pervenche


Pâle fleur, timide pervenche,
Je sais la place où tu fleuris,
Le gazon où ton front se penche
Pour humecter tes yeux flétris !

C'est dans un sentier qui se cache
Sous ses deux bords de noisetiers,
Où pleut sur l'ombre qu'elle tache
La neige des fleurs d'églantiers.

L'ombre t'y voile, l'herbe égoutte
Les perles de nos nuits d'été,
Le rayon les boit goutte à goutte
Sur ton calice velouté.

Une source tout près palpite,
Où s'abreuve le merle noir ;
Il y chante, et moi j'y médite
Souvent de l'aube jusqu'au soir.

Ô fleur, que tu dirais de choses
À mon amour, si tu retiens
Ce que je dis à lèvres closes
Quand tes yeux me peignent les siens !

Réponse de bleuette

Le temps viendra
où, avec allégresse,
tu t'accueilleras toi-même, arrivant
devant ta propre porte, ton propre miroir,
et chacun sourira du bon accueil de l'autre

et diras : assieds-toi. Mange.
Tu aimeras de nouveau l'étranger qui était toi.
Donne du vin. Donne du pain. Redonne ton coeur
à lui-même, à l'étranger qui t'a aimé

toute ta vie, que tu as négligé
pour un autre, et qui te connaît par coeur.
Prends sur l'étagère les lettres d'amour,

les photos, les mots désespérés,
détache ton image du miroir.
Assieds-toi. Régale-toi de ta vie.


Derek Walcott

Réponse de bleuette

Raymond Queneau
La chair chaude des mots


Prends ces mots dans tes mains et sens leurs pieds agiles
Et sens leur coeur qui bat comme celui d'un chien
Caresse donc leur poil pour qu'ils restent tranquilles
Mets-les sur tes genoux pour qu'ils ne disent rien
Une niche de sons devenus inutiles
Abrite des rongeurs l'ordre académicien
Rustiques on les dit mais les mots sont fragiles
Et leur mort bien souvent de trop s'essouffler vient
Alors on les dispose en de grands cimetières
Que les esprits fripons nomment des dictionnaires
Et les penseurs chagrins des alphadécédets
Mais à quoi bon pleurer sur des faits si primaires
Si simples éloquents connus élémentaires
Prends ces mots dans tes mains et vois comme ils sont faits

Réponse de bleuette

TRADUCTION THREE LITTLE BIRDS - BOB MARLEY

Ne t'inquiète pas à propos des choses,
Car toutes les petites choses,
Vont très bien aller.
Chante "Ne t'inquiète pas à propos des choses
Car toutes les petites choses,
Vont très bien aller."

Je me suis levé ce matin,
Souriant avec le soleil levant,
Trois petits oiseaux,
Là, sur mon seuil,
Chantant des douces chansons,
De mélodies pures et vraies,
Disant "c'est mon message pour toi"

Réponse de bleuette

Arthur RIMBAUD

Dans la feuillée, écrin vert taché d'or,
Dans la feuillée incertaine et fleurie
De fleurs splendides où le baiser dort,
Vif et crevant l'exquise broderie,

Un faune effaré montre ses deux yeux
Et mord les fleurs rouges de ses dents blanches
Brunie et sanglante ainsi qu'un vin vieux
Sa lèvre éclate en rires sous les branches.

Et quand il a fui .. tel qu'un écureuil..
Son rire tremble encore à chaque feuille
Et l'on voit épeuré par un bouvreuil
Le Baiser d'or du bois, qui se recueille

Réponse de bleuette

Il pleure dans mon coeur
Comme il pleut sur la ville ;
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon coeur ?

Ô bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits !
Pour un coeur qui s'ennuie,
Ô le chant de la pluie !

Il pleure sans raison
Dans ce coeur qui s'écoeure.
Quoi ! nulle trahison ? ...
Ce deuil est sans raison.

C'est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi
Sans amour et sans haine
Mon coeur a tant de peine !

Paul Verlaine

Réponse de bleuette

Louis Aragon
C

J'ai traversé les ponts de Cé
C'est là que tout a commencé

Une chanson des temps passés
Parle d'un chevalier blessé

D'une rose sur la chaussée
Et d'un corsage délacé

Du château d'un duc insensé
Et des cygnes dans les fossés

De la prairie où vient danser
Une éternelle fiancée

Et j'ai bu comme un lait glacé
Le long lai des gloires faussées

La Loire emporte mes pensées
Avec les voitures versées

Et les armes désamorcées
Et les larmes mal effacées

Ô ma France ô ma délaissée
J'ai traversé les ponts de Cé

Réponse de bleuette

Clair de lune
Paul Verlaine

Votre âme est un paysage choisi
Que vont charmant masques et bergamasques
Jouant du luth et dansant et quasi
Tristes sous leurs déguisements fantasques.

Tout en chantant sur le mode mineur
L'amour vainqueur et la vie opportune,
Ils n'ont pas l'air de croire à leur bonheur
Et leur chanson se mêle au clair de lune,

Au calme clair de lune triste et beau,
Qui fait rêver les oiseaux dans les arbres
Et sangloter d'extase les jets d'eau,
Les grands jets d'eau sveltes parmi les marbres.

Réponse de bleuette

Tristan Klingsor
Le Menuet.

Le menuet délicieux de Mozart,
Mélancolique et charmant,
Divulgue note à note son humeur bizarre
D'un qui sourit à peine ou pleure sans raison
Et qui suit son chemin par la neuve saison
En effeuillant son coeur adorablement.

On dirait qu'en un parc inventé de Watteau
Les ingénus et les belles Florises
Se confient tendrement d'inutiles propos,
Et que l'écho plaintif des rires musicaux
Se mêle à la mélodieuse surprise Des jets d'eau.

Mélancolique et charmant et fantasque un peu
Le menuet délicieux et rebelle,
Le menuet de Mozart s'égrène encor;
Il pleut des roses, il pleut
Sous les doigts savants de mademoiselle:
Monsieur Durand de deux oreilles complaisantes
Écoute le jeu de sa fille Laure
Et bat la mesure sur son ventre.

Et cependant que la dernière réplique
D'un rythme plus vif se marque,
Madame ravie vers le Prétendant
Rose et frais dans son faux-col blanc
Et sa redingote en fleur, Glisse un oeil oblique,
Et le menuet cette fois se brise
Comme un jet d'eau sous la brise
Au fond d'un parc.

Réponse de bleuette

Tristan Klingsor
Le Merle.

Le merle était dans le pommier
Tout à l'heure,
Le merle beau siffleur,
Mais vous dormiez.

Le vent frais du matin secouait
Les feuilles et les roses
Et pour écouter le délicat virtuose
Tout se tenait coi.

Pourtant un bouffon manquant à la poésie
De cet amoureux alléluia ,
Vieux galant cramoisi,
Un coq à son tour s'égosilla.

Mais vous dormiez, très chère,
et n'aviez nul souci De cette pluie
De notes, non plus d'ailleurs que de celui
Qui est à votre merci.

Réponse de bleuette

PIERRE LOUYS
Le joyau de cristal

J'aime la bonté, l'amour et les chants,
Les yeux et les mers et les émeraudes,
Le sang de la rose et le vert des champs,
Les diamants froids et les perles chaudes.

J'aime le silence et j'aime la voix,
La nuit sur le jour, le flot sur la grève ...
De tous mes bonheurs je voudrais parfois
Faire un seul joyau de vie et de rêve ;

Puis, ayant brisé ce coeur de cristal,
Je voudrais l'offrir de mes mains fidèles
À toutes les mains qui m'ont fait du mal
Et les enrichir pour me venger d'elles.

Réponse de bleuette

Françoise Hardy
L'amitié 

Beaucoup de mes amis sont venus des nuages
Avec soleil et pluie comme simples bagages
Ils ont fait la saison des amitiés sincères
La plus belle saison des quatre de la Terre

Ils ont cette douceur des plus beaux paysages
Et la fidélité des oiseaux de passage
Dans leurs coeurs est gravée une infinie tendresse
Mais parfois dans leurs yeux se glisse la tristesse
Alors, ils viennent se chauffer chez moi
Et toi aussi, tu viendras ...

Tu pourras repartir au fin fond des nuages
Et de nouveau sourire à bien d'autres visages
Donner autour de toi un peu de ta tendresse
Lorsqu'un autre voudra te cacher sa tristesse

Comme l'on ne sait pas ce que la vie nous donne
Il se peut qu'à mon tour je ne sois plus personne
S'il me reste un ami qui vraiment me comprenne
J'oublierai à la fois mes larmes et mes peines
Alors, peut-être je viendrai chez toi
Chauffer mon coeur à ton bois ...

Réponse de bleuette

Alexandre Pouchkine
LA PETITE FLEUR

sans parfum, flétrie
En ce vieux livre où nul ne lit.
Mon âme en te voyant s'emplit
D'une inquiète rêverie.

Où t'ouvris-tu ? sous quelle aurore ?
Pour plus d'un jour ? ou sans demain ?
Une étrangère ou tendre main
Te mit-elle où tu meurs encore,

En souvenir d'une première
Caresse ou d'un suprême adieu
Ou d'un retour sous le ciel bleu
Dans les bois d'ombre ou de lumière ?

Vit-il, joyeux ? Vit-elle, heureuse ?
Où le sort les a-t-il menés ?
Ou bien sont-ils déjà fanés
Comme toi, fleur mystérieuse ?

Réponse de bleuette

CORRECTION

" Fleurette sans parfum, flétrie "

Réponse de bleuette

Yvan Goll
L'arbre et l'oiseau

J'étais l'arbre velu
A la barbe de mousse et de chenilles
Au coeur de bois
A la peau d'éléphant
Que nul crime  nul orage ne plie
Mais avec mille bras  braver les vents les dieux
Avec des pieds crochus griffer la terre sourde
Noir et seul et grand !
Lorsque tu vins
Danseuse
Sur la corde de mon coeur
Sur une branche sans espoir
Rose-gorge
Et réveillas les aubes tristes
Mes paupières battant soudain
Comme de jeunes feuilles
Et devant toi, oiseau, ombre d'oiseau
Mon tronc que nul orage ne pliait
Trembla.

Réponse de bleuette

Un oiseau à ma fenêtre s'est posé
Et il s'est mis à chanter.
Ce n'était pas un oiseau des îles,
C'était un tout petit oiseau gris de la ville.
Il était ici dans son élément,
Heureux et si vivant !
II s'envola vivement avec grâce
Et je me sentis soudain bien à ma place.
Il y eut alors, tout proche, comme un bruit de moteur. 
C'étaient les battements de mon coeur !
II ne se nourrissait pas d'essence 
Mais d'écoute et de silence.

(Éclats de miroirs, éditeur : Edmond Chemin, août 2019.)

Réponse de bleuette

L'ACCENT CIRCONFLEXE ET LA PETITE CÉDILLE ç

Entre deux vers
D'un long poème
D'un poème fort ennuyeux
La cédille aux yeux de verveine
qui nattait ses jolis cheveux
rencontra l'accent circonflexe
Curieuse quoiqu'un peu perplexe
Sans moi vous l'eussiez deviné
Elle lui dit pour commencer
Quel bizarre chapeau que le vôtre
Seriez-vous par hasard gendarme ou polytechnicien
Et que faites-vous donc sur le front des apôtres
Est-ce vous la colombe ou la fumée du train
Je suis je suis gentille cédille
Le S escamoté des mots de l'autrefois
C'est à l'hostellerie qu'on emmenait les filles
Le S a disparu me voici sur le toit
Et toi que fais-tu cédille
A traîner derrière les garçons
Sont-ce là d'honnêtes façons
N'es-tu point de bonne famille
Accent bel accent circonflexe
Voilà toute ma vérité
Je t'aime et pour te le prouver
Je fais un S avec un C

Jean-Pierre Rosnay

Réponse de bleuette

A une fleur
Alfred de Musset

Que me veux-tu, chère fleurette,
Aimable et charmant souvenir ?
Demi-morte et demi-coquette,
Jusqu'à moi qui te fait venir ?

Sous ce cachet enveloppée,
Tu viens de faire un long chemin.
Qu'as-tu vu ? que t'a dit la main
Qui sur le buisson t'a coupée ?

N'es-tu qu'une herbe desséchée
Qui vient achever de mourir ?
Ou ton sein, prêt à refleurir,
Renferme-t-il une pensée ?

Ta fleur, hélas ! a la blancheur
De la désolante innocence ;
Mais de la craintive espérance
Ta feuille porte la couleur.

As-tu pour moi quelque message ?
Tu peux parler, je suis discret.
Ta verdure est-elle un secret ?
Ton parfum est-il un langage ?

S'il en est ainsi, parle bas,
Mystérieuse messagère ;
S'il n'en est rien, ne réponds pas ;
Dors sur mon coeur, fraîche et légère.

Je connais trop bien cette main,
Pleine de grâce et de caprice,
Qui d'un brin de fil souple et fin
A noué ton pâle calice.

Cette main-là, petite fleur,
Ni Phidias ni Praxitèle
N'en auraient pu trouver la soeur
Qu'en prenant Vénus pour modèle.

Elle est blanche, elle est douce et belle,
Franche, dit-on, et plus encor ;
A qui saurait s'emparer d'elle
Elle peut ouvrir un trésor.

Mais elle est sage, elle est sévère ;
Quelque mal pourrait m'arriver.
Fleurette, craignons sa colère.
Ne dis rien, laisse-moi rêver.

Réponse de bleuette

Isabelle CALLIS-SABOT
Le poète

Il restera toujours l'éternel incompris
Et s'en ira la nuit sonder le clair de lune,
Car il aura toujours pour unique fortune
Le silence étoilé de l'azur assombri.

Il aimera sans fin l'espace inhabité
Où son ombre argentée constellera les âmes ;
Loin des villes du bruit, des discours et des blâmes,
Il viendra se confondre avec l'immensité.

Quels que soient son pays son époque son dieu,
Il reprendra le soir les routes de Bohème,
Et seul il cueillera pour orner ses poèmes
Les petites lueurs dispersées dans les cieux.
 

Réponse de bleuette

L'hôtel du Clair de Lune
Rosemonde GÉRARD ROSTAND

Fermé le jour, ouvert la nuit,
Et gardant son luxe inouï
Pour ceux qui n'ont pas de fortune,
On peut toujours s'y reposer ;
Et l'on paie avec des baisers ...
C'est l'hôtel du Clair de Lune !

Si le printemps qui nous enlace
Nous conseille l'intimité,
Nous n'irons pas dans un palace
Où l'on danse en prenant du thé ;
Ça va sur les cartes postales
Pour attirer les voyageurs,
Mais, sur un boulevard bleu pâle,
Je connais un hôtel meilleur ...

Pas de smoking, pas de toilette,
Pas de pyjama parfumé,
Le soir suffit comme voilette
Quand les yeux sont presque fermés ;
C'est une étoile aux doigts de flamme
Qui tourne l'électricité,
Et, puisqu'il faut de la réclame,
L'amour fait la publicité ...

Viens avec moi ! loin du tapage,
Partons vers ce boulevard bleu !
Quand une chambre est en feuillage
Les coeurs sont bien plus amoureux ;
Viens vite ! L'hôtel est superbe !
Le songe y construit son oubli ;
Et, quand les tapis sont en herbe,
Le ciel vaut mieux qu'un ciel de lit ...

Fermé le jour, ouvert la nuit,
Et gardant son luxe inouï
Pour ceux qui n'ont pas de fortune,
On peut toujours s'y reposer ;
Et l'on paie avec des baisers ...
C'est l'hôtel du Clair de Lune !

Réponse de bleuette

Tu es belle ma mère.
Maurice Carême

Tu es belle, ma mère,
Comme un pain de froment.
Et, dans tes yeux d'enfant,
Le monde tient à l'aise.

Ta chanson est pareille
Au bouleau argenté
Que le matin couronne
D'un murmure d'abeilles.

Tu sens bon la lavande,
La cannelle et le lait ;
Ton coeur candide et frais

Et l'automne est si doux
Autour de tes cheveux
Que les derniers coucous
Viennent te dire adieu.

Réponse de bleuette

CORRECTION *

Tu sens bon la lavande,
La cannelle et le lait ;
Ton coeur candide et frais
Parfume la maison.

Réponse de bleuette

Louise Michel
Hirondelle

Hirondelle qui vient de la nue orageuse
Hirondelle fidèle, où vas-tu ? dis-le-moi.
Quelle brise t'emporte, errante voyageuse ?
Écoute, je voudrais m'en aller avec toi,

Bien loin, bien loin d'ici, vers d'immenses rivages,
Vers de grands rochers nus, des grèves, des déserts,
Dans l'inconnu muet, ou bien vers d'autres âges,
Vers les astres errants qui roulent dans les airs.

Ah ! laisse-moi pleurer, pleurer, quand de tes ailes
Tu rases l'herbe verte et qu'aux profonds concerts
Des forêts et des vents tu réponds des tourelles,
Avec ta rauque voix, mon doux oiseau des mers.

Hirondelle aux yeux noirs, hirondelle, je t'aime !
Je ne sais quel écho par toi m'est apporté
Des rivages lointains ; pour vivre, loi suprême,
Il me faut, comme à toi, l'air et la liberté.

Réponse de bleuette

ALFRED DE MUSSET
Jamais

Jamais, avez-vous dit, tandis qu'autour de nous
Résonnait de Schubert la plaintive musique ;
Jamais, avez-vous dit, tandis que, malgré vous,
Brillait de vos grands yeux l'azur mélancolique.

Jamais, répétiez-vous, pâle et d'un air si doux
Qu'on eût cru voir sourire une médaille antique.
Mais des trésors secrets l'instinct fier et pudique
Vous couvrit de rougeur, comme un voile jaloux.

Quel mot vous prononcez, marquise, et quel dommage !
Hélas ! je ne voyais ni ce charmant visage,
Ni ce divin sourire, en vous parlant d'aimer.

Vos yeux bleus sont moins doux que votre âme n'est belle.
Même en les regardant, je ne regrettais qu'elle,
Et de voir dans sa fleur un tel coeur se fermer.

Réponse de bleuette

FRANCIS JAMMES
J'aime l'âne

J'aime l'âne si doux
marchant le long des houx.

Il prend garde aux abeilles
et bouge ses oreilles ;

et il porte les pauvres
et des sacs remplis d'orge.

Il va, près des fossés,
d'un petit pas cassé.

Mon amie le croit bête
parce qu'il est poète.

Il réfléchit toujours.
Ses yeux sont en velours.

Jeune fille au doux coeur,
tu n'as pas sa douceur :

car il est devant Dieu
l'âne doux du ciel bleu.

Et il reste à l'étable,
fatigué, misérable,

ayant bien fatigué
ses pauvres petits pieds.

Il a fait son devoir
du matin jusqu'au soir.

Qu'as-tu fait jeune fille ?
Tu as tiré l'aiguille...

Mais l'âne s'est blessé :
la mouche l'a piqué.

Il a tant travaillé
que ça vous fait pitié.

Qu'as-tu mangé petite ?
%u2014 T'as mangé des cerises.

L'âne n'a pas eu d'orge,
car le maître est trop pauvre.

Il a sucé la corde,
puis a dormi dans l'ombre...

La corde de ton coeur
n'a pas cette douceur.

Il est l'âne si doux
marchant le long des houx.

J'ai le coeur ulcéré :
ce mot-là te plairait.

Dis-moi donc, ma chérie,
si je pleure ou je ris ?

Va trouver le vieil âne,
et dis-lui que mon âme

est sur les grands chemins,
comme lui le matin.

Demande-lui, chérie,
si je pleure ou je ris ?

Je doute qu'il réponde :
il marchera dans l'ombre,

crevé par la douceur,
sur le chemin en fleurs.

Réponse de bleuette

Paul Verlaine
Soleils couchants

Une aube affaiblie
Verse par les champs
La mélancolie
Des soleils couchants.

La mélancolie
Berce de doux chants
Mon coeur qui s'oublie
Aux soleils couchants.

Et d'étranges rêves,
Comme des soleils
Couchants, sur les grèves,
Fantômes vermeils,

Défilent sans trêves,
Défilent, pareils
A de grands soleils
Couchants sur les grèves.

Réponse de bleuette

C'est la jeunesse et le matin.
Vois donc, ô ma belle farouche,
Partout des perles : dans le thym,
Dans les roses, et dans ta bouche.

L'infini n'a rien d'effrayant ;
L'azur sourit à la chaumière ;
Et la terre est heureuse, ayant
Confiance dans la lumière.

Quand le soir vient, le soir profond,
Les fleurs se ferment sous les branches ;
Ces petites âmes s'en vont
Au fond de leurs alcôves blanches.

Elles s'endorment, et la nuit
A beau tomber noire et glacée,
Tout ce monde des fleurs qui luit
Et qui ne vit que de rosée,

L'oeillet, le jasmin, le genêt,
Le trèfle incarnat qu'avril dore,
Est tranquille, car il connaît
L'exactitude de l'aurore.

Victor Hugo

Réponse de bleuette

ÉTIENNE JODELLE


Comme un qui s'est perdu dans la forêt profonde
Loin de chemin, d'orée et d'adresse, et de gens :
Comme un qui en la mer grosse d'horribles vents,
Se voit presque engloutir des grands vagues de l'onde :

Comme un qui erre aux champs, lors que la nuit au monde
Ravit toute clarté, j'avais perdu long temps
Voie, route, et lumière, et presque avec le sens,
Perdu long temps l'objet, où plus mon heur se fonde.

Mais quand on voit, ayant ces maux fini leur tour,
Aux bois, en mer, aux champs, le bout, le port, le jour,
Ce bien présent plus grand que son mal on vient croire.

Moi donc qui ai tout tel en votre absence été,
J'oublie, en revoyant votre heureuse clarté,
Forêt, tourmente, et nuit, longue, orageuse, et noire.

Réponse de bleuette

Madame, autour de vous tant de grâce étincelle,
Votre chant est si pur, votre danse recèle
Un charme si vainqueur,
Un si touchant regard baigne votre prunelle,
Toute votre personne a quelque chose en elle
De si doux pour le coeur,

Que, lorsque vous venez, jeune astre qu'on admire,
Éclairer notre nuit d'un rayonnant sourire
Qui nous fait palpiter,
Comme l'oiseau des bois devant l'aube vermeille,
Une tendre pensée au fond des coeurs s'éveille
Et se met à chanter !

Vous ne l'entendez pas, vous l'ignorez, madame.
Car la chaste pudeur enveloppe votre âme
De ses voiles jaloux,
Et l'ange que le ciel commit à votre garde
N'a jamais à rougir quand, rêveur, il regarde
Ce qui se passe en vous.

Réponse de bleuette

                   (...)
 
          En dépit des pierres
          A figure d'homme
          Nous rirons encore
 
          En dépit des coeurs
          Noués et mortels
          Nous vivons d'espoir
 
          Rien ne nous réduit
          A dormir sans rêves
          A supporter l'ombre
 
          Il n'y a sur l'heure
          Doute ni soupçon
          D'une heure semblable
 
          A jamais sur terre
          Tout remue et chante
          Change et prend plaisir
 
                                                 Paul Eluard

Réponse de bleuette

 
Le secret
 
 
 
Crois-moi, hêle plutôt l'ombre, l'engoulevent,
 
Les heures où la nuit membraneuse s'étend,
 
L'écho mussé au fond d'un bois rempli d'automne,
 
Que l'été trop brillant, superficiel, aphone.
 
 
 
Crois-moi, parle au marais, à son vert râlement,
 
A l'effeuillement des bois que l'averse tache,
 
A la mousse jaunie où des parfums se cachent,
 
Au vent près de ton coeur jetant son cri tremblant;
 
 
 
Parle au sanglot contraint dont se meurt la fontaine,
 
Il est bien plus profond que son rire au printemps;
 
Au souffle du ruisseau nébuleux et qui traîne
 
Sa robe murmurante, aux roseaux se brisant.
 
 
 
Crois-moi, parle à ton coeur où s'enfonça la lance,
 
Comme un soleil brutal poignarde l'horizon;
 
Il en est plus subtil, plus savant, plus immense,
 
Plus proche du secret qui nargue la raison.
 
 
 
Dans les jeunes saisons, il se peut qu'on saisisse
 
Moins du mystère errant dans les choses et nous,
 
Qu'au crépuscule las de décembre où jaillissent
 
Quelquefois... quelques mots des éléments dissous

Réponse de bleuette

Marie Dauguet

Réponse de bleuette

Jamais je n'ai cherché la gloire
Ni voulu dans la mémoire des hommes
Laisser mes chansons
Mais j'aime les mondes subtils
Aériens et délicats
Comme des bulles de savon.
J'aime les voir s'envoler,
Se colorer de soleil et de pourpre,
Voler sous le ciel bleu, subitement trembler,
Puis éclater.

À demander ce que tu sais
Tu ne dois pas perdre ton temps
Et à des questions sans réponse
Qui donc pourrait te répondre ?
Chantez en coeur avec moi :
Savoir ? Nous ne savons rien
Venus d'une mer de mystère
Vers une mer inconnue nous allons

Et entre les deux mystères
Règne la grave énigme
Une clef inconnue ferme les trois coffres
Le savant n'enseigne rien, lumière n'éclaire pas
Que disent les mots ?
Et que dit l'eau du rocher ?

Voyageur, le chemin
C'est les traces de tes pas
C'est tout ; voyageur,
il n'y a pas de chemin,
Le chemin se fait en marchant

Le chemin se fait en marchant
Et quand tu regardes en arrière
Tu vois le sentier que jamais
Tu ne dois à nouveau fouler

Voyageur ! Il n'y a pas de chemins
Rien que des sillages sur la mer.
Tout passe et tout demeure
Mais notre affaire est de passer

De passer en traçant
Des chemins
Des chemins sur la mer

Antonio Machado

Réponse de bleuette

Les Oiseaux
Auguste Lacaussade

Enfants des airs, heureux oiseaux, lyres ailées,
Qui passez si légers, si libres dans les champs ;
Hôtes harmonieux des monts et des vallées,
Qui dépensez vos jours dans la joie et les chants ;

Poètes qui chantez en tous lieux, à toute heure,
Ignorant les soucis dont l'homme est agité ;
Qui, le soir, dans les bois trouvez une demeure,
Et dans l'air, le matin, trouvez la liberté ;

Rivaux heureux, rivaux aux chansons éternelles,
Que je vous porte envie en vous suivant des yeux !
Quand la terre a blessé vos pieds, ouvrant les ailes,
Vous pouvez fuir du moins et monter vers les cieux.

Vous prodiguant les biens dont la nature est pleine,
Le sort vous livre tout sans lutte et sans combats ;
Sans suspendre vos chants vous trouvez dans la plaine
L'eau claire et l'épi mûr que nous n'y trouvons pas.

Le ciel qui vous sourit est pour nous bien austère ;
Il a courbé nos jours sous un bien lourd fardeau :
Pour rafraîchir les fronts que la pensée altère,
Les rameaux n'ont point d'ombre et les fleurs n'ont point d'eau.

Chanteurs favorisés, ô voix pleines de charmes !
Oui ! la terre vous aime, oui ! le sort vous est doux.
Bénissez donc le ciel, oiseaux, gosiers sans larmes !
Bénissez-le pour vous et priez-le pour nous !

Priez Dieu qu'il nous fasse, après les jours contraires,
Et des cieux plus cléments et des soleils meilleurs ;
Priez Dieu pour qu'il donne aux poètes, vos frères,
Un épi dans la plaine et de l'eau dans les fleurs

Réponse de bleuette

Popelin Claudius
A L'INFIDÈLE

Où sont les ardentes caresses?
Où sont les élans d'autrefois?
Ces mots, nés des pures ivresses,
Qui faisaient trembler notre voix?

Hélas! avec la feuille morte,
Avec le grain au loin chassé
Et que la brise folle emporte,
Avec la fleur de l'an passé!

Aujourd'hui vous êtes de marbre,
Il a neigé sur nos amours,
Et l'on ne trouve plus sur l'arbre
Un pauvre fruit des anciens jours.

Notre belle joie envolée
N'aura donc plus de lendemain !
La récolte renouvelée
Ne nous emplira plus la main !

Réponse de Mémoire 88

Cécile Coulon il y a 45 minutes ·
MERVEILLES EN LAMBEAUX
Ça y est le soir est chaud
comme un ventre de vieux chat
allongé sur une planche
dans un rayon de soleil jaune
Les herbes hautes ont recouvert
les fleurs des champs
les enfants grandissent vite
mais ils continuent d'appeler leur mère « maman ».
Dans ma tristesse je sens ta force vive
remuer toute ma vie pour écraser la peine.
J'apprends la fragilité superbe
des gens qui aiment
et je voudrais qu'on cesse de dire
qu'ils sont stupides
Je secoue mes yeux mouillés la nuit
comme une couverture par la fenêtre
dans mes rêves un tout petit flambeau
chasse des armées de mauvaises pluies
Voilà comment je suis :
j'avance à l'arrière du troupeau
la patte un peu tordue par le chagrin
la paupière un peu baissée par la fatigue
et quand je lève les yeux
sur le beau ciel du soir
où des étoiles furieuses ont jeté
leurs pinceaux
je te réveille dans ma mémoire
et je te dis
voilà, les merveilles en lambeaux

Réponse de bleuette

Victor Hugo 
La nature est pleine d'amour

La nature est pleine d'amour,
Jeanne, autour de nos humbles joies ;
Et les fleurs semblent tour à tour
Se dresser pour que tu les voies.

Vive Angélique ! à bas Orgon !
L'hiver, qu'insultent nos huées,
Recule, et son profil bougon
Va s'effaçant dans les nuées.

La sérénité de nos coeurs,
Où chantent les bonheurs sans nombre,
Complète, en ces doux mois vainqueurs,
L'évanouissement de l'ombre.

Juin couvre de fleurs les sommets,
Et dit partout les mêmes choses ;
Mais est-ce qu'on se plaint jamais
De la prolixité des roses ?

L'hirondelle, sur ton front pur,
Vient si près de tes yeux fidèles
Qu'on pourrait compter dans l'azur
Toutes les plumes de ses ailes.

Ta grâce est un rayon charmant ;
Ta jeunesse, enfantine encore,
Éclaire le bleu firmament,
Et renvoie au ciel de l'aurore.

De sa ressemblance avec toi
Le lys pur sourit dans sa gloire ;
Ton âme est une urne de foi
Où la colombe voudrait boire.

Réponse de bleuette

Alfred de Musset

Il faut, dans ce bas monde, aimer beaucoup de choses,
Pour savoir, après tout, ce qu'on aime le mieux,
Les bonbons, l'Océan, le jeu, l'azur des cieux,
Les femmes, les chevaux, les lauriers et les roses.

Il faut fouler aux pieds des fleurs à peine écloses ;
Il faut beaucoup pleurer, dire beaucoup d'adieux.
Puis le coeur s'aperçoit qu'il est devenu vieux,
Et l'effet qui s'en va nous découvre les causes.

De ces biens passagers que l'on goûte à demi,
Le meilleur qui nous reste est un ancien ami.
On se brouille, on se fuit. Qu'un hasard nous rassemble,

On s'approche, on sourit, la main touche la main,
Et nous nous souvenons que nous marchions ensemble,
Que l'âme est immortelle, et qu'hier c'est demain.

Réponse de bleuette

VINCENT MUSELLI
FLEURS

Sous la poussière d'or qui tombe des tilleuls
L'air lucide flamboie ainsi qu'une verrière
Transparente où la souple et féline lumière
Rôde autour des rosiers, des lys et des glaïeuls.

Fleurs ! songes enflammés de la Terre! armoiries
Dont l'azur qui triomphe a marqué les gazons,
Vos luxes tout à tour insultent les prairies
Et sont une fourrure aux pieds de nos maisons.

Ames du Feu ! esprits dangereux des Essences!
Que ne puis-je, vaincu par vos fauves puissances,
Dans la tranquille ardeur d'un grand midi vermeil,

Au jardin reflétant la clarté qui l'arrose
Et tissant mon linceul de soie et de soleil,
Mourir sous la caresse éclatante des roses!

Réponse de bleuette

HENRI DE RÉGNIER
En forêt


On quitte la grand-route et l'on prend le sentier
Où flotte un bon parfum d'arôme forestier.

Dans le gazon taché du rose des bruyères,
Surgissent, çà et là, des ajoncs et des pierres.

Un tout petit ruisseau que verdit le cresson
Frôle l'herbe, en glissant, d'un rapide frisson.

Nul horizon. Le long de cette sente étroite
Une futaie à gauche, un haut taillis à droite,

Rien ne trouble la paix et le repos du lieu ;
Au-dessus, un ruban très mince de ciel bleu

Que traverse parfois, dérangé dans son gîte,
Un oiseau voletant, qui siffle dans sa fuite.

Puis c'est, plus loin, une clairière à l'abandon
Où noircissent encor des places à charbon ;

Des hêtres chevelus se dressent, en un groupe,
Des arbres épargnés à la dernière coupe ;

De grands troncs débités s'étagent en monceau ;
C'est tout auprès que prend sa source le ruisseau

Qui longe le sentier et traverse la route ;
Il sort d'un bassin rond qui filtre goutte à goutte,

Où tremble, reflété comme dans un miroir,
L'oeil vacillant et clair de l'étoile du soir.

Réponse de bleuette

RENÉ GUY CADOU
L'étrange douceur

Comme un oiseau dans la tête
Le sang s'est mis à chanter.
Des fleurs naissent, c'est peut-être
Que mon corps est enchanté,
Que je suis lumière et feuilles,
Le dormeur des porches bleus,
L'églantine que l'on cueille
Les soirs de juin quand il pleut.

Dans la chambre un ruisseau coule,
Horloge au caillou d'argent,
On entend le blé qui roule
Vers les meules du couchant
L'air est plein de pailles fraîches,
De houblons et de sommeils.

Dans le ciel un enfant pêche
Les ablettes du soleil.
C'est le toit qui se soulève
Semant d'astres la maison.
Je me penche sur tes lèvres,
Premiers fruits de la saison.

Réponse de bleuette

MIKHAÏL LERMONTOV
L'Ange

Dans les cieux aux heures de minuit, un ange planait
Et il chantait un chant doux.
Et la lune, et les étoiles, et les nuages en foule
écoutaient la chanson divine.

Il chantait les extases des esprits immortels
À l'ombre des jardins du paradis...
Il chantait le Grand Dieu ; et sa louange
N'était pas feinte.

Dans son étreinte il portait une âme jeune
Au monde de tristesse et de pleurs,
Et l'empreinte de son chant est restée sans paroles
Dans l'âme jeune ! mais vivante.

Longtemps dans ce monde elle languit.
En proie au désir merveilleux
Et les chansons ennuyeuses de la terre
Ne purent remplacer les sons célestes.

Réponse de bleuette

RENÉ GUY CADOU
L'étrange douceur

Comme un oiseau dans la tête
Le sang s'est mis à chanter.
Des fleurs naissent, c'est peut-être
Que mon corps est enchanté,
Que je suis lumière et feuilles,
Le dormeur des porches bleus,
L'églantine que l'on cueille
Les soirs de juin quand il pleut.

Dans la chambre un ruisseau coule,
Horloge au caillou d'argent,
On entend le blé qui roule
Vers les meules du couchant
L'air est plein de pailles fraîches,
De houblons et de sommeils.

Dans le ciel un enfant pêche
Les ablettes du soleil.
C'est le toit qui se soulève
Semant d'astres la maison.
Je me penche sur tes lèvres,
Premiers fruits de la saison.

Réponse de bleuette

PHILIPPE JACCOTTET

Les larmes quelquefois montent aux yeux
comme d'une source,
elles sont de la brume sur des lacs,
un trouble du jour intérieur,
une eau que la peine a salée.

La seule grâce à demander aux dieux lointains,
aux dieux muets, aveugles, détournés,
à ces fuyards,
ne serait-elle pas que toute larme répandue
sur le visage proche
dans l'invisible terre fît germer
un blé inépuisable ?

Réponse de bleuette

Le Jour
Théodore de BANVILLE

Tout est ravi quand vient le Jour
Dans les cieux flamboyants d'aurore.
Sur la terre en fleur qu'il décore
La joie immense est de retour.

Les feuillages au pur contour
Ont un bruissement sonore;
Tout est ravi quand vient le Jour
Dans les cieux flamboyants d'aurore.

La chaumière comme la tour
Dans la lumière se colore,
L'eau murmure, la fleur adore,
Les oiseaux chantent, fous d'amour.
Tout est ravi quand vient le Jour.

Réponse de bleuette

La rose ouvre les yeux, enivrée par l'éclat de ses fines fragrances, à l'heure où papillonnent mille et un secrets. Dans cette gangue de printemps moite où les couleurs s'affolent, exultent et se fondent parmi les spectres des fleurs de cerisier.
 
La rose ouvre les yeux, dans le mauve et le gris perlés de bleu changeant, à peine froissée par le sillage des giboulées. Quand le ciel ne sait plus s'il attise l'or du paysage ou s'il en trouble la fugacité. Rose de juin, à contretemps.
 
Et je suis là près d'elle, tissant des mondes éphémères sur la page qui tremble, filant ma fièvre sur l'écheveau de la lumière, au creux des ombres vertes. Ici et maintenant, sous le nuage qui veille, mouton de nacre au-dessus de la ville, étrange mue d'un sortilège...
 
(Cendrine)

Réponse de bleuette

Henri d'Ofterdingen Novalis

Lorsque nombres et figures ne seront plus
La clef de toutes créatures,
Lorsque tous ceux qui s'embrassent et chantent
En sauront plus que les savants profonds,

Lorsque le monde reprendra sa liberté
Et reviendra au monde se donner
Lorsqu'en une clarté pure et sereine alors
Ombre et lumière de nouveau s'épouseront,

Et lorsque dans les contes et les poésies
On apprendra l'histoire de nos cosmogonies,
C'est là que s'enfuira devant un mot secret
Le contresens entier de la réalité.

Réponse de boscavert

Pour tout ceux, j'en suis, ayant en classe connu un moment de solitude;
LE CANCRE


Il dit non avec la tête

Mais il dit oui avec le coeur

Il dit oui à ce qu'il aime

Il dit non au professeur

Il est debout

On le questionne

Et tous les problèmes sont posés

Soudain le fou rire le prend

Et il efface tout

Les chiffres et les mots

Les dates et les noms

Les phrases et les pièges

Et malgré les menaces du maître

Sous les huées des enfants prodiges

Avec les craies de toutes les couleurs

Sur le tableau noir du malheur

Il dessine le visage du bonheur

Jacques PREVERT

Réponse de bleuette

Alfred de Musset
Marie


Ainsi, quand la fleur printanière
Dans les bois va s'épanouir,
Au premier souffle du zéphyr
Elle sourit avec mystère ;

Et sa tige fraîche et légère,
Sentant son calice s'ouvrir,
Jusque dans le sein de la terre
Frémit de joie et de désir.

Ainsi, quand ma douce Marie
Entr'ouvre sa lèvre chérie,
Et lève, en chantant, ses yeux bleus,

Dans l'harmonie et la lumière
Son âme semble tout entière
Monter en tremblant vers les cieux.

Réponse de bleuette

THÉODORE DE BANVILLE.
La muse

Près du ruisseau, sous la feuillée,
Menons la Muse émerveillée
Chanter avec le doux roseau,
Puisque la Muse est un oiseau.

Puisque la Muse est un oiseau,
Gardons que quelque damoiseau
N'apprenne ses chansons nouvelles
Pour aller les redire aux belles.

Un méchant aux plus fortes ailes
Tend mille pièges infidèles.
Gardons-la bien de son réseau,
Puisque la Muse est un oiseau.

Puisque la Muse est un oiseau,
Empêchons qu'un fatal ciseau
Ne la poursuive et ne s'engage
Dans les plumes de son corsage.

Mère, veillez bien sur la cage
Où la Muse rêve au bocage.
Veillez en tournant le fuseau,
Puisque la Muse est un oiseau.

Réponse de bleuette

Victor HUGO
LES BLEUETS

Tandis que l'étoile inodore
Que l'été mêle aux blonds épis
Emaille de son bleu lapis
Les sillons que la moisson dore,
Avant que, de fleurs dépeuplés,
Les champs aient subi les faucilles,
Allez, allez, ô jeunes filles,
Cueillir des bleuets dans les blés !

Entre les villes andalouses,
Il n'en est pas qui sous le ciel
S'étende mieux que Peñafiel
Sur les gerbes et les pelouses,
Pas qui dans ses murs crénelés
Lève de plus fières bastilles ...
Allez, allez, ô jeunes filles,
Cueillir des bleuets dans les blés !

Il n'est pas de cité chrétienne,
Pas de monastère à beffroi,
Chez le Saint-Père et chez le Roi,
Où, vers la Saint-Ambroise, il vienne
Plus de bons pèlerins hâlés,
Portant bourdon, gourde et coquilles ...
Allez, allez, ô jeunes filles,
Cueillir des bleuets dans les blés !

Dans nul pays, les jeunes femmes,
Les soirs, lorsque l'on danse en rond,
N'ont plus de roses sur le front,
Et n'ont dans le coeur plus de flammes ;
Jamais plus vifs et plus voilés
Regards n'ont lui sous les mantilles ...
Allez, allez, ô jeunes filles,
Cueillir des bleuets dans les blés !

La perle de l'Andalousie,
Alice, était de Peñafiel,
Alice qu'en faisant son miel
Pour fleur une abeille eût choisie.
Ces jours, hélas ! sont envolés !
On la citait dans les familles ...
Allez, allez, ô jeunes filles,
Cueillir des bleuets dans les blés !

Un étranger vint dans la ville,
Jeune, et parlant avec dédain.
Etait-ce un maure grenadin ?
Un de Murcie ou de Séville ?
Venait-il des bords désolés
Où Tunis a ses escadrilles ? ...
Allez, allez, ô jeunes filles,
Cueillir des bleuets dans les blés !

On ne savait... La pauvre Alice
En fut aimée, et puis l'aima.
Le doux vallon du Xarama
De leur doux péché fut complice.
Le soir, sous les cieux étoilés,
Tous deux erraient par les charmilles ...
Allez, allez, ô jeunes filles,
Cueillir des bleuets dans les blés !

La ville était lointaine et sombre ;
Et la lune, douce aux amours,
Se levant derrière les tours
Et les clochers perdus dans l'ombre,
Des édifices dentelés
Découpait en noir les aiguilles ...
Allez, allez, ô jeunes filles,
Cueillir des bleuets dans les blés !

Cependant, d'Alice jalouses,
En rêvant au bel étranger,
Sous l'arbre à soie et l'oranger
Dansaient les brunes andalouses ;
Les cors, aux guitares mêlés,
Animaient les joyeux quadrilles ...
Allez, allez, ô jeunes filles,
Cueillir des bleuets dans les blés !

L'oiseau dort dans le lit de mousse
Que déjà menace l'autour ;
Ainsi dormait dans son amour
Alice confiante et douce.
Le jeune homme aux cheveux bouclés,
C'était don Juan, roi des Castilles ...
Allez, allez, ô jeunes filles,
Cueillir des bleuets dans les blés !

Or c'est péril qu'aimer un prince.
Un jour, sur un noir palefroi
On la jeta de par le roi ;
On l'arracha de la province ;
Un cloître sur ses jours troublés
De par le roi ferma ses grilles ...
Allez, allez, ô jeunes filles,
Cueillir des bleuets dans les blés !

Réponse de bleuette

Conseil
Théodore de Banville

Eh bien ! mêle ta vie à la verte forêt !
Escalade la roche aux nobles altitudes.
Respire, et libre enfin des vieilles servitudes,
Fuis les regrets amers que ton coeur savourait.

Dès l'heure éblouissante où le matin paraît,
Marche au hasard ; gravis les sentiers les plus rudes.
Va devant toi, baisé par l'air des solitudes,
Comme une biche en pleurs qu'on effaroucherait.

Cueille la fleur agreste au bord du précipice.
Regarde l'antre affreux que le lierre tapisse
Et le vol des oiseaux dans les chênes touffus.

Marche et prête l'oreille en tes sauvages courses ;
Car tout le bois frémit, plein de rythmes confus,
Et la Muse aux beaux yeux chante dans l'eau des sources.

Réponse de bleuette

L'ami des arbres et des oiseaux

L'enfant a dit à l'oiseau :
«- Voici des graines,
voici de l'eau.
Je n'ai rien d'autre à vous offrir,
car je ne suis pas reine. »
L'oiseau répondit à l'enfant :
«- Voici pour vous mon simple chant.
Il ne s'élève pas très haut.
Je n'ai rien d'autre à vous offrir,
Car je ne suis qu'un oiseau."
Le soleil brillait sur la neige,
Pour l'enfant et pour l'oiseau.
Amour, que la joie est légère!
Amour, comme le monde est beau.

Armand Bernier

Réponse de bleuette

Victor HUGO

Le poète s'en va dans les champs ; il admire,
Il adore ; il écoute en lui-même une lyre ;
Et le voyant venir, les fleurs, toutes les fleurs,
Celles qui des rubis font pâlir les couleurs,
Celles qui des paons même éclipseraient les queues,
Les petites fleurs d'or, les petites fleurs bleues,
Prennent, pour l'accueillir agitant leurs bouquets,
De petits airs penchés ou de grands airs coquets,
Et, familièrement, car cela sied aux belles :
..Tiens ! c'est notre amoureux qui passe ! disent-elles.
Et, pleins de jour et d'ombre et de confuses voix,
Les grands arbres profonds qui vivent dans les bois,
Tous ces vieillards, les ifs, les tilleuls, les érables,
Les saules tout ridés, les chênes vénérables,
L'orme au branchage noir, de mousse appesanti,
Comme les ulémas quand paraît le muphti,
Lui font de grands saluts et courbent jusqu'à terre
Leurs têtes de feuillée et leurs barbes de lierre,
Contemplent de son front la sereine lueur,
Et murmurent tout bas : C'est lui ! c'est le rêveur !

Réponse de aloune

Two roads diverged in a yellow wood,
And sorry I could not travel both
And be one traveler, long I stood
And looked down one as far as I could
To where it bent in the undergrowth;

Then took the other, as just as fair,
And having perhaps the better claim,
Because it was grassy and wanted wear;
Though as for that the passing there
Had worn them really about the same,

And both that morning equally lay
In leaves no step had trodden black.
Oh, I kept the first for another day!
Yet knowing how way leads on to way,
I doubted if I should ever come back.

I shall be telling this with a sigh
Somewhere ages and ages hence:
Two roads diverged in a wood, and I%u2014
I took the one less traveled by,
And that has made all the difference.

- The Road Not Taken By Robert Frost-

Réponse de bleuette

Henri de Régnier
 
Un petit roseau m'a suffi
Pour faire frémir
L'herbe haute
Et tout le pré
Et les deux saules
Et le ruisseau qui chante aussi ;
Un petit roseau m'a suffi
A faire chanter la forêt.
 
Ceux qui passent l'ont entendu
Au fond du soir, en leurs pensées
Dans le silence et dans le vent,
Clair ou perdu,
Proche ou lointain ...
Ceux qui passent en leurs pensées
En écoutant , au fond d'eux-mêmes
L'entendront encore et l'entendent
Toujours qui chante.
 
Il m'a suffi
De ce petit roseau cueilli
A la fontaine où vint l'Amour
Mirer, un jour,
Sa face grave
Et qui pleurait,
Pour faire pleurer ceux qui passent
Et trembler l'herbe et frémir l'eau ;
Et j'ai du souffle d'un roseau
Fait chanter toute la forêt.
 

Réponse de bleuette

ALPHONSE DE LAMARTINE
ADIEUX À LA MER

Murmure autour de ma nacelle,
Douce mer dont les flots chéris,
Ainsi qu'une amante fidèle,
Jettent une plainte éternelle
Sur ces poétiques débris.

Que j'aime à flotter sur ton onde.
A l'heure où du haut du rocher
L'oranger, la vigne féconde,
Versent sur ta vague profonde
Une ombre propice au nocher !

Souvent, dans ma barque sans rame,
Me confiant à ton amour,
Comme pour assoupir mon âme,
Je ferme au branle de ta lame
Mes regards fatigués du jour.

Comme un coursier souple et docile
Dont on laisse flotter le mors,
Toujours, vers quelque frais asile,
Tu pousses ma barque fragile
Avec l'écume de tes bords.

Ah! berce, berce, berce encore,
Berce pour la dernière fois,
Berce cet enfant qui t'adore,
Et qui depuis sa tendre aurore
N'a rêvé que l'onde et les bois!

Le Dieu qui décora le monde
De ton élément gracieux,
Afin qu'ici tout se réponde,
Fit les cieux pour briller sur l'onde,
L'onde pour réfléchir les cieux.

Aussi pur que dans ma paupière,
Le jour pénètre ton flot pur,
Et dans ta brillante carrière
Tu sembles rouler la lumière
Avec tes flots d'or et d'azur.

Aussi libre que la pensée,
Tu brises le vaisseau des rois,
Et dans ta colère insensée,
Fidèle au Dieu qui t'a lancée,
Tu ne t'arrêtes qu'à sa voix.

De l'infini sublime image,
De flots en flots l'oeil emporté
Te suit en vain de plage en plage,
L'esprit cherche en vain ton rivage,
Comme ceux de l'éternité.

Ta voix majestueuse et douce
Fait trembler l'écho de tes bords,
Ou sur l'herbe qui te repousse,
Comme le zéphyr dans la mousse,
Murmure de mourants accords.

Que je t'aime, ô vague assouplie,
Quand, sous mon timide vaisseau,
Comme un géant qui s'humilie,
Sous ce vain poids l'onde qui plie
Me creuse un liquide berceau.

Que je t'aime quand, le zéphire
Endormi dans tes antres frais,
Ton rivage semble sourire
De voir dans ton sein qu'il admire
Flotter l'ombre de ses forêts!

Que je t'aime quand sur ma poupe
Des festons de mille couleurs,
Pendant au vent qui les découpe,
Te couronnent comme une coupe
Dont les bords sont voilés de fleurs!

Qu'il est doux, quand le vent caresse
Ton sein mollement agité,
De voir, sous ma main qui la presse,
Ta vague, qui s'enfle et s'abaisse
Comme le sein de la beauté!

Viens, à ma barque fugitive
Viens donner le baiser d'adieux;
Roule autour une voix plaintive,
Et de l'écume de ta rive
Mouille encor mon front et mes yeux.

Laisse sur ta plaine mobile
Flotter ma nacelle à son gré,
Ou sous l'antre de la sibylle,
Ou sur le tombeau de Virgile :
Chacun de tes flots m'est sacré.

Partout, sur ta rive chérie,
Où l'amour éveilla mon coeur,
Mon âme, à sa vue attendrie,
Trouve un asile, une patrie,
Et des débris de son bonheur,

Flotte au hasard : sur quelque plage
Que tu me fasses dériver,
Chaque flot m'apporte une image;
Chaque rocher de ton rivage
Me fait souvenir ou rêver ...

Réponse de bleuette

Johann Wolfgang VON GOETHE
Rose sauvage
 
Jeune garçon vit une rose
     Rose sur la lande éclose ;
L'était belle comme un matin,
Pour la mieux voir, vite il s'en vint,
     La vit à grande joie.
     Rose, rose, rouge rose,
     Rose sur la lande éclose.
 
Garçon dit : Je te cueille,
     Rose sur la lande éclose !
Rose dit : Je te pique,
Pour qu'à jamais tu penses à moi,
     Je ne serai pas ta proie !
     Rose, rose, rouge rose,
     Rose sur la lande éclose.
 
Et le garçon brutal cueillit
     Rose sur la lande éclose ;
Et la rose se défendit,
Piqua, blessa, las ! rien n'y fit,
     L'était déjà sa proie !
     Rose, rose, rouge rose,
     Rose sur la lande éclose.
 

Réponse de bleuette

Guillaume APOLLINAIRE
Clotilde

L'anémone et l'ancolie
Ont poussé dans le jardin
Où dort la mélancolie
Entre l'amour et le dédain

Il y vient aussi nos ombres
Que la nuit dissipera
Le soleil qui les rend sombres
Avec elles disparaîtra

Les déités des eaux vives
Laissent couler leurs cheveux
Passe il faut que tu poursuives
Cette belle ombre que tu veux

Réponse de bleuette

Père Guy Gilbert.

Qui prie ?
L'athée qui admire un paysage, une fleur, un ciel.
Il contemple, la beauté l'interroge : il prie.
L'agnostique, qui croit et doute à la fois, prie lui aussi.
Qu'il le fasse seulement aux heures où tout est clair,
le matin de préférence où tout paraît lumineux !
Il aura assez du soir pour se poser des questions
sur l'existence de Dieu.
Quant au croyant, comment peut-il ne pas prier ?
Comme l'oiseau vole, ou comme le poisson nage,
l'homme de tout temps prie à sa façon, à son moment.
Invincible cet élan qui porte vers l'Invisible.
Recherche de toute une vie vers l'inconnu,
vers ce qui nous porte au-delà de nous-mêmes.
Ainsi-soit-il.

Réponse de bleuette

Robert DE MONTESQUIOU


Mon Coeur est un Lieu sûr, tutélaire et profond ;
Pas un seul souvenir ne s'y fane, ou confond ;
J'en ai de plus anciens que ma mémoire même,
Car, avant de penser, on sent très bien qu'on aime.

Mon Coeur est un Jardin, plein de rosiers meurtris,
Comme, éternellement, ils paraissent fleuris.
On vient pour respirer leurs parfums qui s'imprègnent ...
..C'est alors, seulement, qu'on s'aperçoit qu'ils saignent.

Mon coeur est un Calice, où l'effort des douleurs
Longuement exprima l'amertume des pleurs ;
Et quiconque appuierait sa lèvre à ce ciboire
Se sentirait brûler rien que d'oser y boire.

Mon Coeur est un Asile, où Ce qui n'a plus rien
Rencontre une richesse ; où retrouvent leur bien
Ceux qui l'avaient laissé se déperdre, et répandre ...
C'est pour ceux-là, surtout, qu'il sait se montrer tendre.

Mon Coeur est un Palais, superbe et désolé
Où le pas du regret qu'on n'a point consolé
S'éloigne lentement en mêlant sur les dalles,
Le rythme des sanglots, et le bruit des sandales.

Mon Coeur est un Parvis, où sont agenouillés
Et, les regards ardents, au bord des yeux mouillés,
Dans une face, ensemble, et brûlante, et pâlie,
Le bienfait qu'on déçoit, le pardon qu'on oublie.

Mon Coeur est un Sommet solitaire et pareil
A ces fidèles monts, qui gardent du soleil,
Même après qu'il a fui, laissant le ciel sans âme ;
Et, jusque dans ma mort, il portera ma flamme !

Mon Coeur est un Abîme, où le Passé voilé,
Quand il veut y mirer son visage étoilé,
Trouve toujours un peu d'eau limpide et cachée,
Afin d'y refléter sa figure penchée.

Réponse de bleuette

Paul VERLAINE
Il pleure dans mon coeur

Il pleure dans mon coeur
Comme il pleut sur la ville ;
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon coeur ?

Ô bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits !
Pour un coeur qui s'ennuie,
Ô le chant de la pluie !

Il pleure sans raison
Dans ce coeur qui s'écoeure.
Quoi ! nulle trahison ? ...
Ce deuil est sans raison.

C'est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi
Sans amour et sans haine
Mon coeur a tant de peine !

Réponse de Mémoire 88

"Le Grand Prix SGDL de poésie a distingué Linda Maria Baros pour La nageuse désossée (Le Castor Astral), déjà récompensée du premier prix francophone international du Festival de la poésie de Montréal."
mais aussi "Le jury a également souhaité attribuer une mention spéciale à Pierre Pelot, en lice également pour ce prix."... Pelot le romancier vosgien qui a été publié pour plus de 200 livres dans tous les genres !
https://www.livreshebdo.fr/article/le-palmares-des-grands-prix-sgdl-2021?fbclid=IwAR0zv5cYf1ucNBQ2ngrJ8lb605qKHfkrhXz2FNIViXyY3zf-_V9U4l59eu8

Réponse de bleuette

Albert Samain


Il est d'étranges soirs, où les fleurs ont une âme,
Où dans l'air énervé flotte du repentir,
Où sur la vague lente et lourde d'un soupir
Le coeur le plus secret aux lèvres vient mourir.
Il est d'étranges soirs, où les fleurs ont une âme,
Et, ces soirs-là, je vais tendre comme une femme.
 
Il est de clairs matins, de roses se coiffant,
Où l'âme a des gaietés d'eaux vives dans les roches,
Où le coeur est un ciel de Pâques plein de cloches,
Où la chair est sans tache et l'esprit sans reproches.
Il est de clairs matins, de roses se coiffant,
Ces matins-là, je vais joyeux comme un enfant.
 
Il est de mornes jours, où las de se connaître,
Le coeur, vieux de mille ans, s'assied sur son butin,
Où le plus cher passé semble un décor déteint
Où s'agite un minable et vague cabotin.
Il est de mornes jours las du poids de connaître,
Et, ces jours-là, je vais courbé comme un ancêtre.
 
Il est des nuits de doute, où l'angoisse vous tord,
Où l'âme, au bout de la spirale descendue,
Pâle et sur l'infini terrible suspendue,
Sent le vent de l'abîme, et recule éperdue !
Il est des nuits de doute, où l'angoisse vous tord,
Et, ces nuits-là, je suis dans l'ombre comme un mort.

Réponse de bleuette

Maurice MAGRE

Je suis le sombre oiseau des vieux soirs d'amertume,
J'ai des ailes de jais, je suis magique et beau,
J'ensorcelle les coeurs quand je lisse mes plumes,
L'esprit des Bouddhas morts habite en mon cerveau.

Moi qui suis l'habitant des temples millénaires,
Je viens planer ce soir chez les civilisés.
Je suis l'étrange ami de l'homme solitaire
Et de tous ceux dont le courage s'est brisé.

Par la fenêtre ouverte au large crépuscule,
Je pénètre en tournant, fantastiquement noir.
Des tapis au plafond je danse et je hulule,
Je suis terrible et grand comme le désespoir.

Réponse de bleuette

Annie VAN DE VYVER

Si nos rêves d'oiseaux et nos terrains sont vagues,
si nos terres s'envolent et l'automne s'enivre,
si les sentiers de sève se disloquent au large,
si l'ombre du couloir mène aux silences d'aube,

si l'écho de nos flammes en torches de lumière
s'échappe de nos murs dans le creuset des rus,
si les bleus parfumés de l'amphore des mots
brûlent dans le vent chaud du chemin des fantômes,

nous irons replier tous les draps du passé,
nous ruinerons nos corps aux portes de nos songes,
dévastés, ravagés, qui griffent l'invisible,
improbable impression d'un voyage furtif

aux pays ravinés qui se moquent des liens,
emmêlent tous les coins de notre petit globe
et mêlent nos poussières, allient nos mélodies,
enlacent nos saveurs, mélangent nos histoires

pour ne garder sur nous que l'écorce des arbres,
ne prêter à la peau que les rires du vent,
l'odeur des liserons et le parfum de l'autre.

Réponse de bleuette

Robert DE MONTESQUIOU
Enfleurage

Au myosotis bleu qui mire dans les sources
Ses constellations de fleurettes d'azur,
Il emprunte la voix cristalline des courses
Que font sur les cailloux les ondes au coeur pur.

Aux pruniers il a pris leur âme japonaise,
Aux hortensias bleus leur pâle étrangeté ;
Aux tulipes leur pourpre, aux tournesols leur braise ;
Aux iris leur tristesse ; aux roses leur gaîté.

Et chaque soir, la fleur qui féconda la page,
Sentant mourir sa part d'éphémère beauté,
Se réjouit de voir, en nouvel équipage ,
Refleurir en mes chants ce qui leur fut ôté.

Réponse de bleuette

Contempler dans son bain sans voiles
Une fille aux yeux innocents ;
Suivre de loin de blanches voiles ;
Voir au ciel briller les étoiles
Et sous l'herbe les vers luisants ;

Voir autour des mornes idoles
Des sultanes danser en rond ;
D'un bal compter les girandoles ;
La nuit, voir sur l'eau les gondoles
Fuir avec une étoile au front ;

Regarder la lune sereine ;
Dormir sous l'arbre du chemin ;
Être le roi lorsque la reine,
Par son sceptre d'or souveraine,
L'est aussi par sa blanche main ;

Ouïr sur les harpes jalouses
Se plaindre la romance en pleurs ;
Errer, pensif, sur les pelouses,
Le soir, lorsque les andalouses
De leurs balcons jettent des fleurs ;

Rêver, tandis que les rosées
Pleuvent d'un beau ciel espagnol,
Et que les notes embrasées
S'épanouissent en fusées
Dans la chanson du rossignol ;

Ne plus se rappeler le nombre
De ses jours, songes oubliés ;
Suivre fuyant dans la nuit sombre
Un Esprit qui traîne dans l'ombre
Deux sillons de flamme à ses pieds ;

Des boutons d'or qu'avril étale
Dépouiller le riche gazon ;
Voir, après l'absence fatale,
Enfin, de sa ville natale
Grandir la flèche à l'horizon ;

Non, tout ce qu'a la destinée
De bien réels ou fabuleux
N'est rien pour mon âme enchaînée
Quand tu regardes inclinée
Mes yeux noirs avec tes yeux bleus !

Victor Hugo

Réponse de bleuette

Jean Ferrat

Ecris quelque chose de joli
Des vers peut-être ou de la prose
Un instant de rêve et de pause
Dans le tumulte de la vie

Ecris quelque chose de joli
Quelques mots de bleu et de rose
Un moment de métamorphose
Que tu nommerais l'embellie

L'embellie l'embellie
L'embellie l'embellie

Verse un peu de joie dans nos coeurs
Avec des riens qui vous délivrent
Un peu d'espoir et de douceur
On en a tant besoin pour vivre

Ecris quelque chose de joli
L'odeur des lilas et des roses
Chante-nous la beauté des choses
Dans les yeux de l'homme ébloui

Ecris quelque chose de joli
L'aube entre nos bras qui repose
La seconde où lèvres mi-closes
Le plaisir vient comme la pluie

L'embellie l'embellie
L'embellie l'embellie

Ces mots à peine murmurés
Dans la tendresse qu'on devine
Baigné de musique angevine
Le temps sur nous s'est refermé

Je l'aurais voulu si joli
Ce poème en bleu et en rose
Cet instant de rêve et de pause
Dans le tumulte de la vie

Je l'aurais voulu si joli
Mon amour en qui tout repose
Et que nul ne puisse ni n'ose
Douter que tu es dans ma vie

L'embellie l'embellie
L'embellie l'embellie

Réponse de bleuette

Léo FERRE
Les poètes

Ce sont de drôles de types qui vivent de leur plume
Ou qui ne vivent pas c'est selon la saison
Ce sont de drôles de types qui traversent la brume
Avec des pas d'oiseaux sous l'aile des chansons

Leur âme est en carafe sous les ponts de la Seine
Leurs sous dans les bouquins qu'ils n'ont jamais vendus
Leur femme est quelque part au bout d'une rengaine
Qui nous parle d'amour et de fruit défendu

Ils mettent des couleurs sur le gris des pavés
Quand ils marchent dessus ils se croient sur la mer
Ils mettent des rubans autour de l'alphabet
Et sortent dans la rue leurs mots pour prendre l'air

Ils ont des chiens parfois compagnons de misère
Et qui lèchent leurs mains de plume et d'amitié
Avec dans le museau la fidèle lumière
Qui les conduit vers les pays d'absurdité

Ce sont de drôles de types qui regardent les fleurs
Et qui voient dans leurs plis des sourires de femme
Ce sont de drôles de types qui chantent le malheur
Sur les pianos du coeur et les violons de l'âme

Leurs bras tout déplumés se souviennent des ailes
Que la littérature accrochera plus tard
A leur spectre gelé au-dessus des poubelles
Où remourront leurs vers comme un effet de l'Art

lls marchent dans l'azur la tête dans les villes
Et savent s'arrêter pour bénir les chevaux
Ils marchent dans l'horreur la tête dans des îles
Où n'abordent jamais les âmes des bourreaux

Ils ont des paradis que l'on dit d'artifice
Et l'on met en prison leurs quatrains de dix sous
Comme si l'on mettait aux fers un édifice
Sous prétexte que les bourgeois sont dans l'égout...

Réponse de bleuette

Le Plat Pays
Jacques BREL

Avec la mer du Nord pour dernier terrain vague
Et des vagues de dunes pour arrêter les vagues
Et de vagues rochers que les marées dépassent
Et qui ont à jamais le coeur à marée basse
Avec infiniment de brumes à venir
Avec le vent de l'est écoutez-le tenir
Le plat pays qui est le mien

Avec des cathédrales pour uniques montagnes
Et de noirs clochers comme mâts de cocagne
Où des diables en pierre décrochent les nuages
Avec le fil des jours pour unique voyage
Et des chemins de pluie pour unique bonsoir
Avec le vent d'ouest écoutez-le vouloir
Le plat pays qui est le mien

Avec un ciel si bas qu'un canal s'est perdu
Avec un ciel si bas qu'il fait l'humilité
Avec un ciel si gris qu'un canal s'est pendu
Avec un ciel si gris qu'il faut lui pardonner
Avec le vent du nord qui vient s'écarteler
Avec le vent du nord écoutez-le craquer
Le plat pays qui est le mien

Avec de l'Italie qui descendrait l'Escaut
Avec Frida la Blonde quand elle devient Margot
Quand les fils de novembre nous reviennent en mai
Quand la plaine est fumante et tremble sous juillet
Quand le vent est au rire quand le vent est au blé
Quand le vent est au sud écoutez-le chanter
Le plat pays qui est le mien

Réponse de bleuette

La Mer
Charles Trenet

La mer
Qu'on voit danser le long des golfes clairs
A des reflets d'argent
La mer
Des reflets changeants
Sous la pluie

La mer
Au ciel d'été confond
Ses blancs moutons
Avec les anges si purs
La mer bergère d'azur
Infinie

Voyez
Près des étangs
Ces grands roseaux mouillés
Voyez
Ces oiseaux blancs
Et ces maisons rouillées

La mer
Les a bercés
Le long des golfes clairs
Et d'une chanson d'amour
La mer
A bercé mon coeur pour la vie

Réponse de bleuette

Georges BRASSENS
Les Passantes

Je veux dédier ce poème
A toutes les femmes qu'on aime
Pendant quelques instants secrets
A celles qu'on connaît à peine
Qu'un destin différent entraîne
Et qu'on ne retrouve jamais

A celle qu'on voit apparaître
Une seconde à sa fenêtre
Et qui, preste, s'évanouit
Mais dont la svelte silhouette
Est si gracieuse et fluette
Qu'on en demeure épanoui

A la compagne de voyage
Dont les yeux, charmant paysage
Font paraître court le chemin
Qu'on est seul, peut-être, à comprendre
Et qu'on laisse pourtant descendre
Sans avoir effleuré la main

A celles qui sont déjà prises
Et qui, vivant des heures grises
Près d'un être trop différent
Vous ont, inutile folie,
Laissé voir la mélancolie
D'un avenir désespérant

Chères images aperçues
Espérances d'un jour déçues
Vous serez dans l'oubli demain
Pour peu que le bonheur survienne
Il est rare qu'on se souvienne
Des épisodes du chemin


Mais si l'on a manqué sa vie
On songe avec un peu d'envie
A tous ces bonheurs entrevus
Aux baisers qu'on n'osa pas prendre
Aux coeurs qui doivent vous attendre
Aux yeux qu'on n'a jamais revus

Alors, aux soirs de lassitude
Tout en peuplant sa solitude
Des fantômes du souvenir
On pleure les lèvres absentes
De toutes ces belles passantes
Que l'on n'a pas su retenir

Réponse de bleuette

Edith Piaf
Mon Ami M'a Donné

Mon ami m'a donné une fleur,
Une fleur que j'ai mise à mon coeur,
Sur mon coeur plein de lui.
Que la rose était belle.
Dans mon coeur plein de lui,
Le bonheur a fleuri.

Mon ami m'a donné un baiser,
Près du coeur, doucement l'a posé.
A mon coeur plein d'amour,
Que sa lèvre était douce.
Ce baiser plein d'amour,
L'ai donné à mon tour.

Mon ami m'a donné un serment,
Le serment de m'aimer si longtemps,
Si longtemps que les fleurs
Pousseront sur la terre,
Si longtemps que la fleur
Restera sur mon coeur.

Mon ami m'a donné du pleurer,
Du pleurer que n'ai pas mérité.
Pour essuyer mes pleurs,
J'ai pris la rose blanche,
J'ai pris la rose fleur
Qui était sur mon coeur.

Mon ami viendra me voir demain.
Plus de fleurs et beaucoup de chagrin.
J'irai voler des fleurs
Dans les jardins du monde.
J'irai voler des fleurs
La plus belle à mon coeur.

En prison, si l'on veut me jeter,
Je dirai à qui va me juger:
"Faites battre tambours
Et dressez la potence.
Plutôt que perdre amour,
Je volerai la France
Et le roi dans sa cour
Plutôt que perdre amour..."

Réponse de bleuette

Hymne à la nuit

Le mystère des nuits exalte les coeurs chastes !
Ils y sentent s'ouvrir comme un embrassement
Qui, dans l'éternité de ses caresses vastes,
Comble tous les désirs, dompte chaque tourment.

Le parfum de la nuit enivre le coeur tendre !
La fleur qu'on ne voit pas a des baumes plus forts...
Tout sens est confondu : l'odorat croit entendre !
Aux inutiles yeux tous les contours sont morts.

L'opacité des nuits attire le coeur morne !
Il y sent l'appeler l'affinité du deuil ;
Et le regard se roule aux épaisseurs sans borne
Des ombres, mieux qu'aux cieux où toujours veille un oeil !

Le silence des nuits panse l'âme blessée !
Des philtres sont penchés des calices émus ;
Et vers les abandons de l'amour délaissée
D'invisibles baisers lentement se sont mus.

Pleurez dans ce repli de la nuit invitante,
Vous que la pudeur fière a voués au cil sec,
Vous que nul bras ami ne soutient et ne tente
Pour l'aveu des secrets... pleurez ! pleurez avec

Avec l'étoile d'or que sa douceur argente,
Mais qui veut bien, là-bas, laisser ce coin obscur,
Afin que l'oeil tari d'y sangloter s'enchante
Dans un pan du manteau qui le cache à l'azur !

Robert DE MONTESQUIOU

Réponse de bleuette

L'INVITATION AU VOYAGE
Charles Baudelaire

Mon enfant, ma soeur,
Songe à la douceur
D'aller là-bas vivre ensemble !
Aimer à loisir,
Aimer et mourir
Au pays qui te ressemble !
Les soleils mouillés
De ces ciels brouillés
Pour mon esprit ont les charmes
Si mystérieux
De tes traîtres yeux,
Brillant à travers leurs larmes.
Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.

Des meubles luisants,
Polis par les ans,
Décoreraient notre chambre ;
Les plus rares fleurs
Mêlant leurs odeurs
Aux vagues senteurs de l'ambre,
Les riches plafonds,
Les miroirs profonds,
La splendeur orientale,
Tout y parlerait
À l'âme en secret
Sa douce langue natale.
Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.

Vois sur ces canaux
Dormir ces vaisseaux
Dont l'humeur est vagabonde ;
C'est pour assouvir
Ton moindre désir
Qu'ils viennent du bout du monde.
- Les soleils couchants
Revêtent les champs,
Les canaux, la ville entière,
D'hyacinthe et d'or ;
Le monde s'endort
Dans une chaude lumière.
Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.

Réponse de bleuette

ANNIE VAN DE VYVER


Ton visage sourit et tous tes souvenirs,
conquérants de l'espace, se plaisent à combler
le ténébreux silence de tes passages à vide.

Las, ton pas familier vit son chemin d'errance,
et le vent compagnon, scrupuleusement sculpte
les traits de ton image, les courbes de ton âme.

Les arbres te saluent de leurs plus hautes branches,
leurs douces mains amies légèrement s'agitent,
majestueux tu marches et pourtant incertain
à travers ton royaume dépourvu de frontières.

En ta vie minuscule où navigue l'espoir,
tu es comme l'oiseau qui vole sans escale,
toi l'éternel dormeur d'un voyage immobile,
tu te brûles parfois à un coeur solitaire

mais très vite tu reviens te réveiller en toi,
rassembler les épars de tes fragments de vie.
Au milieu de tes ruines, tu dors avec tes rêves,
tes fantômes et tes ombres, cheminant de concert.

en serrant fortement tous ces coeurs dans tes bras,
éblouis, caressants, t'imprégnant des parfums,
pendant qu'au loin s'allument de fragiles clartés.

Réponse de bleuette

Renée VIVIEN

Vous êtes mon palais, mon soir et mon automne,
Et ma voile de soie et mon jardin de lys,
Ma cassolette d'or et ma blanche colonne,
Mon par cet mon étang de roseaux et d'iris.

Vous êtes mes parfums d'ambre et de miel, ma plume,
Mes feuillages, mes chants de cigales dans l'air,
Ma neige qui se meurt d'être hautaine et calme,
Et mes algues et mes paysages de mer.

Et vous êtes ma cloche au sanglot monotone,
Mon île fraîche et ma secourable oasis ...
Vous êtes mon palais, mon soir et mon automne,
Et ma voile de soie et mon jardin de lys

Réponse de bleuette

STÉPHANE MALLARMÉ

Ô rêveuse, pour que je plonge
Au pur délice sans chemin,
Sache, par un subtil mensonge,
Garder mon aile dans ta main.

Une fraîcheur de crépuscule
Te vient à chaque battement
Dont le coup prisonnier recule
L'horizon délicatement.

Vertige ! voici que frissonne
L'espace comme un grand baiser
Qui, fou de naître pour personne,
Ne peut jaillir ni s'apaiser.

Sens-tu le paradis farouche
Ainsi qu'un rire enseveli
Se couler du coin de ta bouche
Au fond de l'unanime pli !

Le sceptre des rivages roses
Stagnants sur les soirs d'or, ce l'est,
Ce blanc vol fermé que tu poses
Contre le feu d'un bracelet.

Réponse de bleuette

Charles BAUDELAIRE
Tristesses de la lune


Ce soir, la lune rêve avec plus de paresse ;
Ainsi qu'une beauté, sur de nombreux coussins,
Qui d'une main distraite et légère caresse
Avant de s'endormir le contour de ses seins,
Sur le dos satiné des molles avalanches,

Mourante, elle se livre aux longues pâmoisons,
Et promène ses yeux sur les visions blanches
Qui montent dans l'azur comme des floraisons.
Quand parfois sur ce globe, en sa langueur oisive,
Elle laisse filer une larme furtive,

Un poète pieux, ennemi du sommeil,
Dans le creux de sa main prend cette larme pâle,
Aux reflets irisés comme un fragment d'opale,
Et la met dans son coeur loin des yeux du soleil.

Réponse de bleuette

Robert DESNOS


Insiste, persiste, essaye encore.
Tu la dompteras cette bête aveugle qui se pelotonne.
Aujourd'hui des fous et des sots se promènent par la ville.
Parole, on les prend pour des sages.

L'équilibre et la lucidité sont un des cas de la folie humaine.
Insiste, persiste, essaye encore.
Connaissant de ton destin ce qu'homme digne du nom doit en connaître.
Résolu comme un digne de ce nom doit être résolu.

Revenu de bien des illusions dans le domaine du rêve et de l'amitié.
Rêvant et aimant autant qu'en ta jeunesse,
Moins la duperie.
Insiste et persiste encore

Capable de parler des étoiles et du ciel et de la nuit et du jour,
de la mer, des montagnes et des fleuves.
Mais plus dupe.
Ni désespéré.
Moins encore résigné.

Dur comme la pierre et t'effritant comme elle.
En marche vers la force dont le chemin est aussi celui de la mort
Résolu à aller aussi loin, aussi longtemps que possible.
C'est à dire vivre.

Réponse de Dimitile

ARRÈTEZ JE N'EN PEUX PLUS DE VOUS LIRE.....un très grand recueil de poèmes...Le site pourrait le faire imprimer....merci à vous de nous les faire relire

bleuette, 05/08/2021 18:17 :
Hé bien ... ton voeu est exaucé Dimitille
Bleuette ne publiera plus de poésie ...
Finalement je vais clore le sujet
Bon Vent ...
yareg, 05/08/2021 18:23 :
Continue Bleuette, nous sommes au moins 10 joueurs à suivre ton sujet et à te lire avec plaisir !

Ceux à qui ça ne plaît pas n'ont qu'à passer leur chemin.

Merci Bleuette pour ces beaux poèmes partagés ici et au salon.

Réponse de bleuette

coucou Dimitile
j'ai encore de la réserve !
le sujet est infini !!! Lol
Bises ...merci

Réponse de bleuette

JACQUES DOR

 Ce qui manque le plus à nos vies c'est l'émerveillement.
Rencontrer ceux qui s'émerveillent encore ;
d'un rien, d'un papillon, de la pluie battante,
d'un coquelicot, du chant d'un oiseau ...

Presque rien ... Beaucoup ...
Tant de petites choses, d'humbles petits trésors ...

Sans ces beaux complices, joueurs éclairants,
sans leurs yeux d'enfance précieuse,
sans leur sourire hautement solaire,

nous ne serions que des vivants de marbre :
figés de l'intérieur. 

Réponse de bleuette

La poésie ne sert à rien ?
La poésie ! Vous plaisantez j'espère ?
A quoi ça sert la poésie à notre moderne époque, la poésie ne sert à rien ! ...
La poésie ne sert à rien, soit, mais elle est un plaisir
Le plaisir ne sert à rien, sauf à se faire plaisir
Et avoir du plaisir, c'est simplement se sentir vivant ...
La poésie, la bonne poésie donne la chair de poule,
un bonheur, une émotion, les larmes aux yeux ...

Silviane Le Menn

Bleuette : .... Vraiment ? ... Qui remarque quand elle n'est plus là ??? ...

Réponse de Marc-André

N'arrêtes pas Bleuette. Nul n'est obligé de les lire. Pour moi c'est un rayon de soleil chaque matin.

Réponse de bleuette

cela me prend quand même un peu de temps pour trouver toujours de nouvelles poésies
on m'a quelquefois reproché de m'approprier des textes ,
il suffisait d'aller sur le sujet bluette pour connaître l'auteur
et c'est usant de toujours devoir se justifier mais cela ne m'a jamais arrêté
toujours ceux qui ne font rien qui critiquent ...
simplement besoin de faire une pause
Vous êtes très gentils , merci bisous

Mémoire 88, 05/08/2021 19:35 :
Je ne participe pas beaucoup mais j'apprécie beaucoup de lire ce que Bluette et quelques autres partagent ici... dans un monde comme nous le connaissons aujourd'hui, la poésie nous permet de découvrir le monde des humain(e)s qui aiment magnifier notre monde... même si cela est parfois tragique :)
bleuette, 06/08/2021 16:00 :
merci mémoire
bises

Réponse de Terra Incognita

Coucou Bluette,

Fais une pause,
S''immerger , s'engager dans une tâche c'est plaisir mais aussi du temps, beaucoup de temps et parfois le souffle manque. S'arrêter, se mettre à l'écoute de soi et un jour l'énergie, le désir reviennent. On est tout étonné, la source coule à nouveau.

Ecoutons, le silence un moment.

Bises Bleuette

bleuette, 06/08/2021 15:58 :
merci Terra
Tu as tout compris et j'aime ton commentaire
... Ecouter le silence ...
Bises Terra

Réponse de Terra Incognita

Deux poèmes sur les baladins, les saltimbanques.

Celui d'Apollinaire inspira le grand tableau de Picasso, peint en 1905 et intitulé « La famille de saltimbanques »
Plus tard, en 1915, Rainer Maria Rilke vit ce tableau chez Mme Herta Koenig et pendant un été cohabita avec le tableau qui lui inspira la cinquième élégie de Duino.


Les saltimbanques

Dans la plaine les baladins
S'éloignent au long des jardins
Devant l'huis des auberges grises
Par les villages sans églises.
Et les enfants s'en vont devant
Les autres suivent en rêvant
Chaque arbre fruitier se résigne
Quand de très loin ils lui font signe.
Ils ont des poids ronds ou carrés
Des tambours, des cerceaux dorés
L'ours et le singe, animaux sages
Quêtent des sous sur leur passage.
Guillaume Apollinaire, Alcools, 1913

Rainer Maria Rilke
La cinquième élégie de Duino
Dédiée à Madame Herta Koenig

Mais les Errants, dis-moi, qui sont-ils, ces voyageurs
fugaces un peu plus que nous-mêmes encore, hâtés, pressés,
précipités très tôt -- pour qui, mais par amour pour qui
-- poignés.
par une volonté satisfaite jamais ? Poignés par elle cependant,
ployés, liés et projetés par elle
et lancés et repris ; comme si l'air était d'huile,
et plus lisse et poli, d'où ils glissent
pour revenir sur le tapis usé, rongé
par leur élan perpétuel ; -- ce tapis,
perdu dans l'univers :
tel un emplâtre posé là, comme si le ciel des banlieues
y avait fait mal à la terre.
Et à peine est-il là, posé,
voici qu'alors s'érige et aussitôt se manifeste, debout :
la grande majuscule de la présence, là...., et aussitôt aussi
les entraîne à nouveau, ces hommes les plus forts, les faire
rouler encore
comme par jeu, la poigne qui revient toujours,
tel Auguste le Fort, à table,
avec une assiette d'étain.
Ah ! ce coeur et autour :
la rose de la contemplation !
qui fleurit et s'effeuille. Autour
de ce pilier -- c'est le pistil -- par son propre pollen
touché, et que le déplaisir féconde,
sans qu'il le sache jamais, en un nouveau fruit d'illusion :
le déplaisir, sa surface ténue en plein éclat
et qui a l'air de doucement sourire.
Et là, ridé, flétri, c'est le chef de famille,
le vieux, qui maintenant ne fait plus rien que battre le
tambour ;
il est tout engoncé dans sa peau formidable, comme si
autrefois, elle avait contenu deux hommes
dont l'un serait déjà gisant au cimetière, tandis que l'autre
ici, lui survivrait, sourd et parfois un peu
perdu dans sa peau veuve.
Le plus jeune, par contre, est homme fait
comme s'il était le fils d'un cou et d'une nonne : gonflé, tendu
tout entier de muscle et de simplicité.

Et vous,
oh ! dont une souffrance, encore enfant alors,
s'amusa comme d'un jouet en l'une
de ses longues convalescences...
Et toi, dans une chute
telle que seuls en connaissent les fruits, toi qui journellement,
et sans avoir mûri, cent fois tombes de l'arbre
érigé par le mouvement d'eux tous (et qui, plus rapide que l'eau,
connaît en un instant : printemps, été, automne)
toi qui tombes et vas donner directement contre la tombe :
parfois, dans une demi-pause, une expression d'amour
en toi, veut se faire visage, et voudrait se tourner du côté
de ta mère
et sa tendresse rare ; mais au long de ton corps
usé jusqu'à l'effacement, il s'égare et se perd,
ce visage à peine essayé, timidement... Pour commander
un nouveau bond, l'homme a frappé des mains,
mais avant que pour toi jamais une douleur devienne plus
précise
au voisinage de ce coeur perpétuel bondissant,
la brûlure te vient à la plante du pied, qui devance la cause
et l'origine de ton mal, et vite, c'est ton corps
qui fait jaillir les larmes dans tes yeux.
Pourtant, aveuglément,
le sourire...

Ange ! oh ! prends-la, récolte-la cette petite fleur
d'une herbe médicinale. Apporte un vase et garde-la !
Dépose-la parmi ces joies, qui ne nous sont ouvertes pas
encore :
et que sur l'urne belle, une inscription toute fleurie et tout élan,
la salue :
"Subrisio saltat."
Et toi donc, adorable !
par-dessus qui les joies les plus exquises
bondissent sans un mot ! Peut-être que
tes franges, pour toi, sont heureuses,
-- ou est-ce sur tes seins tout gonflés de jeunesse,
que la soie verte et métallique
se sent choyée et ne manquant de rien ?
Toi, toujours autrement, sur toutes les balances
oscillantes de l'équilibre,
offrant ton fruit d'indifférence
ouvertement sous les épaules.

Où donc, mais où est-il, le lieu -- je le porte en mon coeur --
où ils sont loin encore, et pour longtemps, de tout ce
savoir-faire,
où toujours ils retombent l'un de l'autre, ainsi qu'une saillie
manquée
d'animaux qui sont mal accouplés ;
où les poids sont toujours encore pesants,
où toujours des bâtons vainement tournoyants
chancellent les assiettes...
Et là soudain, là dans ce nulle part laborieux, soudain
l'endroit tout ineffable où se métamorphose insaisissablement
l'insuffisance pure, brusquement se transforme
en ce "Trop" excessif et parfaitement vide.
Et là l'opération aux chiffres innombrables
s'évanouit du nombre et se réduit à rien
Oh ! places ! Place à Paris, perpétuel lieu de spectacle,
où la modiste, Madame Lamort, compose et noue et entrelace
les chemins sans repos de la terre, rubans sans fin dont elle
fait
de nouveaux noeuds, des ruchés et des fleurs,
et des cocardes et fruits
artificiels -- aux factives couleurs --
pour les chapeaux d'hiver,
à bon marché, du Destin.
.......................................

Ange ! il doit être une place -- mais nous ne la connaissons pas --
où sur un tapis ineffable, les Amants, qui jamais ici
ne vont jusqu'à l'accomplissement, là dresseraient à l'évidence
les très audacieuses figures de l'Élan du Coeur,
les donjons de leur Volupté, et leurs échelles, depuis longtemps
qui demeuraient, là où le sol faisant défaut, appuyées seulement
l'une à l'autre en tremblant, -- et là, devant l'anneau
des spectateurs, les innombrables morts silencieux,
oui, ils seraient capables de cela.
Et leur jetteraient-ils alors, et toujours épargnées,
toujours dissimulées, et que nous ignorons, leurs piécettes
ultimes
valables en l'éternité : leur monnaie du bonheur,
devant le couple, la jetteraient-ils ? -- devant le couple
enfin qui sourirait en vérité
sur le tapis apaisé.

Réponse de boscavert

Paroles Les Comédiens

REFRAIN
Viens voir les comédiens
Voir les musiciens,
Voir les magiciens
Qui arrivent
Viens voir les comédiens
Voir les musiciens
Voir les magiciens
qui arrivent

1-
Les comédiens ont installé leur tréteaux
Ils ont dressé leur estrade
Et tendu leur calicot
Les comédiens ont parcouru les faubourgs
Ils ont donné la parade
A grand renfort de tambour
Devant l'église une roulotte peinte en vert
Avec les chaises d'un théâtre à ciel ouvert
Et derrière eux comme un cortège en folie,
Ils drainent tout le pays
Les comédiens.

REFRAIN
Viens voir les comédiens
Voir les musiciens
Voir les magiciens
Qui arrivent
Viens voir les comédiens
Voir les musiciens
Voir les magiciens
Qui arrivent


2-
Si vous voulez voir confondu les coquins
Dans une histoire un peu triste
Où tout s'arrange à la fin
Si vous aimez voir trembler les amoureux
Vous lamenter sur Baptiste
Où rire avec les heureux
Poussez la toile et entrez donc vous installer
Sous les étoiles, le rideau va se lever%u2026
Quand les trois coups retentiront dans la nuit
Ils vont renaître à la vie, les comédiens

REFRAIN

3-
Les comédiens ont démonté leurs tréteaux
Ils ont ôté leur estrade
Et plié les calicots
Ils laisseront au fond du coeur de chacun
Un peu de la sérénade
Et du bonheur d'Arlequin
Demain matin quand le soleil va se lever
Ils seront loin,
Et nous croirons avoir rêvé
Mais pour l'instant, ils traversent dans la nuit
D'autres villages endormis%u2026 les comédiens

Viens voir les comédiens,
Voir les musiciens
Voir les magiciens
Qui arrivent%u2026

Réponse de boscavert

Tout est triste dans le château délabré du baron de Sigognac.
Ce jeune homme, dernier rejeton d'une famille noble mais ruinée, s'ennuie à mourir entre son chien, son cheval et son vieux serviteur.
Lorsqu'une troupe de comédiens cherche abri chez lui, le baron se réveille, la vie est entrée dans le château. La laisser repartir ?
Pas sans lui. Il accompagnera la troupe à Paris pour y chercher fortune. Pendant le voyage, il se fait comédien et prend un nom de guerre: il sera le capitaine Fracasse! Et de quels exploits ne serait-il pas capable, pour les jolis yeux de la belle Isabelle, délicieuse ingénue...

Réponse de FROG

bonsoir,
A la demande de Bleuette, je clos le sujet
belle soirée à toutes et tous
Frog


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